LES
FABRICANTS DE LA TOUSSAINT GRISE
Cette nuit, les bandes ont encore
répondu ainsi à l'appel au « calme » du pépé gâteux dépassé par les «
événements »...
Depuis une semaine la France vit à
l'heure d'une (petite) Toussaint grise. On commence, ce n'est encore
qu'un vent léger, à parler des « événements » de Clichy-sous-Bois. Ces
« événements » se sont rapidement étendus à plusieurs autres communes
de l’Ile-de-France. Les « événements » partent d'un accident provoqué
par l'imbécillité de deux malheureux « fuyards innocents ». Les bandes
se « colèrent » (1) en brûlant des voitures, des départs d'incendie
par centaines.
Dans cette « nuit calme » du 3 au 4
novembre, répondant ainsi à l'appel au « calme » du chef de l'État,
pépé gâteux dépassé par les « événements », il y aura eu « moins
d'affrontements », mais 400 voitures brûlées « environ », et seulement
27 bus dans un dépôt à Trappes.
Dans ces « événements »
l'assassinat, à froid, d'un Français à Épinay-sur-Seine fait figure
d'incident de parcours.
Le « 9-3 » a vite fait tache d’huile
et les forces de l’ordre paraissent singulièrement désarmées. On
continuera donc peut-être à parler des « événements » sans évidemment
jamais parler de « guerre ». La guerre c'est pour les autres. Notre
armée n'a pas d'ennemis, et haro sur les militaires qui se lasseraient
de faire la nounou. La guerre c'est bon pour la Côte-d’Ivoire, malgré
les accords de Marcoussis pensés par M. Chirac et imposés, sur le
papier, aux Ivoiriens par M. de Villepin.
Toujours les mêmes. Mais qu'allais-je
dire ? En France quand des bandes incendient et caillassent les forces
de l'ordre aux cris de « Allah ou-akbar », sous le règne de Chirac et
le gouvernement de M. de Villepin ce n'est pas pareil.
Fait rarissime, cependant, dans
l’histoire des gouvernements républicains, les désaccords entre
ministres s’étalent au grand jour. C'est ce qui se passe très souvent
à la veille des invasions (2).
Fait gravissime dans un pays où le
roi Dagobert (622-639) avait supprimé le statut personnel distinguant
les conquérants barbares des régnicoles gallo-romains, l’idée d’une
mise en place de la « discrimination positive » progresse.
Ce funeste programme réconcilie
secrètement les clans apparemment antagonistes.
Enfonçons un peu le clou : tout le
monde sait les ravages que cette expérience, « affirmative action », a
provoqués aux États-Unis. Personne n’ignore qu’elle est aujourd’hui
abandonnée. Or, sous des formes différentes, la classe politique
française semble en voix de s’accorder pour la mettre en place dans
l’hexagone. Et, chose importante à souligner, ceci se développe à
contre-emploi, comme à contre-jour dans un théâtre d’ombres.
Officiellement, le ministre de
l’Intérieur « avec un joli mouvement du menton » (3) adopte une mâle
attitude de lutte contre ce qu'il appelle lui-même la « racaille »
Aucun mot n’est trop fort. Demain on
l'entendra parler de canaille, de chienaille, etc. Mais, hélas, les
solutions qu’il propose, celles qu’il a déjà commencé à instituer avec
le Conseil du Culte musulman, relèvent très exactement du
communautarisme et se réclament de la discrimination positive.
Au contraire, ses rivaux, aussi bien
le Premier ministre, le p. de la r. et leur poisson-pilote Azouz Begag,
se disent hostiles à cette doctrine. Ce sont des jacobins, que diable
! Des républicains purs et durs ! Cela ne les empêche pas de suggérer
concrètement qu’on s’appuie un peu plus sur les représentants (non
élus) communautariste. Dans la pratique, la ligne de démarcation est
mince.
Tentons un débrouillage de ce «
combat de nègres dans un tunnel » (oh !).
D’abord, en France, que sont les «
cités » ?
Et qui les a installées ?
Pour ceux qui auraient manqué les
épisodes précédents : il existerait entre 700 et 800 zones
périurbaines, chacun le sait, où non seulement l’ordre public n’existe
plus, mais également où les fonctions professionnelles élémentaires ne
peuvent plus être assumées. Les dépanneurs, les médecins, les livreurs
refusent de plus en plus d’être à la merci de la violence du
contre-pouvoir, de fait, des éléments « jeunes » et « communautaires
».
Depuis quelque 20 ans on prétend
répondre à cette situation par une « politique de la ville ». Hier
Tapie (empêché) aujourd'hui Borloo. On crie, à chaque fois : bravo !
Mais pour mettre en place cette
politique, on utilise les mêmes équipes, les mêmes principes, les
mêmes mécanismes financiers qui ont construit, géré, financé, la
construction, l’aménagement, le peuplement et la dégradation de ces
réalités grises.
On dit par exemple : « l’office
public de HLM », géré par les cocos et les francs-macs, a du mal à
encaisser les loyers, à faire payer les charges, à faire observer les
règlements, à entretenir, etc… On va donc donner ou essayer de lui
donner « plus de moyens ». C’est le discours de la CGT.
De suspects N° 1, le PC et le grand
orient se transforment ainsi en procureurs.
Mais, curieusement, alors que ce
parti, électoralement, ne représente plus rien, ce qu’il suggère en
noir, on l’applique en gris. On pourrait égrener la triste litanie de
nos politiciens, on peut s’arrêter à n'importe quel visage : tous
suivent la même pente. Le PC demande 100, ils promettent 50 et
donneront finalement 25, volés au contribuable, et sur lesquels ils
prélèveront 15 : cela n’a pas d’importance, l’unité de compte est la
même, la direction est identique.
Or, si l’on veut bien observer la
politique du logement et de la construction en France, (depuis le
moratoire des loyers de 1914-1918 et depuis la loi Loucheur de 1928),
tout s’est enchaîné selon la même logique de pénurie, de misérabilisme
et de collectivisme.
Ah ! Mais, dira-t-on, tout cela
était supportable jusqu’à l’arrivée des affreux immigrés. Je conçois
bien, descendant d’un précipice, que certains n'en mesurent la chute
qu’à l’arrivée. Nous y sommes presque et les yeux s’ouvrent de plus en
plus. Mais on doit bien comprendre, aussi, que ce n’est pas
l’immigration qui a produit l’assistanat, c'est le contraire. Au
départ, les « cités » n’ont pas été faites pour les Étrangers.
Or, une seule chose n’a pas changé
dans ces jolis villages devenus d’affreuses banlieues : c’est le nom
des rues, c’est la couleur du conseil municipal, c’est la doctrine
administrative. On est toujours avenue Lénine, Duclos ou Benoît
Frachon, on vote toujours pour « l’union de la gauche », on pleure et
communie toujours dans la nostalgie de Robespierre, dans le mythe de
l’Égalité et de l’Étatisme.
Dernier détail pittoresque : aux «
jeunes » on propose un produit étatiste directement importé
d’Allemagne de l’Est par le « crétinisme municipal ». Le désœuvrement
les ronge ? on leur construit donc des stades et des piscines (tout
cela étant ouvert en fonction des horaires syndicaux). Bientôt on les
conviera à la fête de l’Être suprême, à fleurir le char de la Déesse
Raison. Ce jour-là, nous pourrons espérer entrevoir la fin de la
Terreur.
On n’arrête pas le Progrès…
En attendant, la faille apparente de
nos dirigeants ne doit pas nous tromper. La République est « une et
indivisible », et « la Révolution est un bloc »…
JG Malliarakis
©L'Insolent
(1) Ce verbe « colérer » est un legs
langagier de Robespierre : « il faut colérer le peuple ». Remarquer
que dans la langue conventionnelle franco-médiatique d'aujourd'hui, la
« colère » des mécontents est supposée légitime ; la « grogne » des
classes moyennes l'est moins : ce sont les cochons (cochons de payants
sans doute) qui « grognent ».
(2) Voir à ce sujet le premier
chapitre La Conquête de l'Espagne par les Arabes. La suite, hélas dure
800 ans...
(3) Rien n'a changé, de ce point de
vue, depuis Maurice Barrès.