.... « Le corps comme ÊTre sexué » par Maurice Merleau Ponty ...

 

Dossiers : le couple H&F

                                       

Auteur:   Marion Richez

Source:  http://www.daseinsanalyse.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=56:richez-m-8122012&catid=2:textes-des-communications&Itemid=16

Date : 29.09.2013 

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TEXTE des NOTES  ..souligné par l'hcq ..

Séminaire de Daseinsanalyse- Philippe Cabestan

Le samedi 8 décembre 2012

Explication du chapitre

« Le corps comme être sexué »

Notes de travail

Marion Richez, doctorante contractuelle à Paris Sorbonne IV

  

 

INTRODUCTION

(Les numérotations de page se réfèrent à l’édition des Oeuvres complètes Quarto Gallimard)

         La question à se poser est : à quoi sert à Merleau-Ponty l’étude de la sexualité ?

         Ma réponse : l’existence corporelle, dans le lieu où elle rejoint le plus la matérialité, voire l’animalité, révèle une structure subjective fondamentale.

          Lien phénoménologie: Husserl cherchait une « conscience transcendantale » à « réaliser dans l’existence ».

         MP lui cherche à décrire l’expérience naturelle, concrète, avant toute intervention de la conscience réflexive, et part de cette expérience. Nul besoin de constituer quoi que ce soit par une conscience révélée à elle-même : le réel est gros d’esprit. Et le corps est donc le fondement impensé de cette charge spirituelle de l’existence humaine concrète, immédiate. L’absolu se promène dans les rues, chaque geste humain, fût-il révélé comme tel par celui qui l’accomplit, est porteur de cette subjectivité fondatrice que cherche à décrire MP : depuis le corps, par le corps, l’esprit irréductible au naturel biologique et aux interprétations scientistes ou réductionnistes, se manifeste.

         La pensée de MP est donc une méditation sur le corps, et le corps est une catégorie fondement. La « fonction primordiale » cherchée par le début de notre texte, par laquelle nous faisons exister pour nous ce qui est, est le corps lui-même. Ainsi le corps n’est pas un objet mais le lieu à partir duquel l’auteur pense et trouve la particularité de la subjectivité humaine, ie le lien unique tissé par un sujet avec un objet élu, dont l’ultime résultat est une affinité à être au monde, comme l’atteste l’élection par l’auteur du désir comme matière du tissage. Mon rapport au monde n’est pas domination, fût elle épistémologique, mais de vision, d’affectivité, et de désir. Remplacer le pouvoir par l’amour est un gain de la philosophie merleau pontienne.

          Filiation de cette première recherche avec les travaux suivants, jusqu’aux plus ultimes : ex Œil et esprit, Prose du monde On ne peut peindre un objet que l’on prétendrait maîtriser ou dominer ; il faut l’aimer sans le comprendre, la couleur devient lettre d’amour pour ce qui est. Mais à rebours, on ne peint pas pour MP ce qu’on regarde « du bout des yeux », à distance. C’est pourquoi le regard est chez lui toucher : le désir est moteur même de la perception, car la perception est mouvement vers, « toucher à distance ». Autre façon de replacer la perception dans le corps, et de replacer le corps humain dans sa réalité organo-ontologique d’être de désir.

         Le traitement merleau-pontien de la sexualité  ( hcq : homme femme  ...EN l'altérité et non la symétrie ...l'égalité ..) n’est ni une réduction anatomique, ni une sublimation. Ethérée. La sexualité n’est pas le lieu d’un frottement des organes, elle n’est pas non plus traitée en tant que force motrice brute d’activités intellectuelles affinées, ce qui est une autre manière de la réduire, ou de ne pas l’envisager ; elle est rêverie, attirance, déploiement des représentations, élection fragile par un sujet incarné, d’un objet de choix, différent de tous les autres coloré d’une aimantation particulière, par lequel le monde entier, lui aussi, se pare de couleurs nouvelles. La sexualité est pour MP désir et amour. Il n’y a pas d’organes ( mâle-femelle) sans amour, il n’y a pas d’amour sans désir. Nous sommes de plein pied dans ce milieu, ce chemin entre  matière et esprit ( hcq : cet ENtre-croisement) qui plus tard prendra faute de mieux le nom de « chiasme ». ( hcq : chiasme enfant-parents...parent d'enfants ... pas d'homme sans femme ... pas de femme sans homme  ...mort et vie ... passé-futur )

           Pourquoi la sexualité ?

            En tant qu’elle révèle cette dimension « affective » d’un sujet à un « objet » pas comme les autres, MP examine la sexualité, comme le point névralgique où se révèle la manière particulière qu’a l’homme (  hcq :..le couple homme-femme .. ) d’exister dans le monde (  hcq :..dans le temps et l'espace ...) Pages fondatrices qui ne seront pas démenties par la suite de l’œuvre, mais sans cesse reprises et déployées à d’autres niveaux.

         Enjeu certain : si le corps est l’autre nom du sujet, alors la sexualité, l’intime du corps, est lieu de manifestation essentielle du sujet. ( hcq :  ...EN la vie ...) De quelle manière ?

 (hcq :  ...par l'ENfant-PAIRENt ...)

 

°°°°°°°

 I'Intégration de la sexualité à la totalité subjective.

 
 Intention de l’auteur

Recherche d’une « fonction primordiale »

Faire exister pour soi le assumer le approprier

Concerne la relation du sujet à un objet au sens large et déneutralisé (espace objet ou instrument), à un autre qui mobilise un mouvement en soi.

Paradoxe : pour l’instant, il n’y a pas encore d’autre être. L’accent est mis sur la force créatrice du sujet-peintre pas sur la teneur de celui qui est peint-aimé-désiré.

 Problème de l’autre comme espace ou chose perçue : risque inhérent, presque automatique, d’un dépouillement de l’être incarné au profit d’une relation aseptisée sujet-objet : épistémologique pur au détriment de l’existentiel.

Ecueil : « l’en soi » de la « nature », « qui n’a pas besoin d’être perçue pour exister ». Donc : recherche d’un « pour soi », tout l’enjeu du chapitre ( indépendamment de la question de savoir si l’être aimé existe réellement, question épistémologique à nouveau qui se place sur un autre plan)

Au delà du caractère en soi de la nature, MP veut « mettre en évidence la genèse de l’être pour nous », autrement dit affirme qu’il n’y a d’existence à proprement subjective, donc humaine, que pour un être qui crée par dessus l’en soi des choses une réalité de sa propre étoffe. Cette création est appelée plus loin « affectivité ».

         L’affectivité est le lieu par excellence où ce qui a de l’importance et une forme privilégiée d’existence ne l’a que par nous et pour nous : la polarité accentuée de l’existence humaine est ici privilégiée. C’est moi qui aime et désire pas mon voisin, pas même mon ami, ni même un autre, qui me ressemblerait.

         Ainsi, la sexualité a pour enjeu d’être le paradigme de la coloration subjective de l’être par un sujet : fin du §1 : « cherchons à voir comment un objet ou un être se met à exister pour nous par le désir ou par l’amour et nous comprendrons mieux par là comment des objets et des êtres peuvent exister en général » : opération de pensée emblématique de la geste merleau pontienne : réfléchir non pas sur l’intimité du corps incarné, mais depuis elle, se replacer pleinement dans l’incarnation.

         Qu’est-ce que l’affectivité ?

         Elle est une faculté qui ne se réduit ni à une somme d’états affectifs, ni à notre organisation corporelle sur laquelle viendrait jouer une part d’intellect. ( la représentation déplace et fait varier le stimulus mais au fond, le stimulus est roi, et donc le modèle causal)

         MP cherche à conférer à l’affectivité le statut de « mode original de la conscience », et par conséquent à défaire la conception de la sexualité comme l’association d’une représentation à un stimulus. Or la sexualité, affirme-t-il, n’a pas pour lieu central la représentation.

         En prenant l’exemple, décrit par Steinfeld dans Ein Beitrag zur Analyse der Sexualfonktion, MP soutient que l’absence de représentations sexuelles n’est pas la cause de l’inertie sexuelle d’un malade (atteint d’une lésion cérébrale), mais bien plutôt le symptôme d’autre chose. En effet, en l’absence d’activité représentative, le malade n’exerce pas plus d’activité réflexe purement mécanique, que l’absence de représentation aurait dû libérer. = ni la représentation ni l’automatisme n’expliquent l’activité sexuelle. « La pathologie met en évidence, entre l’automatisme et la représentation, une zone vitale où s’élaborent les possibilités sexuelles du malade, comme plus haut ses possibilités motrices, perceptives et mêmes ses possibilités intellectuelles. »

Cette zone vitale est l’espace où l’esprit se mêle au corps. Dans cette zone doit être présente la « fonction » recherchée : « l’extension normale de la sexualité repose sur les puissances internes du sujet organique »

 

NOTES

Déploiement, extension = épanouissement

Sujet organique, mais sujet, mais organique

          Quelle est cette puissance interne ? « un Éros ou une Libido » puissance d’animation dont la fonction est de donner « valeur et signification » à la stimulation sexuelle.

CCl : « C’est la structure même de la perception ou de l’expérience érotique qui est altérée chez Schn. »

Autrement dit : la perception et l’expérience érotique ont une même structure

Déplacement sexualité (organique) érotique ( psychique)

          Description par MP du « schéma corporel », ou de la perception érotique du corps de l’autre

« perception objective habitée par une perception plus secrète »

pas d’homogénéité du corps mais accentuation sur les zones érogènes.

-         appelle un acte du corps masculin : lien perception/mouvement

description du désir masculin, question du désir féminin ? schéma différent ? acte ? ( hcq /  ...??? idem ..interrogation ?????)

fin de la description : intégration de la spécification (zones privilégiées, schéma corporel sexuel « unique » pour chaque corps, action) à une totalité affective qui désactive la relation offensive sujet désirant-objet désiré

 Conséquence : la sexualité humaine suppose et exige de se placer dans un être au monde érotisé ou sexuel, suppose une globalité dans laquelle s’insère l’acte particulier, dont est justement dépourvu le sujet atteint.

 

Explication de la sexualité en termes de sens :

Adresser à l’entourage cette « question muette et permanente qu’est la sexualité normale ».

Donc : sexualité réintégrée dans le lieu de l’humain.

Retentissement du sens sur l’engagement. Pas d’action sans sens, pas de sens sans action.

         Autrement dit, la sexualité est traité sur le même plan que la perception ou que le corps lui-même, et ce qui est dit d’elle fut dit du corps :

« La perception (érotique) n’est pas une cogitatio qui vise un cogitatum ; à travers un corps elle vise un autre corps elle se fait dans le monde et pas dans une conscience » p. 842

« Compréhension » érotique comme il y a pensée du corps

 « Même avec la sexualité, qui a pourtant passé longtemps pour le type de la fonction corporelle, nous avons affaire, non pas à un automatisme périphérique, mais à une intentionnalité qui sui le mouvement général de l’existence et qui fléchit avec elle. »

 Gain : pour un sujet normal le monde n’est jamais « affectivement neutre », mais un réseau d’attraction répulsion, aimantation préférence, sympathie antipathie. Coloration

 

C’est la structure même de la perception qui est redécouverte par l’étude de la sexualité. P. 843 : « nous redécouvrons à la fois la vie sexuelle comme une intentionnalité originale et les racines vitales de la perception, de la motricité et de la représentation en faisant reposer tous ces « processus » sur un « arc intentionnel » qui fléchit chez le malade et qui chez le normale donne à l’expérience son degré de vitalité et de fécondité.

 

Acte perceptif : partie prenante du vital, pas « noble » , ie « supérieur ». Intégration de toutes les fonctions de l’humain en même temps.

 

// Nous rejoignons ici les acquisitions les plus durables de la psychanalyse. P 843

Torsion déclaration de droit ( expliquer supérieur par inférieur) et découverte de fait : sexualité lieu de conscience

 Il n’y a jamais chez l’homme d’organique pur.

Tout acte humain « a un sens »

Adhésion et rapprochement généreux de MP, gommant les différences de sens des deux démarches : MP intègre pleinement la sexualité à la conscience et donc au sujet, là où une activité psychanalytique pouvait expliquer la conscience par la sexualité seule. Pas plus il ne faut oblitérer la conscience, pas plus il ne s’agirait de la souligner excessivement son impact.

 

         Cela pose la question du rapport exact du biologique à la donation de sens.

Sur ce point les formulations de MP semblent osciller, à la recherche du lieu exact de l’entre deux, du point d’équilibre typique

p. 845

« l’existence biologique est embrayée sur l’existence humaine »

« vivre » (leben) est une opération primordiale à partir de laquelle il devient possible de « vivre » (erleben)

pas point de passage mais reprise et redite, lieu de manifestation du psychisme

« signe privilégié »

« rapport d’expression réciproque » entre la vie charnelle et le psychisme

 

Formules qui toutes excluent la pensée causale

Et qui toutes font du corps autre chose que l’expression servile de l’esprit, son « enveloppe transparente »

Résistance, altérité du corps. MP : pas un spiritualisme

 P 846

 Exemple emprunté à Binswanger Über Psychotherapie

 Lien aphonie et interdiction d’aimer

Vs Freud la bouche n’est pas le lieu d’un stade oral du développement sexuel

Dimension affective bcp plus large : lieu de l’émotion « ce qui est fixé sur la bouche, ce n’est pas seulement l’existence sexuelle, ce sont, plus généralement, les relations avec autrui dont la parole est le véhicule ».

 Bouche : lieu de la parole, lieu de relation avec le vital    ( hcq : lieu également du mensonge ? )

Tout est présent : histoire du sujet ( organe cible lié à sa biographie voire son histoire sexuelle) :

Lien avec la mort

Au passé

A l’esprit

Au corps

II Le rapport à la psychanalyse : au delà des théories, entrée dans la complexité du corps sujet ou du sujet corps

A) Mp et la psychanlayse

P 847

Rectification de l’idée du corps comme « signe »

Le corps est ce qu’il signifie, la conscience n’est pas ici représentée par le corps, elle est le corps.

Ici, lieu de compréhension de la psychanalyse : « comme la psychanalyse aussi le montre à merveille »

Laquelle ? quelle école ? Freud ? Exemple de Binswanger, donc autre école que Freud…

1-    aphonie n’est pas se taire intentionnellement, c’est refuser de parler

2-    p 848   

          l’oubli : un homme brouillé avec sa femme ne va pas oublier intentionnellement un livre offert par elle, et le récupérer une fois réconcilié. Il « n’avait pas absolument perdu le livre, mais ne savait pas davantage où il se trouvait ».  ici : pas lésion corporelle immédiate, exemple psychique à la suite d’un exemple corporel, montrant à mon avis, sans surinterpréter, que la conscience et le corps sont destinés à être traités de la même façon parce qu’au bout du compte, une fois dépassées et déboutées les théories qui les séparent, ils sont UNE SEULE ET MÊME CHOSE (fonction unitive de la catégorie sujet, distinguer ce qui est et pédagogie consistant à mettre l’accent sur un des éléments défavorisés par l’histoire humaine)

 Ici l’unité du corps et de l’esprit défont l’action volontaire et la prétendue « conscience » limpide, unique lieu de subjectivité véritable selon la pensée classique.

A rebours, avec l’entrée du corps en philosophie, MP réhabilite l’obscur, le trouble, le différent ; il ne convoque pas le terme d’inconscient mais le sujet incarné semble être cet espace complexe allant bien au delà de la « pensée consciente et volontaire classique) Lieu d’une altérité et d’une harmonie bien plus grande, car à ce niveau, il n’y a pas de scission de l’individu : ils aiment tout d’un bloc, sont déçus tout d’un bloc, refusent tout d’un bloc, se réconcilient tout d’un bloc : explication du terme d’ « originaire », ie en deçà des distinctions fragilisantes ?

Lieu aussi du corps comme espace de vérité, car exprimant ce « tout d’un bloc, cette unité profonde du corps et esprit avant la « conscience volontaire »

 3- Hystérie et refoulement (lien premier exemple, corporel, et deuxième exemple, psychique) : « nous pouvons ignorer quelque chose tout en le sachant parce que nos souvenirs et notre corps, au lieu de se donner à nous dans des actes de conscience singuliers et déterminés, s’enveloppent dans la généralité.

Développement d’une globalité

Hystérie et refoulement : lien d’un refus d’adhésion soit avec une zone de notre corps, soit avec notre vie : qui rompent la globalité au profit d’une pensée sectorisée et sectionnée.                     

B) Objection ? passage très singulier où se confrontent de deux modes de pensée comme la nuit se confronte au jour : la réflexion psychanalytique et la pensée sartrienne, ou pensée de l’obscur et de la nuit contre le parangon de la pleine lucidité, du plein midi

« bien entendu on pourra parler ici d’hypocrisie ou de mauvaise foi »

         réponse de MP : le mensonge à soi fait partie de la condition humaine.

p. 849

Décollement d’avec ses manifestations : déhiscence inhérente à l’homme.

Exemple d’une crise de nerfs déclenchée artificiellement pour fuir une situation : une fois le corps engagé, l’esprit suit aussi, la crise devient presque réelle. « Il est presque devenu cette existence spasmodique et haletante qui se débat sur un lit. » L’acte effectué, même par mensonge, prend possession de la psyché et s’impose. Idem pour la bouderie l’acte s’empare de l’être tout entier et prend des envergures métaphysiques. « bouderie contre la vie ».

« A chaque instant qui passe, la liberté se dégrade et devient moins probable » comme si la liberté abstraite des actes qui l’instancie disparaît : voir la fin de la phénoménologie de la perception, sur l’héroïsme et l’essence de la liberté.

         Singulière solution de MP : invocation du corps sujet

 a) remède à la mauvaise foi : la « nuit de sommeil » qui désamorce tous les mensonges, les postures et les masques devenus visages.

Visage d’un homme qui dort

Nuit de sommeil : « force anonyme », au delà de la clairière du cogito, qui enveloppe et régénère le sujet corporel, ie le sujet véritable. ( on retrouvera cette réflexion sur la nuit : s’endormir, c’est faire sécession de la volonté.  On n’est pas conscient de l’instant où l’on s’endort)

                  Face à l’endurcissement du mensonge, ou de la déhiscente condition humaine, le sommeil, espace de régénération corporelle, opère comme un retour à l’originaire, fait retrouver l’homme au lieu un d’avant la scission consommée d’avec lui même.

 b) remède à la pathologie : non pas l’élucidation de la cause, mais contact humain dans la relation patient-soignant ( Weizsäcker ; conception élargie de la psychanalyse comme thérapie englobant tout l’humain : « rapport personnel », « confiance et amitié » et impact, « changement d’existence qui résulte de cette amitié)

C’est l’autre qui possède les clés de nous mêmes

        

Il est intéressant de remarquer : quelle psychanalyse ici ?

Référence psychanalytique : non pas Freud mais Binswanger . « un contact de la main met fin quelquefois aux contractures et rend la parole au malade  

         Le grand apport de la psychanalyse est la prise en compte de la globalité : « le symptôme comme la guérison ne s’élaborent pas au niveau de la conscience objective ou thétique, mais au-dessous »

          On remarque aussi que le mal ( empreinte corporelle donne résultats) est aussi le remède ( se mettre dans la position et les dispositions du sommeil finit tôt ou tard, une fois la volonté désamorcée, par entrainer le sommeil)

         Image des rites antiques, comparaison du sommeil avec linhabitation par le Dieu. + site

P 850

« Il y a un moment où le sommeil p. 850 vient, il se pose sur cette imitation de lui-même que je lui proposais, je réussis à devenir ce que je feignais d’être »

Différence d’avec le faux mimétisme, qui nous éloigne de nous : donne accès aux forces « obscures », tournées vers la vie, plus larges que le cogito. // même bienveillance de la vie elle même au moment d’accomplir l’acte héroïque (fin)

 c) Nuance : en quoi la maladie n’entrave pas la liberté ? en quoi le sommeil n’est il pas une « possession » où s’annihile le sujet dans la fusion d’avec un grand tout ?

« Nous restons libres à l’égard du sommeil et de la maladie dans l’exacte mesure où nous restons toujours engagés dans l’état de veille et de santé, notre liberté s’appuie sur notre être en situation, et elle est elle même une situation »

         -( pas de liberté sans être au monde (situation), pas d’être au monde sans liberté)

         -Idée d’un contrepoids à l’état, comme la lumière n’est permise que par une quantité équivalente d’obscurité. Pensée de la globalité qui enveloppe un acte, non pas retour régressif à un grand tout inactif. Pensée du monde en même temps que pensée du sujet .

         En d’autres termes, la maladie n’est pas entrave à la liberté parce qu’elle est l’expression d’une liberté en acte. ( hcq : vie en sur-vie .?) C’est ce « pas existentiel » repris à Binswanger qui permet à MP de comprendre que l’aphonie exprime, outre un problème à la gorge, un refus d’autrui.

d) Dégagement de la « fonction » recherchée initialement :

« le rôle du corps est d’assurer cette métamorphose. Il transforme les idées en chose, ma mimique du sommeil en sommeil effectif »

 

         en d’autres termes le corps est l’auxiliaire de la liberté. Sans lui et sa puissance d’instanciation, la liberté resterait un thème métaphysique abstrait contredit par la causalité physique. Avec le corps, et le corps sujet, la liberté a son lieu d’ancrage, et le corps sa rédemption philosophique.

Mp parvient aux plus grands questionnements philosophiques en restant arrimé à l’être au monde de tout être humain : son propre corps. Sans passer par la nécessaire opération d’abstraction de la matière qui fut ce par quoi on parvenait classiquement à développer le même thème.

 

III Impact métaphysique de la corporéité : ou le corps, siège de ma liberté

 

    1) Le corps exprime l’existence

Il « symbolise » l’existence, mais dans un sens généreux : non pas l’image abstraite et réduite, schématisant, d’elle, mais, au fond, son incarnation, sa mise en acte… « il la réalise et en est l’actualité »

         a) Le corps comme lieu de fermeture et d’ouverture au monde

         Comparaison de l’existence avec un cœur, non pas symboliquement, mais organiquement : quels sont les systoles et dyastoles de l’existence ?

         Mon existence par mon corps ( par l’altérité du sommeil) se démet d’elle même ( de ses faux semblants, de ses objectivations, de la tendance diurne à la réification) (systole)

         Ce qui permet l’incorporation de connaissances nouvelles et l’ouverture à des horizons nouveaux, de nouvelles rencontres, des possibles futures.  (diastole)

 

         Maladie : expression accrue d’une fonction du sujet : l’arrêt en soi, l’immobilité « le sujet, en tant qu’il a un corps, garde à chaque instant le pouvoir de s’y dérober. »

 

P 851 description de la capacité de se fermer au monde

         Capacité de se fermer au monde ( antisartrien par excellence)

« à l’instant même où je vis dans le monde,… »

         Et de s ouvrir au monde « mouvement de l’existence vers autrui, vers l’avenir, vers le monde »     

         Les problèmes locaux (oubli, aphonie) se règlent au moment précis où le corps dans son entier s’ouvre au monde. Image du fleuve : globalité généreuse.

         «  De nouveau, il signifie au delà de lui-même » fleuve en crue générant plus que de l’eau.

b)  Une fermeture qui n’est faite que pour l’ouverture.

L’impossible clôture totale du corps, l’en soi de la pierre. ( à cause des sens qui par nature sont ouverture)

Modalité du corps, écoute de son monde de sensations ou introspection, écoute du corps, absorption dans l’espace intérieur : n’ôte jamais totalement l’existence au monde ( réponse au risque de disparition du monde extérieur initial dans la recherche du mode du pour soi)

Mais même alors, « je n’arrive pas à supprimer toute référence de ma vie à un monde »

Respiration, lumière : tout est extériorité

         Antisartre : « il me manque toujours la plénitude de l’existence comme chose »

         L’existence corporelle : faite pour la vie « me fait toujours la proposition de vivre »

         = Vivre : non pas seulement voir le monde, mais être impliqué dedans : engagé dans une intention, d’où la pertinence du modèle érotique : être présent, non pas corps désaffecté d’intention

         Le corps est fait pour aller au monde, pour agir dans le monde, pour aller à la rencontre des autres. N’est pas une monade.

 

 c) Le corps, invitation et support de la présence au monde

         (en ce sens, antimétaphysique par excellence. Le corps est du côté de la vie, du côté du oui)

p 852

         Le corps me condamne à l’être  ( hcq : au couple ) en dépit de moi ( la volonté est peu de choses dans la pensée de MP, car elle est sectorisée)

 

d) CCL : quel est le rapport exact entre le corps et l’existence ?

 comparaison ( retrouvée dans La prose du monde, unité et diversité des thèmes de MP) le corps exprime l’existence au sens où la parole exprime la pensée

Non pas un « accompagnement extérieur, mais parce qu’elle se réalise en lui ».

« Sens incarné » dans lequel « corps » et « esprit » « ne sont que des moments abstraits »

- Rectification de l’idée texte original-traduction : encore dualiste.

Intéressant sur le statut du corps comme socle : idée encore trop dualiste pour saisir le tout, l’unité corps-existence.

- Mouvement corps et existence : ( cf Weizsäcker « le corps est l’existence figée ou généralisée et l’existence une incarnation perpétuelle »)

 

2) Retour à la sexualité éclairée par la charge métaphysique du corps

 p. 853

 a) La sexualité  ne saurait donc se réduire à la pure machine anatomique. Lourde de sens métaphysique, ie phénomènes (« pudeur », « désir », « amour en général ») rendus inexplicables par le seul pôle organique réduit lui-même à une machine. (« machine gouvernée par des lois naturelles »), car « concernent l’homme comme conscience et comme liberté »

         - Exemple analyse de la pudeur

         Toujours un rapport à autrui, un rapport de vérité sur l’autre et sur soi même, recherche du fil ténu entre la maîtrise d’autrui ou l’objectivation de soi par le regard d’autrui.

         Dans la recherche du désir d’autrui, il y a la recherche de la liberté d’autrui : « un être fasciné, sans liberté, et qui à ce titre ne compte plus pour moi ».

         « Dire que j’ai un corps est donc une manière de dire que je peux être vu comme un objet et que je cherche à être vu comme un sujet »

         Donc la pudeur, en tant qu’elle exprime la « dialectique des consciences », a donc bien une signification métaphysique.

- Exemple analyse du désir sexuel comme lieu de signification métaphysique

         « Ce qu’on cherche à posséder ( hcq..à aimer ?), ce n’est pas un corps, mais un corps animé par une conscience »

         Idée de la folle qu’on n’aime pas : // Breton, Nadja. Pbm : toujours rapport masculin/féminin

         p. 854

         b) CCl : intérêt de l’expérience sexuelle vécue : « l’objet » sexualité uniquement pensé perd de sa simplicité d’objet, ( « devant la pensée, étant un objet, le corps n’est pas ambigu) et on rentre de plein pied dans la complexité nommée « ambiguïté » qu’est le corps vécu, sa nature « métaphysique » ( ou « l’émergence d’un au-delà de la nature »)

( la pensée de MP n’est donc pas une pensée d’objet mais une description de l’expérience, l’audace de plonger dans une complexité à rebours de tous les couples dualistes)

         Intérêt de la sexualité : fonde la métaphysique non pas dans la connaissance ( tjs un rapport de soi à soi) mais dans l’ouverture à l’autre. (dira plus loin que la sexualité est un « système de relation » (hcq : EN l'Â totalité ...l'Absolu système de relation" )

-         Objection : et le discours sexuel de Freud qui a eu pour effet de « généraliser » la sexualité ?  

Ici, traitement étrange, comme si Freud lui-même avait été pris au piège de la tendance qu’avait la sexualité de se généraliser pour mieux camoufler son drame ( le drame de la conscience)

« La sexualité se cache à elle-même sous un masque de généralité, elle tente sans cesse d’échapper à la tension et au drame qu’elle institue. »

         Traitement MP de la sexualité : défait le caractère ciblé de l’excitation génitale pour faire de la sexualité une « atmosphère » ( Stimmung allemande) plus ou moins latente dans l’existence humaine .

         Comparaison avec le rêve : sens sexuel détourné

         Extension jusqu’à la vie consciente, elle-même prise dans une « brume »

« cette brume individuelle à travers laquelle nous percevons le monde »

         Dimension indirecte, médiate, étale, de la sexualité comme Stimmung

         « rayonnement », comparaison à une odeur ou à un son.

         Formulation finale : « atmosphère ambiguë coextensive à la vie »

         Ambiguité= équivocité, ie une même situation a toujours plusieurs sens dont on ne saurait exclure le sens sexuel. Mp aboutit à la formulation d’un « principe d’indétermination » de l’existence qui ne correspond pas à une connaissance lacunaire, mais à la « structure fondamentale »de l’existence

 p. 856

 Richesse de sens et multiplicité des sens

 

lien sexualité et donation de sens

         La sexualité est donc un des fils de l’existence, contribuant à lui donner forme. 

Dans cette formulation, souci manifeste de ne pas traiter la Sexualité comme centre et explication de tout. Cf note : Freud « gonfle » la notion de sexualité  

         Retour au début du chapitre : recherche de la fonction par laquelle le monde prend la qualité d’un pour soi : la sexualité  exprime la manière propre qu’a l’homme de « mettre en forme le monde » ie de lui donner sens.

p. 857

c) Justification du chapitre : statut de la sexualité. nécessité de la sexualité au même titre que l’intelligence. Système être : tout se tient : pas d’architectonique

« L’homme… ne serait plus un homme s’il lui manquait un seul des systèmes de relation qu’il possède effectivement ».

« Tout est nécessité dans l’homme »

                  Rectification immédiate : au sens où rien n’est fortuit. Mais ici nécessité n’est pas le contraire de contingent . « L’existence humaine nous obligera à réviser notre notion usuelle de la nécessité et de la contingence, parce qu’elle est le changement de la contingence en nécessité par l’acte de reprise »

(// corps : lieu de transformation. )

         Nous avons à faire nôtre ce qui est pourtant déjà là ( Sartre) // liberté

 

  

L’idée qui achève le texte est celle d’un entre deux, d’un refus des extrêmes : position inconfortable car non catégorique, délicate à formuler dans sa positivité, car tient place dans un clair obscur.

 Le corps est « miroir de notre être » car il n’est ni tout à fait nature, ni tout à fait esprit, et appelle un travail d’appropriation du pour soi.

Conclusion :   

         Fécondité de cette analyse dans les textes ultérieurs : Prose du monde in « langage indirect et les voix du silence »: notion de style ; lien style et perception p. 1482

         « Une femme qui passe n’est pas d’abord pour moi un contour corporel, un mannequin colorié, un spectacle, c’est une « expression individuelle, sentimentale, sexuelle », c’est une certaine manière d’être chair donnée tout entière dans la démarche ou même dans le seul choc du talon sur le sol, comme la tension de l’arc est présente à chaque fibre du bois – une variation très remarquable de la norme du marcher, du regarder, du toucher, du parler que je possède par-devers moi parce que je suis corps. (Lien corps sexualité style perception peinture) si de plus je suis peintre, ce qui passera sur la toile, ce ne sera plus seulement une valeur vitale ou sensuelle,  il n’y aura pas seulement sur le tableau « une femme » ou « une femme malheureuse » ou « une modiste », il y aura l’emblème d’une manière d’habiter le monde, de le traiter, de l’interpréter par le visage comme par le vêtement, par l’agilité du geste comme par l’inertie du corps, bref d’un certain rapport à l’être. »

 

...hcq :  .. à la vie ...à l'ENtre deux ...

 

              

 

 

En proche relation ......

Sri Aurobindo ...ou l'aventure de la conscience par Satprem

Phénoménologie du corps, clinique de la douleur ...communication dans le cadre des réunions de l'Ecole française de Daseinanalyse

...homme et femme ... l'altérité fondatrice  

 

En proche relation d'homocoques......

.... le corps comme phénomène de l'Être-là" ou de "ENtre-deux-là"  ...? >>>>>

 ....l'ENfant-PAIR-EN-TERnaire

 

 

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... en France ..en Europe ...

...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

  "L'esprit constitue un champ de relations tourné vers la totalité de ce qui existe "  Joseph Pieper

Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

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