Le monde vu par la CIA ....

Dossier :Le monde

Présentation :  de l'importance des identités  ... celle que l'HOMENTRANCHE universaliste des droits de l'homme s'emploi à supprimer... Ce texte montre bien la vue géopolitique des États-Unis... Le renforcement de son identité et son recentrage religieux ...

Extraits :   La CIA définit le grand enjeu du XXIe siècle : l’identité, le recentrage des convictions politiques autour des appartenances religieuses.

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L'Europe dans la crise des cultures .... texte essentiel pour un européen ...

 René Girard et le choc des cultures :" ....observe avec inquiétude l'humanité revivre le scénario de la violence mimétique, au moment où la technologie est tombée entre les mains d'êtres déraisonnables.... face au danger de mimétisme universel de la violence, vous n'avez qu'une réponse possible : le christianisme. René Girard

 

 
 

Le monde vu par la CIA

Source: Valeurs Actuelles n° 3565 paru le 25 Mars 2005

 

 

L’agence de renseignement vient de présenter son évaluation de la planète dans quinze ans. Quelles menaces, quelles tendances ? Autant d’indications qui orienteront la politique des États-Unis dans les prochaines années.

Le Conseil national du renseignement américain (National Intelligence Council), dépendant du directeur de la CIA, a remis son dernier rapport stratégique, Mapping the Global Future : des séries statistiques, des analyses et des scénarios, tous plus impressionnants les uns que les autres. C’est le monde, tel que la CIA le voit dans quinze ans.

À lire les analystes de Langley, la planète restera dominée par les États nations, malgré la pression des formes nouvelles d’organisation issues de la mondialisation. Les grandes tendances d’aujourd’hui seront confirmées : déplacement des centres de puissance vers l’Asie, migrations de masse, vieillissement des sociétés occidentales, bouleversements économiques, terrorisme.

En 2020, les États-Unis restent la nation la plus puissante et la plus influente, sans pouvoir empêcher le fossé avec leurs concurrents de se combler partiellement, ni la progression de l’anti-américanisme : « Beaucoup de pays pensent que le meilleur moyen d’influencer Washington est de monnayer leur coopération (…). Des pays étrangers tenteront de “raccrocher” le wagon de la politique américaine – par exemple sur la guerre contre le terrorisme – pour être laissés libres d’agir comme ils le veulent dans d’autres domaines. »

En matière économique, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Indonésie entrent avec fracas sur la scène mondiale : « L’émergence probable de l’Inde et de la Chine comme nouveaux acteurs globaux – phénomène similaire à l’ascension de l’Allemagne unifiée du XIXe siècle et à la puissance des États-Unis dans la première moitié du XXe siècle – bouleversera le paysage géopolitique, avec des effets aussi importants que ces précédents historiques. »

Ces pays devraient vite dominer les nations européennes, handicapées par leurs problèmes de vieillissement et d’immigration.

Selon la CIA, la Chine dépassera l’Allemagne dans cinq ans, supplantera le Japon en 2016 et les États-Unis vers 2040. L’Inde devrait être plus riche que la France en 2020. Elle va émerger comme le pôle dominant incontournable en Asie du Sud-Est, entrant en concurrence indirecte avec la Chine.

Pékin, que sa croissance hissera au rang de deuxième puissance militaire mondiale, « prendra la place de la Russie et d’autres pays comme second budget militaire mondial après les États-Unis dans les vingt prochaines années ». Le problème de Taiwan reste posé. La Chine n’est toutefois pas à l’abri de difficultés économiques et politiques provoquées par les bouleversements sociaux accélérés affectant sa population.

De son aptitude à circonscrire ces problèmes dépendra le renforcement de sa puissance réelle.

Sans surprise, la CIA doute de l’aptitude des Nations unies à résister en 2020 aux changements géopolitiques en cours.

La crédibilité de cette institution ne devrait plus être que l’ombre de ce qu’elle fut au lendemain de la guerre froide, à cause de sa lenteur à se réformer. Les analystes ne voient rien qui pourrait stopper la mondialisation accélérée actuelle. Le terrorisme ? Il pourrait ralentir ce mouvement, mais à la marge.

La mondialisation semble une chance pour les pays ayant su investir dans les nouvelles technologies. Un seul vrai perdant dans ce monde de 2020 : l’Afrique. Et un “dommage collatéral” dans cette interconnexion toujours plus étroite entre les économies : la demande accrue d’énergie. Ce besoin entraînera mécaniquement la Chine et l’Inde à se transformer en puissances globales pour garantir la sécurité de leurs approvisionnements.

L’Europe, « avec un taux de fécondité de 1,4, bien en dessous du seuil de remplacement de 2,1 », est déjà confrontée à un immense problème de vieillissement. En 2020, elle continuera à être un pôle de stabilité et de richesse. Mais, estime la CIA, son vide démographique va continuer à attirer les migrants du monde entier : « Les pays d’accueil font face au défi d’intégrer les nouveaux immigrants afin de minimiser les conflits sociaux potentiels. »

L’Union européenne s’appliquera à digérer son élargissement à 25. Pour la Turquie, les analystes américains hésitent : elle sera peut-être entrée dans l’UE, « malgré sa taille, et ses différences religieuses et culturelles », sauf si des difficultés sociales (effondrement de l’État providence sous l’effet du vieillissement) ne grippent le processus, certains pays décidant de faire cavalier seul et stoppant de fait le processus d’élargissement. La prolifération nucléaire est en tête des dangers menaçant la sécurité mondiale. Un pays emblématique : l’Iran, peut-être doté de l’arme atomique. Cet environnement dangereux se conjugue avec un terrorisme islamique toujours plus présent et efficace, qui tente, pour parvenir à ses fins, de s’emparer d’armes de destruction massive devenues plus disponibles, en Russie ou au Pakistan par exemple.

La grande majorité des groupes terroristes en activité se réclameront de l’Islam. Ils s’appuieront sur la prolifération des réseaux informels de solidarité musulmane. « Les djihadistes étrangers – des individus prêts à combattre partout où, selon eux, les terres musulmanes sont menacées par des “envahisseurs infidèles” – bénéficient d’un sentiment de solidarité en hausse de la part de musulmans qui ne soutiennent pas nécessairement eux-mêmes le terrorisme. » La génération des “Afghans”, actuels cadres d’Al-Qaïda, devrait être remplacée par les “Irakiens”, capables d’utiliser des moyens offensifs plus modernes, comme les drones ou les agents biologiques, voire de pratiquer le cyberterrorisme. Les États-Unis resteront leur cible principale mais les attaques les plus nombreuses auront lieu en Europe occidentale et au Moyen-Orient.

 

Les différences religieuses à la racine des futurs conflits.

La CIA définit le grand enjeu du XXIe siècle : l’identité, le recentrage des convictions politiques autour des appartenances religieuses. L’inquiétude des populations se définira d’abord par les problèmes d’emploi et les conséquences des migrations. Du point de vue religieux, le christianisme et l’Islam devraient compter respectivement 2,6 et 1,8 milliards de croyants, sur une population mondiale de 7,8 milliards d’hommes. En 2020, deux des principaux pays chrétiens seront la Chine et le Nigeria. Le succès grandissant des protestants en Amérique latine devrait se confirmer.

En Europe, l’indifférentisme des sociétés vieillissantes progressera, à l’exception des populations musulmanes : « L’islam radical continuera à attirer de nombreux immigrés musulmans, qui ont gagné l’Occident pour des raisons économiques mais qui ne se sentent pas chez eux au sein d’une culture perçue comme étrangère. »

2020 verra une évolution des croyants vers une forme plus “activiste” de présence au monde : « Les différences religieuses et ethniques contribueront aux futurs conflits », prévient le rapport, qui mentionne un futur Irak dominé par les chiites, encourageant l’agitation en Arabie saoudite et au Pakistan.

 

Ce rapport est disponible sur www.cia.gov/nic

Bruno Lesvez

 

 

texte hébergé en  03/05

 

 

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