LE FIGARO. - La droite s'apprête à
améliorer le Pacs alors qu'elle était opposée à ce contrat lors de sa
création par la gauche. Comment interprétez-vous ce revirement ?
Tony ANATRELLA. - L'attitude de la
droite me paraît très paradoxale. Elle s'était pourtant opposée au Pacs
pour des raisons compréhensibles : éviter le brouillage avec le mariage
qui repose exclusivement sur les relations entre un homme et une femme.
Mais le problème de la droite française, c'est que lorsqu'elle arrive au
pouvoir, elle applique la politique de la gauche en espérant gagner des
voix. Du coup elle trahit son électorat. Elle manque de conviction et de
courage. Sans doute reprendrat-elle ses positions antérieures, quand
elle reviendra dans l'opposition. Le Pacs qui s'inspire des
caractéristiques réservées au mariage est un contrat à l'image des
instabilités affectives contemporaines. Il va s'aligner fiscalement sur
le mariage, une nouvelle loi facilite déjà le divorce. On est en
train de vider le mariage de sa valeur symbolique.
L'institution du mariage n'a pourtant
pas eu besoin des homosexuels pour être fortement ébranlée : baisse de
la pratique religieuse, hausse des divorces, des naissances hors
mariage... Certes, mais est-ce une raison pour donner le coup de grâce ?
A la limite pourquoi ne pas supprimer le mariage et le remplacer par le
Pacs ? On brouille les repères symboliques de la société qui n'a
pourtant aucun intérêt à organiser légalement des liaisons
homosexuelles. L'homosexualité n'est pas une identité, c'est une
tendance sexuelle, ce n'est pas une caractéristique fondamentale de la
personne humaine. On inverse tout. La loi n'est plus au service
du bien commun et de l'intérêt général mais au service des individus.
Que pensez-vous de la reconnaissance
d'autorité parentale accordée par la justice à deux femmes homosexuelles
? N'est-ce pas le signe d'une évolution de la société vis-à-vis de
l'homosexualité ?
Je pense au contraire que c'est une
régression. De même l'adoption d'enfants par les homosexuels
représenterait une véritable confusion. Ce n'est pas à la justice de
reconnaître ou non l'homoparentalité. Il ne faut pas que l'enfant
soit instrumentalisé. La loi de 2002 a été détournée dans ce cas
précis. Au départ, elle a été prévue pour les enfants issus du divorce
dont l'un des parents ne s'occupe plus, alors que le nouveau partenaire
les a pris en charge. La Belgique autorise l'insémination artificielle
pour les couples d'homosexuelles, c'est une attitude irresponsable que
la France n'a pas suivie et pour cause. Pourquoi devrait-on s'aligner
sur le commun dénominateur le plus bas ? Ces enfants sont nés sans père
connu, par insémination artificielle. L'une des deux femmes n'est donc
pas parente de ces enfants. Elle demande à la loi d'être reconnue au nom
de ses exigences affectives. Qu'il y ait des cas particuliers c'est une
chose, en faire un système, c'en est une autre. Pense-t-on à ces enfants
? On fabrique des bombes à retardement.