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...aimer
....la relation d'amour EN la vérité..
.. temps d'amour-temps de
vérité... |
l'amour |
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Empodocle : ...Par
l'action de l'Amitié le multiple tend à constituer une unité ; par
l'action de la Discorde l'unité se disjoint et donne lieu à la pluralité.
Evangiles : ....Le second lui est semblable
...A ces deux commandements, toute la Loi est suspendue ainsi que les
Prophètes.
Victor Hugo :
" L'amour .... cherche
l'amour, donne la joie et prends-en , en aimant tant que tu pourras.
"
Simone Weil :« Folie d'amour. » Et la création
est une folie bien plus grande encore que l'incarnation.
L'esprit de vérité ......de Simone Weil
Eric Fromm ....
L'amour est une
sollicitude active pour la vie et la croissance de ce que nous aimons. Là
où manque ce souci actif, il n'y a pas d'amour.
Nicolas Grimaldi ..métamorphose
de l'amour
Alain Badiou : éloge de l'amour...qu'est-ce
que c'est que le monde quand on l'expérimente à partir du deux et non
pas de l'un ?
Le corps sexué
..Maurice Merleau Ponty
l'amour un besoin vital
en Relations
:
Spinoza : le
désir ....
New-Age
Comte-Sponville :
Pascal
« Ainsi nous ne vivons jamais, nous espérons de vivre. Si bien que nous
disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons
jamais ». ....Je ne pourrai donc être
heureux, ici et maintenant, qu'à la condition de renoncer à espérer le
devenir. ... nous n'aurons de bonheur qu'à proportion du
désespoir que nous serons capables de supporter. ...Spinoza dans L'Ethique « L'amour est une joie qu'accompagne
l'idée de sa cause ». ...aimer c'est se réjouir de ...
......"raviver le dialogue de la charité ( d'amour) dans la vérité."
B16
"LA RENONCIATION À LA VÉRITÉ EST MORTELLE
POUR LA FOI" Benoît XVI
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EMPÉDOCLE
....l'un naît du multiple et inversement ...
... Par l'action de l'Amitié le multiple
tend à constituer une unité ; par l'action de la Discorde l'unité se
disjoint et donne lieu à la pluralité. Les deux forces motrices sont des
antagonistes perpétuels, mais alternativement l'une ou l'autre tend à
prendre le dessus, sans pourtant exclure radicalement l'autre, ce qui
produirait alors, soit l'unité et l'immobilité absolues, soit la
multiplicité absolue et le mouvement chaotique et sans règle. Au règne de
l'amitié traversé par les dissensions de la Haine, succède donc un règne
de la Discorde, auquel l'Amitié travaille à mettre fin.
SOURCE :
l'un naît du multiple et inversement ......pensées
d'EMPÉDOCLE, penseur du IVe siècle av. JC
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Le plus grand commandement §
285-286
Ils se
réunissent en groupe, et l'un d'eux, un scribe, lui pose cette question
pour le mettre à l'épreuve - Maître, quel est le plus grand commandement
dans la Loi?
Jésus lui
déclare
- Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme (Dt 6, 5) et de
tout ton esprit. Tel est le plus grand et le premier commandement.
Le second lui
est semblable :
« Tu aimeras ton
prochain comme toi-même. » (Lv 19, 18)
A ces deux
commandements, toute la Loi est suspendue ainsi que les Prophètes. Et dès
lors personne n'osait plus l'interroger. (Mt 22, 34-40; Mc 12, 28-34 §
285. Synthèse)
Source:
Le Nouveau Diatessaron
... les 4
Evangiles en un seul
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"La
conséquence logique de l'individualisme c'est le meurtre, et le malheur
; il est donc légitime de commencer par déblayer les sources d'optimisme
creux. En revenant à une analyse plus philosophique des choses, on se
rend compte que la situation est encore plus étrange qu'on le croyait.
Nous avançons vers le désastre, guidés par une image fausse du monde ;
c'est un cauchemar dont nous finirons par nous éveiller. Nous
n'échapperons pas à une redéfinition des conditions de la connaissance,
de la notion même de la réalité ; il faudrait dès maintenant en prendre
conscience sur un plan affectif. Tant que nous demeurerons dans une
vision mécaniste et individualiste du monde, nous mourrons. Cela fait
cinq siècles que l'idée du moi occupe le terrain ; il est temps de
bifurquer."
Houellebecq
"le sens du combat"
...de vivre et
d'orienter la mondialisation de l'humanité en termes de relationnalité, de
communion et de partage. ... Benoit
XVI ...
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ERIC FROMM
L’art d’aimer
Avant-Propos
Extraits
On
s'exposerait à la déception en n'attendant de ce livre que de
faciles recettes sur l'art d'aimer. Ce que nous voulons montrer en
effet, c'est que l'amour n'est pas un sentiment à la portée de
n'importe qui : il dépend de notre niveau de maturité. Que le
lecteur soit bien persuadé que tous ses efforts en ce domaine sont
voués à l'échec s'il ne s'essaie pas assidûment à épanouir sa
personnalité en vue d'une orientation productive ; que l'amour
individuel ne peut être source de satisfactions si l'on n'est pas
capable d'aimer ses semblables, si l'on manque d'humilité, de
courage, de foi, de discipline vraie.
……
L'amour est-il
un art ? En ce cas, il requiert connaissance et effort. Ou bien
l'amour est-il une sensation agréable, dont l'expérience est
affaire de hasard, ce dans quoi l'on «tombe » si la chance vous
sourit ? Ce petit livre se fonde sur la première prémisse, bien
que sans nul doute la plupart des gens croient aujourd'hui en la
seconde.
……
Pour la
plupart, le problème essentiel de l'amour est d'être aimé plutôt
que d'aimer, d'être capable d'amour.
Dès lors„ leur problème est de savoir comment être aimé, comment
être aimable.
L'amour
accompli, pouvoir actif de participation
L'amour est
chez l'homme un pouvoir actif ; un pouvoir qui démantèle les murs
séparant l'homme de ses semblables, qui l'unit à autrui ; l'amour
lui fait surmonter la sensation d'isolement et de séparation, tout
en lui permettant d'être lui-même,
L'amour est
une activité, non un affect passif ; il est un « prendre part à »,
et non un « se laisser prendre ». De manière très générale, on
peut en expliciter le caractère actif en disant ceci : l'amour
consiste essentiellement à donner, non à recevoir.
….
Dans l'acte
même de donner, je fais l'épreuve de ma force, de ma richesse, de
mon pouvoir. Cette expérience de vitalité et de puissance accrues
me remplit de joie. Je m'éprouve comme surabondant, dépensant,
vivant, dès lors comme joyeux. Donner est source de plus de joie
que recevoir, non parce qu'il s'agit d'une privation, mais parce
que dans le don s'exprime ma vitalité.
…. ce n'est
pas dans les choses matérielles que se situe la sphère la plus
importante du don, mais dans le royaume spécifiquement humain. Que
donne un être à un autre ? Il donne de lui-même, de ce qu'il a de
plus précieux, il donne de sa vie. Ceci ne signifie pas
nécessairement qu'il sacrifie sa vie pour autrui - mais qu'il
donne de ce qui est vivant en lui ; il donne de sa joie, de son
intérêt, de sa compréhension, de son savoir, de son humeur, de sa
tristesse - bref, de tout ce qui exprime et manifeste ce qui vit
en lui.
Dans le don,
quelque chose prend corps, et les deux personnes impliquées sont
reconnaissantes de la vie qui naît pour elles deux.
Spécifiquement, en ce qui concerne l'amour, ceci signifie :
l'amour est un pouvoir qui produit l'amour …
Il est à
peine besoin de souligner que la capacité d'amour en tant que don
dépend du développement caractériel ( hcq du développement
affectif..). Elle présuppose que la
personne ait atteint une orientation foncièrement productive (
hcq créatrice de vie EN l'amour); il
en est ainsi lorsqu'elle a surmonté la dépendance, l'omnipotence
narcissique, le désir d'exploiter les autres ou d'amasser,
lorsqu'elle a acquis la foi en ses propres possibilités humaines,
le courage de compter sur ses forces pour parvenir à ses buts.
Dans la mesure où manquent ces qualités, elle a peur de se donner
- par conséquent, d'aimer.
Au juste, ce
n'est pas uniquement dans le don que l'amour manifeste son
caractère actif, mais aussi dans le fait qu'il implique toujours,
quelles que soient les formes qu'il prenne, certains éléments
fondamentaux. En l'occurrence, la sollicitude, la responsabilité,
le respect et la connaissance.
L'amour
est une sollicitude active pour la vie et la croissance de ce que
nous aimons. Là où manque ce souci actif, il n'y a pas d'amour.
Pratique
de l'amour dans la société actuelle
Extraits ..des
3 dernières pages du livre
Ici,
cependant, se pose une question importante. Si toute notre
organisation sociale et économique se fonde sur la recherche, par
chacun, de son propre intérêt, sur un égotisme tempéré seulement
par l'équité, comment encore entreprendre des affaires, comment
agir dans le cadre de la société existante et en même temps
pratiquer l'amour ? …….
J'ai la
conviction que soutenir la thèse d'une incompatibilité absolue
entre l'amour et la vie « normale » n'est correct qu'en un sens
abstrait. Sans doute le principe sous-tendant la société
capitaliste et le principe de l'amour sont-ils incompatibles. Mais
perçue concrètement, la société moderne est un phénomène complexe.
Celui qui est préposé à la vente d'un produit inutile, par
exemple, ne peut pas fonctionner économiquement sans mentir ; par
contre, un travailleur qualifié, un chimiste ou un médecin le
peuvent. De même, un cultivateur, un professeur, et bien des
hommes d'affaires peuvent s'efforcer de pratiquer l'amour sans
cesser pour autant de fonctionner économiquement. Même si l'on
reconnaît que le principe du capitalisme est incompatible avec le
principe de l'amour, on doit admettre que le capitalisme est en
lui-même une structure complexe et sans cesse mouvante, qui
s'accommode encore d'une bonne part de non-conformisme et de
latitude personnelle. ( hcq quitte à être perçus comme ,
provocateur ou emmerdeur ...ou au mieux comme utopiste, des
illuminés ...Thomas
More...patron des politiciens..!!)
Est-ce à
dire que, si le système social actuel se maintient indéfiniment,
on puisse malgré tout espérer la réalisation de l'idéal d'amour
fraternel ( hcq ou conjugal )? Certainement pas. Dans le système actuel, ceux qui
sont capables d'amour sont forcément des exceptions : l'amour est
par nécessité un phénomène marginal dans la société occidentale
contemporaine. Non tellement parce que des occupations nombreuses
ne permettent pas une attitude aimante, mais parce que l'esprit
d'une société centrée sur la production, avide de richesses, est
tel que le nonconformiste est le seul à pouvoir se défendre
contre lui avec succès. Dès lors, si on prend l'amour au sérieux
en le considérant comme la seule réponse rationnelle au problème
de l'existence, on est forcé de conclure que des changements
importants et radicaux dans la structure de notre société sont
indispensables pour que l'amour devienne un phénomène social, et
non plus marginal, hautement individuel. Dans le cadre modeste de
cet ouvrage, nous ne pouvons que suggérer l'orientation de ces
changements. Notre société est dirigée par une bureaucratie
administrative, par des politiciens professionnels ; les individus
sont mus par la propagande, leur but est de produire et de
consommer plus, comme fins en soi. Toutes les activités sont
subordonnées à des objectifs économiques, les moyens sont devenus
des fins ; l'homme est un automate - bien nourri, bien vêtu, mais
sans préoccupation majeure pour sa qualité et sa fonction
spécifiquement humaines. Pour que l'homme soit en mesure d'aimer,
il faut qu'il réintègre la place suprême qui lui revient. Plutôt
que de servir la machine, il doit être servi par elle. Il doit
être habilité à partager l'expérience, à partager le travail,
plutôt que, dans le meilleur des cas, à partager les profits. La
société doit être organisée de telle façon que la nature sociale,
la nature aimante de l'homme, ne soit pas disjointe de son
existence sociale, mais ne fasse qu'un avec elle. S'il est vrai,
comme j'ai tenté de le montrer, que l'amour est la seule réponse
saine et satisfaisante au problème de l'existence humaine, alors
toute société qui contrecarre le développement de l'amour doit à
la longue périr de sa propre contradiction avec les exigences
fondamentales de la nature humaine. Non, parler de l'amour, ce
n'est pas « prêcher », car c'est parler d'un besoin ultime et réel
en chaque être humain. Que ce besoin ait été obscurci n'implique
nullement qu'il n'existe pas. Analyser la nature de l'amour,
c'est découvrir son absence générale aujourd'hui et critiquer les
conditions sociales qui en sont responsables. La foi dans la
possibilité de l'amour comme phénomène social, et non comme
phénomène individuel d'exception, est une foi rationnelle qui se
fonde sur l'intuition de la véritable nature de l'homme
(hcq ...qui le couple HF ...ENfant-PAIR-ENt ...)
.... EN les noces de Cana ...
>>>>
et
.... Synode 78 ...
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Aimer désespérément
Auteur :
André Comte-Sponville
Source :
Aimer désespérément
Mais si ma réflexion sur le désespoir fut guidée par l'athéisme,
l'irréligion, elle le fut égaleraient par l'observation que, très souvent,
nous sommes séparés du bonheur par l'espérance même qui le poursuit. A
force d'espérer le bonheur pour demain nous nous interdisons de le vivre
aujourd'hui.
Toute notre vie, disait Pascal, se passe ainsi à attendre. Dans un
fragment des Pensées, consacré au temps, Pascal explique que nous ne
vivons jamais pour le présent : nous vivons un peu pour le passé mais
surtout beaucoup pour l'avenir. Le fragment se termine de la façon suivante : «
Ainsi nous ne vivons jamais, nous espérons de
vivre. Si bien que nous disposant toujours à être heureux, il est
inévitable que nous ne le soyons jamais ».
Cette formule est d'une force et d'une vérité extraordinaires. Toute
notre vie se passe à attendre le bonheur pour demain ; nous nous disons «
qu'est-ce que je serais heureux si »..., et tantôt le « si » ne se réalise
pas et nous nous enfermons dans le malheur et la frustration, tantôt le «
si » se réalise et nous constatons que, pour autant, le bonheur n'est pas
là... et immédiatement nous espérons déjà autre chose. D'où la grande
formule de Woody Allen, disant un peu la même chose que Pascal : « Qu'est-ce que je serais heureux,si j'étais
heureux ! » Il est inévitable qu'il ne le soit mais, puisqu'il attend pour
le devenir de l'être déjà ! Tout se joue, ainsi, dans l'espérance du
bonheur. Or, par définition, nous n'espérons que ce que nous n'avons pas :
quand nous espérons le bonheur c'est que nous ne l'avons pas, quand nous
espérons être heureux c'est que nous ne le sommes pas. ( rs le Hans im
schnockeloch ...chanson alsacienne type ..dit la même chose )
Si' bien que, précisément parce qu'à mes yeux la philosophie avait pour
but de nous rendre heureux, elle devait nous libérer de l'espérance. Tant
que j'espère le bonheur je m'interdis de le vivre ;Je ne pourrai donc être
heureux, ici et maintenant, qu'à la condition de renoncer à espérer le
devenir.
D'un côté j'étais (si j'ose dire) voué au désespoir par l'athéisme,
mais de l'autre m'y menait aussi, bien plus positivement, une quête du
bonheur. Etre heureux suppose n'avoir plus rien à espérer, et inversement.
D'où l'idée que, le désespoir et la béatitude loin d'être deux contraires,
allaient ensemble, comme les deux faces d'une même médaille. Nous n'aurons
pas l'un sans l'autre ; nous n'aurons de bonheur qu'à proportion du
désespoir que nous serons capables de supporter.
Ce thème, inscrit dans l'histoire de la philosophie occidentale (très
fortement chez les stoïciens, presque aussi fortement chez Spinoza), se
retrouve également dans la tradition orientale, notamment bouddhiste.
....
12
Il y eut donc, en premier lieu, ce thème du désespoir : « Traité du
désespoir » car lorsqu'on ne on ne croit plus en Dieu, il y a une
dimension de désespoir dans la vie humaine. Mais aussi une démarche plus
positive « Traité de la béatitude », car il s'agit d'essayer d'être
heureux, ce qui suppose alors de se libérer de l'espérance.
Ce fut donc dans un second temps seulement qu'essayant de voir quel
pouvait être le contenu de bonheur de ce désespoir, je fus amené à l'idée
qu'il n'est bonheur que de joie, et qu'il n'est joie que d'aimer. C'est le
thème spinoziste que j'ai souvent développé, notamment le chapitre sur l'amour de mon livre Petit Traité des grandes vertus. Ce
thème se retrouve tout entier dans la définition de l'amour que donne
Spinoza dans L'Ethique « L'amour est une joie qu'accompagne
l'idée de sa cause ».
C'est une définition de philosophe... abstraite comme il se doit. Mais
que veut-elle dire ? Elle veut dire que si quelqu'un vous avoue : «Je suis
joyeux à l'idée que tu existes », vous prendrez cela pour une déclaration
d'amour... et vous aurez évidemment raison ! C'est même la plus belle des
déclarations d'amour, puisque aimer c'est se réjouir de... Quel que soit l'objet de cet amour.
Aimer Mozart, c'est se réjouir à l'idée que la musique de Mozart existe
; aimer un homme, une femme, c'est se réjouir à l'idée qu'il ou elle
existe, etc.
Tout ce que nous aimons est une expérience de
joie. Le désespoir, au
sens où je l'entends, n'est pas du tout la tristesse, l'accablement du
désespéré prêt à se suicider, mais au contraire l'acception littérale,
quasi étymologique, du mot « dé-sespoir » absence d'espoir, qui nous
libère de cette attente du bonheur pour demain, nous laissant donc
disponible au bonheur pour aujourd'hui. Etant entendu que le seul contenu
effectif du bonheur est la joie, et que la seule réalité de la joie est
l'amour. Encore une fois, aimer c'est se réjouir !
C'est ainsi que les deux thèmes du désespoir et de l'amour, venant
d'horizons différents dans ma démarche philosophique, ont fini par se
rejoindre.
Ce fut d'ailleurs, pour moi, un peu surprenant... Alors que j'avais «
inventé » cette idée d'une sagesse du désespoir pour faire mon deuil de la
religion, pour sortir de la foi de mon enfance (je fus catholique jusqu'à
l'âge de dix-huit ans), dix, quinze ans plus tard je découvrais que le
contenu le plus effectif de cette sagesse du désespoir était une sagesse
de l'amour... C'est à dire la sagesse des Évangiles, mais libérée du poids
des églises, des dogmes, libérée du poids de la religion !
Dès lors que nous essayons de voir quel est le contenu spécifiquement
humain, et non pas religieux, des Évangiles nous trouvons la sagesse de
l'amour.
Sagesse qui n'attend plus le bonheur pour demain, qui n'est plus une
sagesse de l'espérance, mais une sagesse du bonheur ici et maintenant.
C'est la sagesse de Spinoza. Plus tard, je me suis rendu compte qu'en
plusieurs endroits Spinoza avait lui-même dit que sa sagesse n'était autre
que la sagesse du Christ : ce qu'il appelle « l'esprit du Christ ».
En précisant bien que, pour Spinoza comme pour moi, le Christ n'est pas
le Fils de Dieu... Le Christ est simplement un homme, mais l'un des plus
exceptionnels qui ait jamais vécu. C'est un Maître de joie, un Maître
d'amour, un Maître de sagesse.
14
Peut-on dire qu'aimer sans espoir serait aimer sans « vouloir » ?
...Aimer, ce n'est pas aimer dans l'espoir de quelque chose, c'est
aimer ici et maintenant, quel que soit l'avenir. Aimer, c'est toujours
aimer au présent.
. De ces deux notions, ce n est donc pas la volonté mais l'amour qui est la notion la plus haute.
Il n'en demeure pas moins vrai que dans tous les cas où l'amour fait
défaut, il nous faut bien, malgré tout, prendre notre destin en main :
faute d'agir par amour, nous essayons d'agir comme si nous aimions...
C'est là qu'apparaît la morale.
Quand l'amour est là, nous n'avons besoin ni de morale ni de devoir
; l'amour suffit. Mais quand l'amour fait défaut (c'est à dire de très
loin le plus souvent dans les rapports humains ordinaires), il reste à
agir comme si nous aimions, c'est à dire à faire son devoir. La volonté ne
remplace pas l'amour, ne commande pas l'amour, mais elle joue son rôle
quand l'amour fait défaut.
16
Dans votre philosophie de « l'amour désespéré » comme dans le « pur
amour » de Fénelon, nous ressentons une grande gratuité. Pourrait-on dire
que nous avons là deux synonymes de l'Agapè ?
Oui, si l'on entend par gratuité le fait de ne pas aimer dans L'espoir
de quelque chose, autrement dit par intérêt, mais dans une simple pureté
désintéressée. Cependant, c'est peut-être commun à tout amour, quel qu'il
soit.
Dans mon Petit traité des grandes vertus, à l'intérieur du chapitre sur
l'amour, je distingue trois types d'amour : Eros, Philia, Agapè, qui sont
les trois noms grecs de l'amour.
Eros : à la fois le manque et la passion amoureuse.
Philia : la joie de l'existence de l'autre, l'amitié.
Agape : l'amour du prochain, l'amour de charité. Dans les trois cas, si
l'amour est là, il n'a plus que faire de l'espérance.
Dans l'amour physique, il y a quelque chose de désespéré... Lorsqu'on
me dit que s'il n'y a plus d'espérance il n'y a plus de désir, il n'y a
plus de vie, je rappelle souvent qu'une érection n'est pas la même chose
qu'une espérance, et qu'espérer bander ne tient pas lieu d'érection ! Il y
a une dimension d'effectivité, de matérialité du désir, qui n'a que faire
de l'espérance.
Notre expérience vraie de l'acte d'amour physique nous confirme
justement ce qu'il y a de désespéré dans la sexualité même. Ce qui, loin
de la condamner, lui donne peut-être sa force. Le désir n'est pas une
espérance. L'amour n'est pas une espérance.
19
Comme dit Spinoza, " il n'y a pas d'espoir sans crainte, ni de crainte
sans espoir ». Dès lors que nos enfants sont ce qu'ils sont, c'est à dire
fragiles, mortels, soumis au hasard, au destin, à la maladie, à la
malchance, nous ne pouvons nous empêcher d'avoir peur pour eux. Et dès que
nous avons peur... nous ne pouvons nous empêcher d'espérer !
Aimer ses enfants est donc une double expérience : d'un côté les aimer
comme ils sont (ici et maintenant, quoi qu'ils deviennent, quel que soit
leur avenir, qui au fond est leur problème plus que le nôtre), mais aussi
faire l'expérience de l'angoisse et de l'espérance qu'il y a à être père
ou mère de famille. Si l'amour et l'espérance peuvent être vécus
simultanément, ces deux expériences demeurent malgré tout différentes.
Faire porter à un enfant le poids de l'angoisse de ses parents, ou le
poids des espoirs qu'ils ont investis sur lui, c'est l'écraser sous le
poids d'espérances et de craintes qui ne sont pas les siennes. En
revanche, l'aimer tel qu'il est, ici et maintenant et quoi qu'il devienne,
c'est lui faire le plus beau cadeau qui soit celui de l'amour
inconditionnel.
Lorsque je parle « d'amour désespéré », je ne dis pas que l'amour
exclut l'espérance, mais qu'il n'en n'a que faire ! Il ne s'agit pas de
s'interdire d'espérer ; il s'agit d'apprendre à aimer.
Essayer de vivre mieux, de vivre plus heureusement, plus sereinement,
c'est augmenter sa part d'amour et diminuer, au moins en proportion, la
part d'espérance et de crainte.
Diminuer la part d'espérance, c'est diminuer la part de peur ?
Et réciproquement ! Mais selon les individus, ou les situations de la
vie, ce sera soit l'espérance soit l'angoisse qui deviendra le problème.
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L'amour ...Simone Weil
L'amour chez celui qui est heureux est
de vouloir partager la souffrance de l'aimé malheureux.
L'amour chez celui qui est malheureux
est d'être comblé par la simple connaissance que l'aimé est dans la joie,
sans avoir part à cette joie ni même désirer y avoir part .
894
La rêverie
fournit un ersatz à l'éternité.
Supprimer le moi
Se regarder (en tant qu'être
phénoménal) simplement et exclusivement comme une petite partie de
l'univers.
Il s'agit, toujours, d'un rapport avec
le temps. Perdre l'illusion de la possession du temps. S'incarner.
L'homme doit faire l'acte de
s'incarner, car il est désincarné par l'imagination. Ce qui procède en
nous de Satan, c'est l'imagination.
« Folie d'amour. » Et la création
est une folie bien plus grande encore que l'incarnation.
Par amour, la matière reçoit
l'empreinte de la sagesse divine et devient belle. On a raison d'aimer la
beauté du monde, puisqu'elle est la marque d'un échange d'amour entre le
Créateur et la création. La beauté est aux choses ce que la sainteté est à
l'âme. 956
Dieu est
impuissant à faire le bien parmi les hommes sans la coopération des
hommes, de même aussi le démon à faire le mal.
Dieu n'aime pas tel événement comme un moyen en vue de tel autre comme
fin, mais l'un et l'autre au même titre. Nous de même. Nous devons être
parfaits comme notre père céleste est parfait. l'intelligence est forcée
de disposer les moyens en vue des fins; mais l'amour doit s'attacher aux
uns et aux autres au même titre. Aimer l'acte de balayer autant que la chambre balayée. (cela ne signifie
pas nécessairement y prendre plaisir.)
Renoncement au fruit.
Sentiment, du à la fatigue, de temps
infranchissable. C'est une faveur de l'éprouver.900
Amour sans perspective.900
S'il n'y avait pas d'être fini et
pensant ? Seulement Dieu et le monde? Dieu est crucifié par le fait que
des êtres finis pensent. Des êtres soumis à la nécessité.
L'amour à besoin de réalité. Aimer à
travers l'apparence corporelle un être imaginaire, quoi de plus atroce, le
jour où l'on s'en aperçoit ? Bien plus atroce que la mort, car la mort
n'empêche pas l'aimé d'avoir été. C'est la punition du crime d'avoir
nourri l'amour avec de l'imagination.897
En un sens les malheurs sont justes.
Car les êtres sur lesquels ils s'abattent, ou sont enracinés dans l'amour
surnaturel, ou ne le sont pas. Dans le premier cas, ils ne sont pas
avilis. Dans le second, ils seraient capable, dans des circonstances
déterminées, d'infliger un malheur semblable à autrui. Le malheur n'a
prise sur toute l'âme que chez ceux dont toute l'âme est au niveau du mal,
et du bien comme simple contraire du mal. 897
Simone Weil ..l'esprit
de vérité
Au lieu de parler
d'amour de la vérité, il vaut mieux
parler d'un esprit de vérité dans l'amour.
L'amour réel et pur désire toujours avant tout demeurer tout entier
dans la vérité, quelle
qu'elle puisse être, inconditionnellement.
Toute autre espèce d'amour désire avant tout des
satisfactions, et de ce fait est principe d'erreur
et de mensonge.
>>>>
Nos
Metaxu ...Nos Nous ...
« Toutes les choses crées refusent pour moi d’être des
fins. » [...] Les choses crées ont pour essence d’être des
intermédiaires. Elles sont des intermédiaires les unes vers les
autres, et cela n’a pas de fin. Elles sont des intermédiaires vers
Dieu. Les éprouver comme telles. [...] Seul celui qui aime Dieu peut
regarder les moyens seulement comme des moyens. [...] LA PUISSANCE
(et l’argent, ce passe-partout de la puissance) EST LE MOYEN PUR.
PAR LA MÊME, C’EST LA FIN SUPRÊME POUR TOUS CEUX QUI N’ONT PAS
COMPRIS. [...] NE PRIVER AUCUN ÊTRE HUMAIN DE SES METAXU,
C’est-à-dire de ces bien relatifs et mélangés (FOYER, PATRIE,
TRADITION, CULTURE, etc...) QUI RECHAUFFENT ET NOURRISSENT L’ÂME et
sans lesquels, en dehors de la sainteté, une vie humaine n’est pas
possible. [...] Pour respecter par exemple les patries étrangères,
IL FAUT FAIRE DE SA PROPRE PATRIE, NON PAS UNE IDOLE, MAIS UN
ECHELON VERS
DIEU. [...] » Simone Weil
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Aimons toujours,
aimons encore! ....
en homocoqs ...?
Quelques jours avant sa mort,
Hugo recommande à son petit-fils :
" L'amour .... cherche
l'amour,
donne la joie et prends-en ,
en aimant tant que tu pourras.
"
Aimons toujours ! aimons encore !
Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.
L'amour, c'est le cri de l'aurore,
L'amour, c'est l'hymne de la nuit.
Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l'astre dit aux nuages,
C'est le mot ineffable : Aimons !
L'amour fait songer, vivre et croire.
Il a, pour réchauffer le coeur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon, c'est le bonheur !
Aime !qu'on les loue ou les blâme,
Toujours les grands coeurs aimeront.
Joins cette jeunesse de l'âme
À la jeunesse de ton front !
Aime, afin de charmer tes heures !
Afin qu'on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux !
Aimons-nous toujours davantage !
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage ;
Que notre âme croisse en amour
Auteur :
Victor Hugo
Source
: Cent poèmes de Victor
Hugo, (Les contemplations) p 41
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http://forum.subversiv.com/
Le Désespéré, préface de Dantec
le 23/11/2005 21:47:11, Hz a écrit :
J'étais livré aujourd'hui. Très beau texte de Dantec.
La couv' est hallucinante. Je connaissais pas cette boîte. A suivre.
"Alors voilà, l'amour de Marchenoir pour Véronique
reproduit elle aussi cette dynamique toujours reprise entre
l'Assomption et la Chute, mais en fait elle la contre-produit à
l'intérieur même de la dynamique sociale de Marchenoir et c'est en
cela qu'en dépit de toutes les horreurs et avanies qui tomberont sur
leur destinée, ce livre est en mesure de s'ouvrir sur l'infini de la
plus haute Espérance, c'est-à-dire que nous sommes face à la figure
terriblement solaire d'un livre qui ne se termine pas sur la promesse
d'une 'fin heureuse', mais plutôt sur celle de la certitude que
l'Amour est un incendie, qu'il est ce qui en nous subsiste encore du
feu divin, aussi Le Désespéré est-il le contre-exemple génial et
fulgurant d'un grand livre d'amour et de désespoir mêlés, ou plutôt
unis, unis comme le sont l'homme et le Dieu dans l'incarnation du
Christ."
http://www.underbahn.net
Je préfere quand à moi "Le Femme Pauvre",
autre excellent roman de Bloy, à la trame similaire à celle du
désespéré, mais en plus convaincant ... avis aux amateurs !
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