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Présentation :...
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Du christianisme au libéralisme
...article de Maurice Sachot - extrait de la
revue Médium
- N° 15 - avril mai juin 2008 Directeur
: Régis Debray - 10 rue de l'Odéon 75006 Paris ... tel 01 40 46
01 88
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Le
libéralisme doit se rouvrir à Dieu, explique Benoît XVI
Extraits :
Du christianisme au libéralisme
Comme la religion chrétienne avait construit sa fiction du monde
autour de la notion de salut, le néolibéralisme se donne lui aussi comme
réalité du monde. Sa vérité est indiscutable, comme si elle était
révélée. Comme le « monde séculier » pour la religion chrétienne était
le lien du salut, mais sans intérêt pour lui-même, le « monde » (qui
comprend ici les hommes) est le lieu du salut du capital financier. Il
petit donc être exploité sans vergogne. Son étude n'a plus d'intérêt que
dans la mesure où elle permet d'augmenter ou de renouveler le profit
financier. La scientificité est totalement instrumentalisée pour être
mise au service du capital. Elle n'existe plus avec ses exigences
propres. La nouvelle cléricature, à savoir les financiers, les
économistes, les sociologues, les psychologues et tous les autres
savants, est réquisitionné pour justifier, légitimer et faire fructifier
les intérêts des capitalistes. Elle est la seule interprète autorisée de
la doctrine, parce que, à l'image des prêtres, elle tient un discours
qui est comme celui d'une foi, qui s'interdit toute critique et
s'autocensure a priori. Il n'y a plus d'instruction, mais uniquement de
l'éducation. Il n'y a plus de culture personnelle, mais de
l'acculturation. Il n'y a plus de questions à instruire portées par des
disciplines, mais des savoirs à inculquer. Il n'y a plus d'hommes
instruits, mais des spécialistes, des « imbéciles compétitifs », comme
l'a écrit Régis Debray *. .........Toute idée considérée comme
dangereuse est soit ridiculisée par le néolibéralisme,..... Il n'y a donc pas à
imaginer un monde différent. Penser autrement, c'est être hérétique,
schismatique. .... La recherche de la croissance indéfinie
du capital remplace la recherche de la perfection chrétienne.
Le
libéralisme doit se rouvrir à Dieu, explique Benoît XVI « Nous
voyons bien cela aujourd'hui, car si nous faisons ce deuxième choix,
c'est-à-dire si nous passons de l'anticléricalisme à
l'antichristianisme, ce qui équivaudrait à une apostasie du
christianisme, nous perdons les qualités mêmes, les vérités mêmes, les
fondements mêmes de ces libertés et de ces droits sur lesquels se
fondent nos Etats libéraux ».
en
z
relations
....
homentranche ...
Quelques traces ...relevées par ailleurs
ce même jour sur internet ...:
France: une entreprise veut reclasser des salariés licenciés au Brésil
et en Turquie
“Nous avons
besoin d’immigrés !”
l’économie de marché sera un des terrains d’affrontement indirect entre
les puissances majeures de ce monde
Union
européenne : la nouvelle union soviétique ?
La Tunisie et la France
ont signé ce soir un accord dit de
gestion concertée des flux migratoires
Le patriarche de l'Eglise orthodoxe serbe condamne les
"tyrans de ce monde"
je déclare que notre présent et notre futur sont
intimement liés.
Juifs, musulmans, chrétiens. Les dernières nouvelles du chantier du
dialogue
la municipalité roannaise lui a refusé l'entrée dans
cette école par respect du principe de laïcité
Comment inciter les parents à se séparer de leurs enfants ?
Le sort de 900 travailleurs sans papiers bientôt réglé, celui de
milliers d'autres ouvert
l'Église et la famille constituent un temple unique de l'éducation
chrétienne
en dissociant complètement la sexualité de la reproduction, on créait
les bases pour des transformations anthropologiques irréversibles.
Saint George contrarie-t-il les musulmans ou les laïcistes ?
Des maris et des pères qui ne parviennent plus à se faire respecter, la
société de consommation qui promet aux jeunes de satisfaire leurs
attentes. C’est donc ça, Mai 68 ?
Pour le droit au blasphème
.... etc ..... cela pourrait être sans
fin ...
suite voir les
traces de l'homENTRANCHE
et de l'homENUN
Et pour illustrer le propos ci-dessus.....
autres traces ..
Enfin une grille de
lecture complémentaire :
Military or
Market-Driven Empire Building: 1950-2008
As the U.S. presidential
campaign predictably displays a competition in militarism and
allegiance to Zionist interests, the militaristic model of
governance, which has largely prevailed so far in this century
within the power circles, has nonetheless failed in terms of
empire building. James Petras takes a historical look at the
competition between this military powered empire building model,
and the market powered one, to point out that eventually, while
the inefficient military colonial policy crippled the U.S.
economy, it was paving the way for economic competitors to reap
the benefits of globalization.
20.05.08
et voilà que nous même "
Market-Driven Society" vient se placer sous le Military-Driven
Empire ... en déconfiture ....
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Initiation à la mentalité chinoise ......et application à
l'économie ... homocoques en chinois
et depuis peu :
Qu'est-ce que
l'anti-américanisme ?
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n Du christianisme au libéralisme
Auteur:
MAURICE SACHOT
Source: la
revue Médium N° 15
Directeur
: Régis Debray - 10 rue de l'Odéon 75006 Paris
tel 01 40 46
01 88
Date :
2ième trimestre 2008
page .... 5 ..... de la revue
Médium N°15
Le libéralisme s'est formé dans un monde où le christianisme, en tant
que religion, était devenu l'instance instituante. Sa possibilité et sa
chance de réussite tiennent à ce qu'il puisse rejouer le même type de
transformation que celui-ci a effectué lorsqu'il s'est qualifié de
religion et a été reconnu comme telle par les institutions politiques de
l'époque. Le néolibéralisme entend être au monde d'aujourd'hui ce que le
christianisme fut au monde romain : assumer la fonction architectonique
de l'ensemble du monde, en devenir l'instance instituante, non plus de
l'extérieur (comme une Église), mais de l'intérieur (comme instance
immanente).
La rupture que nous vivons aujourd'hui n'est pas, malgré les
apparences, entre la christianité et la modernité néolibérale. Elle
s'effectue à l'intérieur d'un même ensemble structurel que le
christianisme a façonné. Cependant, de même que ce dernier s'est décliné
en divers christianismes, le libéralisme se décline en divers
libéralismes. Le libéralisme européen qui tente de s'imposer via les
institutions européennes n'est pas, par exemple, le libéralisme
anglo-saxon. Et, à l'intérieur de l'espace européen, son extension et
son imposition ne sont pas ressenties de la même manière selon que l'on
est de culture protestante, qui y est plutôt favorable, parce qu'il en
est l'aboutissement séculier, ou que l'on est
..... 6....
de culture catholique et française, qui y est opposée, parce qu'elle
y voit une abolition pure et simple de l'ordre politique sous sa forme
républicaine. C'est à partir de cet espace français et du libéralisme
européen que nous envisageons ici d'aborder cette rupture, en nous
permettant d'inviter le lecteur à se reporter à notre Quand le
christianisme a changé le monde 1.
STRUCTURE DE LA CHRISTIANITÉ COMME ARCHÉTYPE HISTORIQUE DE LA
CIVILISATION OCCIDENTALE
Par christianité, il convient d'entendre le type de régime
civilisationnel et culturel dans lequel le christianisme a été la force
fédératrice, l'instance instituante, jusqu'à l'organiser en chrétienté,
et qui, aujourd'hui, se déploie plutôt sous des formes sécularisées ou
laïcisées. La christianité implique en amont les civilisations antiques
que le christianisme a engagées dans un devenir qui les a rendues
caduques en tant que telles. Elle implique en aval les civilisations
qu'elle a fait advenir et fait encore advenir en les englobant dans une
"mondialatinisation », comme appelle Jacques Derrida l'extension
planétaire de la « christianité romaine ». Le néolibéralisme fait partie
de la christianité. En Europe, il se présente même comme la reprise
séculière du christianisme dans sa fonction architectonique, reprise aux
sens que les Allemands attachent au terme de Aufhebung, à savoir ce qui
prend la relève, à la fois en achevant, dépassant et remplaçant. Parce
qu'il est historique (et non atemporel et éternel), parce qu'il
caractérise la civilisation occidentale par rapport à toutes les autres,
parce que, enfin, il constitue un modèle toujours opératoire, nous
qualifions ce type de régime d'archétype historique de la civilisation
occidentale 1.
Ce régime s'est mis en place à la fin du IV siècle de notre ère, à
la suite de divers édits promulgués par Théodose le Grand (379-395),
dont le premier parut le 28 février 380. On peut affirmer que l'Occident
est véritablement né à ce moment-là et qu'il est né comme christianité.
Deux grandes caractéristiques le spécifient.
D'abord, la formation d'une société duale ou bipolaire, constituée de
deux entités bien distinctes, sans confusion possible, et n'ayant pas le
même statut : l'une, l'Église, structurée comme un État et jouissant de
toutes les prérogatives (institutionnelles, intellectuelles,
spirituelles, rituelles, symboliques... ), l'autre, la cité, regroupant
tout ce qui n'est pas l'Église - le reste -, constituée comme par défaut
et disqualifiée par la première en « monde », en « siècle », privée
désormais du centre qui lui donne une existence propre et autonome. Un
corps siamois, mais avec une seule tête, fixée sur le corps Église. Le
corps « monde », lui, est un corps sans tête. Il n'a plus la possibilité
de se penser et de se diriger par lui-même. Il n'a d'existence que comme
réalité externe et subordonnée. Il est même pour la religion-Église
comme son territoire, plus exactement la « colonie » dans laquelle il
vit comme en « exil », lui lieu de transition dans lequel il convient de
ne pas s'attarder et auquel il ne faut accorder que l'attention
nécessaire à l'acquisition des biens véritables, les biens célestes,
tout en lui imposant sa loi comme à une « servante » 3. Dans le
vocabulaire juridique élaboré à ce moment-là, on justifie
intellectuellement cette répartition en disant que la société-Église
détient l'auctoritas (l'autorité) sur tout et la potestas (le pouvoir)
sur son domaine propre, tandis que les instances politiques et sociales
ne jouissent plus que d'une simple potestas, un pouvoir d'exécution.
..... 8....
Ce qui avait existé auparavant fût déclassé et en grande partie
détruit : l'église, comme lieu et comme institution, devint le substitut
de tous les lieux où, jusqu'alors, le peuple s'assemblait, élaborait ses
lois, jugeait, s'amusait, se détendait, se cultivait, s'exprimait... Il
n'y eut pas que les temples ou autres lieux de culte qui furent fermés
ou démolis : cirques, théâtres, thermes, gymnases, arènes, écoles de
philosophie, tout ce qui faisait jusqu'alors la civilisation et dont ces
lieux étaient les supports et les signes subit le même sort. Même les
événements de la vie personnelle et familiale furent transformés en
événements de la religion-Église, à savoir en sacrements. Tremblements
de terre, guerres, pirates et barbares ont sans doute eut leur part dans
cette destruction. Mais la réduction de nos antiques cités en ruines fut
aussi et peut-être avant tout l'effet direct de la christianisation de
l'empire et de la société. On ne conserva et ne valida que ce qui
pouvait être utile à l'Église ou assumé par elle, ce qui, en quelque
sorte, pouvait être intégré selon le même rapport que celui qui
régissait la reprise de l'ancien Israël par l'Église : Ancien
Testament-Nouveau Testament. De même que l'ancien Israël n'eut d'intérêt
que dans la mesure où il annonçait, préfigurait et préparait la venue du
« véritable Israël », l'Église (non le judaïsme rabbinique!), de même
les anciennes civilisations, désormais qualifiées d'antiques, n'eurent
quelque intérêt que dans la mesure où elles préfiguraient, annonçaient
et préparaient la venue de la religion-Église. Si, du point de vue de la
théologie chrétienne, il apparaît légitime de couper l'histoire du monde
en deux périodes et de situer la rupture entre les deux à la naissance
de Jésus, qualifié de Christ (conception qui, à la suite de la
proposition de Denys le Petit, sera à l'origine de notre ère
chrétienne), d'un point de vue historique, la véritable rupture qui
marque la fin des mondes anciens et l'avènement du monde occidental
proprement dit eut lieu en cette fin du iv' siècle, quand l'Église
chrétienne reçut un statut de religion d'État.
En second lieu, la religion chrétienne, en tant qu'institution, se
compose elle-même de trois instances, dont chacune réfère plus
particulièrement à l'un des trois milieux culturels et linguistiques
dans lesquels le mouvement chrétien s'est implanté au cours des premiers
siècles : l'instance personnelle, héritée du milieu sémitique ;
l'instance intellectuelle, reprise à la philosophie grecque, en milieu
hellénistique ; l'instance institutionnelle, enfin, affirmée par suite
de son inscription en milieu latin et romain. Révélateurs sont, par
exemple, les types de textes que produisent et lisent les chrétiens.
Dans les assemblées liturgiques, ce sont les textes « bibliques », ceux
de l'Ancien Testament (d'origine juive) et ceux du Nouveau Testament
(d'origine chrétienne). Ces textes sont considérés comme l'expression
même de la Parole de Dieu, de la Révélation divine. Dieu est le sujet
énonciateur. Leur enracinement sémitique est patent. Dans la formation
des chrétiens (catéchuménat) et dans les ouvrages d'élaboration
conceptuelle, le discours et les textes relèvent plutôt de la tradition
philosophique grecque, hellénistique et judéo-hellénistique. Comme ils
font état d'une pensée propre, ils sont pour la plupart sauvegardés et
communiqués sous le nom de leurs auteurs, véritables ou pseudonymes.
Mais ils ne sont normalement pas lus dans les assemblées, à l'exception
des rares textes qui, à l'instar de ceux qui ont été insérés dans
l'Ancien Testament des chrétiens, sont entrés dans la composition du
Nouveau Testament. Dans les assemblées des évêques (les conciles),
enfin, les textes sont de nature soit proprement théologique (au sens
d'énoncés de la foi), soit juridique (textes canonico-liturgiques), les
premiers étant souvent énoncés dans le registre des seconds : le terme «
dogme » (dogma) qualifie aussi bien une sentence philosophique - en
l'occurrence une sentence théologicophilosophique - qu'un décret
impérial. Autrement dit, ils sont avant tout dans la figure de la
romanité. Le « nous » collectif dans lequel s'énoncent les auteurs
..... 10....est dans la figure de l'autorité institutionnelle (équivalente du
Sénat). Lui est souvent joint l'Esprit-Saint, substitut du peuple
dépossédé de son autorité et figure de l'autorité divine dont
l'épiscopat se dit être le seul dépositaire.
Significatif est encore le mode d'interprétation de ces textes. Il
est dogmatique et herméneutique. La vérité n'est pas une construction
personnelle du croyant : la foi est une redditio, une redite dans les
mêmes énoncés de ce qui est proposé par l'institution. Le savoir est
normé et non problématisé : comme l'écrira un peu plus tard (en 434)
saint Vincent de Lérins, « il faut s'en tenir à ce qui partout, à ce qui
toujours, à ce qui par tous est cru », teneamus quod ubique, quod
semper, quod ab omnibus creditum est (Commonitorium, II, 5). Et de
reprendre, un peu plus loin, cette formule de l'évêque de Rome Étienne
1er (évêque de 254 à 257) : « Rien ne doit être innové, qui ne soit de
la tradition », nihil nouandum est, nisi quod traditum est (VI, 7). Le
discours de vérité qui est tenu ne se construit pas à partir d'une
observation du monde. Il est uniquement une parole, et même une parole
d'autorité qui se construit sur une interprétation ou herméneutique
autorisée des textes qualifiés (Écritures, textes conciliaires... ), et
selon une typologie de significations particulièrement développée (les
sens de l'Écriture).
Le résultat en est que les éléments que le mouvement chrétien doit à
chaque milieu culturel sont en même temps subvertis. Dans la figure de «
Christ », Jésus subvertit Moïse. Il est le véritable transmetteur, le
seul médiateur (mesites, Heb 8, 6 ; 9, 15, etc.) de la Révélation
divine, à partir duquel se forme un nouveau peuple, se scelle une
alliance nouvelle et définitive, s'écrit une nouvelle Écriture,
s'annonce une nouvelle Terre promise... Devenu philosophie et, donc,
christianisme, le mouvement chrétien subvertit la démarche
philosophique, fruit de l'investigation humaine et jamais achevée, en démarche de
Révélation, don de Dieu lui-même et affirmée comme achevée. Qualifié de
religio, le christianisme subvertit ce que l'on entendait alors par ce
terme, puisque, désormais, c'est lui-même qui en donne la définition.
DU CHRISTIANISME AU NÉOLIBÉRALISME
Si nous qualifiions d'archétypale cette structure à laquelle a
conduit la genèse de l'Occident sous l'effet de la constitution du
mouvement chrétien comme christianisme, puis comme religion, c'est parce
que toutes les transformations qu'a connues l'Occident depuis lors se
sont faites à l'intérieur de cette structure. Elles n'ont été que des
variations ou des mutations de ce même texte premier, et non une
réécriture proprement palimpsestique, si ce n'est, pensé en Occident
mais réalisé hors de ses frontières, le communisme. Et de même qu'un
état premier du texte peut persister pendant que se forment des copies
comportant des variantes fort éloignées de l'original, de même se
côtoient en Occident le modèle original (conservé par l'Église
catholique) et d'autres recompositions, religieuses ou séculières.
DEUX TRANSFORMATIONS INTERMÉDIAIRES : LE PROTESTANTISME ET LA
RÉPUBLIQUE LAIQUE
La réforme protestante ne remet pas en cause la distinction
fondamentale entre l'Église et le monde séculier. Celui-ci est toujours
sous la tutelle de la religion-Église. Parce que ni le pape ni le
concile, représentants et de l'instance institutionnelle, et de
l'instance intellectuelle, n'ont répondu à l'appel de Martin Luther,
seule l'instance personnelle est conservée. Tout est défini à partir du
.... 12....« sujet ». Le premier sujet est Dieu, qui demeure le seul énonciateur
du vrai et du bien. Le second sujet, vu dans le miroir de Dieu (« à son
image »), est tout chrétien. La Bible (non plus l'institution ni la
scientificité) est le seul moyen de connaître la volonté de Dieu. Elle
est la seule « instance » médiatrice reconnue. L'homme est sauvé par la
seule foi (sola fide), par la seule grâce (sola gratia) et par la seule
Écriture (sola scriptura). La dénégation et l'occultation de l'instance
épistémique comme instance instituante entraîne : 1) une épistémologie
spéculaire et angoissante (« suis-je sauvé ? » ; la réussite dans le
monde en serait-elle le signe, voire la preuve ?) ; 2) le pluralisme de
la pensée et des institutions (ce sont les croyances qui font les
Églises et non l'inverse - autant de « sectes » qu'il y a de croyances
ou d'affinités de croyances) ; 3) le pragmatisme (puisqu'il n'y a pas
d'exigence épistémique, la connaissance n'est pas autonome. Elle est
totalement instrumentalisée, au service de l'intérêt individuel). La
dénégation et l'occultation de l'institution comme instance instituante
entraînent, outre celle de l'État-Église, celle de l'institution civile
: d'où la priorité donnée à l'appartenance religieuse sur l'appartenance
politique (celle-ci est au service de la foi, notamment dans le
calvinisme) ; la « société » comme monde indifférencié tient lieu
d'instance civile auto-instituante (elle devient l'équivalent de Dieu
dans une version totalement sécularisée) ; la distinction entre la
religion et la société (l'ordre politique) tend à s'estomper. Foi et
patrie vont de pair : « On a la religion de son prince » (cuius regio,
eius religio). Le pluralisme, le communautarisme et le patriotisme en
sont les manifestations les plus patentes. Cette double occultation est
exprimée par la thèse du « libre examen » , qui libère l'individu de
toute contrainte institutionnelle (en réalité, du rapport nécessaire aux
autres dans l'établissement du vrai et du bien) et de toute contrainte
épistémique (la soumission à la raison, à des exigences épistémiques qui
s'imposent à tous). Ce
....13 ....
qui conduit à la suprématie de l'opinion et, sans la foi (dans la
perspective d'une sécularisation achevée), à la thèse du sujet auto-instituant
et à la transformation des inégalités de fait en
inégalités de droit (la réussite est le salut ; l'excellence est pour
les sauvés et le mépris pour ceux qui échouent, puisqu'ils sont
condamnés par Dieu... ).
L'avènement d'une république laïque, dont les principes (et non le
mot) sont acquis avec la Révolution française en 1789, repose sur une
transformation encore plus radicale du modèle initial. Tout d'abord, est
supprimée la bipolarité institutionnelle religion-Église-société. Ne
reste désormais qu'une seule instance, d'essence politique : « la
République ». C'est elle, et non plus la religion, qui détient l'auctoritas
en même temps que la potestas, qui définit le lien entre les personnes
formant société. Cette nouvelle instance n'est pas une « communauté » au
sens institutionnel du terme et encore moins selon son modèle chrétien,
même si ce mot est conservé dans les textes constitutionnels. Elle est
une koinônia, « une mise en commun ». En effet, la République n'est pas
en tant que telle une institution. Elle n'est rien d'autre que les
citoyens eux-mêmes. Elle est une exigence de rationalité par laquelle les
citoyens instituent ou reconnaissent comme instituantes les institutions
qui la constituent et qu'elle transcende (patrie, nation, État,
société... ). En second lieu, cette nouvelle instance sera la reprise et
la subversion du modèle interne de la religion-Église sous sa forme «
catholique ». Ce sont les individus-sujets (entendus comme un ensemble
de «je»: niveau 1) qui, parce qu'ils sont instruits (selon des exigences
épistémiques, d'où l'instruction scolaire et la catégorie de «
discipline d'enseignement » : niveau 2), sont collectivement l'instance
instituante des institutions auxquelles ils se soumettent (niveau 3).
La religion-Église, quant à elle, est réduite, du point de vue
épistémique, à une croyance non fondée, et, du point de vue
institutionnel, à une association de statut privé (ce qui sera établi
par la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État). Reste un
problème qui sera mal résolu : celui de la privation d'une religion «
civile », au sens romain du ternie, i.e. comme forme et expression
rituelle et symbolique des liens civils (familiaux, sociaux,
patriotiques). Après tentative d'une religion de cet ordre, dévolution
sera finalement faite de cette manifestation à une religion-État (la
catholique), revenant sur ce plan-là et de manière contradictoire à une
situation qui ressemble à celle de l'Église dans l'Empire romain selon
notre modèle archétypal.
REFONDATION DE L'INSTANCE INSTITUTIONNELLE
Pas plus que le christianisme, en tant qu'« école de philosophie
», n'avait vocation à devenir « religion », et, en le devenant en un
sens totalement nouveau, à subvertir les institutions romaines, le
libéralisme, n'étant pas en lui-même de nature politique, n'avait
vocation à subvertir les institutions des nations européennes. De même,
donc, que la religion chrétienne a assumé la fonction d'auctoritas
et, pour son domaine propre, celle de la potestas, de même le
néolibéralisme entend détenir l'unique définition de l'homme. Il est un
système philosophique et instaure un nouvel ordre qui pourrait être
qualifié de mondial dans la mesure où son territoire, l'Europe, n'est
délimité par aucune frontière a priori. L'expérience républicaine le
fait même aller plus loin que son archétype : il n'y a plus qu'un seul
ordre (non plus politique, mais économique), fondateur de tout lien
entre les hommes et de leur rapport au monde (politique, social,
économique au sens strict, etc.). Elle est, à elle seule, la société
parfaite, sans
...15.. reste. Il n'y a donc plus besoin d'État porteur de l'auctoritas
et de la légitimité, énonciateur du droit (le principe de la
subsidiarité est la version moderne d'une potestas sans auctoritas).
L'institution ne se donne pas sous une forme politique traditionnelle,
mais dans celle d'une organisation technicienne et technocratique, car
il n'y a plus de sphère publique, il n'y a plus de bien commun. Il n'y a
plus que du privé et de l'intérêt privé (non seulement la santé et
l'éducation - deux valeurs pour lesquelles les hommes sont prêts à tout
sacrifier - seront totalement privatisées, mais également des fonctions
régaliennes comme la police et la justice). « Tout ce qui a de la valeur
doit être privatisé », a-t-on dit lors d'un concile annuel du
capitalisme à Davos. Dans la christianité, Dieu était le seul sujet
énonciateur et l'unique origine du salut. Désormais c'est le profit, le
capital, énoncé sous la figure de l'intérêt personnel, comme s'il
pouvait être l'affaire de tous, alors qu'il ne recouvre que les intérêts
d'une oligarchie, une ploutocratie, essentiellement les actionnaires et
les investisseurs. Ce sont eux qui, comme le pape et les évêques,
détiennent le pouvoir. Et, comme eux, qui n'ont de comptes à rendre qu'à
Dieu, ils n'ont de comptes à rendre à personne, si ce n'est au Profit.
Il n'y a plus de lois, mais des directives, dont la spécificité est de
cacher l'absence de l'auctoritas qui lui donne la force de
l'injonction (l'intérêt de quelques-uns), et, à l'inverse de la religion
chrétienne, de ne pas se donner comme transcendante, mais comme
immanente, comme s'il s'agissait de lois naturelles irréfragables.
REFONDATION DE L'INSTANCE INTELLECTUELLE
Comme la religion chrétienne avait construit sa fiction du monde
autour de la notion de salut, le néolibéralisme se donne lui aussi comme
.... 16...réalité du monde. Sa vérité est indiscutable, comme si elle
était révélée. Comme le « monde séculier » pour la religion chrétienne
était le lien du salut, mais sans intérêt pour lui-même, le « monde »
(qui comprend ici les hommes) est le lieu du salut du capital financier.
Il petit donc être exploité sans vergogne. Son étude n'a plus d'intérêt
que dans la mesure où elle permet d'augmenter ou de renouveler le profit
financier. La scientificité est totalement instrumentalisée pour être
mise au service du capital. Elle n'existe plus avec ses exigences
propres. La nouvelle cléricature, à savoir les financiers, les
économistes, les sociologues, les psychologues et tous les autres
savants, est réquisitionné pour justifier, légitimer et faire fructifier
les intérêts des capitalistes. Elle est la seule interprète autorisée de
la doctrine, parce que, à l'image des prêtres, elle tient un discours
qui est comme celui d'une foi, qui s'interdit toute critique et
s'autocensure a priori. Il n'y a plus d'instruction, mais uniquement de
l'éducation. Il n'y a plus de culture personnelle, mais de
l'acculturation. Il n'y a plus de questions à instruire portées par des
disciplines, mais des savoirs à inculquer. Il n'y a plus d'hommes
instruits, mais des spécialistes, des « imbéciles compétitifs », comme
l'a écrit Régis Debray *. Du reste, toutes les questions que l'homme
peut se poser et qu'instruisent les disciplines de sciences humaines
sont totalement discréditées, de la même manière que le christianisme,
en devenant religion, a discrédité tout travail de la pensée critique en
la traitant de superstition illégitime institutionnellement et invalide
intellectuellement. Comme l'Église a fait fermer l'école philosophique
d'Athènes en 529, la loi française du 10 août 2007, mettant en oeuvre
diverses décisions des instances européennes, met fin aux universités en
leur donnant comme mission de préparer directement à un métier.
Détenteur de la vérité certaine (la vérité économique), le
néolibéralisme se protège en prétendant qu'il ouvre une ère postépistémique, une ère dans laquelle les questions quant au vrai n'ont
plus aucune pertinence. Pour toutes ces questions, un scepticisme
pragmatique est de règle : il n'y a que des opinions qui, en se valant
toutes, ne valent plus rien. Dans ce contexte, les religions, perçues
comme dans le modèle néolibéral anglo-saxon, c'est-à_dire comme
communautés d'opinion, assument utilement des fonctions jusqu'à présent
dévolues aux États-nations et sont instrumentalisées comme moyens
complémentaires d'asservissement. Toute idée considérée comme dangereuse
est soit ridiculisée par le néolibéralisme, telles toutes les théories
alternatives ou altermondialistes, soit immédiatement intégrée et
retournée pour la rendre inoffensive et même bénéfique pour lui (par
exemple, tout ce qui touche à l'environnement). Il n'y a donc pas à
imaginer un monde différent. Penser autrement, c'est être hérétique,
schismatique. Et, reprenant au christianisme
le concept de révélation
close, il n'hésite pas à déclarer qu'il est l'état achevé et
indépassable de la civilisation. La recherche de la croissance indéfinie
du capital remplace la recherche de la perfection chrétienne.
REFONDATION DE L'INSTANCE PERSONNELLE
Si le mouvement chrétien repose sur la reconnaissance de la personne
humaine en tant qu'individu répondant librement à l'appel d'un Dieu
l'invitant à la conversion, la religion chrétienne instaurée comme
instance instituante de l'empire le baptise dès sa naissance et décide
pour lui. Il n'est plus qu'un fidèle. Selon la théorie économique du
libéralisme, l'individu semblerait souverain : c'est lui qui décide
rationnellement quel est son intérêt. Dans le néolibéralisme, la réalité
est tout autre : l'individu n'existe plus ni comme personne ni comme
sujet. En lui-même et dans ses rapports à autrui et au monde, il est
défini ....18...uniquement en termes économiques et financiers. Pour
lui-même, il est un capital, dont il est directement responsable, et le
seul responsable. Pour les autres, il est une ressource. Il
s'instrumentalise pour lui-même et est un instrument pour autrui. Il se
pense et est pensé en termes de compétences, en fonction d'un projet
déterminé (ou de plusieurs), comme si le propre du projet n'était pas
d'aboutir à des résultats inattendus. En régime chrétien, le discours
théologique, même s'il se prend pour le seul discours véritable,
fonctionne dans une large mesure de manière métaphorique par rapport à
la réalité. Le discours économique, en revanche, qui est au capitalisme
ce que la théologie est au christianisme, entend bien faire de la
totalité du réel une réalité économique et financière. Renfermé dans «
l'individualisme méthodologique » et le rapport à son propre intérêt, le
« fidèle » de l'économie n'a pas à s'interroger, comme dans la religion
chrétienne, sur les fondements de la doctrine et des institutions, comme
il n'a pas le pouvoir d'intervenir directement (la doctrine du «
consentement sans consentement », selon Franklin Henry Giddings,
remplace celle de la grâce). Comparé à son sort en régime républicain,
il est complètement destitué de ses devoirs et obligations de citoyen.
Le consulter par un référendum est une erreur à ne pas commettre. Il
n'est qu'un rouage nécessaire au développement du profit. La liberté
qu'on lui fait miroiter en lui laissant croire qu'il peut donner libre
cours à ses désirs et à ses pulsions ne vise ni son bonheur ni son
épanouissement, mais simplement le bon fonctionnement du marché et
l'augmentation du profit des investisseurs. Dans la tradition
chrétienne, si chaque fidèle était invité à vivre en parfait, seul le
religieux (le moine avant tout) se l'imposait comme règle de vie, non le
simple fidèle. Dans le néolibéralisme, chaque individu se doit de
s'engager dans un combat avec lui-même et avec les autres pour être le
meilleur, le gagnant, et, pour cela, il doit toujours se remettre en
cause, sur tous les plans, ne jamais rien .... 19...considérer comme
acquis. Son adaptabilité doit être permanente (ce que veut dire le
slogan qui est à la base de toutes les réformes des études, «
l'éducation tout au long de la vie »), sinon il est vieux, dépassé,
fini, exclu (la notion même de retraite devient une aberration).
L'institution se doit de le mettre sous cette pression constante et en
concurrence avec les autres, perçus comme adversaires. Malheur aux
perdants, représentant de loin le plus grand nombre ! Ils n'ont qu'à
s'en prendre à eux-mêmes, et non aux autres ou aux institutions ! Ils
sont d'autant plus fautifs qu'ils coûtent au capital au lieu de lui
rapporter. Là est la faute impardonnable, le « péché contre l'esprit ».
Ils doivent être dénoncés et poursuivis. Les inégalités de fait
deviennent des inégalités de droit 5. La doctrine augustinienne de la
prédestination, reprise par le protestantisme, trouve là son achèvement
séculier.
CONCLUSION : RÉVOLUTION OU MUTATION PALIMPSESTIQUE ?
Le néolibéralisme européen en est actuellement dans son implantation
là où en était la religion chrétienne à la veille de sa reconnaissance
connue instance instituante par Théodose le Grand, en 380. Les instances
politiques des pays de l'Europe le reconnaissent comme ayant l'auctoritas
et la potestas. Bruxelles est à Paris ce que Constantinople fut à Rome.
Les raisons pour lesquelles Constantin a fondé Constantinople comme
nouvelle Rome sont sans doute multiples. Il en est une que l'on
retrouve dans la création de villes sièges de l'Europe comme Bruxelles
ou Strasbourg, sans parler des villes qui, comme celles d'où l'Empereur
envoyait ses édits, servent à des conférences ou à des traités
(Maastricht, Lisbonne, Nice...) : ne pas inquiéter la population ni,
surtout, ceux qui actuellement détiennent le pouvoir. Leur laisser
croire que ce qui se décide au ....20 ...loin importe peu et ne les
touche pas. Ni le peuple de Rome, ni le Sénat romain, ni les
intellectuels d'alors n'ont compris ce qui leur arrivait. De même que ni
les chrétiens ni Constantin et ses successeurs, dont Théodose, n'ont vu
le piège que recelait la reconnaissance du christianisme comme religio.
Il y eut méprise sur les mots et les concepts. La révolution néolibérale
entreprise en Europe est encore dans une sorte de flottement, car, comme
l'Église, le néolibéralisme européen n'entend pas assumer directement
les charges dévolues au pouvoir politique, tel l'exercice de la
puissance militaire, comme s'il ne voulait être ni un État, ni une
nation, ni une patrie, dominant sur un territoire défini et entretenant
avec les autres puissances des rapports d'amitié ou d'hostilité,
d'échanges on de domination. Comme si l'Europe s'envisageait comme
colonie d'une puissance étrangère, en l'occurrence les États-Unis,
plutôt que comme État autonome. Le néolibéralisme se pense et s'énonce
en anglo-américain, non en français, y compris dans toute école
française de management, de commerce ou d'ingénieurs qui se respecte.
C'est parce qu'il s'est pensé et énoncé en latin que le christianisme,
élaboré en grec, s'est transformé en religion. Ce qui est sûr, c'est
que, s'il accède véritablement au dernier stade, celui du pouvoir, le
néolibéralisme européen sera transformé par sa reconnaissance
institutionnelle. Il deviendra une entité inédite, sui generis. Se
produira une subversion mutuelle dans laquelle le politique sera
nécessairement dévalué, discrédité, réduit à l'insignifiance. Lorsque le
christianisme fut reconnu comme religion par les autorités impériales,
le passé préchrétien fut changé en passé révolu, en « antiquité ». Mais
il gardait encore une certaine consistance, au moins comme période de
préparation, d'annonce et de préfiguration. De leur côté, les
Américains, quand ils ont pris l'Amérique du Nord, ont effacé la mémoire
de ce qu'était l'Amérique avant eux. Leur mémoire était et demeure celle
de la Bible, dont ils considèrent qu'ils sont les héritiers. Le
...21...néolibéralisme dans sa version européenne s'annonce comme
innovation totale. La référence au passé serait inutile. Ce qui nous
précède et même le présent actuel deviendraient la nouvelle antiquité,
ou, plus exactement, sombreraient dans une préhistoire sans intérêt.
Elle en ferait un palimpseste. Deux des civilisations que le
christianisme a rendues caduques par sa reconnaissance institutionnelle
étaient encore de plein exercice : la grecque et la romaine. Elles
n'étaient en rien des civilisations finies, des civilisations « antiques
». Elles étaient bien vivantes et n'avaient rien qui les rendît
décadentes. Mais c'est cette reconnaissance qui provoqua leur arrêt en
les engageant dans une profonde transformation. La reconnaissance du
néolibéralisme comme instance instituante entraînera plus que la
transformation de notre culture et de notre civilisation : elle causera
leur mort. La rupture est telle que le professeur de droit public,
Jacques Le Goff déclare que « nous entrons en réalité dans un nouvel âge
de l'humanité comparable au passage du paléolithique au néolithique 7 ».
Si ce sentiment est bien plus vif en France qu'ailleurs, ce n'est pas
seulement parce que l'histoire est en France une discipline scolaire,
c'est parce que le néolibéralisme est en contradiction directe avec le
modèle républicain laïc qui est encore la référence culturelle de la
plupart des Français. « Le passé nous est donné connue radicalement
autre, constate Pierre Nora, il est ce monde dont nous sommes à jamais
coupés 8.
En devenant religion et en assumant la fonction d' auctoritas, le
christianisme reposait sur un référentiel de valeurs issu des cultures
et civilisations juives, grecques et romaines. Sa logique propre l'avait
conduit à opérer un tri parmi ces valeurs et à les surdéterminer
chrétiennement. En se substituant au christianisme dans la fonction
architectonique du monde européen, le .... 22/23...néolibéralisme opère
une rupture plus radicale. Son référentiel de valeurs n'est pas du tout
le même que celui auquel il succède. Est-il dès lors réellement en
mesure d'assumer cette fonction d'instance instituante ? Nous pensons
qu'une révolution authentique, celle qui petit porter l'avenir, est de
celles qui réactivent, comme une renaissance, une ou plusieurs des
forces majeures qui étaient bien au travail dans la tradition, mais qui
étaient en partie on en totalité occultées, détournées, voire refoulées.
Le christianisme s'est imposé en mettant en avant des valeurs qui
entraînèrent un refoulement majeur, celui du corps et du « monde » (dont
l'économie fait partie). C'est sur ce refoulé que repose le
néolibéralisme. Comme le christianisme avait subverti le judaïsme,
l'hellénisme et la romanité, il subvertit à son tour la christianité. Il
met au premier plan ce qu'elle refoulait et refoule ce qu'elle arborait.
Mais une subversion ne consiste pas en une simple permutation des
signifiants et des référents, comme lorsque Tertullien permuta les
termes de religio et de superstitio. Elle fait apparaître
une réalité inédite et insoupçonnée. Celle-ci sera-t-elle la promesse
d'un avenir meilleur et sera-t-elle en mesure de le faire advenir ?
L'expérience du communisme autorise à en douter. Les réductions sévères
que le néolibéralisme opère dans sa conception de l'individu humain,
dans son rapport à lui-même, aux autres et au monde, son hyperrationalisme techniciste, sa logique autodestructrice comme
condition de renouvellement théorisée par Schumpeter, invitent à le
comparer, comme le fait Giorgio Agamben, plutôt à un camp de
concentration qu'à un paradis terrestre Quelle espérance reste-t-il pour
les exclus, le plus grand nombre ? Le sort des « élus » est-il vraiment
enviable ? Les chrétiens considéraient (et considèrent) qu'ils sont «
dans le monde ce que l'âme est dans le corps » (À Diognète).
Le corps peut-il être à lui-même son âme ? Il est permis d'en douter.
1 Maurice Sachot, Quand le christianisme a changé le
monde, I. La subversion chrétienne du monde antique, Odile Jacob, 2007.
2. Le tenue d'archétype fait référence à diverses
théories philosophiques, théologiques, psychologiques ou
anthropologiques. Mais nous employons ici ce terme dans un sens nouveau,
en le reprenant métaphoriquement à un domaine particulier, celui de la
philologie, on il désigne l'état du texte qu'un éditeur reconstitue à
partir des états de ce texte attestés par les manuscrits, état qui se
veut le plus proche possible de celui que l'auteur a pu composer. Il est
ainsi nommé parce que, à partir de lui, connue d'un état premier, on
peut rendre compte des différents états réellement attestés par les
manuscrits et les citations disponibles.
3. Les termes de paroisse ou de paroissien viennent,
via la latinité, des mots grecs paroikia et paroikés, qui, dans la
langue des Septante, signifient le fait de séjourner dans une colonie
loin de sa patrie d'origine, le ciel. Notons également que cette
séparation entre l'Église et le monde s'est aussi inscrite à l'intérieur
de l'homme et de chaque personne : entre le chrétien et l'homme. Le
surnaturel devient une entité et subordonne le naturel. Chacun se doit
de se dépouiller du « vieil homme » pour revêtir « l'homme nouveau ».
4. Régis Debray, Contretemps. Éloges des idéaux
perdus, Gallimard, coll. « Folio actuel », 1992, p. 30.
5. « On sait qu'avoir l'économie pour idéal conduit
vite à faire l'économie de l'idéal » (Régis Debray, Contretemps, op.
cit., p. 40.).
6. Le cas de l'Égypte ancienne est différent. En
mettant fin à la religion égyptienne, la religion chrétienne fit
disparaître les prêtres, gardiens des hiéroglyphes. Ceux-ci devinrent
incompréhensibles et toute la culture multimillénaire de l'ancienne
Égypte sombra dans l'oubli total jusqu'à l'arrivée de Champollion.
7. Jacques Le Goff, « La formation tout an long de la
vie : quelques perspectives », in Y. Morvan (sous la direction de), La
Formation tout au long de la vie : nouvelles questions, nouvelles
perspectives. Colloque de Rennes Métropole, 6 et 7 mars 2006, Presses
universitaires de Rennes, p. 241. À noter que l'historien Jean-Pierre
Rioux avait usé de la même référence pour qualifier la révolution
industrielle qui s'est produite entre 1780 et 1790 de « la plus profonde
mutation qui ait jamais affecté les hommes depuis le néolithique
(Jean-Pierre Rioux, La Révolution industrielleCi780-1790], Seuil, 1971 (rééd.
1999). Pour d'autres auteurs, en revanche, l'humanité ne serait pas
encore née. Nous n'en serions qu'à l'âge de fer (cf. E. Morin, R. Motta
et É.-R. Ciurana, Éduquer pour l'ère planétaire la pensée complexe comme
méthode d'apprentissage dans l'erreur et l'incertitude humaines, trad.
de l'espagnol par É. Cohen, Balland, 2003).
8. Pierre Nora, « Entre Mémoire et Histoire. La
problématique des lieux », in Pierre Nora (sous la direction de), Les
Lieux de mémoire, I. La République, Gallimard, Coll. « Quarto », 1997,
p. 35 (ir, éd. 1984).
9. Cf. Giorgio Agamben, Homo sacer. Le pouvoir
souverain et la vie nue, traduit de l'italien par Marilène Raiolo,
Seuil, 1997.
page ouverte en 06/07
|
|
Pour illustrer les propos ci-dessus.....
le 30.04.08
Du goulag
extérieur au goulag intérieur ...
Aujourd’hui, nous aurions tendance à
faire un parallèle entre l’URSS-1984 et les USA-2008, les deux “empires”
arrivant, chacun dans leurs travers spécifiques, à un état de
monstruosité, de décadence et d’impuissance assez similaire. Tout comme
l'URSS en 1984, les USA sont en 2008 “en manque de réalité”. Mais ils
sont dans une position différente: ce n’est pas une “prison extérieure”
qu’ils ont à faire céder, mais une “prison intérieure”.
surtout ne pas manquer l'accès à l'interieur du texte à celui
de Soljenitsyne à Harvard, en
1978 <http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=770>
le 2 mai 2008
relevé dans Bourse Plus (1) du 2 mai
2008 ...Bourse Plus, l'un des journaux de Nicolas Miguet.
à propos d'un livre "A lire"...
page 38
Ziegler l'atypique s'attaque aux maîtres du monde...
C' est un personnage difficile à
cerner. Ses propos suscitent parfois l'admiration, parfois la
révolte... Que l'on soit d'accord, ou non, avec lui, force est de
reconnaître que Jean Ziegler a un certain talent... Il y a quelques
années, le rapporteur spécial des Nations Unies pour l'alimentation
avait été le premier à annoncer les émeutes de la faim... Celles-ci
occupent maintenant le devant de l'actualité... L'homme politique
suisse revient sur ce sujet en attaquant le marché globalisé,
c'est-à-dire les maîtres du monde... Il s'agit des banquiers, des
hauts responsables de sociétés transnationales ou des opérateurs du
commerce mondial qui détruisent l'État, dévastent la nature et les
êtres humains. Jean Ziegler estime que la résistance doit maintenant
s'organiser et que celle-ci doit émaner de la société civile. Après
avoir dénoncé l'empire de la honte dans un précédent ouvrage, il
revient sur ce sujet en s'attaquant aux oligarchies capitalistes
transcontinentales qui "règnent sur l'univers et agissent contre les
intérêts de l'immense majorité des habitants de la terre". Dans sa
ligne de mire, ceux qui accumulent les richesses et laissent dans la
misère des centaines de millions d'êtres humains. Ces gens là,
explique-t-il, ne font pas la une des journaux et ils ne sont ni de
droite, ni de gauche... C'est une nouvelle ère qui commence et qui est
la conséquence de l'effondrement du mur de Berlin. Pourquoi ? Selon
lui, auparavant, "les oligarchies capitalistes occidentales étaient
contraintes de faire des concessions, d'accorder un minimum de
protection sociale et de liberté syndicale pour éviter le vote
communiste en Occident". Depuis, les choses ont beaucoup changé... Ce
livre est passionnant et il invite à réfléchir sur l'organisation du
monde. Cependant, il s'adresse à des esprits éduqués car s'ils le
prennent au premier degré, certains lecteurs seront tentés de faire
des raccourcis politiques.../
"Les Nouveaux Maîtres du Monde" de Jean Ziegler est publié
au Seuil.
______________dans la même revue
______________________________________
Page 4
L'éditorial de Nicolas Miguet ..
Apprenez à vivre (mieux) avec le pétrole (très)
cher.
On nous disait, dans la
désinformation quotidienne, que le monde était au bord d'une récession
financière et économique sans précédent depuis 1929. Je constate que
les banques américaines ont levé sans difficultés pour plus de 150
milliards de dollars d'argent frais pour se recapitaliser, que la
Royal Bank of Scotland augmente le siens de 15 milliards d'euros, que
l'Union des Banques Suisses (UBS) a levé pas loin de 10 milliards
auprès de confrères (dont BNP Paribas) en avance sur une augmentation
de capital à venir. Il n'y a pas eu de vraie "crise financière" et
encore moins de faillite bancaire avec un "effet domino". L'immense
croissance des pays "émergents" crée de la richesse. Elle crée
également un embouteillage jamais vu depuis un siècle pour toutes les
matières premières, agricoles ou minières. La hausse des tarifs,
vertigineuse, n'est qu'une compensation partielle de la braderie qui a
été de règle durant plusieurs décennies. Le producteur de cacao, de
café ou de coton subit, c'est vrai, la hausse du prix de l'énergie,
mais enregistre une augmentation fort sympathique du tarif auquel est
vendue sa production. De 1986 à 2006, en vingt ans, selon le CREDOC,
les Français ont monté le chauffage dans leurs appartements et
maisons, de 19° à 2l'en moyenne durant l'hiver. Revenir à 18° ou 19°
ne va pas les tuer, au contraire, cela abaissera de 15% à 20% leur
facture de gaz ou d'électricité et évitera nombre de "chaud et froid"
générateurs d'angines et de rhumes. L'essence coûte cher ? Lever le
pied n'est pas si difficile que cela. Fin 2007, j'ai troqué ma 607,
trop petite pour trimbaler la totalité de ma tribu, pour acquérir un
C-Crosser (4x4 de Citroën), avec jusqu'à sept places. Officiellement,
la consommation moyenne de gazole est de 9 litres aux 100 km
parcourus. En respectant les limitations de vitesse, en anticipant sur
les feux rouges, carrefours et autres ralentissements, en débrayant le
moteur lors des descentes, je constate que mes Paris-Verneuil-sur-Avre
et retour se font avec une consommation comprise entre 6,2 et 7 litres
aux 100 km parcourus, malgré la partie urbaine du parcours. Changer
d'attitude au volant, réduire sa vitesse moyenne, accélérer en douceur
vous permettra de rouler en plus grande sécurité tout en économisant
entre 250 et 500 litres de carburant sur l'année. La relance de votre
pouvoir d'achat passe par votre comportement.
et page 2 cette
information .... sous la rubrique " l'Essentiel ....
Economie "...
SHELL
Le groupe pétrolier britannique
Royal Dutch Shell a annoncé ce matin un bénéfice net part du groupe en
hausse de 25% au ler trimestre, pour une production en hausse de 0,4%
seulement, grâce aux prix records du pétrole ces dernières semaines.
Le bénéfice net a atteint 9,083 milliards de dollars (5,8 milliards
d'euros).
(1) adressée à titre publicitaire ...y ayant été
abonné il y a 4 ans ...
le 4 mai 2008
Travailler plus pour gagner moins : merci l'ANPE
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/05/travailler-plus.html
le 6 mai 2008
Grève des sans-papier
http://www.dailymotion.com/video/x59lmq_greve-des-sanspapier_news
le 14 mai 2008
la fleur des
homentranches apatrides ... un "classement en trompe l'oeil des
nouveaux riches"...
http://www.lefigaro.fr/votrepatrimoine/2008/05/07/05010-20080507ARTFIG00421-les-villes-des-milliardaires.php
Voici certains des attributs qui rendent une ville particulièrement
attrayante aux yeux des milliardaires et qui incitent un grand
nombre d'entre eux à se regrouper dans les mêmes communautés
urbaines. Pas étonnant donc qu'un milliardaire sur trois vive dans
l'une des 10 villes cosmopolites. (le vrai
titre de cet article :
Avec 74
milliardaires, Moscou a détrôné l'éternelle ville n° 1, New York,
qui est juste derrière avec 71 fortunés dont la richesse personnelle
s'élève en moyenne à 2,1 milliards d'euros.
Restaurants gastronomiques, night-clubs de renommée mondiale,
allégements fiscaux, sans oublier la proximité des centres
financiers internationaux.
Malgré
toutes les querelles entre New York et Londres qui se vantent de
leurs milliardaires, aucune des deux n'accueille le plus grand
nombre de milliardaires. Cet honneur revient à Moscou. ;;;
ce qui
donne une image fausse de cette répartition des milliardaires par
nationalité/continent ....la fleur des homentranche apatrides ...
.... une autre classement par religion serait également intéressant
...)
»
En images : Le Top 10 des villes de milliardaires
»
En images : Les passions des milliardaires
»
En images : Les milliardaires célibataires
»
En images : Neuf come-backs de milliardaires
»
En images : Huit batailles de milliardaires
La capitale russe abrite 74
milliardaires d'une valeur nette moyenne de 3,8 milliards d'euros.
C'est un bond assez significatif si l'on considère les cinq
résidents moscovites milliardaires de 2002. Parmi les riches
habitants de Moscou, on compte la personne la plus riche de Russie
en la personne du magnat de l'aluminium Oleg Deripaska,
qui vient d'annoncer son projet d'acquérir une participation dans
le groupe pétrolier Russneft, et Roman Abramovich
qui possède une propriété onéreuse à Londres, mais qui tient à ce
que Moscou soit sa résidence principale.
Pourquoi Moscou est-elle aussi
populaire auprès des fortunés de Russie ? D'après le pétrolier
milliardaire Viktor Vekselberg, «Le niveau de vie
à Moscou vaut celui de toutes les autres capitales du monde.» Et
il coûte moins cher. Un billet pour vous rendre au célèbre Théâtre
du Bolchoï russe, où de grands danseurs tels que Mikhail
Baryshnikov se sont produits, ne vous coûtera que 32
euros. Et les excellentes garderies gérées par le gouvernement
sont gratuites.
Moscou a détrôné l'éternelle
ville n° 1, New York, qui est juste derrière avec 71 milliardaires
et une valeur nette moyenne de 2,1 milliards d'euros. C'est la
première fois depuis 2001, date à laquelle nous avons commencé à
suivre de près les données de la ville, que New York n'est pas au
sommet du classement. Plus de la moitié de ces new-yorkais font
fortune dans le monde de la finance et des investissements.
Londres perd de son prestige
Parmi les autres magnats de New
York célèbres, on peut citer le maire Michael Bloomberg,
le nabab des médias Rupert Murdoch et le grand
chef de l'immobilier devenu star de la télévision Donald
Trump, qui déclare ceci à propos de sa ville natale :
«Tout est ici, tout est accessible et il y a toujours quelque
chose de formidable à faire.»
La troisième ville, qui arrive
loin derrière, est Londres. Nous avons trouvé à peine 36
milliardaires dont la résidence principale se trouve dans la
capitale britannique. Mais ce qui est intéressant, c'est que 18
d'entre eux sont des citoyens d'autres pays. Le premier de cette
liste est le géant de l'acier indien Lakshmi Mittal,
qui s'est classé quatrième de notre liste des milliardaires les
plus riches établie en mars dernier (il valait alors la somme de
28,8 milliards d'euros). «Je trouve que Londres est un excellent
endroit pour vivre à son aise en raison de sa situation
géographique,» affirme Mittal. «Je peux me rendre en avion à peu
près n'importe où en 12 heures.»
Parmi les autres éminents
étrangers qui résident à Londres, on peut citer l'homme le plus
riche d'Islande, Thor Bjorgolfsson, ainsi que le
magnat de l'expédition John Fredriksen qui a
récemment troqué sa nationalité norvégienne au profit de la
nationalité chypriote. Il a pourtant choisi de vivre à Londres, où
il possède l'une des maisons les plus chères de la ville. Il y a
également un certain nombre de milliardaires comme Abramovich qui
possèdent une résidence secondaire à Londres, mais qui ne la
considèrent pas comme leur habitation principale. New York City
n'abrite qu'un milliardaire étranger qui déclare y résider, et
Moscou n'abrite que des milliardaires russes.
Le poids de Mumbai
Les États-Unis possèdent
davantage de villes dans le Top 10 que n'importe quel autre pays :
quatre villes dont Los Angeles qui abrite 24 milliardaires comme
le réalisateur Steven Spielberg, Dallas qui en
abrite 15 comme le pétrolier milliardaire T. Boone Pickens, et San
Francisco avec 19 milliardaires comme les champions de la
technologie tels que Larry Page de Google (son
co-fondateur Sergey Brin et le milliardaire le
plus jeune du monde Mark Zuckerberg de Facebook
vivent non loin de là dans la Silicon Valley).
Hong Kong est la ville la plus
populaire chez les milliardaires asiatiques : 30 d'entre eux
vivent dans l'ancienne colonie britannique. Mais c'est Mumbai, en
Inde, qui peut se prévaloir d'être la ville de notre liste qui
abrite les milliardaires les plus riches. Les 20 milliardaires de
Mumbai, qui comptent deux des 10 personnes les plus riches du
monde (les frères Mukesh et Anil Ambani),
valent la somme moyenne de 4,9 milliards d'euros, l'emportant
facilement sur Moscou et sa moyenne de 3,8 milliards d'euros. Et
là où les milliardaires vont, le luxe suit. Ces centres de la
finance et de la culture vous accueillent à bras ouverts, du moins
si vous pouvez vous le permettre.
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Toujours plus de milliardaires russes
Mai
68 ... Du col Mao au Rotary
ERIC ZEMMOUR
Le Figaro 13/05/2008 |
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/05/10/01006-20080510ARTFIG00532-du-col-mao-au-rotary.php
La vague hédoniste de Mai 68 a favorisé la
société de consommation. Et l'idéal libéral-libertaire a permis à
certains soixante-huitards de faire carrière.
Karl Marx nous avait prévenus.
Les événements historiques se répètent deux fois, la première en
tragédie, la seconde en farce. Les enragés de Mai 68 avaient
l'impression d'ajouter une page à celles, déjà glorieuses, des
révolutions françaises : 1793, 1848, la Commune. En face, le
général de Gaulle les avait précédés : mai 58 fut un Brumaire
parfait. Et le voyage à Baden-Baden sera une fuite à Varennes
réussie.
Un Mai 68 peut en cacher un
autre : le combat décisif se déroule au sein de la gauche entre
gauchistes et communistes, pour le contrôle de la classe ouvrière.
Tout pousse communistes et gaullistes à une alliance objective :
les souvenirs de la guerre ; la prédilection du grand frère
soviétique pour la politique d'indépendance du Général ; et, plus
profondément, une même conception du monde, qui repose sur le
respect des hiérarchies, la famille patriarcale, le patriotisme.
En face, les « gauchistes » sont de farouches internationalistes ;
les dirigeants étudiants, qu'ils soient libertaires ou
révolutionnaires puritains, croient encore pouvoir concilier les
revendications sociales et sociétales. Leur rêve est d'entraîner
la classe ouvrière derrière eux. Ce que ne tolèrent pas les
communistes. La CGT leur ferme les portes de Renault Billancourt.
Cette rencontre manquée est une des scènes fondatrices de notre
modernité politique. Dépités, les chefs du mouvement étudiant
conserveront un ressentiment profond, aggravé lorsque les ouvriers
finiront par accepter les généreuses augmentations de salaires
octroyées par les accords de Grenelle. Les ouvriers ne seront plus
à leurs yeux que des petits-bourgeois. Ils avaient manqué à leur
destin révolutionnaire. Il faudrait « dissoudre le peuple ».
Les uns tourneront leurs regards (ils avaient commencé lors de la
guerre d'Algérie) vers le sud de la Méditerranée, et ces nouveaux
« damnés de la terre » ; les autres se tourneront vers les femmes,
« l'opprimée de l'opprimé ». Karl Marx - encore lui ! - avait
jadis analysé le rôle de « l'armée de réserve du capitalisme »,
qui accepte un salaire inférieur pour un travail similaire, et
permet au patronat de contenir les revendications salariales des
ouvriers en place. A partir des années 70, l'entrée massive des
femmes et des immigrés sur le marché du travail tiendra ce
rôle-là.
Mais les soixante-huitards n'en
avaient cure. Ils étaient passés à autre chose. Les plus
farouches, sans doute les Saint-Just ou les Baader qu'on n'aurait
pas, s'en allèrent quérir auprès de Dieu la quête d'absolu que la
politique n'avait pu leur donner. Les plus stratèges se
convertirent à la religion des droits de l'homme, et, au nom de la
lutte antitotalitaire, passèrent d'un maître à l'autre, d'un
empire à l'autre, de l'URSS (avec un intermède chinois) à
l'Amérique. Leur seule constante fut l'aversion pour la France,
jetée aux poubelles de l'Histoire. Les plus talentueux, les plus
soucieux de reconnaissance sociale, réussirent dans la publicité,
les médias, la communication.
Le triomphe du narcissisme
Ils furent les fers de lance
du nouveau capitalisme, qui reposait sur la consommation, et non
plus sur l'épargne, l'hédonisme et non le puritanisme,
l'individualisme et non plus la famille. Dès les années 60,
l'Américain Christopher Lasch avait bien montré comment le
narcissisme individualiste servait les intérêts de la nouvelle
aliénation capitaliste. Dès 1978, Régis Debray montrait comment
les libertaires soixante-huitards, en détruisant la famille
patriarcale, la nation, l'Etat, les frontières, avaient abattu les
derniers remparts à la domination du marché.
Avec beaucoup plus
d'efficacité que les révolutionnaires soixante-huitards, les
patrons du CAC 40 et leurs délocalisations, les technocrates de
Bruxelles et de l'OMC, imposeraient partout la mort des frontières
et l'affaiblissement des Etats. Et rétabliraient ainsi des taux de
profit minés par l'inflation et la hausse des salaires.
C'est ainsi que nos « enragés de
mai » jouèrent le rôle finalement peu enviable - mais très
profitable à la carrière de ses figures les plus médiatiques - «
d'idiots utiles » du capitalisme.
15.05.08
Danemark: le modèle
scandinave vire au dumping social
http://fr.altermedia.info/general/danemark-le-modele-scandinave-vire-au-dumping-social_13773.html
Elles ne sont que 34, mais ces
hôtesses de l’air chinoises recrutées en 2006 suscitent un vif
conflit entre leur employeur, la compagnie aérienne scandinave
SAS, et les syndicats danois. Au coeur de cette polémique, qui
rappelle furieusement les débats enflammés autour du fameux
plombier polonais au moment du référendum sur la Constitution
européenne, il y a la question ultrasensible du dumping social. Et
pour cause : SAS a embauché ces hôtesses… à Pékin, où elles sont
domiciliées. Sur les vols reliant la capitale chinoise à
Copenhague, elles travaillent donc côte à côte avec des
collègues scandinaves mais pour un salaire quatre ou cinq fois
inférieur, équivalant à quelque 600 euros brut par mois, selon les
syndicats.
17.05.08
1/4 de la faune a disparu en 35 ans
Par Altermédia
http://fr.altermedia.info/general/14-de-la-faune-a-disparu-en-35-ans_13784.html
Une étude publiée par la Société zoologique de
Londres et le Fonds mondial pour la nature (WWF) a révélé que
plus du quart de la faune mondiale a disparu depuis les années
70.
L’observation de quelque 1.400 espèces de
poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux ou mammifères permet de
conclure à un déclin de 27% de la faune en trente cinq ans. La
faune terrestre a reculé de 25%. La population animale en eau de
mer a chuté de 28% et celle en eau douce de 29%.
Nous vivons un de “grands épisodes
d’extinction” de l’histoire.
La mondialisation qui ambitionne de donner à tous les terriens
un mode de vie à l’américaine conduit la planète à sa
destruction, destruction des écosystèmes humains et des
écosytèmes naturels.
Si la tendance ne s’inverse pas, l’homme
prédateur consommateur courre à la destruction de toute vie sur
la planète.
20.05.08
Le MEDEF à la place de l'armée
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/05/le-medef-la-pla.html
Le ministre de la Défense a
écrit aux grands patrons à propos des bases abandonnées par
les armées :
"Certaines de ces emprises
militaires telles que les casernements, les ateliers,
les économats, les bases aériennes avec ou sans plate-forme
aéroportuaire (...) pourraient accueillir une société
comme la vôtre pour les investissements que vous envisagez".
Le Figaro
ajoute :
"Cette installation, fait-il
également valoir, pourrait "bénéficier du soutien de l'Etat
dans le cadre de sa politique d'aménagement du territoire".
Ce courrier a été adressé à bon nombre d'entreprises
du CAC 40 (Axa, Carrefour, Lafarge, Michelin, PSA,
Renault, Sanofi-Aventis, Saint-Gobain, Suez, Total et Veolia
environnement) ainsi qu'aux patrons de Auchan, Danone, Gaz de
France, Panhard ou encore Thales.
Pêche: l’immigration
“choisie” compensera la hausse du gasoil
http://fr.altermedia.info/general/peche-limmigration-choisie-compensera-la-hausse-du-gasoil_13802.html
La colère monte chez la
marins pêcheurs français écrasés entre la réglementation
européenne castratrice et l’envolée du prix des carburants (et
des taxes sur le carburant).
De son côté, le gouvernement
affiche une sérénité cynique car il a déjà prévu de compenser
la hausse du prix du carburant grâce à l’immigration
“choisie”. La pêche figure, en effet, sur la liste des
secteurs pour lesquels un appel actif à l’immigration sera
fait. Brice Hortefeux n’a pas perdu de temps et vient
d’ailleurs de signer avec le Sénégal un accord sur
l’importation de main d’oeuvre locale pour les ports français.
En clair, il est prévu de
maintenir rentabilité de la pêche française en tirant tous les
salaires de la profession. Avec sarkozy, la variable
d’ajustement ce ne sont pas les taxes mais les salaires! Qu’on
se le dise…
22.05.08
Abramovitch fait flamber le marché de l'art
mondial
http://www.lefigaro.fr/culture/2008/05/22/03004-20080522ARTFIG00339-quand-l-art-se-joue-a-la-roulette-russe.php
Ces grandes maisons, encore
plus paranoïaques que de coutume, adoptent alors des noms de
code pour protéger l'anonymat de leurs nababs. Qu'ils soient
Russes (KK par exemple) comme Viktor Vekselberg qui acheta en
bloc les œufs impériaux de Fabergé (Sotheby's, 2004) ou
Alisher Usmanov qui acheta en bloc pour 40 M$ la collection
Rostropovitch (Sotheby's, septembre 2007). Ou Ukrainiens comme
Viktor Pinchuk dont le musée de Kiev voit débarquer Larry
Gagosian, décidément le marchand roi de New York, ou Simon de
Pury, l'habile challenger des deux géants du marché. Ou
Indiens comme Mittal, repéré en train d'admirer les Klimt chez
Christie's en 2006. Ou du Golfe comme la famille royale du
Qatar. Ou Chinois comme Joseph Lau de Hongkong. Ou tout
bonnement Américain, comme Paul Allen, synonyme de Microsoft.
Mercredi soir, Abramovitch voyait son
équipe de Chelsea affronter en finale Manchester United à
Moscou. Jusque-là, ce redoutable conquistador était un inconnu
du monde de l'art.
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Manuel d'anti-économie
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/25/21/21/Manuel-antieco.pdf
Le début d’une
vraie critique de l’économie commence par la prise de
conscience que
toutes les comptabilités sont artificielles. Capitalisme, capital,
économie
sont de pures inventions de l’esprit humain.
Le
capitalisme fonctionne aux prophéties auto réalisatrices et à la
confiance. Si
vous y
croyez, si vous en acceptez les règles, le capitalisme fonctionnera,
pour
l’unique
raison que vous existez pour le faire fonctionner. De la même façon
que
si on
accepte les règles d’un jeu de société (le Monopoly pour faire un
parallèle
évident), le
jeu pourra se dérouler et offrira un destin aux joueurs.
p96 ..
Dès son
origine, le capitalisme a pour objectif d’assurer à une élite la
domination du monde. Il n’est attaché ni à la liberté d’entreprendre,
ni au
développement, ni à la démocratie, ni à la concurrence ; il ne défend
que l’ordre.
Le
capitalisme remplace la noblesse par une aristocratie de l'argent,
héréditaire
et sans
rapport avec le mérite individuel. Le salariat vient naturellement
prendre
la suite des
rapports féodaux entre serfs et seigneurs. Ce capitalisme n'est pas
démocratique.
Les banquiers
créent l'argent ex nihilo, le distribuent à un certain nombre de
personnes qui
défendront ce système parce que la hiérarchie créée leur est
favorable, le
font reconnaître comme richesse et unique vecteur de l'échange, et
prennent
possession des richesses matérielles avec cet argent.
L’Etat vient
apporter son soutien à cette mise sous coupe réglée de la société.
...
26.05.08
Crise financière : le krach parfait, par Martin Wolf
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1726
les scénarios du professeur Roubini ont été
suffisamment sombres pour provoquer des frissons. Mais son opinion
mérite d’être prise au sérieux. Il a tout d’abord prédit que les USA
seraient en récession en juillet 2006. A l’époque ses vues étaient
extrêmement discutables. Elles ne le sont plus aujourd’hui. Il
affirme maintenant qu’existe une « probabilité croissante d’une issue
« catastrophique » pour l’économie et la finance. » Les
caractéristiques de ce scénario seraient selon lui « un cercle
vicieux, où une profonde récession rendrait les pertes financières
encore plus sévères, ces pertes énormes et cet effondrement financier
rendant à leur tour la récession encore plus grave. »
Le professeur Roubini affectionne les
listes autant que moi. Voici ses 12 - oui, 12, étapes vers le désastre
financier.
29.03.08
Commentaire relevé sur un blog
http://a-vrai-dire.blogspot.com/2008/05/consommation_22.html
"Je ne sais pas si vous faites
implicitement référence au livre récemment publié par les éditions de
l’Homme nouveau « Etre consommé » de William Cavanaugh, mais il
est vrai qu’à force d’être transformés en acheteurs, c’est nous – et
pas seulement nos revenus – qui sommes consommés
Le drame que prépare cette « concurrence » exacerbée, c’est que d’une
part le plus fort (ou le plus immonde) démolit ses concurrents ; et
d’autre part qu’il n’y a pas de miracle : pour réduire les prix de
vente sans perdre sur les bénéfices, il faut réduire les coûts :
salaires des employés et prix d’achat des marchandises, ce qui
revient à étrangler les producteurs français ou à acheter dans les
pays à bas salaires et à condamner nos concitoyens au chômage.
En prime, voici quelques citations du livre La fabrique du crétin
de Jean-Paul Brighelli : ce n’est pas notre école de pensée – en
particulier au plan religieux – mais on retrouve des convergences
fortes entre cette analyse de gauche et nos propres constats :
"Un crétin, taillable et corvéable à merci, au nez duquel on agiterait
le chiffon rouge des trois millions de chômeurs qui, peu ou prou, sont
nécessaires à la parfaite obéissance des travailleurs intérimaires.
Le système a produit ce qui lui était nécessaire : une main-d’œuvre
bon marché, mise en concurrence avec un sous-prolétariat exotique.
Le néo-libéralisme a rétabli la misère ; il était logique que
parallèlement il réhabilitât l’ignorance.
Rien de plus adéquat au néocapitalisme sauvage de la mondialisation
qu’une École vouée à fabriquer des imbéciles."
___________________________________________
http://fr.novopress.info/?p=11579#more-11579
« L’Europe est fondée sur la
liberté de circulation des personnes et des biens »
réaffirme Nicolas Sarkozy lors de sa visite en
Pologne
Pour
les mondialistes – de Besancenot à Sarkozy – la planète n’est qu’un
vaste marché dans lequel les biens et les personnes doivent pouvoir
librement circuler. A l’occasion de son voyage en Pologne, Nicolas
Sarkozy vient de réaffirmer ce postulat fondamental de la
bonne gouvernance ultralibérale.
_______________________________________
http://fr.novopress.info/?p=11577
L’agriculture a été sacrifiée sur l’autel du marché
« Il y bien longtemps que les campagnes du monde
ont été saignées à blanc, que l’agriculture a été sacrifiée sur
l’autel du marché. Destruction de cultures pastorales ancestrales en
Afrique où des peuples d’agricultureurs millénaires ont été broyés,
politiques agricoles peu subventionnées ou méprisées au profit de
l’industrie et de l’exploitation des matières premières laissant une
agriculture vivrière ou de subistance en lambeaux. »
______________________________________ 1.06.08
Au centre du développement, il y a toujours la personne
Benoît XVI a reçu samedi la Fondation «Centesimus
Annus».
Il a notamment déclaré :
"La croissance économique ne doit jamais
s'éloigner de la recherche d'un développement intégral humain et
social [...] le grand défi aujourd'hui est de
globaliser non seulement les intérêts économiques et commerciaux,
mais aussi les espérances de solidarité, dans le respect et
dans la valorisation de l'apport de chaque composante de la société
[...] un développement harmonieux est possible, si les choix
économiques et politiques tiennent compte de ces principes
fondamentaux qui les rendent accessibles à tous : je me
réfère en particulier aux principes de subsidiarité et de solidarité
[...]
Au centre de chaque plan économique, spécialement
en considérant le vaste et complexe réseau de relations qui
caractérise l'époque post-moderne, il faut toujours qu'il y
ait la personne, créée à l'image de Dieu et voulue par Lui
pour garder et gérer les immenses ressources de la création [...]
Seule une culture partagée par une participation responsable
et active peut permettre à chaque être humain de ne
pas se sentir un témoin passif, mais un collaborateur actif dans le
processus du développement mondial [L'homme] a le devoir de
faire fructifier tous les biens terrestres, en s'engageant à les
utiliser pour satisfaire les nécessités multiples de chaque membre
de la famille humaine [...]
[il faut] éviter que le profit soit seulement
individuel ou que des formes de collectivisme oppriment la
liberté personnelle [...] L'intérêt économique et
commercial ne doit jamais devenir exclusif, parce qu'il viendrait à
violer de fait la dignité humaine [...] pour que le
processus de globalisation en place dans le monde, investisse
toujours plus le domaine de la culture, de l'économie, des finances
et de la politique [il est nécessaire de considérer]
l'importance de l'apport des parties intermédiaires selon le
principe du subsidiarité, pour contribuer librement à
orienter les changements culturels et sociaux et les concrétiser par
un progrès authentique de l'homme et de la collectivité".
02.06.08
Lu sur Catholiques en Campagne,
suite à la visite de Nicolas Sarkozy en Pologne :
"Il vient en effet d'y annoncer
qu'à partir du 1er juillet 2008, tout ressortissant des pays de
l'ex-bloc soviétique (Pologne, Hongrie, République tchèque,
Slovaquie, Hongrie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovénie)
pourra venir s'installer en France et y travailler, sans
restrictions, ni de secteur économique, ni de durée.
[...] Cette libéralisation totale du marché du travail a en effet
mécaniquement un certain nombre d'effets pervers.
Le plus évident est cet "appel
d'air" provoqué depuis les pays à bas coût de main
d'oeuvre et à faible protection sociale vers les pays plus riches
où le coût de la vie et du travail est plus élevée, avec
comme conséquence directe le maintien d'une pression artificielle
à la baisse sur les salaires et donc sur le pouvoir d'achat.
Par ailleurs, il a pour effet de déséquilibrer les corps
organiques que sont les économies locales en les privant d'un
certain nombre de ressources humaines importantes pour leur
harmonie. Poussé à l'extrême, on en revient un
peu à la misère humaine du XIXième siècle provoquée par la
destruction légale de toutes les structures economico-sociales
pour que ne restent que l'individu et l'Etat.
Il faut donc se rendre à
l'évidence : cette décision (saluée bien évidement par Bruxelles)
est une manifestation d'une volonté beaucoup plus idéologique.
Il faut faire de nous des "déracinés". Il
faut que tout circule et se vende, et de plus en plus vite : les
capitaux, les marchandises, les biens, et maintenant les hommes.
[...] Dans notre vieille Europe, c'est notre civilisation
chrétienne qui se dissout ainsi dans ce maleström. De là à
conclure que le but est là, il n'y a qu'un pas."
6.06.08
La France autorisera les paris sportifs en ligne
à partir du deuxième semestre 2009
http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/06/06/la-france-autorisera-les-paris-sportifs-en-ligne-a-partir-du-deuxieme-semestre-2009_1054940_3234.html#ens_id=1054941
Après l'avoir présenté à la
Commission européenne, mercredi, le ministre du budget, Eric
Woerth, a choisi comme cadre, vendredi 6 juin, Roland-Garros pour
détailler pour la première fois le projet de loi qui lancera
l'ouverture du marché des jeux et paris sportifs sur Internet,
réclamé de longue date par Bruxelles. La Commission européenne,
qui conteste en effet le monopole de la Française des jeux et du
PMU, avait envoyé il y a un an à Paris un "avis motivé",
traditionnellement son dernier avertissement avant un renvoi
devant la Cour européenne de justice, pour exiger l'ouverture du
marché des jeux français.
Cette "ouverture globale" à la
concurrence sera effective au deuxième semestre 2009, a précisé M.
Woerth, qui a ajouté que cette évolution "ne concernera pas les
jeux et paris dans le réseau physique", comme les buralistes ou
les jeux de grattage, mais uniquement les paris en ligne. "Pour
les courses hippiques, nous confirmons que seuls les paris mutuels
seront autorisés", a néanmoins expliqué le ministre. Des
discussions auront lieu avec chaque ligue et chaque fédération
pour négocier l'ouverture des paris en ligne au cas par cas. La
France devrait également ouvrir à la concurrence certains jeux de
casinos, comme le poker et le black jack, "sous réserve de
discussions avec les opérateurs".
................
10.06.08
L'offre du pétrole supérieure à la demande, le prix élevé est
causé par la spéculation
Voici un extrait d'un article lu
sur Polémia,
mais l'intégralité est intéressante :
"[U]n calcul prudent
montre que, dans le prix du baril de pétrole brut
d’aujourd'hui, au moins 60% des 128 dollars sont dus à la
spéculation à terme non réglementée des fonds
de placement à risque, des banques et des groupes financiers.
[...] Ce « bras de levier » exceptionnel de 16 pour 1 permet
d’amener le prix à un niveau follement irréaliste et de
compenser les pertes bancaires du subprime et des
autres catastrophes au détriment de l'ensemble de la population
[mondiale].
18.06.08
Une Marianne pour "vendre la France"
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/06/une-marianne-po.html
Tout un symbôle
!Le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, Hervé Novelli a
présenté ce matin la "Marianne en mouvement",le logo de la
nouvelle "marque France", et ajouté :
"Vendre la France, c'est vendre ses
destinations, ses valeurs, ses services, son accueil".
Les mots ont un sens!
7.12.08
http://www.zenit.org/article-19557?l=french
Dans une lettre envoyée au
philosophe italien Marcello Pera, pour son dernier livre
ROME, Vendredi 5 décembre 2008 (ZENIT.org)
- Benoît XVI a écrit une lettre au philosophe et sénateur italien
Marcello Pera pour le remercier de la contribution apportée par
son dernier livre, où il montre que la base du libéralisme se
trouve dans la relation de la personne avec Dieu.
L'ouvrage, intitulé « Perché
dobbiamo dirci cristiani. Il liberalismo, l'Europa, l'etica »
(« Pourquoi devons-nous nous dire chrétiens. Le libéralisme,
l'Europe, l'éthique »), contenant le message du pape, a été
présenté jeudi à Rome.
Après avoir reconnu que la
lecture de ce livre était « passionnante », le pape a souligné
qu'il partageait les observations qui y sont faites, notamment
« l'analyse sur l'essence du libéralisme à partir de ses
fondements » qui montre qu'« à l'essence du libéralisme appartient
son enracinement dans l'image chrétienne de Dieu : sa relation
avec Dieu dont l'homme est l'image et dont nous avons reçu le don
de la liberté ».
Marcello Pera (Lucques, 28
janvier 1943), président du sénat italien sous la XIV législature,
a centré sa recherche sur les études du philosophe autrichien Karl
Popper, un théoricien de la « société ouverte », dont il était un
ami personnel.
« Dans une logique indéniable,
reconnaît le pape dans sa lettre, vous montrez que le libéralisme
perd sa base et se détruit lui-même s'il abandonne ce fondement ».
« Votre analyse sur ce que
peuvent être l'Europe et une Constitution européenne où l'Europe
ne se transformerait pas en une réalité cosmopolite, mais
trouverait, à partir de son fondement chrétien libéral, sa propre
identité est d'une importance capitale », ajoute-t-il.
Le pape trouve également « très
significative » l'analyse de Marcello Pera sur « les concepts liés
aux dialogues interreligieux et interculturel ».
L'œuvre du philosophe,
souligne-t-il, « explique très clairement qu'un dialogue
interreligieux au sens strict du terme est impossible, alors que
le dialogue entre les cultures, qui approfondit les conséquences
culturelles de la décision religieuse de fond, se révèle beaucoup
plus urgent ».
« Alors que dans le premier cas
un vrai dialogue n'est pas possible sans mettre entre parenthèses
sa propre foi, il faut affronter dans le débat public les
conséquences culturelles des décisions religieuses de fond »,
explique-t-il.
« Dans ce cas le dialogue et une
correction mutuelle et un enrichissement réciproque sont possibles
et nécessaires, relève-t-il. Concernant cette contribution sur la
signification de tout cela pour la crise contemporaine de
l'éthique, je trouve important ce que vous dites sur la parabole
de l'éthique libérale ».
Selon Benoît XVI, Marcello Pera
« montre que le libéralisme, sans cesser d'être un libéralisme
mais au contraire, pour être fidèle à soi-même, peut renvoyer à
une doctrine du bien, en particulier à la doctrine chrétienne qui
lui est congénère, offrant ainsi vraiment une contribution au
dépassement de la crise ».
« Sobre et rationnel, ce
livre, aux arguments forts et aux riches informations
philosophiques, est à mon avis d'une importance fondamentale en
cette heure de l'Europe et du monde », écrit-il.
Dans un entretien accordé à
Radio Vatican le 28 novembre, Marcello Pera a confié ses espoirs
que Benoît XVI aide le libéralisme à trouver ses racines.
Son magistère, a-t-il expliqué,
« est un défi qu'il lance aux non croyants, aux laïcs, sur leur
propre terrain, et il les invite à se convertir : il les invite à
trouver un terrain commun sur les mêmes libertés, sur les mêmes
droits de l'homme ».
« Ce n'est pas un hasard, ce
pape est le pape du dialogue interculturel, autrement dit de ce
dialogue qui doit mettre en évidence quels sont les droits
fondamentaux de l'homme qui doivent être acceptés par tous »,
ajoute-t-il.
Le philosophe italien a aussi
expliqué les motifs pour lesquels le libéralisme est parfois
devenu antichrétien.
« Pour ce qui est de l'Europe
en particulier, il y a une explication historique, a-t-il
souligné. Bon nombre de libéraux se sont souvent trouvés en
conflit avec l'Eglise catholique, et c'est un fait amer de
l'histoire de l'Europe qui ne se vérifie pas dans l'histoire de
l'Amérique ».
« Certains Etats nationaux,
l'Italie et la France, se sont d'ailleurs constitués comme
Etats-nations en s'opposant, en entrant en conflit avec l'Eglise
catholique ».
« Ceci a engendré un phénomène
bien connu qui est l'anticléricalisme, et l'anticléricalisme en a
engendré un autre : celui que j'appelle dans mon livre ‘l'équation
laïque', autrement dit libéral = non chrétien ».
« Ceci est une erreur, car on
peut discuter historiquement des mérites ou non de l'Eglise
catholique en Europe lors de la fondation des Etats nationaux,
mais on ne peut discuter de l'importance du message chrétien »,
indique-t-il.
« Nous voyons bien cela
aujourd'hui, car si nous faisons ce deuxième choix, c'est-à-dire
si nous passons de l'anticléricalisme à l'antichristianisme, ce
qui équivaudrait à une apostasie du christianisme, nous perdons
les qualités mêmes, les vérités mêmes, les fondements mêmes de ces
libertés et de ces droits sur lesquels se fondent nos Etats
libéraux ».
Jesús Colina
Traduction française :
Isabelle Cousturié
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