Le 1er janvier de cette année 2012 rappelle
d’abord que, dans tous les pays d’Europe nous avons fêté Noël,
autre nom pour le Solstice d’Hiver qui fut célébré en Europe des
millénaires avant l’ère chrétienne. Cette fête nous fait souvenir
que nous, Européens, fils des Hyperboréens de la légende
apollinienne, venons de loin et que nous sommes indestructibles,
en dépit des périls qui se dessinent à l’horizon et en dépit de la
perversion des oligarchies dominantes.
N’ayant pas de civilisation de rechange, c’est à
la mienne et à sa tradition que je m’attache. Elle m’a fait ce que
je suis. Elle a façonné mon être, une certaine façon d’exister, de
sentir, de penser, de me comporter devant la vie et devant la
mort, l’amour et le destin.
Intimement conscient de ce que je dois
d’essentiel à mes origines, je justifie et soutiendrai toujours le
droit fondamental de tous les autres humains à posséder leur
propre patrie, leur culture, un enracinement qui permet d’être
soi, chez soi, et de ne pas être rien.
C’est aussi pourquoi je m’insurge contre ce qui
me nie. Je m’insurge contre l’invasion silencieuses de nos villes,
je m’insurge contre la négation de la mémoire européenne. Je dois
à celle-ci de m’avoir transmis des exemples de tenue, de vaillance
et de raffinement venus du plus lointain passé, celui d’Hector et
d’Andromaque, d’Ulysse et de Pénélope. Menacé comme tous mes
frères européens de périr spirituellement, cette mémoire est mon
bien le plus précieux.
Il est nécessaire aussi, à l’aube de cette année
2012 de rappeler les fondamentaux de toute vie humaine au-delà des
croyances de chacun. Dans leur diversité, les hommes n’existent
que par ce qui les distingue, clans, peuples, nations, cultures,
civilisations, et non par ce qu’ils ont en commun. Seule leur
animalité est universelle. La sexualité est commune à toute
l’humanité autant que la nécessité de se nourrir. En revanche,
l’amour comme la gastronomie ou l’art du thé sont le propre d’une
civilisation, c’est-à-dire d’un effort millénaire de création dans
le mystère de la continuité de soi. L’amour entre deux personnes
de sexe opposé, tel que le conçoivent les Européens, et qu’a
magnifié l’amour courtois à partir du XIIe siècle, est déjà
présent de façon implicite dans les poèmes homériques à travers
les personnages contrastés d’Hélène, Hector, Andromaque, Ulysse et
Pénélope. De même, la perception forte de ce qu’est une personne,
l’existence politique de cités libres et en armes, l’idée
fondamentale aussi que les hommes ne sont pas étrangers à la
nature, qu’ils en épousent le cycle de renouvellement perpétuel
incluant la naissances et la mort, qu’enfin du pire peut surgir le
meilleur, ce sont là un ensemble de particularités constitutives
qui s’affirment déjà dans les deux poèmes d’Homère qui nous
offrent nos modèles.
Même quand ils ne le savent pas, les individus
et les peuples ont un besoin vital de tradition et de civilisation
propres, c’est-à-dire de continuités apaisantes, de rites, d’ordre
intériorisé, et de spiritualité. Nous, Européens, avons tous
besoin de beauté, notamment dans les petites choses. C’est le sens
des fêtes familiales ou amicales que nous avons tous célébrées.
Mais la perception que nous en avons change selon les
civilisations, tissées elles-mêmes d’hérédités spécifiques aux
sources mystérieuses.
Ayant ces réalités à l’esprit, on peut poser
comme principe qu’il n’y a pas de réponse universelle aux
questions de l’existence et du comportement. Chaque peuple, chaque
civilisation a sa vérité et ses dieux également respectables .
Chacun apporte ses réponses, sans lesquelles les individus, hommes
ou femmes, privés d’identité, donc de substance et de profondeur,
sont précipités dans un trouble sans fond. Comme les plantes, les
hommes ne peuvent se passer de racines. Mais leurs racines ne sont
pas seulement celles de l’hérédité, auxquelles on peut être
infidèle, ce sont également celles de l’esprit, c’est-à-dire de la
tradition qu’il appartient à chacun de retrouver.
Dominique Venner