...Bonheur et bienveillance    Robert Spaemann

Dossier stalactites :

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 EN UN

La vie consciente ne serait alors qu'une partie d'un tout plus vaste, et non un tout pour elle-même.

 

La célèbre phrase d'Aristote, selon laquelle l'homme est un animal politique, ne signifie pas que l'homme vit comme les fourmis et les abeilles au sein d'un lien social, mais qu'il est un être qui ne peut parvenir à la réalisation de sa nature que par un vivre ensemble du genre de la polis; Seul un tel vivre ensemble - du moins pour la plupart des hommes - est une vie réussie. La polis est « la communauté du bien vivre pour les familles et les groupes de familles en vue d'une vie parfaite et autarcique » (Politique, 1280 b 30-35)'. La politique se trouve ainsi chez Aristote à côté de l'éthique, comme doctrine de l'adéquation ou de l'inadéquation des institutions politiques aux conditions de la réussite de la vie, comme doctrine de leur conformité ou non-conformité à la nature.

 

en relations ..

 

La Liturgie et son ennemie..

 

n 

 

Date : 18.08.2010  

 .  page en cours de constitution

C'est Aristote qui a proposé la première présentation unifiée des dispositions pratiques constitutives d'une vie réussie - d'une «praxis raisonnable ». Pour désigner cette présentation il forgea une expression nouvelle : « l'éthique ». Le mot est constitué à partir du mot grec ethos, qui désigne le lieu de séjour habituel, mais aussi le siège de l'habitude et de la coutume, qui porte et oriente notre agir, et qui inversement est par notre agir reproduit et modifié. Aristote désigne aussi cette discipline, pour la distinguer de la philosophie théorique, comme la « philosophie des choses humaines » (Éth. Nic., 1181 b 15)'.

Mais dans le même temps il la nomme une « enquête politique » (1094 b 11)'. Pourquoi? La réussite de la vie n'est pas - ainsi du moins pense Aristote, en accord avec le sens commun - exclusivement affaire d'agir individuel, de critères et de dispositions à agir individuels. Elle dépend entre autres de circonstances de fortune, qui à cause de leur caractère fortuit ne peuvent être l'objet d'une science. La santé est une telle circonstance, et de même le fait d'être à l'abri du besoin, et enfin la possibilité de l'autodétermination. La vie d'un esclave, qui n'a aucune prise sur l'orientation de ses actions, ne peut - d'après Aristote - pas être une vie réussie. Mais la réussite de la vie dépend en outre de structures déterminées de la vie communautaire, d'une constitution déterminée des institutions publiques, qui représentent le siège de la possibilité et de l'orientation des actions humaines. Si nos dispositions à agir sont fondées par l'éducation, alors le genre de l'éducation n'est pas indifférent pour la réussite de la vie, tout comme le genre des coutumes, des habitudes et des lois qui sont à la base de l'éducation et sont transmises par elle. Un agir raisonnable serait impossible sans de telles institutions. Mais cet agir serait a fortiori impossible s'il était permis de le comprendre simplement comme fonction d'institutions établies. Car ce ne serait plus alors un agir au sens propre. La vie consciente ne serait alors qu'une partie d'un tout plus vaste, et non un tout pour elle-même. Si la vie doit véritablement être une totalité que l'on puisse juger du point de vue de sa réussite, alors l'individu doit pouvoir comprendre les structures institutionnelles de cette vie comme conditions de la réussite de celle-ci, et s'entendre avec ses semblables sur ces structures. Mais cela n'est à nouveau possible que dans une «polis », une communauté de citoyens libres. C'est pourquoi Aristote peut dire qu'une telle polis est le seul lieu où l'homme, en tant qu'être raisonnable, parvient à la vie qui lui convient, à la réalisation de sa «nature». La célèbre phrase d'Aristote, selon laquelle l'homme est un animal politique, ne signifie pas que l'homme vit comme les fourmis et les abeilles au sein d'un lien social, mais qu'il est un être qui ne peut parvenir à la réalisation de sa nature que par un vivre ensemble du genre de la polis; Seul un tel vivre ensemble - du moins pour la plupart des hommes - est une vie réussie. La polis est « la communauté du bien vivre pour les familles et les groupes de familles en vue d'une vie parfaite et autarcique » (Politique, 1280 b 30-35)'. La politique se trouve ainsi chez Aristote à côté de l'éthique, comme doctrine de l'adéquation ou de l'inadéquation des institutions politiques aux conditions de la réussite de la vie, comme doctrine de leur conformité ou non-conformité à la nature.

On remarque en outre que la polis n'est pas définie comme une  communauté d'hommes mais de «maisons» et de «familles+>. Nous avons ici un troisième élément de la réussite de la vie, qui opère pour ainsi dire la médiation entre l'éthique et la politique, la « maison» et la « famille », l'activité économique et la famille comme unités qui perdurent au-delà du temps de la vie individuelle.

Le but de ces réflexions introductives n'est pas d'approfondir l'examen de ces unités médiatrices, sans lesquelles il ne peut y avoir de société libre. Réduire ces unités à des «facteurs de socialisation » de la «société» reviendrait à méconnaître leur, spécificité et leur droit propre, et à favoriser cette déformation de la vie sociale que l'on désigne par le terme de «totalitarisme». La théorie de la maison comme unité économique, l'oikonomia, constitue chez Aristote la troisième des disciplines que la tradition aristotélicienne regroupe sous le titre de « philosophie pratique ».

Pour des raisons qui ne pourront être élucidées qu'ultérieurement, la politique et .l'économie, dès l'Antiquité tardive et à nouveau à l'époque moderne, se sont émancipées de l'unité d'une doctrine de la vie bonne, et sont devenues autonomes. Cette autonomisation eut pour conséquence une profonde mutation de la compréhension de l'éthique, une mutation, qui dans l'Antiquité trouve son expression cohérente chez les stoïciens, et à l'époque moderne chez Kant. L'agir ne se sait plus inséré, en k tant qu'agir moral, dans les rapports constitutifs de l'éthos (sittliche), et porté par eux. Il ne peut pas davantage se comprendre comme reproduction et modification de ces rapports, ni se définir à partir d'une responsabilité pour ces derniers. Les rapports politiques et économiques sont pour lui « issus de la nature », et par conséquent quelque chose d'extérieur. L'agir est condamné à l'impuissance dans la réalité, et rejeté sur soi-même. L'éthique devient ainsi une « éthique de la conviction ». Le bien dans l'agir bon n'est plus que la bonne volonté du sujet de l'action. Il ne trouve pas l'orientation de son contenu dans les «rapports éthiques (sittliche) » donnés - l'amitié, la famille, les liens professionnels, la communauté politique, la communauté de culte - mais dans la représentation d'une législation idéale avec laquelle, pour être morale, une maxime d'action individuelle doit s'accorder.

 

 

 

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...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

  "L'esprit constitue un champ de relations tourné vers la totalité de ce qui existe "  Joseph Pieper

Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

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