La démocratie russe quitte la voie occidentale

Dossiers : Etat- Nation   Démocratie  Le monde

 

Présentation :...* Ces deux textes nous semblent apporter un éclairage intéressant sur l’actuelle évolution de la Russie. * Le premier, écrit par un Russe, synthétise assez bien le sentiment de la Russie devenue une puissance dynamique, devant l’attitude occidentale, surtout américaniste, qui consiste à continuer à lui donner régulièrement des leçons de vertu, aussi bien humanitaires, économiques que politiques. * La réponse des Russes, en bon français, c’est : “assez, c’est assez”. * Cela semble sans aucun doute être désormais la politique russe, et la politique d’une Russie qui a les moyens de dire cela, et beaucoup plus de moyens que nombre de ses “partenaires” occidentaux. * Ce texte est assorti de considérations intéressantes sur la façon dont les Russes entendent affirmer leur souveraineté et leur identité nationales, et il appuie particulièrement sur la conception russe de la démocratie. * Le second texte, d’un Américain d’origine russe, s’adresse aux Américains, et notamment aux idéologues, pour leur dire : ne vous imaginez pas que vos idées de démocratie changeront quoi que ce soit. * Le constat de Gvosdev, c’est que l’énorme majorité des Russes est derrière Poutine, y compris es catégories sociales les plus “éclairés”. * Publié les 11 et 12 mai 2006, Agence Novosti (Russie) et The Los Angeles Times (USA).

Extraits :  « La démarche russe est politique et nationale, elle s’appuie sur l’affirmation de l’identité et de la souveraineté nationales. L’entente profonde ne peut être trouvée qu’avec des entités nationales fortes, c’est-à-dire les nations. »

 C'est pourquoi la démocratie russe ne reprendra à la lettre le modèle occidental: la Russie a sa propre histoire et sa vision sur le bien et le mal, sur la liberté et les droits de l'homme. Le Concile du peuple russe qui s'est tenu récemment à Moscou sous le patronage de l'Eglise orthodoxe russe, a critiqué sévèrement l'Occident pour l'oubli de la morale. Les libertés de l'individu et de parole, si elles ne s'appuient pas sur la morale, conduisent à la dégradation de la société, a-t-on déclaré au concile.

Enfin, la nouvelle Russie, de même que tout autre Etat souverain, défendra fermement ses intérêts nationaux dans l'arène internationale.

en z relations ....   AJENOUS .... nation ... MULTETUN .....

Les conservateurs polonais profitent ....

 

 

 

Source:  http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=2721

Date : 22.05.06    

 

Renaissance de la Russie (La démocratie russe quitte la voie occidentale & ...Putin's not the problem, it's his people who don't like us)

Date:19/05/2006

(Source: http://fr.rian.ru/analysis/20060511/48008079.html & http://www.latimes.com/news/opinion/commentary/la-oe-gvosdev12may12,0,5631828.story?coll=la-news-comment-opinions )


La démocratie russe quitte la voie occidentale

Par Piotr Romanov, RIA Novosti, 11 mai 2005

Ces derniers temps, le vice-président américain Dick Cheney, puis la Secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, ont enseigné aux Russes la bonne façon de vivre. De plus, M.Cheney a choisi pour ses sermons un ton si "froid" que de nombreux politologues ont tout de suite parlé de perspectives d'une nouvelle "guerre froide". A mon avis, ils ont tous tort. Cheney n'est pas Churchill, il n'est pas à même de changer le cours de l'histoire. Qui plus est, la Russie est dirigée aujourd'hui non pas par Staline, mais par Poutine. Et la Russie de Poutine n'a pas l'intention d'ériger un nouveau mur de Berlin, au contraire, elle s'ouvre de plus en plus au monde occidental aussi bien sur le plan économique, ce dont témoignent les projets énergétiques russes, que sur le plan politique: la Russie ne partage pas toujours, loin s'en faut, l'avis de l'Occident, mais elle est prête à discuter sur n'importe quel sujet et à rechercher des compromis. Pour une bagarre, il faut au moins deux opposants. Autrement, il s'agit d'un combat contre une ombre.

Mais il y a bien plus important. Selon les commentaires de la presse occidentale, la période précédant le sommet du G8 de Saint-Pétersbourg est celle qui convient le mieux pour faire pression sur la Russie, depuis sa position à l'égard du dossier nucléaire iranien jusqu'à ses affaires politiques intérieures. Ces propos montrent on ne peut mieux que l'élite politique des Etats-Unis a raté un moment très important: après s'être trouvée pendant près de vingt ans sur l'orbite de l'Occident, la Russie a partiellement récupéré ses forces et a retrouvé enfin, à l'instar d'une planète, sa propre trajectoire. Puisqu'il en est ainsi, l'Occident, et les Etats-Unis en particulier, doivent revoir sérieusement leur ton protecteur à l'égard de Moscou et leur manière de parler. Cela était surtout évident après les récents sermons prononcés par Condoleezza Rice et Dick Cheney qui ont essayé, pour une énième fois, d'apprendre aux Russes à devenir de véritables démocrates. Ils étaient un peu ridicules, comme quelqu'un qui crierait en direction d'un train qui s'éloigne.

D'ailleurs, Washington devait prévoir la situation actuelle, car elle est naturelle. Se rétablissant après les bouleversements subis, la Russie se lèvera et suivra sa propre voie. Moscou ne manque pas de problèmes, mais il est déjà en état (avant tout, psychologiquement) de les régler lui-même, en remerciant pour un conseil amical et une aide désintéressée parvenant de l'extérieur, mais en réfutant catégoriquement le ton de mentor et les recommandations d'autrui, surtout s'ils sont contraires à l'essence même de la Russie et du peuple russe. L'Occident a beau critiquer Moscou, regretter son incompréhension ou chercher la cause de l'originalité de la conception russe du monde (c'est la voie la plus constructive), il ne changera rien. De même que la Russie prérévolutionnaire qui se distinguait de l'Occident, et que la Russie issue pour un bref laps de temps de la révolution démocratique de février 1917, la Russie d'aujourd'hui et celle de demain ne deviendront pas une copie exacte de la démocratie occidentale.

Certes, on peut penser que les Russes sont incapables d'instaurer un véritable marché et de vivre dans les conditions de la liberté, mais cette analyse est loin d'être la plus intelligente. N'oublions pas que, de l'avis de nombreux experts occidentaux, la Russie prérévolutionnaire se développait impétueusement. Une commission gouvernementale allemande dirigée par le professeur Auhagen qui se rendit en Russie à la veille de la guerre de 1914 avait tiré une conclusion alarmante pour Guillaume II, selon laquelle, après la réforme foncière en Russie, personne ne serait à même de remporter une guerre contre les Russes. Par ses taux de croissance économique, la Russie était parmi les leaders mondiaux. Je tiens à le rappeler, car, malgré les multiples problèmes russes, certains experts prédisent, aujourd'hui aussi, que vers 2027-2030, la Russie se trouvera à nouveau parmi les leaders économiques mondiaux. Par conséquent, les propos selon lesquels les Russes ne peuvent pas vivre dans les conditions du marché sont un mythe.

En ce qui concerne la démocratie russe, la question n'est pas non plus aussi simple. Comme toute démocratie prospère, elle doit s'adapter aux usages traditionnels des Russes. C'est pourquoi la démocratie russe ne reprendra à la lettre le modèle occidental: la Russie a sa propre histoire et sa vision sur le bien et le mal, sur la liberté et les droits de l'homme. Le Concile du peuple russe qui s'est tenu récemment à Moscou sous le patronage de l'Eglise orthodoxe russe, a critiqué sévèrement l'Occident pour l'oubli de la morale. Les libertés de l'individu et de parole, si elles ne s'appuient pas sur la morale, conduisent à la dégradation de la société, a-t-on déclaré au concile. D'ailleurs, la position de l'Eglise catholique va à peu près dans le même sens. Bien plus, je suis certain que les fondateurs de la démocratie américaine, qui étaient des gens profondément croyants, auraient réprouvé de nombreux aspects de la vie en Occident. Pourquoi donc exiger que les Russes suivent obligatoirement la voie occidentale?

La Russie a opté pour la démocratie. Et rien n'indique que cette orientation stratégique subisse des corrections. Quant aux nuances purement russes - renforcement de l'Etat, lutte pour le respect de la morale et certains autres aspects - elles se manifesteront certainement avec le temps. Enfin, la nouvelle Russie, de même que tout autre Etat souverain, défendra fermement ses intérêts nationaux dans l'arène internationale. Mais il ne faut pas en avoir peur. De la même manière que Condoleezza Rice affirme aujourd'hui que les Etats-Unis ont leurs intérêts nationaux à proximité des frontières russes, la Russie évoquera simplement ses propres intérêts stratégiques à proximité des frontières américaines, par exemple, en Amérique latine.

Comme le disent si bien les Etats-Unis: c'est la mondialisation!

 

[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17 U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to those who have expressed a prior interest in receiving this information for non-profit research and educational purposes only.”.]


 


Russia's anti-American majority: Putin's not the problem, it's his people who don't like us.

By Nikolas K. Gvosdev, the Los Angeles Times, May 12, 2006

THE RHETORICAL war between Moscow and Washington over democracy has escalated. President Vladimir V. Putin responded to Vice President Dick Cheney's remarks in Vilnius last week by sarcastically noting that the American "need to fight for human rights and democracy is laid aside" once it comes into conflict with "one's own interests." But while pundits argue about the extent to which Russia has embarked upon an authoritarian path — toward a system of unchecked executive power — no one is asking the more fundamental question: Does it matter?

If not for Putin, the vice president and his supporters argue, Washington could push a tough resolution on Iran through the United Nations Security Council, Russia would allow U.S. firms full access to its energy sector to get more oil and gas out to market at cheaper prices, and Moscow would be much more accommodating of U.S. preferences on a whole host of issues.

If only this were true.

We underestimate at our peril the enormous degree of support for the direction Putin has taken Russia. Among 18- to 24-year-olds — the demographic that supplied the foot soldiers for the democratic "color revolutions" in Georgia and Ukraine — the Putin administration has a 57% approval rating — about twice as high, one might add, than what the Bush administration receives from that age group in the United States. Three-quarters of Russians reported increases in their disposable income over the last year. There are stirrings of dissatisfaction — most notably with corruption and an inefficient, overbearing bureaucracy — but little desire for any radical overthrow of a system that many believe has brought stability and prosperity after the collapse of the 1990s.

And would a more democratic Russia be more amenable to U.S. interests? Opinion polls suggest that more than 60% of Russians see the United States as having a negative influence in the world; more than half believe that the U.S. is unfriendly to Russia. And although many Americans comfort themselves with the illusion that these figures must be weighted in favor of the elderly with Cold War hang-ups, the reality is that it is the young, college-educated elites in Moscow and St. Petersburg — Russia's wealthiest and most liberal cities — who are the bastion of anti-U.S. sentiment in the country.

AND WHAT about Russian attitudes toward Iran? Survey data indicate that by a 2-1 margin, Russians believe the economic benefits of selling arms to Iran outweigh preserving good relations with the United States. More than 60% do not share the view that Iran endangers the security of Russia, and more than 80% agree with the proposition that Iran has drawn American ire not because Tehran poses a general threat to global peace and security but because Iran frustrates American ambitions for the region.

None of this suggests that the Russian masses want to join a U.S.-led coalition of the willing to confront the Iranian mullahs, if but for authoritarian tyrants suppressing the will of the people. Instead, any Russian government prepared to endorse and take part in any forceful action against Iran would have to defy public opinion — not the most democratic of outcomes.

In fact, it is difficult to conceive of any Putin foreign policy decision of the last several years that would have been reversed by a more democratically accountable Russian government. Eighty-nine percent of the people, for example, opposed any participation of Russian forces in an American-led coalition in Iraq.

Perhaps the U.S. vice president and others have confused Russia's deference to the United States during the 1990s as proof that a democratizing Russia would be more pro-American. But Russia yielded to the West on a variety of issues — from NATO expansion to intervention in the Balkans — because of its weakness, not its liberalism. The Russia that was utterly dependent on the largesse of the International Monetary Fund in 1996 is far different from the Russia of today, with currency reserves of $225 billion and a Stabilization Fund that has $60 billion in the bank.

Shared democratic values can enhance a relationship, but it cannot substitute for joint interests. If the Bush administration cannot find common ground with Putin — the man jailed tycoon Mikhail Khodorkovsky once described as being more liberal than 70% of the Russian population — what makes them think a more democratic Russia would be a better partner?

 

[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17 U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to those who have expressed a prior interest in receiving this information for non-profit research and educational purposes only.”.]

lundi, mai 22, 2006

Russie / Poutine : le comportement des USA n’est pas une politique « responsable ».

 
« La démarche russe est politique et nationale, elle s’appuie sur l’affirmation de l’identité et de la souveraineté nationales. L’entente profonde ne peut être trouvée qu’avec des entités nationales fortes, c’est-à-dire les nations. » dedefensa.org, 19 mai 2006.
Nous vous proposons quelques extraits d’une analyse sur l’évolution considérable de la Russie de M. Vladimir Poutine. C’est peut-être le moment de renouveler vos préjugés sur ce pays, cela pourrait se révéler utile dans les temps qui viennent.
L’analyse.
13 mai 2006 — Le président russe Poutine a brisé un tabou considérable lors de son adresse à la nation du 10 mai. Les mots prononcés par Poutine pour décrire le comportement des USA manquent du plus élémentaire devoir de politesse servile et de respect consciencieux et empressé qui caractérise toutes les déclarations publiques des dirigeants des “pays responsables” lorsqu’ils parlent avec une minutie religieuse des USA et de leurs vertus. Et il est essentiel de comprendre la portée de ce jugement : “le comportement des USA” et non pas seulement la politique des USA. Une politique est une chose contingente, qui peut changer. Un comportement ressort du fondamental : la psychologie, le réflexe naturel, bref l’être de la chose qui se comporte. C’est cela que Poutine met en accusation. Ce sont eux, surtout, les Russes, qui prêtent le plus d’attention à la psychologie américaniste pour analyser le comportement américaniste.
La Russie, que préside Poutine, est-elle un “pays responsable”, selon les normes internationales tacites qui sont un subtil mélange de force, d’importance, d’inévitabilité de la consultation pour toute décision collective importante? Nécessairement, puisqu’elle est une puissance stratégique de première grandeur (arsenal stratégique nucléaire), un acteur économique en pleine expansion et un des premiers fournisseurs d’énergie du monde au cœur de la crise des ressources, un membre du G8 et un des cinq détenteurs du droit de veto à l’ONU. Les déclarations de Poutine peuvent être considérées comme brisant effectivement un tabou. L’intérêt du processus russe ne doit pas être principalement mesuré en termes de puissance, comme font les comptables anglo-saxons, au Pentagone ou à la City. L’intérêt est qu’il s’appuie sur le renforcement de la souveraineté et de l’identité, qu’il conforte le principe essentiel des forces structurantes face à la poussée déstructurante globale. En cela, il est bénéfique, d’une façon générale, au mouvement de résistance à la déstructuration globalisante lancé contre la civilisation.
Comme on l’a vu, l’absence de la France est notable dans ce tableau, comme partenaire naturel de la Russie, encore plus au niveau des principes structurants que du point de vue de la géopolitique (même l’un n’exclut pas l’autre). Cette absence est circonstancielle. Une autre circonstance, en sens inverse, doit faire revenir la France dans le circuit des liens avec la Russie. Fondamentalement, la France ne peut trouver qu’avantage à une proximité russe, dans l’état présent du processus russe.
@ dedefensa.org

 

texte hébergé en mai 06                     

 

 
 
 

haut de page