Avant de parler de communautarisme
nous devons parler de communauté.
Replacer ce mot dans une perspective historique.
L’homme est un animal social, il n’existe et n’a toujours existé
qu’en communauté.
L’individu, l’égo de Descartes, est une abstraction fausse, une
robinsonnade.
De cet individualisme, au cœur de l’idéologie des Lumières, viennent
une grande partie de nos problèmes récents.
Au début il n’y a pas l’un, mais
le couple, la plus petite communauté.
Car en réalité Il faut dès l’origine un homme et une femme pour que
l’humain puisse exister.
L’aporie de l’œuf et de la poule trouvant sa résolution dans
l’évolution…
Ce couple originel produit la plus
petite et la première communauté : la famille.
La famille, qui produit les enfants produit à sa suite la communauté
familiale élargie : le clan puis la tribu, par les agrégations de
familles selon les structures de la parenté : endogamie et exogamie,
monogamie et polygamie…
Notre société a nous s’étant étendue selon la structure dite de l’éxogamie-monogamique,
de loin la plus performante.
On assiste donc dans le temps, et
si l’Histoire a un sens, au sens de direction prise par une
structure dans la durée, a une dynamique d’agrandissement de la
communauté dont le but est intrinsèquement progressiste : regrouper
des individus dans une organisation pacifiée, afin d’atteindre des
buts de plus en plus élevés par rapport à ceux que peut atteindre
l’homme seul.
Ce pouvoir accru ayant comme prix à payer l’acceptation -
nécessairement limitative de la toute puissance de l’individu - de
la Loi. Acceptation de la Loi qui est toujours discipline du groupe
contre pulsion et désir individuel.
Ainsi la civilisation peut se
définir comme la tentative de faire grandir pacifiquement la taille
de la communauté humaine, en jugulant les deux menaces de
désorganisation qui rodent autour d’elle et qui sont toujours : la
violence et le chaos.
En terme d’échelle, la plus grande
communauté de libre adhésion atteinte par l’homme l’a été dans nos
contrées :
Après le clan, la tribu, le fief, le royaume… cette communauté fut
la Nation.
L’Empire devant être considéré, non pas comme une communauté au sens
propre, mais comme un pouvoir impérial tenant sous son joug un
ensemble de communautés dissemblables menaçant toujours de se
disloquer : l’Empire austro-hongrois en était un parfait exemple.
La Nation est donc, dans
l’Histoire, la plus grande communauté librement consentie, soit des
dizaines de millions d’hommes vivant à l’intérieur d’une
organisation communément acceptée pacifiquement, pour un destin
commun.
Le problème, c’est que ces grandes
unités, nées en Europe par imitation de la France – souvent phare de
l’histoire occidentale – se sont affrontées jusqu’à se détruire les
unes les autres à partir de l’épopée Napoléonienne.
Paradoxe d’une nation transformée en Empire pour tenter d’imposer le
modèle national aux empires voisins !
Autre paradoxe de la Nation : plus grande communauté pacifique et
productive à l’intérieur de ses frontières, la nation se révéla
aussi la plus belliqueuse et la plus destructrice à l’extérieur :
les deux grandes guerres - dont la deuxième acheva le déclin de
l’Europe et la prééminence des Etats unis d’Amérique - achevant
aussi de discréditer la Nation aux yeux des élites dirigeantes.
Pour éviter ces traumatismes à
répétition, deux voies se sont proposées pour dépasser ce
communautarisme national chauvin :
- la solution de l’internationalisme prolétarien, qui recourt à
l’internationalisme et la communautés des classes sociales
exploitées.
Communauté de classe elle aussi belliqueuse sur un autre plan : pas
nation contre nation, mais classe contre classe…
Un internationalisme (dit aussi antifascisme depuis 1945), emporté
lui aussi par le stalinisme : à la fois échec du socialisme dans le
« socialisme réel », et retour, en fait, à un nationalisme
impérialiste russo-slave passé seulement du blanc au rouge !
Deuxième solution alternative à
cet internationalisme prolétarien : la solution mondialiste (dite
universaliste), d’inspiration franc-maçonne.
Solution pour laquelle optèrent nos élites nationales après 1945,
notamment par Schumann, Monet, Cassin… et la Déclaration universelle
des droits de l’homme.
A partir de cette date, les élites
dirigeantes européennes décidèrent donc de tuer les nations et de
les fondre dans un super-communautarisme universel.
Or ce super-communautarisme
universel ne correspond à aucun mouvement profond de l’Histoire ni
au consentement des peuples (ni selon Maurras ni selon Marx), mais à
une décision d’élite, abstraite, en grande partie soumise aux
puissances d’argent.
La première Europe étant d’abord celle de l’acier, du fer et du
charbon…
Puissances d’argent dont, dans le même temps - et ce n’est pas un
hasard - la logique devient, elle aussi, supra étatique (après avoir
été impérialiste d’Etat…).
Ainsi on peut comprendre que cet
antinationalisme d’argent, paré des vertus universalistes, n’ait pas
conduit à la fraternité universelle et au citoyen du monde adepte de
l’espéranto, mais à l’émiettement, à la fragmentation, à
l’affaiblissement des communautés historiques, culturelles,
religieuses et morales… en communautarismes.
Non plus communautarisme de
l’espoir et de la fuite en avant volontariste, mais
communautarismes geignards et revendicatifs par manque de liens
transcendants : Communautarisme sectaire, communautarisme
sociétal… Autant de communautés refusant à la fois l’ancienne
communauté nationale et les communautés de classe dans une dynamique
liée encore au Marché :
communautés sexuelles de femmes, de gays…
communautés d’âges de jeunes, de seniors…
Communautés ethniques souvent mythifiées et caricaturées…
qui constituent, en réalité, autant de marchés captifs et de
segments de marché…
Un communautarisme de la division,
de la non collaboration entre groupes issus de la communauté
nationale, fondé par et sur le communautarisme victimaire, ou
l’ex-Nation n’est plus qu’un agrégat de minorités éternellement
victimes d’une majorité silencieuse supposée, elle, parée de tous
les maux.
Un communautarisme victimaire
qui est, en pratique, une destruction de l’ex-communauté
nationale fondée sur la collaboration et la production, pour devenir
un communautarisme parasitaire de la revendication haineuse et de la
réparation, au nom d’un passé mythifié.
Communautarisme à la fois absurde sur le plan moral, et invivable à
terme sur le plan pratique.
Pseudos minorités opprimées qui
sont, en réalité, autant de minorités agissantes réclamant, en fait
de réparations, des privilèges dans une dynamique de parasitisme et
de fragmentation toujours accrue, à l’inverse de la dynamique
communautaire originelle dont le but était, je le rappelle,
d’agréger pacifiquement le plus d’individus possible dans un but de
coopération…
Nous en sommes là aujourd’hui en
France, où la haine du national, dans un climat de récession
économique, exacerbe en plus les rapports de classes…
Un climat d’injustice sociale masqué en plus, de façon fort
immorale, par des revendications communautaires émanant en réalité
de privilégiés.
Soit, en réalité, d’élites communautaires revendicatives ayant accès
aux médias.
Terrible injustice et terrible mensonge qui constituent à eux seuls
un formidable terreau de guerre civile…
Fautes non pas dues aux communautés réelles, si tant est qu’elles
existent, puisque ces représentants communautaires, le plus souvent
autoproclamés, ne sont que des réseaux de trafics d’influences qui
parlent au nom de communautés, à l’existence déjà discutable et
problématique, et, qui plus est, ne les ont pas mandaté pour parler
en leur nom.
Face à ce travail de
destruction de la communauté française, je pense donc qu’il est
urgent de revenir à la communauté de la plus grande échelle ayant
existé : la Nation.
Non pas une Nation belliqueuse et expansionniste, mais une Nation de
culture et de paix tournée vers la collaboration entre Nations…
Le danger de guerre étant inexistant en Europe entre grandes
Nations, c’est bien le danger de guerre civile, pour cause de
communautarisme exacerbé, contre lequel il faut aujourd’hui lutter,
et ce en revenant à ce modèle que nous, Français, avons inventé et
dont nous avons fait cadeau au monde : la Nation.
Nation qui est une et indivisible, qui ne reconnaît aucune
communauté ni lobby, mais seulement des citoyens égaux en droits, et
qui a pour but l’intérêt général.
Il faut donc s’opposer notamment à
l’importation pernicieuse en France du « conflit de civilisations »,
thèse et projet néo-conservateur américain qui passe, vous l’avez
compris, par l’affrontement communautaire, et dont le but pervers
est de diviser pour régner.
Ceux qui auront compris cette
démonstration, auront donc aussi compris mes positions politiques,
et en quoi elles ne visent qu’au salut de la France…