124... La sexualité n'est pas seulement
instinctivité; elle est aussi, indubitablement, puissance
créatrice, non seulement cause essentielle de notre vie
individuelle, mais encore facteurs qu'il faut prendre très au
sérieux dans notre vie psychique.
125... La vie érotique enclos des problèmes qu'elle
comportera de jusqu'à la fin des temps, quels que soient les
dispositions que des législations futures pourront être menées à
envisager. Son problématisme procède, d'une part, du fait que
l'homme possède à titre originel une nature animale qui persistera
tant que l'homme aura encore un corps animal et, d'autre part du
fait qu'elle est apparentée aux formes les plus hautes de
l'esprit. Par suite, la vie érotique ne s'épanouit que lorsque
l'esprit et l'instinct se trouve en une heureuse concordance. Que
l'un ou l'autre aspect présente une carence, est déjà se fait jour
un dommage ou au moins une unilatéralité qui déformante qui mène
facilement vers le maladif. Trop d'animalité défigure l'homme
civilisé, trop de culture crée des animaux malades.
La sexualité normale, l'expérience que les
conjoints partagent, et qui semble avoir chez eux la même
orientation, renforce le sentiment d'unités et d'identité. On
appelle cet état harmonie totale ; on le chante comme un grand
bonheur (« un coeur et une âme »), et a juste raison, sans doute,
car le retour à cet état d'inconscience et dignité instinctive
d'autrefois est comme un retour à l'enfance (d'où le comportement
puéril de tous les amoureux) et plus encore, c'est comme un retour
dans le sein maternel, dans les eaux mystérieuses, pleine d'une
abondance créatrice encore inconsciente. En vérité, il est
impossible de le nier, c'est faire vivre en soi la divinité dont
la toute-puissance efface et englouti tout ce qui est individuel.
C'est une véritable communion avec la vie et à la destinée
impersonnelle. La volonté opiniâtre de conservation personnelle
est brisée : la femme devient mère, l'homme de vient père et tout
deux perdent de ce fait leur liberté pour devenir des instruments
de la vie en marche.
130...
Alors que, dans l'attitude externe de l'homme, logique et
réalisme prédominent ou sont, pour le moins, son idéal, chez la
femme, c'est le sentiment qui tient le plus de place. Dans l'âme,
c'est le contraire; intérieurement, l'homme s'abandonne aux
sentiments et la femme délibère. Aussi l'homme désespère-t-il plus
vite dans des circonstances où la femme peut toujours consoler et
espérer, et recourt-il plus facilement au suicide. Si la femme
devient aisément victime des conditions sociales (dans la
prostitution, par exemple), l'homme succombe aussi aisément aux
poussées de l'inconscient comme dans l'alcoolisme ou autres vices
semblables.
^ La lutte des contraires — qui se joue dans le monde des
hommes de l'Europe dans le domaine des applications de l'esprit et
s'exprime sur les champs de bataille et par les bilans des banques
— est, chez la femme, conflit spirituel.
La femme sait de plus en plus que l'amour seul lui donne
la plénitude du développement, de même que l'homme commence à
saisir que l'esprit seul donne à sa vie son sens le plus noble, et
tous deux, au fond, cherchent le rapport qui les unira, parce que
l'amour a besoin, pour se compléter, de l'esprit, et l'esprit, de
l'amour.
La femme d'aujourd'hui a pris conscience de cette réalité
indéniable qu'elle n'atteint à ce qu'il y a de plus élevé et de
meilleur en elle que dans l'état d'amour et ce savoir la pousse à
cette autre connaissance que l'amour est au-delà de la loi; mais
là contre se dresse la respectabilité.
Ce que veut l'amour de la femme, c'est l'homme tout entier, non
pas l'homme seulement, mais en plus l'indice de sa négation.
L'amour, chez la femme, n'est pas sentimental — il ne l'est que
chez l'homme — : il est une volonté de vivre, parfois terriblement
dépourvue de sentimentalité, et qui même la conduira au sacrifice
de soi. Un homme ainsi aimé ne peut échapper à ce qu'il y a
d'inférieur en lui, car il ne peut répondre à cette réalité que
par sa propre réalité.
Tant qu'une femme se contente d'être «femme à hommes» , elle
n'a pas d'individualité féminine. Réciproquement bienvenu pour les
projections de l'homme, elle est creuse et n'a que du clinquant.
La femme comme personnalité, c'est tout autre chose: les illusions
ne servent plus à ce moment. Quand conséquemment a question de la
personnalité se pose, ce qui en règle générale est l'affaire
pénible de la seconde moitié de la vie la forme enfantine du
soi-même devient caduque.
......
La caractéristique de la femme est de pouvoir tout faire par
amour pour un être humain. Mais les femmes qui font des travaux
importants par amour pour une chose sont de rares exceptions, ce
genre d activité n'est pas en harmonie avec leur nature. L amour
des choses est une prérogative masculine. Mais comme l'être humain
réunit en lui le masculin et le féminin, il peut arriver qu'un
homme vive en femme et une femme, en homme. Chez l'homme,
cependant, le féminin est à l'arrière-plan, comme chez la femme,
le masculin. Quand on vit ce qui est le propre du sexe opposé, on
vit, en somme, dans son propre arrière-plan, et c'est l'essentiel
qui est frustré. L'homme devrait vivre en homme ; la femme, en
femme.
La nature émotionnelle de l'homme (vir) correspond à l'être
conscient de la femme, mais non pas l'«es-prit». L'esprit,
correspond bien plutôt à l'âme, mieux, à l'animus de la femme. Et
de même que l'anima de l'homme se compose d'abord de relations
affectives de moindre valeur, l'animus de la femme est fait de
jugements inférieurs ou plutôt d'opinions.
Les suppositions, ou les opinions inconscientes, sont les plus
grandes ennemies de la nature féminine, par-
Toute conscience supérieure appelle une
Weltanschauung (une conception du monde). Toute conscience de
raison et d'intentions est déjà Weltanschauung en germe. Tout
accroissement de connaissance et d'expérience est un pas de plus
vers son développement. Et en même temps qu'il créait une image du
monde, l'homme qui pense se transforme lui-même. L'homme pour qui
est le soleil continu à tourner autour de la terre est différent
de celui qui considère la terre comme un satellite du soleil. Ce
n'est pas sans raison que Giordano Bruno et sa pensée de l'infini
représente un des points de départ les plus importants de de la
pensée moderne. L'homme dont le cosmos est suspendu à l'empyrée
est différent de celui dont la vision de Kepler illumine l'esprit.
Celui qui doute encore de ce que peut être le résultat de la
multiplication de deux par deux est un autre homme que celui pour
qui rien de plus sûr que les vérités a priori des mathématiques.
En d'autres termes, n'est pas indifférent que l'on ait ou non une
Weltanschauung, ni de quelle sorte elle est; car non seulement nous
créons ainsi une image du monde mais, par un choc en retour,
cette image du monde nous transforme à son tour.
Une science n'est jamais une Weltanschauung; elle
n'en est que l'instrument. Quelqu'un s'emparera-t-il de cet
instrument ou non? La réponse dépend de cette autre question:
quelle Weltanschauung possède déjà l'homme en question? Car tout
le monde en a une. Dans les cas extrêmes, on a au moins celle
qu'ont imposée l'éducation et le milieu. Si, par exemple, cette
Weltanschauung dit: «Le plus grand bonheur pour les fils de la
terre, c'est la personnalité » ; sans hésiter, on s'emparera
docilement de la science et de ses résultats pour construire une
Weltanschauung et pour se construire soi-même. Mais si la
conviction héréditaire dit que la science n'est pas un instrument
mais un but et un objet en elle-même, on obéira au mot d'ordre
qui, depuis cent cinquante ans, est considéré comme le seul
valable en qui prévaut dans la pratique. Des isolés se sont
opposés désespérément à cette façon de voir; l'idée qu'ils se
faisaient de la perfection et du sens de la vie culminait en la
perfection de la personnalité humaine et non pas dans la
multiplicité des moyens techniques qui aboutit à la
différenciation unilatérale d'une tendance unique, celle du
savoir, par exemple. Si la science est une fin en soi, l'homme a
sa seule raison d'être en tant qu'intellect. Si l'art est une fin
en soi, l'attitude représentative est l'unique valeur humaine en
l'intellect est mis au rancart. Si le gain d'argent est fin en
soi, la science et l'art peuvent remballer leur bric-à-brac.
Personne ne peut nier que la conscience moderne est presque
désespérément disloquée entre ces «fins en soi». Et ainsi les
hommes ne cultivent plus que des qualités spécialisées: ils
deviennent eux-mêmes des instruments.
L'âme, dans sa totalité, ne
pourra jamais être comprise et appréhendée par l'intellect seul.
Que nous le voulions ou non, nous nous heurtons au problème de la
conception des choses, l'âme aspirant à une expression qui, tenant
compte de son universalisme, l'englobe tout entière.
L'intellect n'est qu'une
fonction psychique parmi d'autres fondamentales; aussi ne
suffit-il pas à donner une image complète de l'univers. Il faut y
ajouter au moins le sentiment. Or celui-ci a bien souvent des
convictions autres que celles de l'intellect; il n'est pas
toujours possible de prouver qu'elles sont inférieures aux
siennes.
Il nous faut nous arrêter encore
à cette crainte que nous les Occidentaux entretenons à l'égard de
«l'autre côté ». Il nous faut en effet nous avouer - en faisant
abstraction du fait même qu'elle est une réalité existante -
qu'elle n'est pas dénuée de tout fondement.
Nous n'avons aucune difficulté à
comprendre la peur de l'enfant ou du primitif devant les mystères
du vaste monde. Or, c'est la même peur que nous éprouvons sur le
versant intérieur de notre être où nous sommes encore pareils à
des enfants balbutiants. Ainsi, cette angoisse de «l'autre côté»,
nous l'éprouvons comme une émotion, comme un affect, sans nous
douter qu'elle est la peur d'un monde, monde qui nous demeure
invisible. Envers ce dernier, nous avons tout au plus de simples
préjugés théoriques ou des représentations superstitieuses. Notre
situation n'est vraiment pas enviable : ainsi, nous ne pouvons
même pas prononcer le terme d'inconscient en présence de certaines
personnes, fussent-elles cultivées, sans nous voir aussitôt
accusés de mysticisme. Or, il faut bien avouer que la peur de «
l'autre côté » est fondée dans la mesure où notre conception
rationnelle des choses, avec ses sécurités morales et
scientifiques, auxquelles on s'accroche avec tant de passion
(précisément parce qu'elles sont douteuses), se trouve ébranlée
par les données qui proviennent de « l'autre côté ».
Il semble peu vraisemblable au
premier abord d'admettre que l'énergie en l'intérêt que nous
dépensons à la science et à la technique étaient en grande partie
consacrés par l'homme d'autrefois à sa mythologie. Cela explique
cette perpétuelle évolution déconcertante dans les mythes durant
la floraison de la culture grecque. De là ces changements à vue,
ces regroupements syncrétistes désordonnés et leur rajeunissement
incessant. En effet, nous sommes ici dans un monde de fantaisies
qui jaillissent d'une source intérieure en prennent des formes
variant à l'infini, sans cesse renouvelées, tantôt plastiques,
tantôt nuageuses, sans se soucier des lois qui régissent la masse
des choses dans la réalité extérieure. Du fait de son activité
tout imaginative, l'esprit antique constituait un foyer idéal de
création, artistique. Il semble avoir cherché à saisir non pas
objectivement et exactement le comment du réel, mais à adapter
esthétiquement ce monde aux fantaisies en aux espérances
subjectives. Parmi les hommes de l'Antiquité, très peu connurent
le froid et la déception que l'idée d'infini de Giordano Bruno et
les découvertes de Képler ont apportés à l'humanité moderne. Pour
l'antiquité naïve, le soleil était le père puissant du ciel et du
monde, et la lune était la bonne mère féconde. Chaque chose avait
ton démon, s'est-à-dire était animée et semblable à un homme ou à
ton frère animal ; on représentait tout de façon anthropomorphique
ou theriomorphique tout forme humaine ou animale. Le disque du
soleil lui-même avait été pourvu de deux ailes ou de quatre pieds
pour représenter sa courte d'une manière sensible. C'est ainsi que
se forma une image de l'univers très éloignée de la réalité, mais
en parfait accord avec les fantaisies subjectives.
Freud fut un grand destructeur.
Mais lors du changement de siècle, t'offrirent tant d'occasions de
démolir qu'un Nietzsche n'y a pat suffi non plut. Freud s'est
chargé de se qui restait, et il l'a fait à fond. Il a éveillé une
méfiance salutaire et ainsi aiguisé indirectement le sens des
vraies valeurs. Le vertige de l'homme bon qui obnubilait les
esprits, alors qu'ils ne pouvaient plus comprendre le dogme du
péché originel, a été en très grande partie démoli par Freud. Et
ce qu'il en restait encore, la barbarie du XXe siècle,
espérons-le, l'extirpera définitivement.
Je crois l'histoire capable de tout. Il n'y a
pas de stupidité qu'elle n'ait tentée. Et si l'on peut réaliser
une oeuvre aux moindres frais, ceux qui cherchent la difficulté
font partie des sots par excellence.
Durant les cent cinquante dernières années, nous
avons connu de nombreuses conceptions des choses, se qui en prouve
le discrédit, car plus une maladie est difficile à traiter, plus
il y a de médicaments pour elle, et plus il y en a, plus chacun
d'eux est suspect
Le XXe siècle finissant nous a laissé en
héritage tant de positions douteuses que le doute était non
seulement possible mais justifié, voire utile: il n'y a pas
d'autre moyen que l'épreuve du feu pour prouver la valeur de l'or.
Il me semble que l'erreur fatale de la
conception du monde qui a existé jusqu'à présent soit d'avoir
voulu être une vérité objective valable, de prétendre même, en
dernier lieu, à une sorte d'évidence scientifique. Il en découle
des conséquences insupportables somme celle-ci : le même bon Dieu
doit venir en aide aux Allemands, aux Français, aux Anglais, aux
Turcs et aux païens et, pour finir, à tout contre tout.
Si l'image du monde que nous créons ne
réagissait pas sur nous-mêmes, on pourrait te contenter d'une
illusion de belle apparence ou de caractère réjouissant. Mais
l'illusion que nous nous donnons retombe sur nous ; elle nous rend
irréels, insensés, incapables. Parceque nous luttons avec une
image trompeuse du monde, mous succombons à la supériorité du
réel.
Le bien-être de la psyché a un rapport direct
avec la conception qu'un être se fait des choses. La façon qu'il
de conceptualiser et de concevoir en images est pour lui et pour
son bien-être psychique d'une importance si cardinale qu'on serait
tenté de dire que les choses sont beaucoup moins telles qu'elles
sont que comme nous les ressentons. Si nous nous faisons une idée
fâcheuse l'une situation ou d'un objet, la joie que nous pourrions
ressentir à son propos nous est gâchée et cela suffit le plus
souvent pour créer un ensemble de circonstances qui nous seront
peu favorables. Au contraire, qu'est-ce qui ne devient pat
supportable et même possible si nous arrivons à abandonner
certains préjugés et à modifier la conception préalable que nous
nous faisions; Paracelse, qui fut en premier lieu un médecin
génial, souligne que personne n'est médecin qui ne pratique pas
l'art de « théorisier ». Il entendait par là que le médecin devait
acquérir pour lui-même, mais aussi devait enseigner à son malade
une conception, voire une vision de ta maladie qui permette au
médecin de soigner et au malade de guérir, ou au moins lui
permette de supporter sa maladie. C'est pourquoi il disait que
toute maladie était un feu purificateur. Il a consciemment reconnu
la force curative qui peut s'attacher à une conception et l'a
largement utilisée.
2
299 --Il me semble que l'erreur fatale de la
conception du monde qui existait jusqu'à présent soit d''avoir
voulu être une vérité objective valable, de prétendre même, en
dernier lieu, à une sorte de évidence scientifique. La découle des
conséquences insupportables comme celle-ci : le même bon Dieu doit
venir en aide aux Allemands, au Français, aux Anglais, au Turc et
aux païens et, pour finir, à tous contre tous.
Si l'image du monde que nous créons ne réagissait
pas sur nous-mêmes, on pourrait se contenter d'une illusion de
belle apparence ou de caractères réjouissant. Mais l'illusion que
nous ne donnons retombent sur nos points, elle rend irréel,
insensés, incapable. Parce que nous luttons avec une image
trompeuse du monde, nous succombons à la supériorité du réel.
Le bien-être de la psyché à Anna rapport directe
avec la conception qu'un maître se fait des choses. La face sans
qu'il a de conceptualiser et de concevoir et pour lui et pour son
bien-être psychique une importance si cardinale qu'on serait tenté
de dire que les choses sont beaucoup moins tels quels sont que
comme nous les ressentons. Si nous nous faisons une idée fâcheuse
d'une situation ou d'un objet, la joie que nous pourrions
ressentir à son propos usait gâcher les ceux-là suffit le plus
souvent pour créer un ensemble de circonstances qui nous seront
peu favorables. Au contraire, qu'est-ce qu'il devient
insupportable est même possible si nous arrivons à abandonner
certain préjugés et à modifier la conception préalable que nous
nous faisions ; Paracelse, qui fait en premier lieu un médecin
génial, celui de personnes les médecins qui ne pratiquent pas là
de « théoriciser ». Il entendait par la quelle médecin devait
acquérir pour lui-même, mais aussi devait enseigner à son malade
une conception, voire une vision de la maladie qui mère met au
médecin de soigner leur malade de guérir, ou au moins lui
permettent de supporter sa maladie. C'est pourquoi il disait que
toute maladie était un feu purificateur. Il a consciemment reconnu
la force curative qui peut s'attacher à une conception et la
largement utilisée.
avoir une conception du monde (Weltanschauung),
c'est se formé une image du monde et de soi-même, savoir ce qu'est
le monde, savoir ce qu'on est. Si l'on prenait cela au pied de la
lettre ce serait exagéré. personne ne peut savoir ce que le monde
; personne ne peut davantage savoir ce qu'il est. Cela donne donc
dire, cum grano salis : la meilleure connaissance possible.
Cette meilleure connaissance possible exige du savoir et a horreur
des suppositions gratuites, des affirmations arbitraires, les
opinions d'autorité. Elle cherche au contraire des hypothèses
solidement fondées, sans oublier jamais que tout savoir et borné
est sujet à erreur.
Le monde change de visage-- tempora mutantur et
nos in illis-- (les temps changent et nous en eux). -- nous ne
pouvons le saisir que sous la forme d'une image psychique en
nous et il ne sera pas toujours facile de décider, quand
l'image se transforme, si c'est le monde, où nous, où les deux qui
ont changé. L'Image du monde peut changer à tout moment, de même
que peut aussi changer l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes.
Chaque nouvelle découverte, chaque nouvelle idée de donner au
monde à visage nouveau. Il faut tenir compte, sinon nous sommes
contraints brusquement de vivre dans un monde devenu désuet, étant
nous-mêmes un déchets démodés de stades de conscience inférieure.
Chacun finira un jour pas être dépassé, mais dans l'intérêt de la
vie vivante, il importe de retarder le plus possible ce moment :
cela ne se réussit que si nous ne laissons pas se figer notre
image du monde et si on contraire les examinant chaque idée
nouvelle pour savoir si elle apporte, ou non, quelque chose de
nouveau à l'image que nous nous en faisons.
Toute conception du monde à une singulière tendance
à se considérer comme la vérité dernière sur les divers, alors
qu'elle est un nom que nous donnons aux choses, irons-nous, dans
la science, nous quereller pour savoir si le nom de la planète
Neptune correspond bien au caractère du corps céleste et que ce
soit par conséquent le nom qui lui convient bien ? Pas le moins du
monde et c'est pourquoi la science et au-dessus de ses différents
: elle ne connaît que des hypothèses de travail. L'esprit primitif
seul croit au nom « juste ».
302 -- beaucoup d'homme de science et d'avoir une
conception du monde parce que c'est ce ne serait pas scientifique.
Ces gens ne voient évidemment pas bien ce qu'ils font en agissant
ainsi. En réalité ils laissent volontairement planer l'obscurité
sur leurs idées directrices, autrement dit, ils en restent à un
degré de conscience plus inférieure et plus primitive que celui
qui correspondrait à leurs aptitudes conscientes. Critiqués
scepticisme ne sont pas toujours des preuves d'intelligence ; bien
au contraire, surtout quand on se retranche derrière le
scepticisme pour voiler son manque de conception du monde. Bien
souvent, ce qui fait défaut, c'est plutôt le courage moral que
l'intelligence. Car on ne peut voir Le Monde sans savoir soi-même
et on ne se voit soi-même comme on voit le monde ; il faut pour
cela un assez grand courage. Aussi est-il toujours désastreux de
n'avoir pas de conception du monde.
Si les avions conscience de l'esprit de notre
temps, nous reconnaîtrions ,en raison des recours abusifs adressés
dans le passé à l'esprit, notre goût pour les explications puisées
de préférence dans l'ordre de physique, cette connaissance
exciterait notre verve critique à l'égard de notre «penchant ». Le
dirions : très probablement nous commettons maintenant l'erreur
inverse, qui est offrant la même. Il se surestimant le cause
matérielle et nous nous figurons dès lors avoir trouvés le modèle
énigme, bercé par l'illusion de mieux connaître la matière qu'un
esprit « métaphysique ». En la matière Lucette est aussi inconnu
que l'esprit. Nous ne savons rien des choses dernières. Seul cet
aveu nous restitue l'équilibre....
... Tout le rationalisme du siècle des Lumières ne
sert à rien.
304 -- le progrès obtenu par la volonté, de façon
concrète et forcée, est toujours une convulsion. L'état arriéré est
certes plus près du naturel, mais il est toujours menacé d'un
réveil pénible.
J'ignore tout d'une supra réalité. La réalité
contient tout ce qu'on peut savoir, car est réel ce qui agit.
S'il n'y a pas d'actions, on ne remarque rien et par conséquent on
ne peut rien savoir à ce sujet. Je ne puis donc affirmer quelque
chose que sur ce qui est réel, mais nullement sur ce qui sera
supra réel, irréel ou infra réel. À moins qu'ils ne viennent à
l'esprit de limiter de quelque manière la notion de réalité, de
telle sorte que seule une portion déterminée du réel universel
aurait droit à l'attribut « réel ». La façon de penser que l'on
appelle le sens comme et l'usage courant du langage réalise cette
limitation à la réalité matérielle ou concret des objets
sensibles, et cela sans tenir compte du fait que l'entendement
renferme tout le possible qui ne provient pas des données des
sens. À ce point de vue « est réel » tout ce qui provient ou
semble provenir directement ou indirectement d'un monde accessible
par les sens. Cette limitation de l'image du monde correspond à l'unilatéralité
de l'homme d'Occident.
Combien été différent le mode de l'homme du Moyen
Âge !alors la terre était au centre de l'univers, éternellement
fixe et en repos ; autour d'elle tournait un soleil attentif à lui
distribuer de la chaleur ; des hommes blancs, saucisses de Dieu,
comblée avec amour par lettre suprême est élevé pour la féliciter
éternelle, savait exactement ce qu'il fallait faire et comment il
fallait se conduire pour passer de la vie terrestre transitoire à
une vie éternelle remplis de joies. Immiscé impossible d'imaginer,
même en rêve, une réalité de ce genre. La science de la nature a
depuis longtemps déchirer ce voile gracieux. Sans défini de cette
tant comme de celle-ci de la jeunesse, où l'on tenait son père
pour l'homme le plus beaux et le plus puissant de tout le pays.
Toutes les certitudes métaphysiques de l'homme du Moyen Âge sont
disparues pour nous et nous avons troqué contre elle idéale de la
nécessité matérielle, du bien-être général et de l'humanité. Celui
qui a conservé inaltéré encore aujourd'hui ce dernier idéal
dispose d'une dose peu commune d'optimisme.
L'homme primitif se distingue -- du fait de sa
proximité avec instinct, comme l'animal -- par un misonéisme est un
attachement aux traditions à notre goût, il est péniblement
arriéré. -- alors que nous voulons le progrès ! Mais si notre
tendance au progrès permet la réalisation d'une foule de désirs
les plus beaux, il s'accumule d'autre part une dette de Prométhée
tout aussi gigantesque qui, de temps en temps, peut-être payé par
des acomptes sous forme de catastrophe calamiteuse. Pendant
combien de temps l'humanité n'a-t-elle pas rêvé de voler ? -- et
nous voilà déjà arriver aux bombardements aériens ! On sourit de
deux jours de l'espérance chrétienne en un au-delà, est souvent on
tombe soi-même dans des chiliasme qui sont cent fois moins
raisonnables que l'idée d'un au-delà de féliciter après la mort.
L'homme n'est certes pas une machine susceptible,
le cas échéant, d'être transformé à d'autres fins et qui
fonctionnerait avec la même régularité qu'auparavant, bien que de
façon toute différente. L'homme porte toujours en lui toute son
histoire et celle de l'humanité. Or le facteur historique
représente un besoin vital qu'il faut traiter avec une sage
économie il faut que le passé s'exprime est lié de quelque façon
dans le nouveau. L'assimilation totale à l'objet se heurte donc à
la protestation de la minorité opprimée du passé et de ce qui
exista depuis le début.