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d
Présentation: Dans l'ouvrage « l'illusion économique -- essai sur la stagnation des
sociétés développées » paru en 1998, Emmanuel Todd met en évidence l'importance
d'une croyance collective pour la survie d'un ensemble humain. Cet
ensemble humain est pour lui « la nation ». ....
Dans cet essai il met également en
évidence que les deux forces qui mènent actuellement la mondialisation
ce sont ..".le grand capital" et "les élites".. Ce sont elles
qui poussent à la destruction des nations ...des religions.. des
civilisations .
Emmanuel Todd, né en 1951, est diplômé de
l'institut d'études politiques de Paris et docteur en histoire de
l'université de Cambridge. Il a publié de nombreux livres, notamment «
la chute finale » ouvrage prémonitoire qui, dès 1976 annonçait
l'implosion du système communiste. Il vient de publier « Après
l'empire" -- essai sur la décomposition du système américain »....
Homme de gauche...
Extraits:
La nature de la crise
On ne peut qu'être frappé par le
sentiment d'impuissance qui
caractérise la période, s'exprimant à travers cent variantes d'une
même idéologie de l'inéluctabilité des processus économiques. .....
On
doit ajouter, pour comprendre la crise, l'hypothèse d'une
dissolution des croyances collectives, dans toutes leurs
manifestations : déclin des idéologies, des religions, de la
conscience de classe, de l'État, du sentiment national. ..
..Ultralibéralisme
et européisme, apparus dans les années 1980 pour dominer
l'imagination des strates supérieures des sociétés occidentales, ont
en commun de nier l'existence des nations et de ne plus définir des
entités collectives vraisemblables. ...
.C'est l'antinationisme
des élites, pour reprendre le terme
efficace de Pierre André Taguieff, qui mène à la toute-puissance du
capital mondialisé. Le retour d'une conscience collective centrée
sur la nation suffirait à transformer le tigre de la mondialisation en
un chat domestique tout à fait acceptable. .
Les réponses à la crise
Hors
des croyances collectives,
le long terme n'a plus de sens. Une préférence pour le court terme,
des hommes, des sociétés et des économies peut s'installer.
La définition d'un
protectionnisme intelligent, allant au-delà de la flexibilité
monétaire, sera le grand débat des décennies à venir
La foi dans la
nation Il nous faut certes des économistes, libres d'esprit et
capables d'expérimenter. Mais ce dont nous avons d'abord besoin est
d'un saut de la foi, dans une croyance collective raisonnable, la
nation.
Auteur:
Emmanuel Todd
Source:
L'Illusion écomomique, Gallimard, 1998
Corrélats :
nation, famille, ensemble-HOMENTRANCHE, ensembles-homocoques,
France "d'en haut" , capitalisme, libéralisme,socialisme, protectionnisme,
Coques, religions, idéologies, civilisation occidentale,
anti-américanisme ..mondialisme, antimondialisme,
redécouvrir la
nation, la famille, la fierté, le mérite, etc ... «Si les églises
sont vides, si personne, en France, n'ose chanter la Marseillaise, si
personne n'ose brandir un drapeau français dans ce pays, ce n'est pas de
la faute des musulmans.» Ivan Rifioul
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La nature de la crise
sentiment d'impuissance
La France hésite entre la peur et la révolte. À une question de
l'Institut de sondage CSA leur demandant, en mars 1997, ce qu'évoquait
pour eux le système économique, 17 % des Français répondaient l'espoir, 8
% l'indifférence, 41 % la peur, 31 % la révolte'. Entre 1975 et 1995, la
vision du futur économique et social a, par étapes, basculé. Le rêve d'un
enrichissement universel, dominant jusqu'à la fin des années 70, a été
remplacé entre 1985 et 1990 par l'image d'une société stationnaire, dure à
certaines minorités, mais assurant aux trois quarts de la population le
maintien d'un niveau de vie élevé. Enfin s'est répandu, au milieu des
années 90, le cauchemar d'une régression sans fin, d'une paupérisation de
secteurs de plus en plus vastes de la population, d'une inexorable montée
des inégalités. Dans le nouvel imaginaire collectif, 20 % des gens
s'enrichissent, pour certains au-delà de toute mesure, mais 80 %, sont
précipités, les uns après les autres, selon un ordre mystérieux, dans le
puits sans fond de l'adaptation. L'idée de modernité s'oppose désormais à
celle de progrès. La nécessité économique explique tout, justifie tout,
décide pour l'humanité assommée qu'il n'y a pas d'autre voie. Le souci
d'efficacité exige la déstabilisation des existences, implique la
destruction des mondes civilisés et paisibles qu'étaient devenus, après
bien des convulsions, l'Europe, les Etats-Unis et le Japon.
La mondialisation - globalisation selon la terminologie anglosaxonne -
serait la force motrice de cette fatalité historique. Parce qu'elle est
partout, elle ne peut être arrêtée nulle part. Principe de rationalité,
d'efficience, elle n'appartient à aucune société en particulier. Elle
flotte, a-sociale, a-religieuse, a-nationale, au-dessus des vastes océans,
l'Atlantique et le Pacifique s'affrontant pour la prééminence dans un
combat vide de conscience et de valeurs collectives. Que faire contre une
telle abstraction, une telle délocalisation de l'histoire?
On ne peut qu'être frappé par le sentiment d'impuissance qui
caractérise la période, s'exprimant à travers cent variantes d'une même
idéologie de l'inéluctabilité des processus économiques. Impuissance des
États, des nations, des classes dirigeantes. Cet accablement spirituel est
paradoxal dans une phase de progrès technique spectaculaire, durant
laquelle l'homme manifeste, une fois de plus, sa vocation à maîtriser la
nature, à transformer, par ses inventions, le monde tel qu'il le trouve.
.....
La dépression des classes dirigeantes françaises est particulièrement
surprenante. Elle intervient au moment exact où la France a enfin cessé
d'être, à l'intérieur du monde développé, un pays en retard. ...
Dissolution des croyances collectives..
L'explosion des nations
p20 ....Ainsi , Bill Clinton et Jacques Chirac, élus au terme de
campagnes électorales volontaristes, ont-ils été rapidement
transformés en gestionnaires prudents d'un monde trop vaste, menaçant
comme un océan.
On doit ajouter, pour comprendre la crise, l'hypothèse d'une
dissolution des croyances collectives, dans toutes leurs
manifestations : déclin des idéologies, des religions, de la
conscience de classe, de l'État, du sentiment national. Toutes les
croyances qui assuraient la définition et la cohésion de groupes
capables d'agir collectivement semblent en voie de disparition, dans
un univers social et mental qui ne laisserait plus subsister que
l'individu. Mais c'est bien parce qu'il est seul, isolé, dans sa
parcelle de rationalité, que l'individu se sent écrasé par l'histoire
économique.
Nous vivons aujourd'hui l'aboutissement logique de l'absurdité
ultralibérale, qui, voulant « libérer l'individu » de tout carcan
collectif, n'a réussi qu'à fabriquer un nain apeuré et transi,
cherchant la sécurité dans la déification de l'argent et sa
thésaurisation. En l'absence de groupes actifs, définis par des
croyances collectives fortes - ouvrières, catholiques, nationales -
les hommes politiques du monde occidental sont réduits à leur taille
sociale réelle, par nature insignifiante.
Une abondance de textes nous assurent en particulier que la nation,
la plus active des croyances collectives au vingtième siècle, est en
voie d'être dépassée. Ultralibéralisme et européisme, apparus dans les
années 1980 pour dominer l'imagination des strates supérieures des
sociétés occidentales, ont en commun de nier l'existence des nations
et de ne plus définir des entités collectives vraisemblables. On doit,
pour cette raison, les considérer comme des anti-idéologies, des
croyances anticollectives, ou, pour faire court, anticroyances,
nettement distinctes des formes doctrinales antérieures dont l'une des
fonctions essentielles était la cristallisation de groupes humains. La
doctrine ultralibérale et le credo monétaire maastrichtien, si opposés
par certains de leurs principes fondamentaux, libéraux et anglo-saxons
dans un cas, autoritaires et continentaux dans l'autre, s'appuient
cependant sur une même axiomatique postnationale. Le rejet de la
nation s'exprime ici « vers le haut », par un désir de la dissoudre
dans des de campagnes électorales volontaristes, ont-ils été
rapidement transformés en gestionnaires prudents d'un monde trop
vaste, menaçant comme un océan.
On doit ajouter, pour comprendre la crise, l'hypothèse d'une
dissolution des croyances collectives, dans toutes leurs
manifestations : déclin des idéologies, des religions, de la
conscience de classe, de l'État, du sentiment national. Toutes les
croyances qui assuraient la définition et la cohésion de groupes
capables d'agir collectivement semblent en voie de disparition, dans
un univers social et mental qui ne laisserait plus subsister que
l'individu. Mais c'est bien parce qu'il est seul, isolé, dans sa
parcelle de rationalité, que l'individu se sent écrasé par l'histoire
économique.
Nous vivons aujourd'hui l'aboutissement logique de l'absurdité
ultralibérale, qui, voulant « libérer l'individu » de tout carcan
collectif, n'a réussi qu'à fabriquer un nain apeuré et transi,
cherchant la sécurité dans la déification de l'argent et sa
thésaurisation. En l'absence de groupes actifs, définis par des
croyances collectives fortes - ouvrières, catholiques, nationales -
les hommes politiques du monde occidental sont réduits à leur taille
sociale réelle, par nature insignifiante.
Ultralibéralisme et européisme
Une abondance de textes nous assurent en particulier que la nation,
la plus active des croyances collectives au vingtième siècle, est en
voie d'être dépassée. Ultralibéralisme et européisme, apparus dans les
années 1980 pour dominer l'imagination des strates supérieures des
sociétés occidentales, ont en commun de nier l'existence des nations
et de ne plus définir des entités collectives vraisemblables. On doit,
pour cette raison, les considérer comme des anti-idéologies, des
croyances anticollectives, ou, pour faire court, anticroyances,
nettement distinctes des formes doctrinales antérieures dont l'une des
fonctions essentielles était la cristallisation de groupes humains. La
doctrine ultralibérale et le credo monétaire maastrichtien, si opposés
par certains de leurs principes fondamentaux, libéraux et anglo-saxons
dans un cas, autoritaires et continentaux dans l'autre, s'appuient
cependant sur une même axiomatique postnationale. Le rejet de la
nation s'exprime ici « vers le haut », par un désir de la dissoudre
dans des entités d'ordre supérieur, l'Europe ou le monde; mais il peut
aussi se tourner « vers le bas », exigeant alors la fragmentation du
corps social par la décentralisation géographique ou par l'enfermement
des immigrés dans leurs cultures d'origine au nom du droit à la
différence. Tous ces phénomènes, que rien ne relie en apparence -
européisme, mondialisme, décentralisation, multiculturalisme - ont en
réalité un trait commun : le refus de la croyance collective
nationale.
C'est ce rapport négatif à l'idée de nation qui implique que l'on
parle très spécifiquement d'ultralibéralisme. Le libéralisme des
dix-huitième et dix-neuvième siècles était associé positivement au
développement de l'idée nationale. Il ne niait pas l'existence des
collectivités humaines. ... Ce rapport inversé à la notion
de croyance collective suffit à définir le libéralisme classique et
l'ultralibéralisme comme relevant de natures différentes, et même
opposées.
l'antinationisme
Selon la vulgate actuelle, la cause du dépassement des nations doit
être recherchée dans l'action des forces économiques, dans cette
globalisation dont la logique invincible ferait exploser les
frontières. Une autre interprétation est possible, qui met à l'origine
du déclin de la croyance collective nationale, non pas l'économie,
mais une évolution autonome des mentalités : la dissociation et la
stagnation culturelles qui caractérisent la période ont mis à mal
l'idéal d'égalité et la croyance en l'unité du groupe. Je vais essayer
de démontrer dans ce livre que la séquence logique associant implosion
des nations et globalisation économique est inverse de celle qui est
communément admise. La chute de la valeur d'égalité entraîne celle de
la croyance collective nationale qui détermine à son tour le mouvement
économique de globalisation. La causalité part des mentalités pour
atteindre l'économique : l'explosion ( rs je dirai plutôt
l'implosion )des nations produit la
mondialisation, et non l'inverse. En France comme aux États-Unis ou en
Angleterre, c'est l'antinationisme des élites, pour reprendre le terme
efficace de Pierre André Taguieff, qui mène à la toute-puissance du
capital mondialisé. Le retour d'une conscience collective centrée sur
la nation suffirait à transformer le tigre de la mondialisation en un
chat domestique tout à fait acceptable.
Nous verrons qu'une telle analyse est
encore peu applicable à l'Allemagne et pas du tout au Japon. Ces
nations, ancrées dans des valeurs anthropologiques
anti-individualistes, sont infiniment plus résistantes à la
désintégration historique que les États-Unis, l'Angleterre ou la
France.
Au-delà des problèmes créés par la
libération du capital, l'affaissement de la croyance collective
nationale est à l'origine de multiples erreurs de perception et de
gestion économique, tout simplement parce que la nation est la réalité
humaine qui se cache sous les notions abstraites de « société » ou d'«
économie ». La Sécurité sociale est en pratique un système de
redistribution nationale. La « demande globale » de l'analyse
keynésienne ne peut, en pratique, être gérée qu'à l'échelle nationale.
Ou pas du tout.
L'oubli par les élites occidentales du
concept banal de demande globale, enseigné comme allant de soi entre
la fin de la Seconde Guerre mondiale et le milieu des années 80, dans
la plupart des institutions assurant la formation des dirigeants, est
un phénomène de mentalité dont l'étude mériterait à elle seule
plusieurs thèses de doctorat. L'effet de cette amnésie intellectuelle
apparaît aujourd'hui stupéfiant en Europe : dans un contexte de
contraction de la consommation nous voyons les gouvernements
maastrichtiens acharnés à comprimer toujours plus la demande par la
réduction des déficits publics. Alain Juppé s'est ainsi transformé
sous nos yeux en une sorte de hamster tragique, faisant inlassablement
tourner la roue d'une lutte contre le déficit qui nourrissait le
déficit. Mais c'est bien le reflux de la croyance nationale qui
conduit à une gestion économique absurde, par défaut de perception de
la réalité agrégée du système : l'économie a pour spécificité de faire
apparaître sans cesse des inter
1. P: A. Taguieff, Les fins de
l'antiracisme, Michalon, 1995, p. 202.
La croyance et l'action
les croyances collectives,
p313 Le déclin des croyances
collectives, parce qu'il isole l'individu dans sa peur, révèle cette
fragilité essentielle. On peut même dire qu'il la démultiplie. Toute
croyance collective est une structure d'éternité qui définit un groupe
capable de se perpétuer au delà de la vie individuelle. L'une de ses
fonctions essentielles est le dépassement par l'individu du sentiment
de sa propre finitude. Si le groupe est effacé, l'individu est ramené
à l'évidence centrale, intolérable. Le programme humain de fuite
hors de la réalité doit entrer en action. Hors des croyances
collectives, le long terme n'a plus de sens. Une préférence pour le
court terme, des hommes, des sociétés et des économies peut
s'installer.
Au coeur de la crise, nous devons donc
identifier un effondrement des croyances collectives, et
particulièrement de l'idée de nation. Nous constatons, empiriquement,
que l'effondrement de cet encadrement social et psychologique n'a pas
mené à la libération et à l'épanouissement des individus mais au
contraire à leur écrasement par un sentiment d'impuissance. Nous
sommes ici au coeurs du mystère humain. Toute croyance véritable,
forte et structurante, est simultanément individuelle et collective,
ainsi que le souligne le terme même de religion qui renvoie à une foi
personnelle et à un lien social. Ce que démontre abondamment
l'histoire de l'humanité, c'est que l'individu n'est fort que si sa
collectivité est forte.(1) Les grands de l'histoire, personnalités
décrites et perçues comme exceptionnelles et exemplaires, s'appuient
toujours sur des collectivités cohérentes. Derrière Périclès, il y a
la croyance d'Athènes en son existence ; derrière César celle de Rome
; derrière Danton, Robespierre ou Napoléon celle de la France
révolutionnaire ( ..voila que la dérive vers ENUN
...vers le totalitarisme ....vers .l'universalisme ...ne sont
pas loin ...à quand Staline ... l'homme de gauche pointe son
nez.. Curieux De Villepin ..inspirateur de Chirac, est un grand
admirateur de Napoléon..), qui est en train d'inventer la nation
moderne ; derrière Luther ou Bismarck, il y a une Allemagne qui, à des
stades divers, est en train de prendre conscience d'elle-même. Dans le
monde anglo-saxon lui-même, haut lieu de l'individualisme occidental,
les individus ne sont grands que lorsque les croyances collectives -
religieuses, sociales ou nationales - sont puissantes. Aux États-Unis,
le déclin du sentiment national et religieux explique le passage de
Lincoln ou Roosevelt à Reagan (2) ou Clinton. Tout comme en
Grande-Bretagne, le glissement de Disraeli ou Gladstone à Major ou
Blair.
Seul, et convaincu de sa solitude,
l'individu se révèle incapable de croire réellement en la nécessité
d'atteindre un objectif quelconque. C'est pourquoi le déclin des
croyances collectives mène inexorablement à la chute de l'individu.
Dans une telle ambiance peuvent émerger des dirigeants égarés,
grégaires, mimétiques, assoiffés de reconnaissance plutôt que de réel
pouvoir : simultanément incapables d'agir collectivement et d'exprimer
des opinions individuelles. La théorie philosophique ou sociologique
ne permettait pas de prévoir une telle fragilité. Nous aurions pu
attendre de la montée du niveau culturel, de l'émergence d'une classe
cultivée, savante, celle d'un homme nouveau, capable de dominer
l'histoire.
Certains effets positifs sont
apparents, dont l'attachement à la liberté qui rend l'hypothèse d'un
totalitarisme à l'ancienne inconcevable. Mais pour l'essentiel, la
réalité que nous observons est une réversion intellectuelle, le
spectacle fantastique de classes supérieures européennes aussi égarées
que celles des années 30, dont le déflationnisme avait tant fait pour
encourager la montée des fascismes. Nous vivons une extraordinaire
leçon : l'histoire nous dit que l'homme, lorsqu'il ne se pense plus
comme membre d'un groupe, cesse d'être un individu.
L'avenir du
protectionnisme
Si les problèmes des sociétés développées ne sont que
superficiellement économiques, il en va de même des solutions. La
définition d'un protectionnisme intelligent, allant au-delà de la
flexibilité monétaire, sera le grand débat des décennies à venir. Les
sociétés ne peuvent indéfiniment vivre sous tension d'adaptation dans
un contexte de déficience de la demande globale. Si les sociétés
nationales n'arrivent pas à définir les voies nouvelles d'une
protection économique assurant le maintien des protections sociales,
la stabilité des infrastructures matérielles et des systèmes
éducatifs, nous pouvons nous préparer à vivre des phénomènes de
régression massifs : des conflits de classes violents ou le retour pur
et simple à certaines formes de barbarie..... le cadre d'une économie
protégée sur le plan extérieur , mais libéral sur le plan intérieur,
reste sans doute valable....
la foi dans
la nation
Le vrai problème, et la vraie solution
touchent les fondements culturels et anthropologiques du système. Le
protectionnisme présuppose une conception de la collectivité et de
l'égalité. Il ne peut se passer de l'idée de nation. La tâche apparaît
alors plus vaste, et beaucoup plus mystérieuse. Une telle croyance
peut-elle renaître dans un contexte de paix, dans des pays fortement
stratifiés sur le plan culturel ? Nous ne le savons pas. Mais il est
en revanche possible d'affirmer, sous la forme d'une proposition
conditionnelle, que si l'idée de nation renaît, le sentiment
d'impuissance économique qui paralyse le monde développé et ses élites
disparaîtra. L'action redeviendra concevable. Ici, le diagnostic
historique est essentiel. Si ce n'est pas la mondialisation qui
dissout les nations, mais l'autodissolution des nations qui produit la
mondialisation, alors la recomposition des nations fera s'évanouir le
problème de la mondialisation. Lorsque les dirigeants d'une
collectivité s'appuient sur une conscience nationale forte,
l'expérimentation économique est possible. Dénonciation du traité de
Maastricht, annulation de l'indépendance de la Banque de France,
renégociation de tous les aspects de la politique européenne,
transferts de ressources entre générations, réforme fiscale, politique
industrielle et technologique : tous ces rêves qui semblent
aujourd'hui hors de notre portée, pour ne pas dire fous,
redeviendraient une réalité accessible. Et si nous sommes une
communauté humaine, pourquoi ne pas réaliser, d'un coup de baguette
magique, la liquidation de la dette publique par la monétisation ?
Ecrivons un chiffre au compte du Trésor, à la Banque de France : en
situation de déflation virtuelle nous n'avons guère à craindre
l'inflation. Une collectivité qui pense exister, dans laquelle les
individus se reconnaissent, au-delà de leurs différences de richesse,
de pouvoir et de formation, comme semblables et solidaires, n'est
jamais frappée par un sentiment d'impuissance économique. Le problème
n'est pas véritablement d'ordre intellectuel. Il nous faut certes des
économistes, libres d'esprit et capables d'expérimenter. Mais ce dont
nous avons d'abord besoin est d'un saut de la foi, dans une croyance
collective raisonnable, la nation.
04/03
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Résonances..rs:
Que les Etats-Unis soient en déclin
relatif ... cela est certain ... mais cela ne prouve que le développement plus
rapide des autres ( mais non de L'Europe actuellement.. qui s'occupe des problèmes
des autres et non des siens) ...
Vouloir oeuvrer à sa "chute" ou sa
"décomposition"
( annoncée par Emmanuel Todd dans son dernier livre" Après
l'empire -- essai sur la décomposition du système américain »)
c'est pour un occidental "se tirer dans les pieds". Sa chute ne pourrait qu'entraîner celle de tout l'Occident ...
( dont l'Europe
malade... inexistante ... et incapable d'assurer une quelconque sécurité
mondiale...) Le rééquilibrage ne peut et doit se faire dans le
temps et au sein de chaque civilisation ... malheur aux
révolutionnaires ...et aux universalistes.
7.04.03
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Corrélats:
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