..Et alors ?

.. le couple FH..?

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philosophie MAGAZINE mars 2012

page 69

« Pour la femme [...], l'amour est une totale démission au profit d'un maître. »

Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949)

par CHLOÉ SALVAN

 La femme recherche dans l'amant le supplément à l'être défaillant que son éducation et la société ont fait d'elle. Bien que nulle essence féminine ne soit pour Beauvoir responsable de cet état de fait, la pente de la compromission est aussi douce qu'humaine : il est bien plus facile pour la femme de remettre son sort entre les mains d'un homme que d'épuiser ses forces dans l'espoir d'exercer une souveraineté dont on l'a convaincue qu'elle était incapable. Existentialiste, Beauvoir pensait comme Sartre qu'un être n'est rien d'autre que ce qu'il fait et décide de faire. Si l'existence de l'homme est ainsi déterminée par l'essence qu'il se choisit, Beauvoir montre dans Le Deuxième Sexe qu'il n'en est rien pour la femme. L'« éternel féminin » précède en effet petites et jeunes filles qui grandissent en apprenant que leur lot est d'être pour autrui et que leur existence, contingente, trouve sa nécessité dans une autorité virile - celle du père puis celle du mari. À défaut de pouvoir se projeter dans un destin librement choisi, Beauvoir montre qu'il est fréquent que la jeune fille consente à son aliénation. L'adoration de sa propre personne lui tiendra lieu d'ambition, avant que l'amour ne lui offre la possibilité de s'abandonner dans un autre, d'en faire son idole. Du narcissisme de ses jeunes années au masochisme de l'amoureuse qu'incarne la femme faite, elle ne se posera ainsi jamais comme sujet. Elle trouve même un substitut de la transcendance dont son statut d'inférieure la prive dans cette dévotion presque mystique qu'épingle ici Beauvoir. En choisissant de se soumettre passionnément à un maître, elle s'apparaît comme libre. Elle qui n'était qu'un « bouquet éparpillé » devient « un merveilleux cadeau au pied de l'autel de son dieu »: elle se sent enfin justifiée d'exister. Lorsqu'il est autre chose que la rencontre de deux libertés se reconnaissant comme telles, l'amour repose sur une contradiction: la femme adore dans l'homme l'être libre qu'elle ne sera jamais, mais, n'existant que par lui, elle le veut enchaîné. Elle l'aime parce qu'elle ne peut le posséder tout entier, mais son indépendance la renvoie à son propre néant. Beauvoir compare cette amoureuse à la sirène du conte d'Andersen: en échangeant sa queue de poisson contre des jambes, elle s'est condamnée à marcher sur des aiguilles et des charbons ardents. Le schéma décrit dans Le Deuxième Sexe n'a certes plus la même actualité que dans les années 1950. Mais si la pensée féministe, remettant en question la notion même de sexe à laquelle elle substitue volontiers celle de « genre », a évolué avec la société, la capture par Beauvoir des ressorts de la psychologie féminine n'a rien perdu de son mordant. PAR CHLOÉ SALVAN

 

4ième page de couverture

philosophie MAGAZINE mars 2012

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Le couple heureux qui se reconnaît dans l'amour défie l'univers et le temps ; il se suffit, il réalise l'absolu.  Simone de Beauvoir (Le Deuxième sexe)

citations le couple

 

 

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... en France ..en Europe ...

...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

  "L'esprit constitue un champ de relations tourné vers la totalité de ce qui existe "  Joseph Pieper

Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

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