Renaissance de la Russie (La démocratie russe quitte la voie
occidentale & ...Putin's not the problem, it's his people who don't
like us)
Date:19/05/2006
(Source: http://fr.rian.ru/analysis/20060511/48008079.html &
http://www.latimes.com/news/opinion/commentary/la-oe-gvosdev12may12,0,5631828.story?coll=la-news-comment-opinions
)
La démocratie russe quitte la voie occidentale
Par Piotr Romanov, RIA Novosti, 11 mai 2005
Ces derniers temps, le
vice-président américain Dick Cheney, puis la Secrétaire d'Etat
Condoleezza Rice, ont enseigné aux Russes la bonne façon de vivre. De
plus, M.Cheney a choisi pour ses sermons un ton si "froid" que de
nombreux politologues ont tout de suite parlé de perspectives d'une
nouvelle "guerre froide". A mon avis, ils ont tous tort. Cheney n'est
pas Churchill, il n'est pas à même de changer le cours de l'histoire.
Qui plus est, la Russie est dirigée aujourd'hui non pas par Staline,
mais par Poutine. Et la Russie de Poutine n'a pas l'intention d'ériger
un nouveau mur de Berlin, au contraire, elle s'ouvre de plus en plus
au monde occidental aussi bien sur le plan économique, ce dont
témoignent les projets énergétiques russes, que sur le plan politique:
la Russie ne partage pas toujours, loin s'en faut, l'avis de
l'Occident, mais elle est prête à discuter sur n'importe quel sujet et
à rechercher des compromis. Pour une bagarre, il faut au moins deux
opposants. Autrement, il s'agit d'un combat contre une ombre.
Mais il y a bien plus important.
Selon les commentaires de la presse occidentale, la période précédant
le sommet du G8 de Saint-Pétersbourg est celle qui convient le mieux
pour faire pression sur la Russie, depuis sa position à l'égard du
dossier nucléaire iranien jusqu'à ses affaires politiques intérieures.
Ces propos montrent on ne peut mieux que l'élite politique des
Etats-Unis a raté un moment très important: après s'être trouvée
pendant près de vingt ans sur l'orbite de l'Occident, la Russie a
partiellement récupéré ses forces et a retrouvé enfin, à l'instar
d'une planète, sa propre trajectoire. Puisqu'il en est ainsi,
l'Occident, et les Etats-Unis en particulier, doivent revoir
sérieusement leur ton protecteur à l'égard de Moscou et leur manière
de parler. Cela était surtout évident après les récents sermons
prononcés par Condoleezza Rice et Dick Cheney qui ont essayé, pour une
énième fois, d'apprendre aux Russes à devenir de véritables
démocrates. Ils étaient un peu ridicules, comme quelqu'un qui crierait
en direction d'un train qui s'éloigne.
D'ailleurs, Washington devait
prévoir la situation actuelle, car elle est naturelle. Se rétablissant
après les bouleversements subis, la Russie se lèvera et suivra sa
propre voie. Moscou ne manque pas de problèmes, mais il est déjà en
état (avant tout, psychologiquement) de les régler lui-même, en
remerciant pour un conseil amical et une aide désintéressée parvenant
de l'extérieur, mais en réfutant catégoriquement le ton de mentor et
les recommandations d'autrui, surtout s'ils sont contraires à
l'essence même de la Russie et du peuple russe. L'Occident a beau
critiquer Moscou, regretter son incompréhension ou chercher la cause
de l'originalité de la conception russe du monde (c'est la voie la
plus constructive), il ne changera rien. De même que la Russie
prérévolutionnaire qui se distinguait de l'Occident, et que la Russie
issue pour un bref laps de temps de la révolution démocratique de
février 1917, la Russie d'aujourd'hui et celle de demain ne
deviendront pas une copie exacte de la démocratie occidentale.
Certes, on peut penser que les
Russes sont incapables d'instaurer un véritable marché et de vivre
dans les conditions de la liberté, mais cette analyse est loin d'être
la plus intelligente. N'oublions pas que, de l'avis de nombreux
experts occidentaux, la Russie prérévolutionnaire se développait
impétueusement. Une commission gouvernementale allemande dirigée par
le professeur Auhagen qui se rendit en Russie à la veille de la guerre
de 1914 avait tiré une conclusion alarmante pour Guillaume II, selon
laquelle, après la réforme foncière en Russie, personne ne serait à
même de remporter une guerre contre les Russes. Par ses taux de
croissance économique, la Russie était parmi les leaders mondiaux. Je
tiens à le rappeler, car, malgré les multiples problèmes russes,
certains experts prédisent, aujourd'hui aussi, que vers 2027-2030, la
Russie se trouvera à nouveau parmi les leaders économiques mondiaux.
Par conséquent, les propos selon lesquels les Russes ne peuvent pas
vivre dans les conditions du marché sont un mythe.
En ce qui concerne la démocratie
russe, la question n'est pas non plus aussi simple. Comme toute
démocratie prospère, elle doit s'adapter aux usages traditionnels des
Russes. C'est pourquoi la démocratie russe ne reprendra à la lettre
le modèle occidental: la Russie a sa propre histoire et sa vision sur
le bien et le mal, sur la liberté et les droits de l'homme. Le Concile
du peuple russe qui s'est tenu récemment à Moscou sous le patronage de
l'Eglise orthodoxe russe, a critiqué sévèrement l'Occident pour
l'oubli de la morale. Les libertés de l'individu et de parole, si
elles ne s'appuient pas sur la morale, conduisent à la dégradation de
la société, a-t-on déclaré au concile. D'ailleurs, la position de
l'Eglise catholique va à peu près dans le même sens. Bien plus, je
suis certain que les fondateurs de la démocratie américaine, qui
étaient des gens profondément croyants, auraient réprouvé de nombreux
aspects de la vie en Occident. Pourquoi donc exiger que les Russes
suivent obligatoirement la voie occidentale?
La Russie a opté pour la démocratie.
Et rien n'indique que cette orientation stratégique subisse des
corrections. Quant aux nuances purement russes - renforcement de
l'Etat, lutte pour le respect de la morale et certains autres aspects
- elles se manifesteront certainement avec le temps. Enfin, la
nouvelle Russie, de même que tout autre Etat souverain, défendra
fermement ses intérêts nationaux dans l'arène internationale. Mais
il ne faut pas en avoir peur. De la même manière que Condoleezza Rice
affirme aujourd'hui que les Etats-Unis ont leurs intérêts nationaux à
proximité des frontières russes, la Russie évoquera simplement ses
propres intérêts stratégiques à proximité des frontières américaines,
par exemple, en Amérique latine.
Comme le disent si bien les
Etats-Unis: c'est la mondialisation!
[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la
mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17
U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to
those who have expressed a prior interest in receiving this
information for non-profit research and educational purposes only.”.]
Russia's anti-American majority: Putin's not the
problem, it's his people who don't like us.
By Nikolas K. Gvosdev, the Los Angeles Times, May 12, 2006
THE RHETORICAL war between Moscow
and Washington over democracy has escalated. President Vladimir V.
Putin responded to Vice President Dick Cheney's remarks in Vilnius
last week by sarcastically noting that the American "need to fight for
human rights and democracy is laid aside" once it comes into conflict
with "one's own interests." But while pundits argue about the extent
to which Russia has embarked upon an authoritarian path — toward a
system of unchecked executive power — no one is asking the more
fundamental question: Does it matter?
If not for Putin, the vice president
and his supporters argue, Washington could push a tough resolution on
Iran through the United Nations Security Council, Russia would allow
U.S. firms full access to its energy sector to get more oil and gas
out to market at cheaper prices, and Moscow would be much more
accommodating of U.S. preferences on a whole host of issues.
If only this were true.
We underestimate at our peril the
enormous degree of support for the direction Putin has taken Russia.
Among 18- to 24-year-olds — the demographic that supplied the foot
soldiers for the democratic "color revolutions" in Georgia and Ukraine
— the Putin administration has a 57% approval rating — about twice as
high, one might add, than what the Bush administration receives from
that age group in the United States. Three-quarters of Russians
reported increases in their disposable income over the last year.
There are stirrings of dissatisfaction — most notably with corruption
and an inefficient, overbearing bureaucracy — but little desire for
any radical overthrow of a system that many believe has brought
stability and prosperity after the collapse of the 1990s.
And would a more democratic Russia
be more amenable to U.S. interests? Opinion polls suggest that more
than 60% of Russians see the United States as having a negative
influence in the world; more than half believe that the U.S. is
unfriendly to Russia. And although many Americans comfort themselves
with the illusion that these figures must be weighted in favor of the
elderly with Cold War hang-ups, the reality is that it is the young,
college-educated elites in Moscow and St. Petersburg — Russia's
wealthiest and most liberal cities — who are the bastion of anti-U.S.
sentiment in the country.
AND WHAT about Russian attitudes
toward Iran? Survey data indicate that by a 2-1 margin, Russians
believe the economic benefits of selling arms to Iran outweigh
preserving good relations with the United States. More than 60% do not
share the view that Iran endangers the security of Russia, and more
than 80% agree with the proposition that Iran has drawn American ire
not because Tehran poses a general threat to global peace and security
but because Iran frustrates American ambitions for the region.
None of this suggests that the
Russian masses want to join a U.S.-led coalition of the willing to
confront the Iranian mullahs, if but for authoritarian tyrants
suppressing the will of the people. Instead, any Russian government
prepared to endorse and take part in any forceful action against Iran
would have to defy public opinion — not the most democratic of
outcomes.
In fact, it is difficult to conceive
of any Putin foreign policy decision of the last several years that
would have been reversed by a more democratically accountable Russian
government. Eighty-nine percent of the people, for example, opposed
any participation of Russian forces in an American-led coalition in
Iraq.
Perhaps the U.S. vice president and
others have confused Russia's deference to the United States during
the 1990s as proof that a democratizing Russia would be more
pro-American. But Russia yielded to the West on a variety of issues —
from NATO expansion to intervention in the Balkans — because of its
weakness, not its liberalism. The Russia that was utterly dependent on
the largesse of the International Monetary Fund in 1996 is far
different from the Russia of today, with currency reserves of $225
billion and a Stabilization Fund that has $60 billion in the bank.
Shared democratic values can enhance
a relationship, but it cannot substitute for joint interests. If the
Bush administration cannot find common ground with Putin — the man
jailed tycoon Mikhail Khodorkovsky once described as being more
liberal than 70% of the Russian population — what makes them think a
more democratic Russia would be a better partner?
[Notre recommandation est que ce texte doit être lu avec la
mention classique à l'esprit, — “Disclaimer: In accordance with 17
U.S.C. 107, this material is distributed without profit or payment to
those who have expressed a prior interest in receiving this
information for non-profit research and educational purposes only.”.]

« La démarche russe est politique et nationale, elle
s’appuie sur l’affirmation de l’identité et de la souveraineté
nationales. L’entente profonde ne peut être trouvée qu’avec
des entités nationales fortes, c’est-à-dire les nations. »
dedefensa.org, 19 mai 2006.
Nous
vous proposons quelques extraits d’une analyse sur l’évolution
considérable de la Russie de M. Vladimir Poutine. C’est
peut-être le moment de renouveler vos préjugés sur ce pays,
cela pourrait se révéler utile dans les temps qui viennent.
L’analyse.
13 mai 2006 — Le président russe Poutine a brisé
un tabou considérable lors de son adresse à la nation du 10
mai. Les mots prononcés par Poutine pour décrire le
comportement des USA manquent du plus élémentaire devoir de
politesse servile et de respect consciencieux et empressé qui
caractérise toutes les déclarations publiques des dirigeants
des “pays responsables” lorsqu’ils parlent avec une minutie
religieuse des USA et de leurs vertus. Et il est essentiel de
comprendre la portée de ce jugement : “le comportement des
USA” et non pas seulement la politique des USA. Une politique
est une chose contingente, qui peut changer. Un comportement
ressort du fondamental : la psychologie, le réflexe naturel,
bref l’être de la chose qui se comporte. C’est cela que
Poutine met en accusation. Ce sont eux, surtout, les Russes,
qui prêtent le plus d’attention à la psychologie américaniste
pour analyser le comportement américaniste.
La Russie, que préside Poutine, est-elle un “pays
responsable”, selon les normes internationales tacites qui
sont un subtil mélange de force, d’importance, d’inévitabilité
de la consultation pour toute décision collective importante?
Nécessairement, puisqu’elle est une puissance stratégique de
première grandeur (arsenal stratégique nucléaire), un acteur
économique en pleine expansion et un des premiers fournisseurs
d’énergie du monde au cœur de la crise des ressources, un
membre du G8 et un des cinq détenteurs du droit de veto à
l’ONU. Les déclarations de Poutine peuvent être considérées
comme brisant effectivement un tabou. L’intérêt du processus
russe ne doit pas être principalement mesuré en termes de
puissance, comme font les comptables anglo-saxons, au
Pentagone ou à la City. L’intérêt est qu’il s’appuie sur le
renforcement de la souveraineté et de l’identité, qu’il
conforte le principe essentiel des forces structurantes face à
la poussée déstructurante globale. En cela, il est bénéfique,
d’une façon générale, au mouvement de résistance à la
déstructuration globalisante lancé contre la civilisation.
Comme on l’a vu, l’absence de la France est notable dans ce
tableau, comme partenaire naturel de la Russie, encore plus au
niveau des principes structurants que du point de vue de la
géopolitique (même l’un n’exclut pas l’autre). Cette absence
est circonstancielle. Une autre circonstance, en sens inverse,
doit faire revenir la France dans le circuit des liens avec la
Russie. Fondamentalement, la France ne peut trouver
qu’avantage à une proximité russe, dans l’état présent du
processus russe. @ dedefensa.org