Du christianisme et du libéralisme

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Présentation :...

  1.  Du christianisme au libéralisme ...article de Maurice Sachot - extrait de  la revue Médium - N° 15 - avril mai juin 2008 Directeur : Régis Debray - 10 rue de l'Odéon 75006 Paris ... tel 01 40 46 01 88

  2. Le libéralisme doit se rouvrir à Dieu, explique Benoît XVI

 

Extraits :  

 Du christianisme au libéralisme Comme la religion chrétienne avait construit sa fiction du monde autour de la notion de salut, le néolibéralisme se donne lui aussi comme réalité du monde. Sa vérité est indiscutable, comme si elle était révélée. Comme le « monde séculier » pour la religion chrétienne était le lien du salut, mais sans intérêt pour lui-même, le « monde » (qui comprend ici les hommes) est le lieu du salut du capital financier. Il petit donc être exploité sans vergogne. Son étude n'a plus d'intérêt que dans la mesure où elle permet d'augmenter ou de renouveler le profit financier. La scientificité est totalement instrumentalisée pour être mise au service du capital. Elle n'existe plus avec ses exigences propres. La nouvelle cléricature, à savoir les financiers, les économistes, les sociologues, les psychologues et tous les autres savants, est réquisitionné pour justifier, légitimer et faire fructifier les intérêts des capitalistes. Elle est la seule interprète autorisée de la doctrine, parce que, à l'image des prêtres, elle tient un discours qui est comme celui d'une foi, qui s'interdit toute critique et s'autocensure a priori. Il n'y a plus d'instruction, mais uniquement de l'éducation. Il n'y a plus de culture personnelle, mais de l'acculturation. Il n'y a plus de questions à instruire portées par des disciplines, mais des savoirs à inculquer. Il n'y a plus d'hommes instruits, mais des spécialistes, des « imbéciles compétitifs », comme l'a écrit Régis Debray *. .........Toute idée considérée comme dangereuse est soit ridiculisée par le néolibéralisme,..... Il n'y a donc pas à imaginer un monde différent. Penser autrement, c'est être hérétique, schismatique. .... La recherche de la croissance indéfinie du capital remplace la recherche de la perfection chrétienne.

 

Le libéralisme doit se rouvrir à Dieu, explique Benoît XVI  « Nous voyons bien cela aujourd'hui, car si nous faisons ce deuxième choix, c'est-à-dire si nous passons de l'anticléricalisme à l'antichristianisme, ce qui équivaudrait à une apostasie du christianisme, nous perdons les qualités mêmes, les vérités mêmes, les fondements mêmes de ces libertés et de ces droits sur lesquels se fondent nos Etats libéraux ».  

 

en z relations ....  homentranche ...

 

Quelques traces ...relevées par ailleurs ce même jour sur internet ...:

France: une entreprise veut reclasser des salariés licenciés au Brésil et en Turquie

“Nous avons besoin d’immigrés !”

l’économie de marché sera un des terrains d’affrontement indirect entre les puissances majeures de ce monde

Union européenne : la nouvelle union soviétique ?

La Tunisie et la France ont signé ce soir un accord dit de gestion concertée des flux migratoires

Le patriarche de l'Eglise orthodoxe serbe condamne les "tyrans de ce monde"

je déclare que notre présent et notre futur sont intimement liés.

Juifs, musulmans, chrétiens. Les dernières nouvelles du chantier du dialogue

la municipalité roannaise lui a refusé l'entrée dans cette école par respect du principe de laïcité

Comment inciter les parents à se séparer de leurs enfants ?

Le sort de 900 travailleurs sans papiers bientôt réglé, celui de milliers d'autres ouvert

l'Église et la famille constituent un temple unique de l'éducation chrétienne

en dissociant complètement la sexualité de la reproduction, on créait les bases pour des transformations anthropologiques irréversibles.

Saint George contrarie-t-il les musulmans ou les laïcistes ?

Des maris et des pères qui ne parviennent plus à se faire respecter, la société de consommation qui promet aux jeunes de satisfaire leurs attentes. C’est donc ça, Mai 68 ?

Pour le droit au blasphème

 

.... etc ..... cela pourrait être sans fin ...

 

suite voir les traces de l'homENTRANCHE et de l'homENUN

Et pour illustrer le propos ci-dessus..... autres traces ..

 Enfin une grille de lecture complémentaire :

Military or Market-Driven Empire Building: 1950-2008

As the U.S. presidential campaign predictably displays a competition in militarism and allegiance to Zionist interests, the militaristic model of governance, which has largely prevailed so far in this century within the power circles, has nonetheless failed in terms of empire building. James Petras takes a historical look at the competition between this military powered empire building model, and the market powered one, to point out that eventually, while the inefficient military colonial policy crippled the U.S. economy, it was paving the way for economic competitors to reap the benefits of globalization.

20.05.08

et voilà que nous même " Market-Driven Society" vient se placer sous le Military-Driven Empire  ... en déconfiture ....

 

Initiation à la mentalité chinoise ......et application à l'économie ... homocoques en chinois

et depuis peu :

 

   Qu'est-ce que l'anti-américanisme ?                                
 

 

n  Du christianisme au libéralisme

Auteur:   MAURICE SACHOT

Source:  la revue Médium   N° 15

 Directeur : Régis Debray - 10 rue de l'Odéon 75006 Paris

tel 01 40 46 01 88

Date : 2ième trimestre 2008    

 

page .... 5 ..... de la revue Médium N°15

Le libéralisme s'est formé dans un monde où le christianisme, en tant que religion, était devenu l'instance instituante. Sa possibilité et sa chance de réussite tiennent à ce qu'il puisse rejouer le même type de transformation que celui-ci a effectué lorsqu'il s'est qualifié de religion et a été reconnu comme telle par les institutions politiques de l'époque. Le néolibéralisme entend être au monde d'aujourd'hui ce que le christianisme fut au monde romain : assumer la fonction architectonique de l'ensemble du monde, en devenir l'instance instituante, non plus de l'extérieur (comme une Église), mais de l'intérieur (comme instance immanente).

La rupture que nous vivons aujourd'hui n'est pas, malgré les apparences, entre la christianité et la modernité néolibérale. Elle s'effectue à l'intérieur d'un même ensemble structurel que le christianisme a façonné. Cependant, de même que ce dernier s'est décliné en divers christianismes, le libéralisme se décline en divers libéralismes. Le libéralisme européen qui tente de s'imposer via les institutions européennes n'est pas, par exemple, le libéralisme anglo-saxon. Et, à l'intérieur de l'espace européen, son extension et son imposition ne sont pas ressenties de la même manière selon que l'on est de culture protestante, qui y est plutôt favorable, parce qu'il en est l'aboutissement séculier, ou que l'on est

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de culture catholique et française, qui y est opposée, parce qu'elle y voit une abolition pure et simple de l'ordre politique sous sa forme républicaine. C'est à partir de cet espace français et du libéralisme européen que nous envisageons ici d'aborder cette rupture, en nous permettant d'inviter le lecteur à se reporter à notre Quand le christianisme a changé le monde 1.

STRUCTURE DE LA CHRISTIANITÉ COMME ARCHÉTYPE HISTORIQUE DE LA CIVILISATION OCCIDENTALE

Par christianité, il convient d'entendre le type de régime civilisationnel et culturel dans lequel le christianisme a été la force fédératrice, l'instance instituante, jusqu'à l'organiser en chrétienté, et qui, aujourd'hui, se déploie plutôt sous des formes sécularisées ou laïcisées. La christianité implique en amont les civilisations antiques que le christianisme a engagées dans un devenir qui les a rendues caduques en tant que telles. Elle implique en aval les civilisations qu'elle a fait advenir et fait encore advenir en les englobant dans une "mondialatinisation », comme appelle Jacques Derrida l'extension planétaire de la « christianité romaine ». Le néolibéralisme fait partie de la christianité. En Europe, il se présente même comme la reprise séculière du christianisme dans sa fonction architectonique, reprise aux sens que les Allemands attachent au terme de Aufhebung, à savoir ce qui prend la relève, à la fois en achevant, dépassant et remplaçant. Parce qu'il est historique (et non atemporel et éternel), parce qu'il caractérise la civilisation occidentale par rapport à toutes les autres, parce que, enfin, il constitue un modèle toujours opératoire, nous qualifions ce type de régime d'archétype historique de la civilisation occidentale 1.

Ce régime s'est mis en place à la fin du IV siècle de notre ère, à la suite de divers édits promulgués par Théodose le Grand (379-395), dont le premier parut le 28 février 380. On peut affirmer que l'Occident est véritablement né à ce moment-là et qu'il est né comme christianité. Deux grandes caractéristiques le spécifient.

D'abord, la formation d'une société duale ou bipolaire, constituée de deux entités bien distinctes, sans confusion possible, et n'ayant pas le même statut : l'une, l'Église, structurée comme un État et jouissant de toutes les prérogatives (institutionnelles, intellectuelles, spirituelles, rituelles, symboliques... ), l'autre, la cité, regroupant tout ce qui n'est pas l'Église - le reste -, constituée comme par défaut et disqualifiée par la première en « monde », en « siècle », privée désormais du centre qui lui donne une existence propre et autonome. Un corps siamois, mais avec une seule tête, fixée sur le corps Église. Le corps « monde », lui, est un corps sans tête. Il n'a plus la possibilité de se penser et de se diriger par lui-même. Il n'a d'existence que comme réalité externe et subordonnée. Il est même pour la religion-Église comme son territoire, plus exactement la « colonie » dans laquelle il vit comme en « exil », lui lieu de transition dans lequel il convient de ne pas s'attarder et auquel il ne faut accorder que l'attention nécessaire à l'acquisition des biens véritables, les biens célestes, tout en lui imposant sa loi comme à une « servante » 3. Dans le vocabulaire juridique élaboré à ce moment-là, on justifie intellectuellement cette répartition en disant que la société-Église détient l'auctoritas (l'autorité) sur tout et la potestas (le pouvoir) sur son domaine propre, tandis que les instances politiques et sociales ne jouissent plus que d'une simple potestas, un pouvoir d'exécution.

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Ce qui avait existé auparavant fût déclassé et en grande partie détruit  : l'église, comme lieu et comme institution, devint le substitut de tous les lieux où, jusqu'alors, le peuple s'assemblait, élaborait ses lois, jugeait, s'amusait, se détendait, se cultivait, s'exprimait... Il n'y eut pas que les temples ou autres lieux de culte qui furent fermés ou démolis : cirques, théâtres, thermes, gymnases, arènes, écoles de philosophie, tout ce qui faisait jusqu'alors la civilisation et dont ces lieux étaient les supports et les signes subit le même sort. Même les événements de la vie personnelle et familiale furent transformés en événements de la religion-Église, à savoir en sacrements. Tremblements de terre, guerres, pirates et barbares ont sans doute eut leur part dans cette destruction. Mais la réduction de nos antiques cités en ruines fut aussi et peut-être avant tout l'effet direct de la christianisation de l'empire et de la société. On ne conserva et ne valida que ce qui pouvait être utile à l'Église ou assumé par elle, ce qui, en quelque sorte, pouvait être intégré selon le même rapport que celui qui régissait la reprise de l'ancien Israël par l'Église : Ancien Testament-Nouveau Testament. De même que l'ancien Israël n'eut d'intérêt que dans la mesure où il annonçait, préfigurait et préparait la venue du « véritable Israël », l'Église (non le judaïsme rabbinique!), de même les anciennes civilisations, désormais qualifiées d'antiques, n'eurent quelque intérêt que dans la mesure où elles préfiguraient, annonçaient et préparaient la venue de la religion-Église. Si, du point de vue de la théologie chrétienne, il apparaît légitime de couper l'histoire du monde en deux périodes et de situer la rupture entre les deux à la naissance de Jésus, qualifié de Christ (conception qui, à la suite de la proposition de Denys le Petit, sera à l'origine de notre ère chrétienne), d'un point de vue historique, la véritable rupture qui marque la fin des mondes anciens et l'avènement du monde occidental proprement dit eut lieu en cette fin du iv' siècle, quand l'Église chrétienne reçut un statut de religion d'État.

En second lieu, la religion chrétienne, en tant qu'institution, se compose elle-même de trois instances, dont chacune réfère plus particulièrement à l'un des trois milieux culturels et linguistiques dans lesquels le mouvement chrétien s'est implanté au cours des premiers siècles : l'instance personnelle, héritée du milieu sémitique ; l'instance intellectuelle, reprise à la philosophie grecque, en milieu hellénistique ; l'instance institutionnelle, enfin, affirmée par suite de son inscription en milieu latin et romain. Révélateurs sont, par exemple, les types de textes que produisent et lisent les chrétiens. Dans les assemblées liturgiques, ce sont les textes « bibliques », ceux de l'Ancien Testament (d'origine juive) et ceux du Nouveau Testament (d'origine chrétienne). Ces textes sont considérés comme l'expression même de la Parole de Dieu, de la Révélation divine. Dieu est le sujet énonciateur. Leur enracinement sémitique est patent. Dans la formation des chrétiens (catéchuménat) et dans les ouvrages d'élaboration conceptuelle, le discours et les textes relèvent plutôt de la tradition philosophique grecque, hellénistique et judéo-hellénistique. Comme ils font état d'une pensée propre, ils sont pour la plupart sauvegardés et communiqués sous le nom de leurs auteurs, véritables ou pseudonymes. Mais ils ne sont normalement pas lus dans les assemblées, à l'exception des rares textes qui, à l'instar de ceux qui ont été insérés dans l'Ancien Testament des chrétiens, sont entrés dans la composition du Nouveau Testament. Dans les assemblées des évêques (les conciles), enfin, les textes sont de nature soit proprement théologique (au sens d'énoncés de la foi), soit juridique (textes canonico-liturgiques), les premiers étant souvent énoncés dans le registre des seconds : le terme « dogme » (dogma) qualifie aussi bien une sentence philosophique - en l'occurrence une sentence théologicophilosophique - qu'un décret impérial. Autrement dit, ils sont avant tout dans la figure de la romanité. Le « nous » collectif dans lequel s'énoncent les auteurs

..... 10....est dans la figure de l'autorité institutionnelle (équivalente du Sénat). Lui est souvent joint l'Esprit-Saint, substitut du peuple dépossédé de son autorité et figure de l'autorité divine dont l'épiscopat se dit être le seul dépositaire.

Significatif est encore le mode d'interprétation de ces textes. Il est dogmatique et herméneutique. La vérité n'est pas une construction personnelle du croyant : la foi est une redditio, une redite dans les mêmes énoncés de ce qui est proposé par l'institution. Le savoir est normé et non problématisé : comme l'écrira un peu plus tard (en 434) saint Vincent de Lérins, « il faut s'en tenir à ce qui partout, à ce qui toujours, à ce qui par tous est cru », teneamus quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est (Commonitorium, II, 5). Et de reprendre, un peu plus loin, cette formule de l'évêque de Rome Étienne 1er (évêque de 254 à 257) : « Rien ne doit être innové, qui ne soit de la tradition », nihil nouandum est, nisi quod traditum est (VI, 7). Le discours de vérité qui est tenu ne se construit pas à partir d'une observation du monde. Il est uniquement une parole, et même une parole d'autorité qui se construit sur une interprétation ou herméneutique autorisée des textes qualifiés (Écritures, textes conciliaires... ), et selon une typologie de significations particulièrement développée (les sens de l'Écriture).

Le résultat en est que les éléments que le mouvement chrétien doit à chaque milieu culturel sont en même temps subvertis. Dans la figure de « Christ », Jésus subvertit Moïse. Il est le véritable transmetteur, le seul médiateur (mesites, Heb 8, 6 ; 9, 15, etc.) de la Révélation divine, à partir duquel se forme un nouveau peuple, se scelle une alliance nouvelle et définitive, s'écrit une nouvelle Écriture, s'annonce une nouvelle Terre promise... Devenu philosophie et, donc, christianisme, le mouvement chrétien subvertit la démarche philosophique, fruit de l'investigation humaine et jamais achevée, en démarche de Révélation, don de Dieu lui-même et affirmée comme achevée. Qualifié de religio, le christianisme subvertit ce que l'on entendait alors par ce terme, puisque, désormais, c'est lui-même qui en donne la définition.

DU CHRISTIANISME AU NÉOLIBÉRALISME

Si nous qualifiions d'archétypale cette structure à laquelle a conduit la genèse de l'Occident sous l'effet de la constitution du mouvement chrétien comme christianisme, puis comme religion, c'est parce que toutes les transformations qu'a connues l'Occident depuis lors se sont faites à l'intérieur de cette structure. Elles n'ont été que des variations ou des mutations de ce même texte premier, et non une réécriture proprement palimpsestique, si ce n'est, pensé en Occident mais réalisé hors de ses frontières, le communisme. Et de même qu'un état premier du texte peut persister pendant que se forment des copies comportant des variantes fort éloignées de l'original, de même se côtoient en Occident le modèle original (conservé par l'Église catholique) et d'autres recompositions, religieuses ou séculières.

DEUX TRANSFORMATIONS INTERMÉDIAIRES : LE PROTESTANTISME ET LA RÉPUBLIQUE LAIQUE

La réforme protestante ne remet pas en cause la distinction fondamentale entre l'Église et le monde séculier. Celui-ci est toujours sous la tutelle de la religion-Église. Parce que ni le pape ni le concile, représentants et de l'instance institutionnelle, et de l'instance intellectuelle, n'ont répondu à l'appel de Martin Luther, seule l'instance personnelle est conservée. Tout est défini à partir du .... 12....« sujet ». Le premier sujet est Dieu, qui demeure le seul énonciateur du vrai et du bien. Le second sujet, vu dans le miroir de Dieu (« à son image »), est tout chrétien. La Bible (non plus l'institution ni la scientificité) est le seul moyen de connaître la volonté de Dieu. Elle est la seule « instance » médiatrice reconnue. L'homme est sauvé par la seule foi (sola fide), par la seule grâce (sola gratia) et par la seule Écriture (sola scriptura). La dénégation et l'occultation de l'instance épistémique comme instance instituante entraîne : 1) une épistémologie spéculaire et angoissante (« suis-je sauvé ? » ; la réussite dans le monde en serait-elle le signe, voire la preuve ?) ; 2) le pluralisme de la pensée et des institutions (ce sont les croyances qui font les Églises et non l'inverse - autant de « sectes » qu'il y a de croyances ou d'affinités de croyances) ; 3) le pragmatisme (puisqu'il n'y a pas d'exigence épistémique, la connaissance n'est pas autonome. Elle est totalement instrumentalisée, au service de l'intérêt individuel). La dénégation et l'occultation de l'institution comme instance instituante entraînent, outre celle de l'État-Église, celle de l'institution civile : d'où la priorité donnée à l'appartenance religieuse sur l'appartenance politique (celle-ci est au service de la foi, notamment dans le calvinisme) ; la « société » comme monde indifférencié tient lieu d'instance civile auto-instituante (elle devient l'équivalent de Dieu dans une version totalement sécularisée) ; la distinction entre la religion et la société (l'ordre politique) tend à s'estomper. Foi et patrie vont de pair : « On a la religion de son prince » (cuius regio, eius religio). Le pluralisme, le communautarisme et le patriotisme en sont les manifestations les plus patentes. Cette double occultation est exprimée par la thèse du « libre examen » , qui libère l'individu de toute contrainte institutionnelle (en réalité, du rapport nécessaire aux autres dans l'établissement du vrai et du bien) et de toute contrainte épistémique (la soumission à la raison, à des exigences épistémiques qui s'imposent à tous). Ce 

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qui conduit à la suprématie de l'opinion et, sans la foi (dans la perspective d'une sécularisation achevée), à la thèse du sujet auto-instituant et à la transformation des inégalités de fait en inégalités de droit (la réussite est le salut ; l'excellence est pour les sauvés et le mépris pour ceux qui échouent, puisqu'ils sont condamnés par Dieu... ).

L'avènement d'une république laïque, dont les principes (et non le mot) sont acquis avec la Révolution française en 1789, repose sur une transformation encore plus radicale du modèle initial. Tout d'abord, est supprimée la bipolarité institutionnelle religion-Église-société. Ne reste désormais qu'une seule instance, d'essence politique : « la République ». C'est elle, et non plus la religion, qui détient l'auctoritas en même temps que la potestas, qui définit le lien entre les personnes formant société. Cette nouvelle instance n'est pas une « communauté » au sens institutionnel du terme et encore moins selon son modèle chrétien, même si ce mot est conservé dans les textes constitutionnels. Elle est une koinônia, « une mise en commun ». En effet, la République n'est pas en tant que telle une institution. Elle n'est rien d'autre que les citoyens eux-mêmes. Elle est une exigence de rationalité par laquelle les citoyens instituent ou reconnaissent comme instituantes les institutions qui la constituent et qu'elle transcende (patrie, nation, État, société... ). En second lieu, cette nouvelle instance sera la reprise et la subversion du modèle interne de la religion-Église sous sa forme « catholique ». Ce sont les individus-sujets (entendus comme un ensemble de «je»: niveau 1) qui, parce qu'ils sont instruits (selon des exigences épistémiques, d'où l'instruction scolaire et la catégorie de « discipline d'enseignement » : niveau 2), sont collectivement l'instance instituante des institutions auxquelles ils se soumettent (niveau 3).

La religion-Église, quant à elle, est réduite, du point de vue épistémique, à une croyance non fondée, et, du point de vue institutionnel, à une association de statut privé (ce qui sera établi par la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État). Reste un problème qui sera mal résolu : celui de la privation d'une religion « civile », au sens romain du ternie, i.e. comme forme et expression rituelle et symbolique des liens civils (familiaux, sociaux, patriotiques). Après tentative d'une religion de cet ordre, dévolution sera finalement faite de cette manifestation à une religion-État (la catholique), revenant sur ce plan-là et de manière contradictoire à une situation qui ressemble à celle de l'Église dans l'Empire romain selon notre modèle archétypal.

REFONDATION DE L'INSTANCE INSTITUTIONNELLE

Pas plus que le christianisme, en tant qu'« école de philosophie », n'avait vocation à devenir « religion », et, en le devenant en un sens totalement nouveau, à subvertir les institutions romaines, le libéralisme, n'étant pas en lui-même de nature politique, n'avait vocation à subvertir les institutions des nations européennes. De même, donc, que la religion chrétienne a assumé la fonction d'auctoritas et, pour son domaine propre, celle de la potestas, de même le néolibéralisme entend détenir l'unique définition de l'homme. Il est un système philosophique et instaure un nouvel ordre qui pourrait être qualifié de mondial dans la mesure où son territoire, l'Europe, n'est délimité par aucune frontière a priori. L'expérience républicaine le fait même aller plus loin que son archétype : il n'y a plus qu'un seul ordre (non plus politique, mais économique), fondateur de tout lien entre les hommes et de leur rapport au monde (politique, social, économique au sens strict, etc.). Elle est, à elle seule, la société parfaite, sans

...15.. reste. Il n'y a donc plus besoin d'État porteur de l'auctoritas et de la légitimité, énonciateur du droit (le principe de la subsidiarité est la version moderne d'une potestas sans auctoritas). L'institution ne se donne pas sous une forme politique traditionnelle, mais dans celle d'une organisation technicienne et technocratique, car il n'y a plus de sphère publique, il n'y a plus de bien commun. Il n'y a plus que du privé et de l'intérêt privé (non seulement la santé et l'éducation - deux valeurs pour lesquelles les hommes sont prêts à tout sacrifier - seront totalement privatisées, mais également des fonctions régaliennes comme la police et la justice). « Tout ce qui a de la valeur doit être privatisé », a-t-on dit lors d'un concile annuel du capitalisme à Davos. Dans la christianité, Dieu était le seul sujet énonciateur et l'unique origine du salut. Désormais c'est le profit, le capital, énoncé sous la figure de l'intérêt personnel, comme s'il pouvait être l'affaire de tous, alors qu'il ne recouvre que les intérêts d'une oligarchie, une ploutocratie, essentiellement les actionnaires et les investisseurs. Ce sont eux qui, comme le pape et les évêques, détiennent le pouvoir. Et, comme eux, qui n'ont de comptes à rendre qu'à Dieu, ils n'ont de comptes à rendre à personne, si ce n'est au Profit. Il n'y a plus de lois, mais des directives, dont la spécificité est de cacher l'absence de l'auctoritas qui lui donne la force de l'injonction (l'intérêt de quelques-uns), et, à l'inverse de la religion chrétienne, de ne pas se donner comme transcendante, mais comme immanente, comme s'il s'agissait de lois naturelles irréfragables.

REFONDATION DE L'INSTANCE INTELLECTUELLE

Comme la religion chrétienne avait construit sa fiction du monde autour de la notion de salut, le néolibéralisme se donne lui aussi comme .... 16...réalité du monde. Sa vérité est indiscutable, comme si elle était révélée. Comme le « monde séculier » pour la religion chrétienne était le lien du salut, mais sans intérêt pour lui-même, le « monde » (qui comprend ici les hommes) est le lieu du salut du capital financier. Il petit donc être exploité sans vergogne. Son étude n'a plus d'intérêt que dans la mesure où elle permet d'augmenter ou de renouveler le profit financier. La scientificité est totalement instrumentalisée pour être mise au service du capital. Elle n'existe plus avec ses exigences propres. La nouvelle cléricature, à savoir les financiers, les économistes, les sociologues, les psychologues et tous les autres savants, est réquisitionné pour justifier, légitimer et faire fructifier les intérêts des capitalistes. Elle est la seule interprète autorisée de la doctrine, parce que, à l'image des prêtres, elle tient un discours qui est comme celui d'une foi, qui s'interdit toute critique et s'autocensure a priori. Il n'y a plus d'instruction, mais uniquement de l'éducation. Il n'y a plus de culture personnelle, mais de l'acculturation. Il n'y a plus de questions à instruire portées par des disciplines, mais des savoirs à inculquer. Il n'y a plus d'hommes instruits, mais des spécialistes, des « imbéciles compétitifs », comme l'a écrit Régis Debray *. Du reste, toutes les questions que l'homme peut se poser et qu'instruisent les disciplines de sciences humaines sont totalement discréditées, de la même manière que le christianisme, en devenant religion, a discrédité tout travail de la pensée critique en la traitant de superstition illégitime institutionnellement et invalide intellectuellement. Comme l'Église a fait fermer l'école philosophique d'Athènes en 529, la loi française du 10 août 2007, mettant en oeuvre diverses décisions des instances européennes, met fin aux universités en leur donnant comme mission de préparer directement à un métier. Détenteur de la vérité certaine (la vérité économique), le néolibéralisme se protège en prétendant qu'il ouvre une ère postépistémique, une ère dans laquelle les questions quant au vrai n'ont plus aucune pertinence. Pour toutes ces questions, un scepticisme pragmatique est de règle : il n'y a que des opinions qui, en se valant toutes, ne valent plus rien. Dans ce contexte, les religions, perçues comme dans le modèle néolibéral anglo-saxon, c'est-à_dire comme communautés d'opinion, assument utilement des fonctions jusqu'à présent dévolues aux États-nations et sont instrumentalisées comme moyens complémentaires d'asservissement. Toute idée considérée comme dangereuse est soit ridiculisée par le néolibéralisme, telles toutes les théories alternatives ou altermondialistes, soit immédiatement intégrée et retournée pour la rendre inoffensive et même bénéfique pour lui (par exemple, tout ce qui touche à l'environnement). Il n'y a donc pas à imaginer un monde différent. Penser autrement, c'est être hérétique, schismatique. Et, reprenant au christianisme le concept de révélation close, il n'hésite pas à déclarer qu'il est l'état achevé et indépassable de la civilisation. La recherche de la croissance indéfinie du capital remplace la recherche de la perfection chrétienne.

REFONDATION DE L'INSTANCE PERSONNELLE

Si le mouvement chrétien repose sur la reconnaissance de la personne humaine en tant qu'individu répondant librement à l'appel d'un Dieu l'invitant à la conversion, la religion chrétienne instaurée comme instance instituante de l'empire le baptise dès sa naissance et décide pour lui. Il n'est plus qu'un fidèle. Selon la théorie économique du libéralisme, l'individu semblerait souverain : c'est lui qui décide rationnellement quel est son intérêt. Dans le néolibéralisme, la réalité est tout autre : l'individu n'existe plus ni comme personne ni comme sujet. En lui-même et dans ses rapports à autrui et au monde, il est défini ....18...uniquement en termes économiques et financiers. Pour lui-même, il est un capital, dont il est directement responsable, et le seul responsable. Pour les autres, il est une ressource. Il s'instrumentalise pour lui-même et est un instrument pour autrui. Il se pense et est pensé en termes de compétences, en fonction d'un projet déterminé (ou de plusieurs), comme si le propre du projet n'était pas d'aboutir à des résultats inattendus. En régime chrétien, le discours théologique, même s'il se prend pour le seul discours véritable, fonctionne dans une large mesure de manière métaphorique par rapport à la réalité. Le discours économique, en revanche, qui est au capitalisme ce que la théologie est au christianisme, entend bien faire de la totalité du réel une réalité économique et financière. Renfermé dans « l'individualisme méthodologique » et le rapport à son propre intérêt, le « fidèle » de l'économie n'a pas à s'interroger, comme dans la religion chrétienne, sur les fondements de la doctrine et des institutions, comme il n'a pas le pouvoir d'intervenir directement (la doctrine du « consentement sans consentement », selon Franklin Henry Giddings, remplace celle de la grâce). Comparé à son sort en régime républicain, il est complètement destitué de ses devoirs et obligations de citoyen. Le consulter par un référendum est une erreur à ne pas commettre. Il n'est qu'un rouage nécessaire au développement du profit. La liberté qu'on lui fait miroiter en lui laissant croire qu'il peut donner libre cours à ses désirs et à ses pulsions ne vise ni son bonheur ni son épanouissement, mais simplement le bon fonctionnement du marché et l'augmentation du profit des investisseurs. Dans la tradition chrétienne, si chaque fidèle était invité à vivre en parfait, seul le religieux (le moine avant tout) se l'imposait comme règle de vie, non le simple fidèle. Dans le néolibéralisme, chaque individu se doit de s'engager dans un combat avec lui-même et avec les autres pour être le meilleur, le gagnant, et, pour cela, il doit toujours se remettre en cause, sur tous les plans, ne jamais rien .... 19...considérer comme acquis. Son adaptabilité doit être permanente (ce que veut dire le slogan qui est à la base de toutes les réformes des études, « l'éducation tout au long de la vie »), sinon il est vieux, dépassé, fini, exclu (la notion même de retraite devient une aberration). L'institution se doit de le mettre sous cette pression constante et en concurrence avec les autres, perçus comme adversaires. Malheur aux perdants, représentant de loin le plus grand nombre ! Ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes, et non aux autres ou aux institutions ! Ils sont d'autant plus fautifs qu'ils coûtent au capital au lieu de lui rapporter. Là est la faute impardonnable, le « péché contre l'esprit ». Ils doivent être dénoncés et poursuivis. Les inégalités de fait deviennent des inégalités de droit 5. La doctrine augustinienne de la prédestination, reprise par le protestantisme, trouve là son achèvement séculier.

CONCLUSION : RÉVOLUTION OU MUTATION PALIMPSESTIQUE ?

Le néolibéralisme européen en est actuellement dans son implantation là où en était la religion chrétienne à la veille de sa reconnaissance connue instance instituante par Théodose le Grand, en 380. Les instances politiques des pays de l'Europe le reconnaissent comme ayant l'auctoritas et la potestas. Bruxelles est à Paris ce que Constantinople fut à Rome. Les raisons pour lesquelles Constantin a fondé Constantinople comme nouvelle Rome sont sans doute multiples. Il en est une que l'on retrouve dans la création de villes sièges de l'Europe comme Bruxelles ou Strasbourg, sans parler des villes qui, comme celles d'où l'Empereur envoyait ses édits, servent à des conférences ou à des traités (Maastricht, Lisbonne, Nice...) : ne pas inquiéter la population ni, surtout, ceux qui actuellement détiennent le pouvoir. Leur laisser croire que ce qui se décide au ....20 ...loin importe peu et ne les touche pas. Ni le peuple de Rome, ni le Sénat romain, ni les intellectuels d'alors n'ont compris ce qui leur arrivait. De même que ni les chrétiens ni Constantin et ses successeurs, dont Théodose, n'ont vu le piège que recelait la reconnaissance du christianisme comme religio. Il y eut méprise sur les mots et les concepts. La révolution néolibérale entreprise en Europe est encore dans une sorte de flottement, car, comme l'Église, le néolibéralisme européen n'entend pas assumer directement les charges dévolues au pouvoir politique, tel l'exercice de la puissance militaire, comme s'il ne voulait être ni un État, ni une nation, ni une patrie, dominant sur un territoire défini et entretenant avec les autres puissances des rapports d'amitié ou d'hostilité, d'échanges on de domination. Comme si l'Europe s'envisageait comme colonie d'une puissance étrangère, en l'occurrence les États-Unis, plutôt que comme État autonome. Le néolibéralisme se pense et s'énonce en anglo-américain, non en français, y compris dans toute école française de management, de commerce ou d'ingénieurs qui se respecte. C'est parce qu'il s'est pensé et énoncé en latin que le christianisme, élaboré en grec, s'est transformé en religion. Ce qui est sûr, c'est que, s'il accède véritablement au dernier stade, celui du pouvoir, le néolibéralisme européen sera transformé par sa reconnaissance institutionnelle. Il deviendra une entité inédite, sui generis. Se produira une subversion mutuelle dans laquelle le politique sera nécessairement dévalué, discrédité, réduit à l'insignifiance. Lorsque le christianisme fut reconnu comme religion par les autorités impériales, le passé préchrétien fut changé en passé révolu, en « antiquité ». Mais il gardait encore une certaine consistance, au moins comme période de préparation, d'annonce et de préfiguration. De leur côté, les Américains, quand ils ont pris l'Amérique du Nord, ont effacé la mémoire de ce qu'était l'Amérique avant eux. Leur mémoire était et demeure celle de la Bible, dont ils considèrent qu'ils sont les héritiers. Le ...21...néolibéralisme dans sa version européenne s'annonce comme innovation totale. La référence au passé serait inutile. Ce qui nous précède et même le présent actuel deviendraient la nouvelle antiquité, ou, plus exactement, sombreraient dans une préhistoire sans intérêt. Elle en ferait un palimpseste. Deux des civilisations que le christianisme a rendues caduques par sa reconnaissance institutionnelle étaient encore de plein exercice : la grecque et la romaine. Elles n'étaient en rien des civilisations finies, des civilisations « antiques ». Elles étaient bien vivantes et n'avaient rien qui les rendît décadentes. Mais c'est cette reconnaissance qui provoqua leur arrêt en les engageant dans une profonde transformation. La reconnaissance du néolibéralisme comme instance instituante entraînera plus que la transformation de notre culture et de notre civilisation : elle causera leur mort. La rupture est telle que le professeur de droit public, Jacques Le Goff déclare que « nous entrons en réalité dans un nouvel âge de l'humanité comparable au passage du paléolithique au néolithique 7 ». Si ce sentiment est bien plus vif en France qu'ailleurs, ce n'est pas seulement parce que l'histoire est en France une discipline scolaire, c'est parce que le néolibéralisme est en contradiction directe avec le modèle républicain laïc qui est encore la référence culturelle de la plupart des Français. « Le passé nous est donné connue radicalement autre, constate Pierre Nora, il est ce monde dont nous sommes à jamais coupés 8.

En devenant religion et en assumant la fonction d' auctoritas, le christianisme reposait sur un référentiel de valeurs issu des cultures et civilisations juives, grecques et romaines. Sa logique propre l'avait conduit à opérer un tri parmi ces valeurs et à les surdéterminer chrétiennement. En se substituant au christianisme dans la fonction architectonique du monde européen, le .... 22/23...néolibéralisme opère une rupture plus radicale. Son référentiel de valeurs n'est pas du tout le même que celui auquel il succède. Est-il dès lors réellement en mesure d'assumer cette fonction d'instance instituante ? Nous pensons qu'une révolution authentique, celle qui petit porter l'avenir, est de celles qui réactivent, comme une renaissance, une ou plusieurs des forces majeures qui étaient bien au travail dans la tradition, mais qui étaient en partie on en totalité occultées, détournées, voire refoulées. Le christianisme s'est imposé en mettant en avant des valeurs qui entraînèrent un refoulement majeur, celui du corps et du « monde » (dont l'économie fait partie). C'est sur ce refoulé que repose le néolibéralisme. Comme le christianisme avait subverti le judaïsme, l'hellénisme et la romanité, il subvertit à son tour la christianité. Il met au premier plan ce qu'elle refoulait et refoule ce qu'elle arborait. Mais une subversion ne consiste pas en une simple permutation des signifiants et des référents, comme lorsque Tertullien permuta les termes de religio et de superstitio. Elle fait apparaître une réalité inédite et insoupçonnée. Celle-ci sera-t-elle la promesse d'un avenir meilleur et sera-t-elle en mesure de le faire advenir ? L'expérience du communisme autorise à en douter. Les réductions sévères que le néolibéralisme opère dans sa conception de l'individu humain, dans son rapport à lui-même, aux autres et au monde, son hyperrationalisme techniciste, sa logique autodestructrice comme condition de renouvellement théorisée par Schumpeter, invitent à le comparer, comme le fait Giorgio Agamben, plutôt à un camp de concentration qu'à un paradis terrestre Quelle espérance reste-t-il pour les exclus, le plus grand nombre ? Le sort des « élus » est-il vraiment enviable ? Les chrétiens considéraient (et considèrent) qu'ils sont « dans le monde ce que l'âme est dans le corps » (À Diognète).

Le corps peut-il être à lui-même son âme ? Il est permis d'en douter.

 

 

1 Maurice Sachot, Quand le christianisme a changé le monde, I. La subversion chrétienne du monde antique, Odile Jacob, 2007.

2. Le tenue d'archétype fait référence à diverses théories philosophiques, théologiques, psychologiques ou anthropologiques. Mais nous employons ici ce terme dans un sens nouveau, en le reprenant métaphoriquement à un domaine particulier, celui de la philologie, on il désigne l'état du texte qu'un éditeur reconstitue à partir des états de ce texte attestés par les manuscrits, état qui se veut le plus proche possible de celui que l'auteur a pu composer. Il est ainsi nommé parce que, à partir de lui, connue d'un état premier, on peut rendre compte des différents états réellement attestés par les manuscrits et les citations disponibles.

3. Les termes de paroisse ou de paroissien viennent, via la latinité, des mots grecs paroikia et paroikés, qui, dans la langue des Septante, signifient le fait de séjourner dans une colonie loin de sa patrie d'origine, le ciel. Notons également que cette séparation entre l'Église et le monde s'est aussi inscrite à l'intérieur de l'homme et de chaque personne : entre le chrétien et l'homme. Le surnaturel devient une entité et subordonne le naturel. Chacun se doit de se dépouiller du « vieil homme » pour revêtir « l'homme nouveau ».

4. Régis Debray, Contretemps. Éloges des idéaux perdus, Gallimard, coll. « Folio actuel », 1992, p. 30.

5. « On sait qu'avoir l'économie pour idéal conduit vite à faire l'économie de l'idéal » (Régis Debray, Contretemps, op. cit., p. 40.).

6. Le cas de l'Égypte ancienne est différent. En mettant fin à la religion égyptienne, la religion chrétienne fit disparaître les prêtres, gardiens des hiéroglyphes. Ceux-ci devinrent incompréhensibles et toute la culture multimillénaire de l'ancienne Égypte sombra dans l'oubli total jusqu'à l'arrivée de Champollion.

7. Jacques Le Goff, « La formation tout an long de la vie : quelques perspectives », in Y. Morvan (sous la direction de), La Formation tout au long de la vie : nouvelles questions, nouvelles perspectives. Colloque de Rennes Métropole, 6 et 7 mars 2006, Presses universitaires de Rennes, p. 241. À noter que l'historien Jean-Pierre Rioux avait usé de la même référence pour qualifier la révolution industrielle qui s'est produite entre 1780 et 1790 de « la plus profonde mutation qui ait jamais affecté les hommes depuis le néolithique (Jean-Pierre Rioux, La Révolution industrielleCi780-1790], Seuil, 1971 (rééd. 1999). Pour d'autres auteurs, en revanche, l'humanité ne serait pas encore née. Nous n'en serions qu'à l'âge de fer (cf. E. Morin, R. Motta et É.-R. Ciurana, Éduquer pour l'ère planétaire la pensée complexe comme méthode d'apprentissage dans l'erreur et l'incertitude humaines, trad. de l'espagnol par É. Cohen, Balland, 2003).

8. Pierre Nora, « Entre Mémoire et Histoire. La problématique des lieux », in Pierre Nora (sous la direction de), Les Lieux de mémoire, I. La République, Gallimard, Coll. « Quarto », 1997, p. 35 (ir, éd. 1984).

9. Cf. Giorgio Agamben, Homo sacer. Le pouvoir souverain et la vie nue, traduit de l'italien par Marilène Raiolo, Seuil, 1997.

page ouverte en  06/07

 

 
 

Pour illustrer les propos ci-dessus.....

le 30.04.08

Du goulag extérieur au goulag intérieur ...

Aujourd’hui, nous aurions tendance à faire un parallèle entre l’URSS-1984 et les USA-2008, les deux “empires” arrivant, chacun dans leurs travers spécifiques, à un état de monstruosité, de décadence et d’impuissance assez similaire. Tout comme l'URSS en 1984, les USA sont en 2008 “en manque de réalité”. Mais ils sont dans une position différente: ce n’est pas une “prison extérieure” qu’ils ont à faire céder, mais une “prison intérieure”.

surtout ne pas manquer l'accès à l'interieur du texte à celui de Soljenitsyne à Harvard, en 1978 <http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=770>

 

le 2 mai 2008

 relevé dans  Bourse Plus  (1) du 2 mai 2008 ...Bourse Plus, l'un des journaux de Nicolas Miguet.

à propos d'un livre "A lire"... page 38

Ziegler l'atypique s'attaque aux maîtres du monde...

C' est un personnage difficile à cerner. Ses propos suscitent parfois l'admiration, parfois la révolte... Que l'on soit d'accord, ou non, avec lui, force est de reconnaître que Jean Ziegler a un certain talent... Il y a quelques années, le rapporteur spécial des Nations Unies pour l'alimentation avait été le premier à annoncer les émeutes de la faim... Celles-ci occupent maintenant le devant de l'actualité... L'homme politique suisse revient sur ce sujet en attaquant le marché globalisé, c'est-à-dire les maîtres du monde... Il s'agit des banquiers, des hauts responsables de sociétés transnationales ou des opérateurs du commerce mondial qui détruisent l'État, dévastent la nature et les êtres humains. Jean Ziegler estime que la résistance doit maintenant s'organiser et que celle-ci doit émaner de la société civile. Après avoir dénoncé l'empire de la honte dans un précédent ouvrage, il revient sur ce sujet en s'attaquant aux oligarchies capitalistes transcontinentales qui "règnent sur l'univers et agissent contre les intérêts de l'immense majorité des habitants de la terre". Dans sa ligne de mire, ceux qui accumulent les richesses et laissent dans la misère des centaines de millions d'êtres humains. Ces gens là, explique-t-il, ne font pas la une des journaux et ils ne sont ni de droite, ni de gauche... C'est une nouvelle ère qui commence et qui est la conséquence de l'effondrement du mur de Berlin. Pourquoi ? Selon lui, auparavant, "les oligarchies capitalistes occidentales étaient contraintes de faire des concessions, d'accorder un minimum de protection sociale et de liberté syndicale pour éviter le vote communiste en Occident". Depuis, les choses ont beaucoup changé... Ce livre est passionnant et il invite à réfléchir sur l'organisation du monde. Cependant, il s'adresse à des esprits éduqués car s'ils le prennent au premier degré, certains lecteurs seront tentés de faire des raccourcis politiques.../

"Les Nouveaux Maîtres du Monde" de Jean Ziegler est publié au Seuil.

                  ______________dans la même revue ______________________________________

Page 4 

L'éditorial de Nicolas Miguet ..

Apprenez à vivre (mieux) avec le pétrole (très) cher.

On nous disait, dans la désinformation quotidienne, que le monde était au bord d'une récession financière et économique sans précédent depuis 1929. Je constate que les banques américaines ont levé sans difficultés pour plus de 150 milliards de dollars d'argent frais pour se recapitaliser, que la Royal Bank of Scotland augmente le siens de 15 milliards d'euros, que l'Union des Banques Suisses (UBS) a levé pas loin de 10 milliards auprès de confrères (dont BNP Paribas) en avance sur une augmentation de capital à venir. Il n'y a pas eu de vraie "crise financière" et encore moins de faillite bancaire avec un "effet domino". L'immense croissance des pays "émergents" crée de la richesse. Elle crée également un embouteillage jamais vu depuis un siècle pour toutes les matières premières, agricoles ou minières. La hausse des tarifs, vertigineuse, n'est qu'une compensation partielle de la braderie qui a été de règle durant plusieurs décennies. Le producteur de cacao, de café ou de coton subit, c'est vrai, la hausse du prix de l'énergie, mais enregistre une augmentation fort sympathique du tarif auquel est vendue sa production. De 1986 à 2006, en vingt ans, selon le CREDOC, les Français ont monté le chauffage dans leurs appartements et maisons, de 19° à 2l'en moyenne durant l'hiver. Revenir à 18° ou 19° ne va pas les tuer, au contraire, cela abaissera de 15% à 20% leur facture de gaz ou d'électricité et évitera nombre de "chaud et froid" générateurs d'angines et de rhumes. L'essence coûte cher ? Lever le pied n'est pas si difficile que cela. Fin 2007, j'ai troqué ma 607, trop petite pour trimbaler la totalité de ma tribu, pour acquérir un C-Crosser (4x4 de Citroën), avec jusqu'à sept places. Officiellement, la consommation moyenne de gazole est de 9 litres aux 100 km parcourus. En respectant les limitations de vitesse, en anticipant sur les feux rouges, carrefours et autres ralentissements, en débrayant le moteur lors des descentes, je constate que mes Paris-Verneuil-sur-Avre et retour se font avec une consommation comprise entre 6,2 et 7 litres aux 100 km parcourus, malgré la partie urbaine du parcours. Changer d'attitude au volant, réduire sa vitesse moyenne, accélérer en douceur vous permettra de rouler en plus grande sécurité tout en économisant entre 250 et 500 litres de carburant sur l'année. La relance de votre pouvoir d'achat passe par votre comportement.

et page 2 cette information .... sous la rubrique " l'Essentiel .... Economie  "...

 

 

SHELL

Le groupe pétrolier britannique Royal Dutch Shell a annoncé ce matin un bénéfice net part du groupe en hausse de 25% au ler trimestre, pour une production en hausse de 0,4% seulement, grâce aux prix records du pétrole ces dernières semaines. Le bénéfice net a atteint 9,083 milliards de dollars (5,8 milliards d'euros).

(1) adressée à titre publicitaire ...y ayant été abonné il y a 4 ans ...

 

le 4 mai 2008

Travailler plus pour gagner moins : merci l'ANPE

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/05/travailler-plus.html

le 6 mai 2008

Grève des sans-papier

http://www.dailymotion.com/video/x59lmq_greve-des-sanspapier_news

le 14 mai 2008

la fleur des homentranches apatrides ... un "classement en trompe l'oeil des nouveaux riches"...

http://www.lefigaro.fr/votrepatrimoine/2008/05/07/05010-20080507ARTFIG00421-les-villes-des-milliardaires.php

Voici certains des attributs qui rendent une ville particulièrement attrayante aux yeux des milliardaires et qui incitent un grand nombre d'entre eux à se regrouper dans les mêmes communautés urbaines. Pas étonnant donc qu'un milliardaire sur trois vive dans l'une des 10 villes cosmopolites.

 (le vrai titre de cet article :

Avec 74 milliardaires, Moscou a détrôné l'éternelle ville n° 1, New York, qui est juste derrière avec 71 fortunés dont la richesse personnelle s'élève en moyenne à 2,1 milliards d'euros.

Restaurants gastronomiques, night-clubs de renommée mondiale, allégements fiscaux, sans oublier la proximité des centres financiers internationaux.

Malgré toutes les querelles entre New York et Londres qui se vantent de leurs milliardaires, aucune des deux n'accueille le plus grand nombre de milliardaires. Cet honneur revient à Moscou. ;;;

 

ce qui donne une image fausse de cette répartition des milliardaires par nationalité/continent ....la fleur des homentranche apatrides ... .... une autre classement par religion serait également intéressant ...)

» En images : Le Top 10 des villes de milliardaires

» En images : Les passions des milliardaires

» En images : Les milliardaires célibataires

» En images : Neuf come-backs de milliardaires

» En images : Huit batailles de milliardaires

La capitale russe abrite 74 milliardaires d'une valeur nette moyenne de 3,8 milliards d'euros. C'est un bond assez significatif si l'on considère les cinq résidents moscovites milliardaires de 2002. Parmi les riches habitants de Moscou, on compte la personne la plus riche de Russie en la personne du magnat de l'aluminium Oleg Deripaska, qui vient d'annoncer son projet d'acquérir une participation dans le groupe pétrolier Russneft, et Roman Abramovich qui possède une propriété onéreuse à Londres, mais qui tient à ce que Moscou soit sa résidence principale.

Pourquoi Moscou est-elle aussi populaire auprès des fortunés de Russie ? D'après le pétrolier milliardaire Viktor Vekselberg, «Le niveau de vie à Moscou vaut celui de toutes les autres capitales du monde.» Et il coûte moins cher. Un billet pour vous rendre au célèbre Théâtre du Bolchoï russe, où de grands danseurs tels que Mikhail Baryshnikov se sont produits, ne vous coûtera que 32 euros. Et les excellentes garderies gérées par le gouvernement sont gratuites.

Moscou a détrôné l'éternelle ville n° 1, New York, qui est juste derrière avec 71 milliardaires et une valeur nette moyenne de 2,1 milliards d'euros. C'est la première fois depuis 2001, date à laquelle nous avons commencé à suivre de près les données de la ville, que New York n'est pas au sommet du classement. Plus de la moitié de ces new-yorkais font fortune dans le monde de la finance et des investissements.

Londres perd de son prestige

Parmi les autres magnats de New York célèbres, on peut citer le maire Michael Bloomberg, le nabab des médias Rupert Murdoch et le grand chef de l'immobilier devenu star de la télévision Donald Trump, qui déclare ceci à propos de sa ville natale : «Tout est ici, tout est accessible et il y a toujours quelque chose de formidable à faire.»

La troisième ville, qui arrive loin derrière, est Londres. Nous avons trouvé à peine 36 milliardaires dont la résidence principale se trouve dans la capitale britannique. Mais ce qui est intéressant, c'est que 18 d'entre eux sont des citoyens d'autres pays. Le premier de cette liste est le géant de l'acier indien Lakshmi Mittal, qui s'est classé quatrième de notre liste des milliardaires les plus riches établie en mars dernier (il valait alors la somme de 28,8 milliards d'euros). «Je trouve que Londres est un excellent endroit pour vivre à son aise en raison de sa situation géographique,» affirme Mittal. «Je peux me rendre en avion à peu près n'importe où en 12 heures.»

Parmi les autres éminents étrangers qui résident à Londres, on peut citer l'homme le plus riche d'Islande, Thor Bjorgolfsson, ainsi que le magnat de l'expédition John Fredriksen qui a récemment troqué sa nationalité norvégienne au profit de la nationalité chypriote. Il a pourtant choisi de vivre à Londres, où il possède l'une des maisons les plus chères de la ville. Il y a également un certain nombre de milliardaires comme Abramovich qui possèdent une résidence secondaire à Londres, mais qui ne la considèrent pas comme leur habitation principale. New York City n'abrite qu'un milliardaire étranger qui déclare y résider, et Moscou n'abrite que des milliardaires russes.

Le poids de Mumbai

Les États-Unis possèdent davantage de villes dans le Top 10 que n'importe quel autre pays : quatre villes dont Los Angeles qui abrite 24 milliardaires comme le réalisateur Steven Spielberg, Dallas qui en abrite 15 comme le pétrolier milliardaire T. Boone Pickens, et San Francisco avec 19 milliardaires comme les champions de la technologie tels que Larry Page de Google (son co-fondateur Sergey Brin et le milliardaire le plus jeune du monde Mark Zuckerberg de Facebook vivent non loin de là dans la Silicon Valley).

Hong Kong est la ville la plus populaire chez les milliardaires asiatiques : 30 d'entre eux vivent dans l'ancienne colonie britannique. Mais c'est Mumbai, en Inde, qui peut se prévaloir d'être la ville de notre liste qui abrite les milliardaires les plus riches. Les 20 milliardaires de Mumbai, qui comptent deux des 10 personnes les plus riches du monde (les frères Mukesh et Anil Ambani), valent la somme moyenne de 4,9 milliards d'euros, l'emportant facilement sur Moscou et sa moyenne de 3,8 milliards d'euros. Et là où les milliardaires vont, le luxe suit. Ces centres de la finance et de la culture vous accueillent à bras ouverts, du moins si vous pouvez vous le permettre.

LIRE AUSSI

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Toujours plus de milliardaires russes

 Mai 68 ... Du col Mao au Rotary

ERIC ZEMMOUR

Le Figaro 13/05/2008 | http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/05/10/01006-20080510ARTFIG00532-du-col-mao-au-rotary.php

 La vague hédoniste de Mai 68 a favorisé la société de consommation. Et l'idéal libéral-libertaire a permis à certains soixante-huitards de faire carrière.

Karl Marx nous avait prévenus. Les événements historiques se répètent deux fois, la première en tragédie, la seconde en farce. Les enragés de Mai 68 avaient l'impression d'ajouter une page à celles, déjà glorieuses, des révolutions françaises : 1793, 1848, la Commune. En face, le général de Gaulle les avait précédés : mai 58 fut un Brumaire parfait. Et le voyage à Baden-Baden sera une fuite à Varennes réussie.

Un Mai 68 peut en cacher un autre : le combat décisif se déroule au sein de la gauche entre gauchistes et communistes, pour le contrôle de la classe ouvrière. Tout pousse communistes et gaullistes à une alliance objective : les souvenirs de la guerre ; la prédilection du grand frère soviétique pour la politique d'indépendance du Général ; et, plus profondément, une même conception du monde, qui repose sur le respect des hiérarchies, la famille patriarcale, le patriotisme. En face, les « gauchistes » sont de farouches internationalistes ; les dirigeants étudiants, qu'ils soient libertaires ou révolutionnaires puritains, croient encore pouvoir concilier les revendications sociales et sociétales. Leur rêve est d'entraîner la classe ouvrière derrière eux. Ce que ne tolèrent pas les communistes. La CGT leur ferme les portes de Renault Billancourt. Cette rencontre manquée est une des scènes fondatrices de notre modernité politique. Dépités, les chefs du mouvement étudiant conserveront un ressentiment profond, aggravé lorsque les ouvriers finiront par accepter les généreuses augmentations de salaires octroyées par les accords de Grenelle. Les ouvriers ne seront plus à leurs yeux que des petits-bourgeois. Ils avaient manqué à leur destin révolutionnaire. Il faudrait « dissoudre le peuple ». Les uns tourneront leurs regards (ils avaient commencé lors de la guerre d'Algérie) vers le sud de la Méditerranée, et ces nouveaux « damnés de la terre » ; les autres se tourneront vers les femmes, « l'opprimée de l'opprimé ». Karl Marx - encore lui ! - avait jadis analysé le rôle de « l'armée de réserve du capitalisme », qui accepte un salaire inférieur pour un travail similaire, et permet au patronat de contenir les revendications salariales des ouvriers en place. A partir des années 70, l'entrée massive des femmes et des immigrés sur le marché du travail tiendra ce rôle-là.

Mais les soixante-huitards n'en avaient cure. Ils étaient passés à autre chose. Les plus farouches, sans doute les Saint-Just ou les Baader qu'on n'aurait pas, s'en allèrent quérir auprès de Dieu la quête d'absolu que la politique n'avait pu leur donner. Les plus stratèges se convertirent à la religion des droits de l'homme, et, au nom de la lutte antitotalitaire, passèrent d'un maître à l'autre, d'un empire à l'autre, de l'URSS (avec un intermède chinois) à l'Amérique. Leur seule constante fut l'aversion pour la France, jetée aux poubelles de l'Histoire. Les plus talentueux, les plus soucieux de reconnaissance sociale, réussirent dans la publicité, les médias, la communication.

Le triomphe du narcissisme

Ils furent les fers de lance du nouveau capitalisme, qui reposait sur la consommation, et non plus sur l'épargne, l'hédonisme et non le puritanisme, l'individualisme et non plus la famille. Dès les années 60, l'Américain Christopher Lasch avait bien montré comment le narcissisme individualiste servait les intérêts de la nouvelle aliénation capitaliste. Dès 1978, Régis Debray montrait comment les libertaires soixante-huitards, en détruisant la famille patriarcale, la nation, l'Etat, les frontières, avaient abattu les derniers remparts à la domination du marché.

Avec beaucoup plus d'efficacité que les révolutionnaires soixante-huitards, les patrons du CAC 40 et leurs délocalisations, les technocrates de Bruxelles et de l'OMC, imposeraient partout la mort des frontières et l'affaiblissement des Etats. Et rétabliraient ainsi des taux de profit minés par l'inflation et la hausse des salaires.

C'est ainsi que nos « enragés de mai » jouèrent le rôle finalement peu enviable - mais très profitable à la carrière de ses figures les plus médiatiques - « d'idiots utiles » du capitalisme.

 

15.05.08

Danemark: le modèle scandinave vire au dumping social

http://fr.altermedia.info/general/danemark-le-modele-scandinave-vire-au-dumping-social_13773.html

Elles ne sont que 34, mais ces hôtesses de l’air chinoises recrutées en 2006 suscitent un vif conflit entre leur employeur, la compagnie aérienne scandinave SAS, et les syndicats danois. Au coeur de cette polémique, qui rappelle furieusement les débats enflammés autour du fameux plombier polonais au moment du référendum sur la Constitution européenne, il y a la question ultrasensible du dumping social. Et pour cause : SAS a embauché ces hôtesses… à Pékin, où elles sont domiciliées. Sur les vols reliant la capitale chinoise à Copenhague, elles travaillent donc côte à côte avec des collègues scandinaves mais pour un salaire quatre ou cinq fois inférieur, équivalant à quelque 600 euros brut par mois, selon les syndicats.

 

17.05.08

1/4 de la faune a disparu en 35 ans

Par Altermédia

http://fr.altermedia.info/general/14-de-la-faune-a-disparu-en-35-ans_13784.html

Une étude publiée par la Société zoologique de Londres et le Fonds mondial pour la nature (WWF) a révélé que plus du quart de la faune mondiale a disparu depuis les années 70.

L’observation de quelque 1.400 espèces de poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux ou mammifères permet de conclure à un déclin de 27% de la faune en trente cinq ans. La faune terrestre a reculé de 25%. La population animale en eau de mer a chuté de 28% et celle en eau douce de 29%.

Nous vivons un de “grands épisodes d’extinction” de l’histoire.
La mondialisation qui ambitionne de donner à tous les terriens un mode de vie à l’américaine conduit la planète à sa destruction, destruction des écosystèmes humains et des écosytèmes naturels.

Si la tendance ne s’inverse pas, l’homme prédateur consommateur courre à la destruction de toute vie sur la planète.

20.05.08

Le MEDEF à la place de l'armée

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/05/le-medef-la-pla.html

Le ministre de la Défense a écrit aux grands patrons à propos des bases abandonnées par les armées :

"Certaines de ces emprises militaires telles que les casernements, les ateliers, les économats, les bases aériennes avec ou sans plate-forme aéroportuaire (...) pourraient accueillir une société comme la vôtre pour les investissements que vous envisagez".

Le Figaro ajoute :

"Cette installation, fait-il également valoir, pourrait "bénéficier du soutien de l'Etat dans le cadre de sa politique d'aménagement du territoire".
Ce courrier a été adressé à bon nombre d'entreprises du CAC 40 (Axa, Carrefour, Lafarge, Michelin, PSA, Renault, Sanofi-Aventis, Saint-Gobain, Suez, Total et Veolia environnement) ainsi qu'aux patrons de Auchan, Danone, Gaz de France, Panhard ou encore Thales.

 

Pêche: l’immigration “choisie” compensera la hausse du gasoil

http://fr.altermedia.info/general/peche-limmigration-choisie-compensera-la-hausse-du-gasoil_13802.html

La colère monte chez la marins pêcheurs français écrasés entre la réglementation européenne castratrice et l’envolée du prix des carburants (et des taxes sur le carburant).

De son côté, le gouvernement affiche une sérénité cynique car il a déjà prévu de compenser la hausse du prix du carburant grâce à l’immigration “choisie”. La pêche figure, en effet, sur la liste des secteurs pour lesquels un appel actif à l’immigration sera fait. Brice Hortefeux n’a pas perdu de temps et vient d’ailleurs de signer avec le Sénégal un accord sur l’importation de main d’oeuvre locale pour les ports français.

En clair, il est prévu de maintenir rentabilité de la pêche française en tirant tous les salaires de la profession. Avec sarkozy, la variable d’ajustement ce ne sont pas les taxes mais les salaires! Qu’on se le dise…

22.05.08

Abramovitch fait flamber le marché de l'art mondial

http://www.lefigaro.fr/culture/2008/05/22/03004-20080522ARTFIG00339-quand-l-art-se-joue-a-la-roulette-russe.php

Ces grandes maisons, encore plus paranoïaques que de coutume, adoptent alors des noms de code pour protéger l'anonymat de leurs nababs. Qu'ils soient Russes (KK par exemple) comme Viktor Vekselberg qui acheta en bloc les œufs impériaux de Fabergé (Sotheby's, 2004) ou Alisher Usmanov qui acheta en bloc pour 40 M$ la collection Rostropovitch (Sotheby's, septembre 2007). Ou Ukrainiens comme Viktor Pinchuk dont le musée de Kiev voit débarquer Larry Gagosian, décidément le marchand roi de New York, ou Simon de Pury, l'habile challenger des deux géants du marché. Ou Indiens comme Mittal, repéré en train d'admirer les Klimt chez Christie's en 2006. Ou du Golfe comme la famille royale du Qatar. Ou Chinois comme Joseph Lau de Hongkong. Ou tout bonnement Américain, comme Paul Allen, synonyme de Microsoft.

Mercredi soir, Abramovitch voyait son équipe de Chelsea affronter en finale Manchester United à Moscou. Jusque-là, ce redoutable conquistador était un inconnu du monde de l'art.

 

 
 

Manuel d'anti-économie

http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/25/21/21/Manuel-antieco.pdf

Le début d’une vraie critique de l’économie commence par la prise de

conscience que toutes les comptabilités sont artificielles. Capitalisme, capital,

économie sont de pures inventions de l’esprit humain.

Le capitalisme fonctionne aux prophéties auto réalisatrices et à la confiance. Si

vous y croyez, si vous en acceptez les règles, le capitalisme fonctionnera, pour

l’unique raison que vous existez pour le faire fonctionner. De la même façon que

si on accepte les règles d’un jeu de société (le Monopoly pour faire un parallèle

évident), le jeu pourra se dérouler et offrira un destin aux joueurs.

p96 ..

Dès son origine, le capitalisme a pour objectif d’assurer à une élite la

domination du monde. Il n’est attaché ni à la liberté d’entreprendre, ni au

développement, ni à la démocratie, ni à la concurrence ; il ne défend que l’ordre.

 

Le capitalisme remplace la noblesse par une aristocratie de l'argent, héréditaire

et sans rapport avec le mérite individuel. Le salariat vient naturellement prendre

la suite des rapports féodaux entre serfs et seigneurs. Ce capitalisme n'est pas

démocratique.

 

Les banquiers créent l'argent ex nihilo, le distribuent à un certain nombre de

personnes qui défendront ce système parce que la hiérarchie créée leur est

favorable, le font reconnaître comme richesse et unique vecteur de l'échange, et

prennent possession des richesses matérielles avec cet argent.

 

L’Etat vient apporter son soutien à cette mise sous coupe réglée de la société.

...

26.05.08

Crise financière : le krach parfait, par Martin Wolf

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1726

les scénarios du professeur Roubini ont été suffisamment sombres pour provoquer des frissons. Mais son opinion mérite d’être prise au sérieux. Il a tout d’abord prédit que les USA seraient en récession en juillet 2006. A l’époque ses vues étaient extrêmement discutables. Elles ne le sont plus aujourd’hui. Il affirme maintenant qu’existe une « probabilité croissante d’une issue « catastrophique » pour l’économie et la finance. » Les caractéristiques de ce scénario seraient selon lui « un cercle vicieux, où une profonde récession rendrait les pertes financières encore plus sévères, ces pertes énormes et cet effondrement financier rendant à leur tour la récession encore plus grave. »

Le professeur Roubini affectionne les listes autant que moi. Voici ses 12 - oui, 12, étapes vers le désastre financier.

29.03.08

Commentaire relevé sur un blog

http://a-vrai-dire.blogspot.com/2008/05/consommation_22.html

"Je ne sais pas si vous faites implicitement référence au livre récemment publié par les éditions de l’Homme nouveau « Etre consommé » de William Cavanaugh, mais il est vrai qu’à force d’être transformés en acheteurs, c’est nous – et pas seulement nos revenus – qui sommes consommés

Le drame que prépare cette « concurrence » exacerbée, c’est que d’une part le plus fort (ou le plus immonde) démolit ses concurrents ; et d’autre part qu’il n’y a pas de miracle : pour réduire les prix de vente sans perdre sur les bénéfices, il faut réduire les coûts : salaires des employés et prix d’achat des marchandises, ce qui revient à étrangler les producteurs français ou à acheter dans les pays à bas salaires et à condamner nos concitoyens au chômage.

En prime, voici quelques citations du livre La fabrique du crétin de Jean-Paul Brighelli : ce n’est pas notre école de pensée – en particulier au plan religieux – mais on retrouve des convergences fortes entre cette analyse de gauche et nos propres constats :

"Un crétin, taillable et corvéable à merci, au nez duquel on agiterait le chiffon rouge des trois millions de chômeurs qui, peu ou prou, sont nécessaires à la parfaite obéissance des travailleurs intérimaires.
Le système a produit ce qui lui était nécessaire : une main-d’œuvre bon marché, mise en concurrence avec un sous-prolétariat exotique.
Le néo-libéralisme a rétabli la misère ; il était logique que parallèlement il réhabilitât l’ignorance.
Rien de plus adéquat au néocapitalisme sauvage de la mondialisation qu’une École vouée à fabriquer des imbéciles."
 

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http://fr.novopress.info/?p=11579#more-11579

« L’Europe est fondée sur la liberté de circulation des personnes et des biens » réaffirme Nicolas Sarkozy lors de sa visite en Pologne

 Pour les mondialistes – de Besancenot à Sarkozy – la planète n’est qu’un vaste marché dans lequel les biens et les personnes doivent pouvoir librement circuler. A l’occasion de son voyage en Pologne, Nicolas Sarkozy vient de réaffirmer ce postulat fondamental de la bonne gouvernance ultralibérale.

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http://fr.novopress.info/?p=11577

L’agriculture a été sacrifiée sur l’autel du marché

« Il y bien longtemps que les campagnes du monde ont été saignées à blanc, que l’agriculture a été sacrifiée sur l’autel du marché. Destruction de cultures pastorales ancestrales en Afrique où des peuples d’agricultureurs millénaires ont été broyés, politiques agricoles peu subventionnées ou méprisées au profit de l’industrie et de l’exploitation des matières premières laissant une agriculture vivrière ou de subistance en lambeaux. »

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1.06.08

Au centre du développement, il y a toujours la personne

Benoît XVI a reçu samedi la Fondation «Centesimus Annus». Il a notamment déclaré :

"La croissance économique ne doit jamais s'éloigner de la recherche d'un développement intégral humain et social [...] le grand défi aujourd'hui est de globaliser non seulement les intérêts économiques et commerciaux, mais aussi les espérances de solidarité, dans le respect et dans la valorisation de l'apport de chaque composante de la société [...] un développement harmonieux est possible, si les choix économiques et politiques tiennent compte de ces principes fondamentaux qui les rendent accessibles à tous : je me réfère en particulier aux principes de subsidiarité et de solidarité [...]

Au centre de chaque plan économique, spécialement en considérant le vaste et complexe réseau de relations qui caractérise l'époque post-moderne, il faut toujours qu'il y ait la personne, créée à l'image de Dieu et voulue par Lui pour garder et gérer les immenses ressources de la création [...] Seule une culture partagée par une participation responsable et active peut permettre à chaque être humain de ne pas se sentir un témoin passif, mais un collaborateur actif dans le processus du développement mondial [L'homme] a le devoir de faire fructifier tous les biens terrestres, en s'engageant à les utiliser pour satisfaire les nécessités multiples de chaque membre de la famille humaine [...]

[il faut] éviter que le profit soit seulement individuel ou que des formes de collectivisme oppriment la liberté personnelle [...] L'intérêt économique et commercial ne doit jamais devenir exclusif, parce qu'il viendrait à violer de fait la dignité humaine [...] pour que le processus de globalisation en place dans le monde, investisse toujours plus le domaine de la culture, de l'économie, des finances et de la politique [il est nécessaire de considérer] l'importance de l'apport des parties intermédiaires selon le principe du subsidiarité, pour contribuer librement à orienter les changements culturels et sociaux et les concrétiser par un progrès authentique de l'homme et de la collectivité".

02.06.08

De la destruction des économies à la destruction des Etats

Lu sur Catholiques en Campagne, suite à la visite de Nicolas Sarkozy en Pologne :

"Il vient en effet d'y annoncer qu'à partir du 1er juillet 2008, tout ressortissant des pays de l'ex-bloc soviétique (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovénie) pourra venir s'installer en France et y travailler, sans restrictions, ni de secteur économique, ni de durée. [...] Cette libéralisation totale du marché du travail a en effet mécaniquement un certain nombre d'effets pervers.

Le plus évident est cet "appel d'air" provoqué depuis les pays à bas coût de main d'oeuvre et à faible protection sociale vers les pays plus riches où le coût de la vie et du travail est plus élevée, avec comme conséquence directe le maintien d'une pression artificielle à la baisse sur les salaires et donc sur le pouvoir d'achat. Par ailleurs, il a pour effet de déséquilibrer les corps organiques que sont les économies locales en les privant d'un certain nombre de ressources humaines importantes pour leur harmonie. Poussé à l'extrême, on en revient un peu à la misère humaine du XIXième siècle provoquée par la destruction légale de toutes les structures economico-sociales pour que ne restent que l'individu et l'Etat.

Il faut donc se rendre à l'évidence : cette décision (saluée bien évidement par Bruxelles) est une manifestation d'une volonté beaucoup plus idéologique. Il faut faire de nous des "déracinés". Il faut que tout circule et se vende, et de plus en plus vite : les capitaux, les marchandises, les biens, et maintenant les hommes. [...] Dans notre vieille Europe, c'est notre civilisation chrétienne qui se dissout ainsi dans ce maleström. De là à conclure que le but est là, il n'y a qu'un pas."

6.06.08

La France autorisera les paris sportifs en ligne à partir du deuxième semestre 2009

http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/06/06/la-france-autorisera-les-paris-sportifs-en-ligne-a-partir-du-deuxieme-semestre-2009_1054940_3234.html#ens_id=1054941

 

Après l'avoir présenté à la Commission européenne, mercredi, le ministre du budget, Eric Woerth, a choisi comme cadre, vendredi 6 juin, Roland-Garros pour détailler pour la première fois le projet de loi qui lancera l'ouverture du marché des jeux et paris sportifs sur Internet, réclamé de longue date par Bruxelles. La Commission européenne, qui conteste en effet le monopole de la Française des jeux et du PMU, avait envoyé il y a un an à Paris un "avis motivé", traditionnellement son dernier avertissement avant un renvoi devant la Cour européenne de justice, pour exiger l'ouverture du marché des jeux français.

Cette "ouverture globale" à la concurrence sera effective au deuxième semestre 2009, a précisé M. Woerth, qui a ajouté que cette évolution "ne concernera pas les jeux et paris dans le réseau physique", comme les buralistes ou les jeux de grattage, mais uniquement les paris en ligne. "Pour les courses hippiques, nous confirmons que seuls les paris mutuels seront autorisés", a néanmoins expliqué le ministre. Des discussions auront lieu avec chaque ligue et chaque fédération pour négocier l'ouverture des paris en ligne au cas par cas. La France devrait également ouvrir à la concurrence certains jeux de casinos, comme le poker et le black jack, "sous réserve de discussions avec les opérateurs".

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10.06.08

L'offre du pétrole supérieure à la demande, le prix élevé est causé par la spéculation

Voici un extrait d'un article lu sur Polémia, mais l'intégralité est intéressante :

 "[U]n calcul prudent montre que, dans le prix du baril de pétrole brut d’aujourd'hui, au moins 60% des 128 dollars sont dus à la spéculation à terme non réglementée des fonds de placement à risque, des banques et des groupes financiers. [...] Ce « bras de levier » exceptionnel de 16 pour 1 permet d’amener le prix à un niveau follement irréaliste et de compenser les pertes bancaires du subprime et des autres catastrophes au détriment de l'ensemble de la population [mondiale].

18.06.08

Une Marianne pour "vendre la France"

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/06/une-marianne-po.html

Tout un symbôle !Le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, Hervé Novelli a présenté ce matin la "Marianne en mouvement",le logo de la nouvelle "marque France", et ajouté :

"Vendre la France, c'est vendre ses destinations, ses valeurs, ses services, son accueil".

Les mots ont un sens!

 

7.12.08

Le libéralisme doit se rouvrir à Dieu, explique Benoît XVI


http://www.zenit.org/article-19557?l=french

Dans une lettre envoyée au philosophe italien Marcello Pera, pour son dernier livre

ROME, Vendredi 5 décembre 2008 (ZENIT.org) - Benoît XVI a écrit une lettre au philosophe et sénateur italien Marcello Pera pour le remercier de la contribution apportée par son dernier livre, où il montre que la base du libéralisme se trouve dans la relation de la personne avec Dieu.

L'ouvrage, intitulé « Perché dobbiamo dirci cristiani. Il liberalismo, l'Europa, l'etica » (« Pourquoi devons-nous nous dire chrétiens. Le libéralisme, l'Europe, l'éthique »), contenant le message du pape, a été présenté jeudi à Rome.

Après avoir reconnu que la lecture de ce livre était « passionnante », le pape a souligné qu'il partageait les observations qui y sont faites, notamment « l'analyse sur l'essence du libéralisme à partir de ses fondements » qui montre qu'« à l'essence du libéralisme appartient son enracinement dans l'image chrétienne de Dieu : sa relation avec Dieu dont l'homme est l'image et dont nous avons reçu le don de la liberté ».

Marcello Pera (Lucques, 28 janvier 1943), président du sénat italien sous la XIV législature, a centré sa recherche sur les études du philosophe autrichien Karl Popper, un théoricien de la « société ouverte », dont il était un ami personnel.

« Dans une logique indéniable, reconnaît le pape dans sa lettre, vous montrez que le libéralisme perd sa base et se détruit lui-même s'il abandonne ce fondement ».

« Votre analyse sur ce que peuvent être l'Europe et une Constitution européenne où l'Europe ne se transformerait pas en une réalité cosmopolite, mais trouverait, à partir de son fondement chrétien libéral, sa propre identité est d'une importance capitale », ajoute-t-il.

Le pape trouve également « très significative » l'analyse de Marcello Pera sur « les concepts liés aux dialogues interreligieux et interculturel ».

L'œuvre du philosophe, souligne-t-il, « explique très clairement qu'un dialogue interreligieux au sens strict du terme est impossible, alors que le dialogue entre les cultures, qui approfondit les conséquences culturelles de la décision religieuse de fond, se révèle beaucoup plus urgent ».

« Alors que dans le premier cas un vrai dialogue n'est pas possible sans mettre entre parenthèses sa propre foi, il faut affronter dans le débat public les conséquences culturelles des décisions religieuses de fond », explique-t-il.

« Dans ce cas le dialogue et une correction mutuelle et un enrichissement réciproque sont possibles et nécessaires, relève-t-il. Concernant cette contribution sur la signification de tout cela pour la crise contemporaine de l'éthique, je trouve important ce que vous dites sur la parabole de l'éthique libérale ».

Selon Benoît XVI, Marcello Pera « montre que le libéralisme, sans cesser d'être un libéralisme mais au contraire, pour être fidèle à soi-même, peut renvoyer à une doctrine du bien, en particulier à la doctrine chrétienne qui lui est congénère, offrant ainsi vraiment une contribution au dépassement de la crise ».

« Sobre et rationnel, ce livre, aux arguments forts et aux riches informations philosophiques, est à mon avis d'une importance fondamentale en cette heure de l'Europe et du monde », écrit-il.

Dans un entretien accordé à Radio Vatican le 28 novembre, Marcello Pera a confié ses espoirs que Benoît XVI aide le libéralisme à trouver ses racines.

Son magistère, a-t-il expliqué, « est un défi qu'il lance aux non croyants, aux laïcs, sur leur propre terrain, et il les invite à se convertir : il les invite à trouver un terrain commun sur les mêmes libertés, sur les mêmes droits de l'homme ».

« Ce n'est pas un hasard, ce pape est le pape du dialogue interculturel, autrement dit de ce dialogue qui doit mettre en évidence quels sont les droits fondamentaux de l'homme qui doivent être acceptés par tous », ajoute-t-il.

Le philosophe italien a aussi expliqué les motifs pour lesquels le libéralisme est parfois devenu antichrétien.

« Pour  ce qui est de l'Europe en particulier, il y a une explication historique, a-t-il souligné. Bon nombre de libéraux se sont souvent trouvés en conflit avec l'Eglise catholique, et c'est un fait amer de l'histoire de l'Europe qui ne se vérifie pas dans l'histoire de l'Amérique ».

« Certains Etats nationaux, l'Italie et la France, se sont d'ailleurs constitués comme Etats-nations en s'opposant, en entrant en conflit avec l'Eglise catholique ».

« Ceci a engendré un phénomène bien connu qui est l'anticléricalisme, et l'anticléricalisme en a engendré un autre : celui que j'appelle dans mon livre ‘l'équation laïque', autrement dit libéral = non chrétien ».

« Ceci est une erreur, car on peut discuter historiquement des mérites ou non de l'Eglise catholique en Europe lors de la fondation des Etats nationaux, mais on ne peut discuter de l'importance du message chrétien », indique-t-il.

« Nous voyons bien cela aujourd'hui, car si nous faisons ce deuxième choix, c'est-à-dire si nous passons de l'anticléricalisme à l'antichristianisme, ce qui équivaudrait à une apostasie du christianisme, nous perdons les qualités mêmes, les vérités mêmes, les fondements mêmes de ces libertés et de ces droits sur lesquels se fondent nos Etats libéraux ».  

Jesús Colina

Traduction française : Isabelle Cousturié

 

 

 

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