...SIMONE WEIL .... intro via le livre édité par QUARTO

dossier : Simone Weil

« L’ordre de l’Univers incarné dans une pensée humaine. C’est notre fin ;

Le vrai se définit ainsi. »  >>>>

 

 Simone Weil fait sienne une pensée de Francis Bacon :«L'homme commande à la nature en lui obéissant»

en appelant l'homme à renouer «le pacte originel de l'esprit avec l'univers» >>>>

 

   

«Après des mois de ténèbres intérieures j'ai eu soudain et pour toujours la certitude que n'importe quel être humain, même si ses facultés naturelles sont presque nulles, pénètre dans ce royaume de la vérité réservé au génie, si seulement il désire la vérité et fait perpétuellement un effort d'attention pour l'atteindre.»

....merci pour cette Espérance ... 

QUARTO

1288 pages

36 illustrations 28,98 EUR

ÉDITION ÉTABLIE SOUS LA DIRECTION DE FLORENCE DE LUSSY

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Tout l'itinéraire de Simone Weil en un volume

4e Page

Philosophe, historienne et mystique, Simone Weil (1909-1943) a traversé les années noires du siècle. Résistante, elle meurt à 34 ans, à Londres où elle avait rejoint la France combattante, laissant, au sein duchaos contemporain, une oeuvre visionnaire.

Parmi les 53 textes, articles, correspondances et livres retenus dans ce volume on trouvera notamment, selon leur agencement et leur titre désormais en vigueur

Impressions d'Allemagne 1932

Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale

Expérience de la vie d'usine Méditation sur l'obéissance et la liberté

Lettre à Georges Bernanos

Réflexions sur la barbarie

Réflexions sur les origines de l'hitlérisme

Llliade ou le poème de la force

À propos de la théorie des quanta

L'Amour de Dieu et le malheur

Autobiographie spirituelle

Cahier de Marseille

Cahier de New York Lettre à un religieux

L' Enracinement...

« Vie et OEuvre »

Documents

Portraits

Commentaires

INTRODUCTION ....dont quelques lignes rédigées par  FLORENCE DE LUSSY

Une figure noire et or, un peu étrange - surhumaine disent certains, qui attire et repousse en même temps, telle apparaît Simone Weil au yeux de nos contemporains. On lui reconnaît une puissance intellectuelle exceptionnelle, une force morale digne des héros, un courage et un esprit de résistance hors de pair, de la grandeur en somme, mais son feu et sa pureté font peur. Une propension à l'excès a comme déteint sur les jugements que l'on porta sur elle, bien souvent sommaires et non vérifiés. De plus, les écrits de cette jeune femme semblent susciter de nos jours des réticences, encore accentuées en France par une confrontation séculaire entre deux sensibilités qui fondent deux types de société opposés. .....

Il y a, en effet, comme une ivresse spéculative dans ces pages «pythagoriciennes», « quelque chose d'inventif et de génial». L'époque sans précédent où l'on vit appelle une sainteté nouvelle, de l'invention et du génie. C'est la réponse - ultime - qu'elle fait à ce dominicain, le Père Perrin, auquel la lie une amitié affectueuse et reconnaissante et qui la presse de se faire baptiser. C'est à Casablanca, précisément, que sa décision se fait irrévocable: elle n'entrera pas dans l'Église: «Le degré de probité intellectuelle qui est obligatoire pour moi, en raison de ma vocation propre, exige que ma pensée soit indifférente à toutes les idées sans exception, y compris par exemple le matérialisme et l'athéisme; également accueillante et également réservée à l'égard de toutes". » Il faut interpréter cette déclaration comme la charte d'une sorte de «service de l'intelligence» comme on dit «service de Dieu». Simone Weil assume, librement et pleinement, une «position d'équilibre instable», à l'intersection de tous les courants de pensée. Elle sera donc un «passeur» - un médiateur - pour cette «pensée identique» qui, selon elle, court à travers toutes les civilisations et se trouve exprimée «dans les mythologies antiques; dans la philosophie de Phérékydès, Thalès, Anaximandre, Héraclite, Pythagore, Platon et des Stoïciens grecs; dans la poésie grecque de la grande époque; dans le folklore universel; dans les Upanishad et la Bhagavad­Gitâ; dans les écrits des Taoïstes chinois et dans certains courants boud­dhistes; dans ce qui reste des écritures sacrées d'Égypte; dans les dogmes de la foi chrétienne et les écrits des plus grands mystiques chrétiens, surtout saint Jean de la Croix; dans certaines hérésies, surtout la tradition cathare et manichéenne ». Mais cette «pensée unique», creuset de la vérité, « a besoin aujourd'hui d'une expression moderne et occidentale. C'est-à-dire qu'elle a besoin d'être exprimée à travers la seule chose à peu près bonne que nous ayons en propre, à savoir la science" ». Ainsi, dans une vision d'universelle analogie, où elle voit «presque l'analogue d'une révélation nouvelle de l'univers et de la destinée humaine », Simone Weil privilégie la science, comme le fit au XVe siècle Nicolas de Cues (qu'elle a lu), dans un chapitre de sa Docte ignorance; et, culminant au sein de celle­ci, la géométrie...., «Dieu est un perpétuel géomètre», avec, en son coeur, la notion de médiation....

1123 Aider ses contemporains à sortir de « l'atroce misère au fond de laquelle [ils] gisent]», aider la France à retrouver son âme, telle est la mission que Simone Weil s'est donnée, du fond de son isolement et bien qu'elle ne nourrisse plus d'illusion quant à la prise en considération de ses écrits. Ce plaidoyer pour une civilisation nouvelle, dont Michel Alexandre, disciple d'"Allain, a pu écrire que cela rouvre tout (sans utopie! - dominant Marx, reprenant l'Évangile et Kant)1l », surmonte le désespoir par le recours à cette certitude empruntée aux Anciens que «ce qui fait obéir la force aveugle de la matière n'est pas une autre force, plus forte. C'est l'amour». Ce «grand oeuvre» abandonné fait apparaître dans les dernières pages un ultime face à face de la force et de l'amour: «[l'homme] n'est certes pas le seigneur et maître de la nature, et Hitler avait raison de dire qu'en croyant l'être il se trompe; mais il est le fils du maître, l'enfant de la maison. La science en est la preuve. Un enfant tout jeune dans une riche maison est en bien des choses soumis aux domestiques; mais quand il est sur les genoux de son père et s'identifie à lui par amour, il a part à l'autorité. » Cette intuition d'un rapport filial s'énonce au même moment, en termes plus philosophiques, dans le « carnet de Londres » avec une référence implicite à Platon: « Quelque chose de mystérieux dans cet univers est complice de ceux qui n'aiment que le bien". » C'est donc sur un message d'espoir que se clôt ce maître livre, cependant que son auteur, une femme de trente-quatre ans, va bientôt mourir, et de déses­poir; car elle a oublié qu'elle était, elle aussi, la fille du maître, l'enfant de la maison.

FI. de L.

BIBLIOGRAPHIE.... en 3 lignes ....

1872 .. naissance de Bernard Weil ( juifs libéraux sans pratique religieuse) à Strasbourg dans une famille de commerçants et établie depuis longtemps en Alsace. Il deviendra médecin .... est tué au front en 1915..

1909 ....naissances de Simone Weil à Paris 19 bd de Strasbourg... Santé fragile ... frère aîné André Weil ...célèbre mathématicien..

1928 ... entre à l'école Normale Supérieure

1931 .. admis à l'agrégation de philosophie (7e)... Surnom : la Vierge Rouge ... Enseignement articles dans la Révolution prolétarienne ... travaille en usine....

1936 ... participe à la guerre d'Espagne

1942 embarquement à destination de New York

1943 à Londres... Meurt le 24 août elle est enterrée à  New Cemetery d'Ashford...dans la partie réservée catholique

www.immediatement.com/numeros/immed7/epee/amere.htm

La vie de Simone Weil a de quoi fasciner. L'acharnement de cette jeune philosophe à vivre en conformité avec ses principes fait d'elle une personne hors-norme.

 Reste à redécouvrir sa philosophie.

Quelle étrange admiratrice de Léon Trotsky que Simone Weil qui écrivait, pendant la guerre d'Espagne, à Bernanos : Vous êtes royaliste, disciple de Drumont - que m'importe ? Vous m'êtes plus proche, sans comparaison, que mes camarades des milices d'Aragon . Dès l'âge de 20 ans, elle milite pour améliorer les conditions de la vie ouvrière et fréquente des dissidents du PCF. Quarante ans avant les établis maoïstes des seventies, la brillante élève de Normale Sup range dans sa poche son agrégation de philo pour travailler comme manoeuvre chez Renault (1934-1935). En 1936, elle s'engage dans les Brigades Internationales. Exclue de l'Université en 1941 en raison de ses origines juives, elle partage le temps des vendanges, chez son ami maurrassien Gustave Thibon, la dure vie des ouvriers agricoles puis rejoint la France Libre. A Londres, elle rêve d'une Résistance qui soit les prémices d'une France nouvelle. Pour elle et ses amis, des gens comme Bernanos ou Maurice Schumann, la France Libre est avant tout une mystique. Il s'agit d'insuffler à la France combattante une inspiration spirituelle pour une nouvelle civilisation . Atteinte d'une tuberculose, elle n'accepte que le minimum des soins par compassion pour le peuple français. Elle meurt en 1943.
Mais ce personnage héroïque est secondaire. Celle qui recherchait le lien mystique est devenue une vedette de l'héroïsme et du sacrifice et il y aurait beaucoup à dire sur cette stérilisation par l'idolâtrie , soulignait Thibon. Le mérite de la biographie de Simone Pétrement est de nous révéler avant tout la philosophe politique et la mystique. Par certaines outrances la mystique peut agacer. La lectrice de Guénon fatigue à force d'inexactitudes historiques et d'allégeances gnostiques. Son helleno-christianisme qui voit des précurseurs du Christ partout sauf chez les Juifs est peu convaincant. Sa vision d'une Eglise pervertie par Rome, sauvée un temps par le sursaut cathare, révèle un platonisme exclusif. En revanche, la philosophe de L'Enracinement compte parmi les plus belles pages du socialisme français depuis Proudhon et Sorel. Son refus de l'utilitarisme lui permet de conserver le meilleur de Marx et de renvoyer dos à dos individualisme et collectivisme. Ses Réflexions préfigurent certaines pages de La Société du Spectacle en faisant de la déréalisation la cause première de l'oppression au sein du gros animal social. Cette coupure fondamentale entre l'homme et sa vie est due aux rapports de production mais aussi à un tryptique diabolique : Argent, machinisme, algèbre. Les trois monstres de la civilisation actuelle . Autant d'écrans entre l'homme et la réalité, d'où une crise de civilisation sans précédent : l'aventure de Descartes a mal tourné . Mais ce pessimisme est rempli d'espérance. D'où nous viendra la renaissance, à nous qui avons souillé et vidé tout le globe terrestre ? Du passé seul si nous l'aimons .

                                                                                                            Nicolas Vimar


Simone Weil, Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale, Folio, 151 p., 35 F.

 


Simone Pétrement, La vie de Simone Weil,

 Fayard, 707 p., 198

www.immediatement.com/numeros/immed7/epee/amere.htm

En 1934, Simone Weil composa son «grand œuvre», Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale, publié en 1955 dans le volume intitulé Oppression et liberté. À partir d'une idée profondément pessimiste – «Nous vivons une époque privée d'avenir» –, la philosophe ébauche une réflexion aux multiples aspects sur la révolution, mot qui «n'a aucun contenu», le progrès, qui «se transforme aujourd'hui, d'une manière à proprement parler mathématique, en régression», et la société en général, ou plutôt la collectivité, qui est désormais dominée par les machines et les choses. Simone Weil cherche à réhabiliter le rôle de l'individu, en qui elle voit le seul facteur contraire à la toute-puissance de la société : «Les causes de l'évolution sociale ne doivent plus être cherchées ailleurs que dans les efforts quotidiens des hommes considérés comme individus.» Mais, jugeant improbable une évolution positive, elle achève son analyse de l'oppression sur cette sentence : «Il semblerait que l'homme naisse esclave, et que la servitude soit sa condition propre.»

Simone Weil ne parvient pas à donner à la suite de ses réflexions une coloration plus optimiste, malgré sa volonté de rechercher une voie vers la liberté ; elle ne découvre aucun moyen d'atteindre cette liberté, qui n'est qu'un rêve. La société la moins mauvaise est «celle où le commun des hommes se trouve le plus souvent dans l'obligation de penser en agissant», mais pour l'atteindre, il faudrait en finir avec le travail en usine, qui abrutit les ouvriers et domine l'activité humaine. On ne peut espérer diminuer le poids de l'oppression car les divers efforts en ce sens se contrarient les uns les autres. La dernière partie de l'ouvrage reprend une pensée de Francis Bacon : «L'homme commande à la nature en lui obéissant», que Simone Weil fait sienne en appelant l'homme à renouer «le pacte originel de l'esprit avec l'univers». Elle annonce ainsi l'orientation mystique  ( ...Meta.. ... )de sa pensée dans les dernières années de sa vie.

 

 

25.12.03

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