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l’engagement et le comportement des catholiques
dans la vie politique ....
note doctrinale par le Card. Ratzinger
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Chrétienté et ses chapelles
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Présentation:
texte capital pour tout chrétien ... peu connu ...sinon ignoré
dans les paroisses... voir à ce propos les deux textes qui le suivent...dont La
Note Ratzinger est-elle “incongrue” ?
Extraits: «les
fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la
‘politique’, à savoir à l’action multiforme, économique, sociale,
législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir,
organiquement et par les institutions, le bien commun»
....La liberté politique n’est pas fondée, et ne peut
pas l’être, sur l’idée relativiste selon laquelle toutes les conceptions
du bien de l’homme ont la même vérité et la même valeur, mais sur le fait
que les activités politiques visent, pour chaque cas, à la réalisation
extrêmement concrète du vrai bien humain et social, dans un contexte
historique, géographique, économique, technologique et culturel bien
déterminé......
....vie démocratique elle-même, celle-ci ayant besoin de
fondements vrais et solides, c’est-à-dire de principes éthiques
qui, en raison de leur nature et de leur rôle de fondement de la vie
sociale, ne sont pas «négociables». ....
...«la sauvegarde des droits de la personne est en
effet la condition indispensable pour que les citoyens, individuellement
ou en groupe, puissent participer activement à la vie et à la gestion de
la Nation».....On assiste au contraire à des tentatives de législation qui
visent à briser le caractère intangible de la vie humaine, sans tenir
compte des conséquences qui en découlent pour l’existence et l’avenir des
peuples dans le domaine de la formation de la culture et des comportements
sociaux.....
...'.ceux qui) sont engagés directement dans les
instances législatives ont «une obligation précise de s’opposer» à toute
loi qui s’avère un attentat contre la vie humaine.... il est impossible de
participer à des campagnes d’opinion en faveur de telles lois, et il n’est
permis à personne de les soutenir par son vote ....
Les catholiques ne peuvent pas non plus songer à
déléguer à d’autres l’engagement qu’ils ont reçu de l’Évangile de Jésus
Christ, pour que la vérité sur l’homme et sur le monde puisse être
annoncée et atteinte.
il ne s’agit pas de «valeurs confessionnelles», car de telles exigences
éthiques sont enracinées dans l’être humain et appartiennent à la loi
morale naturelle...... Elles n’exigent pas de ceux qui les
défendent la profession de la foi chrétienne, même si la doctrine de
l’Église les confirme et les protège toujours et partout comme un service
désintéressé de la vérité sur l’homme et sur le bien commun de la société
civile.
la laïcité, comprise comme autonomie de la sphère
civile et politique par rapport à la sphère religieuse et ecclésiastique –
mais pas par rapport à la sphère morale –, est une valeur acquise et
reconnue par l’Église, et elle appartient au patrimoine de civilisation
déjà atteint....
...éduquer et éclairer la conscience des fidèles,
surtout de ceux qui se consacrent à la vie politique, afin que leur action
reste toujours au service de la promotion intégrale de la personne et du
bien commun.....Toute activité, toute situation, tout engagement concret –
comme, par exemple, la compétence et la solidarité dans le travail,
l’amour et le dévouement dans la famille et dans l’éducation des enfants,
le service social et politique, la présentation de la vérité dans le monde
de la culture – tout cela est occasion providentielle pour un exercice
continuel de la foi, de l’espérance et de la charité’ ...
...la marginalisation du christianisme ne pourrait
servir à l’avenir envisagé d’une société, ni à la concorde entre les
peuples. De plus, elle minerait les fondements culturels et spirituels de
la civilisation La nécessité de présenter en termes culturels
modernes le fruit de l’héritage spirituel, intellectuel et moral du
catholicisme apparaît aujourd’hui marquée par une urgence qu’on ne peut
différer, notamment pour éviter le risque d’une dispersion culturelle des
catholiques .
... Il ne suffit pas de penser, et ce serait
réducteur, que l’engagement social des catholiques puisse se limiter à une
simple transformation des structures, car, si à la base il n’y a pas une
culture capable de recevoir, de justifier et d’envisager les exigences qui
découlent de la foi et de la morale, les transformations reposeront
toujours sur des fondements fragiles....
il faut rejeter les positions politiques et les
comportements qui s’inspirent d’une vision utopique qui, transformant la
tradition de la foi biblique en une espèce de prophétisme sans Dieu,
manipule le message religieux, en dirigeant la conscience vers un espoir
purement terrestre, qui annule ou réduit la tension chrétienne vers la vie
éternelle. ...
«La vérité et la liberté, en effet, vont de pair ou bien
elles périssent misérablement ensemble», Dans une société où la vérité
n’est pas recherchée et où on ne cherche pas à l’atteindre, toute forme
d’exercice authentique de la liberté est aussi affaiblie, ouvrant la voie
à une attitude libertaire et à un individualisme qui nuisent à la
protection du bien de la personne et de la société entière
..Les orientations données dans cette Note veulent
éclairer un des aspects les plus importants de l’unité de la vie
chrétienne: la cohérence entre la foi et la vie, entre l’Évangile et la
culture.....Ils s’éloignent de la vérité ceux qui, sachant que nous
n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais que nous cherchons à
atteindre la cité future, croient, pour cela, pouvoir négliger leurs
devoirs terrestres en perdant de vue que la foi même crée une obligation
plus grande de les accomplir, en fonction de la vocation propre à chacun».
Puissent les fidèles être désireux de pouvoir «mener toutes leurs
activités terrestres en unissant dans une vivante synthèse tous les
efforts humains, familiaux, professionnels, scientifiques ou techniques,
et les valeurs religieuses, sous la haute ordonnance desquelles tout est
coordonné à la gloire de Dieu»
La
Note Ratzinger est-elle “incongrue” ?
On peut
regretter que la Note Ratzinger n’ait pas été présentée aux fidèles dans
tous les diocèses français.....Rome appelait à une résistance
politique......Or les élites contemporaines (croyantes ou non) ont
pris l’habitude, depuis dix ans, de dédaigner le politique : à leurs yeux,
il est simplement le portier de l’économique.....Le problème est que la
Note Ratzinger appelle les catholiques à oser s’opposer. .....Elle leur
demande de rompre avec le consensus relativiste, qui permet le pire et de
résister à la société de consommation (cette “société de broyage
et de concassage de l’homme naturel”>.....Quant au politique, il doit
servir le bien commun - qui ne consiste pas forcément à servir le
marché,..... Quelque chose est “incongru” dans cette affaire, mais ce
n’est pas l’appel de Rome c’est l’attitude de croyants qui persisteraient,
en 2003, à suivre l’idéologie ultralibérale en vogue dans les années 1990.
Des lobbies culturels, économiques et
politiques, opposés au christianisme
L’affirmation de la pleine vérité sur l’homme et sur ses droits
fondamentaux, basés non pas sur un subjectivisme individualiste mais sur
l’objectivité transcendante de la dignité de la personne.....Ces lobbies
sont, disait-il, "de nouvelles saintes inquisitions pleines d’argent et
d’arrogance", et sur leur banc des accusés ont trouve surtout l’Eglise
catholique et les chrétiens, ....."contre lesquels toute méthode est
licite si elle sert à faire taire leur voix, par l’intimidation, le mépris
public, la discrimination culturelle et la marginalisation".....annoncer
l’Evangile du salut, en prêchant la pleine vérité de l’homme contre tous
les relativismes et les obscurantismes des "Lumières" post-modernes".
Reflets:
L'Europe dans la crise des cultures
... card. Ratzinger
" Oser s’opposer "... au
matérialisme mercantile ....NOUS sommes
passés d’une société de “structures” à une société “d’événements”.....
il ne s’agit que d’ouvrir, sans cesse, de nouveaux
“marchés des comportements”.....Patrice
de Plunkett
« La Résurrection
du Christ et la nôtre » ....habiter le présent comme des
êtres venus de l'avenir " (Paul VI ) ...que tous, nous puissions
accueillir l'œuvre du Père dans notre humanité et la rayonner dans notre
vie
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NOTE DOCTRINALE concernant certaines questions sur l’engagement et le
comportement des catholiques dans la vie politique
Auteur:
CARD. RATZINGER,
Source:
http://www.cfjd.org/www/articles/note_doctrinale_ratzinger.htm
Date :
début
2003
La Congrégation pour la Doctrine de la
Foi, après avoir pris, entre autres, l’avis du Conseil pontifical pour les
Laïcs, a jugé opportun de publier la présente «Note doctrinale concernant
certaines questions sur l’engagement et le comportement des catholiques
dans la vie politique». Cette Note est adressée aux évêques de l’Église
catholique, et de manière spéciale aux hommes politiques catholiques ainsi
qu’à tous les fidèles laïcs appelés à participer à la vie publique et
politique dans les sociétés démocratiques.
1. Un enseignement constant
1. En deux mille ans d’histoire, l’engagement
des chrétiens dans le monde s’est réalisé sous des formes diverses. L’une
d’entre elles a été la participation à l’action politique: les chrétiens,
affirmait un écrivain ecclésiastique des premiers siècles, «participent à
la vie publique comme citoyens»[1]. Parmi ses saints, l’Église vénère
beaucoup d’hommes et de femmes qui ont servi Dieu par leur engagement
généreux dans les activités politiques et gouvernementales. L'un d'entre
eux, saint Thomas More, proclamé Patron des responsables de gouvernement
et des hommes politiques, a su témoigner jusqu’à la mort de «la dignité
inaliénable de la conscience»[2]. Bien que soumis à diverses formes de
pressions psychologiques, il a refusé tout compromis et, sans renier «sa
constante fidélité à l’autorité et aux institutions légitimes» qui l’avait
distingué, il a affirmé par sa vie et par sa mort que l'«on ne peut
séparer l’homme de Dieu, ni la politique de la morale»[3].
Les sociétés démocratiques actuelles, dans lesquelles, à juste titre, tous
sont appelés à participer à la gestion des affaires publiques dans un
climat de vraie liberté[4], requièrent des formes nouvelles et plus larges
de participation à la vie publique de la part des citoyens, qu’ils soient
chrétiens ou non. En effet, tous peuvent contribuer, par leur vote, à
l’élection des législateurs et des responsables de gouvernement, et, par
d’autres moyens aussi, à l’élaboration des orientations politiques et des
choix législatifs qui, selon eux, servent le mieux le bien commun[5]. Dans
un système politique démocratique, la vie ne pourrait se dérouler de
manière profitable sans un engagement actif, responsable et généreux de
tous. Encore que cela implique «une grande diversité et complémentarité de
formes, de niveaux, de tâches et de responsabilités»[6].
En accomplissant leurs devoirs civils normaux, «guidés par leur conscience
chrétienne»[7], selon les valeurs conformes à cette conscience, les
fidèles réalisent aussi la tâche qui leur est propre d’animer
chrétiennement l’ordre temporel, tout en en respectant la nature et la
légitime autonomie[8], et en coopérant avec les autres citoyens, selon
leur compétence spécifique et sous leur propre responsabilité[9]. Il
résulte de cet enseignement fondamental du Concile Vatican II que «les
fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la
‘politique’, à savoir à l’action multiforme, économique, sociale,
législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir,
organiquement et par les institutions, le bien commun»[10]. Ce bien commun
inclut la défense et la promotion de réalités telles que l’ordre public et
la paix, la liberté et l’égalité, le respect de la vie humaine et de
l’environnement, la justice, la solidarité, etc.
La présente Note ne prétend pas proposer
de nouveau l’intégralité de l’enseignement de l’Église en la matière, qui
est d’ailleurs repris dans ses lignes essentielles dans le Catéchisme de
l’Église catholique, mais elle veut simplement rappeler quelques principes
propres à la conscience chrétienne qui inspirent l’engagement social et
politique des catholiques dans les sociétés démocratiques [11]. Et cela
parce que, ces derniers temps, souvent par suite du cours rapide des
événements, sont apparues des orientations ambiguës et des positions
contestables, qui rendent utile la clarification de dimensions et
d’aspects importants d’une telle question.
II. Quelques points-clés dans le débat culturel
et politique actuel
2. La société civile se trouve
aujourd’hui dans un processus culturel complexe qui signe la fin d’une
époque et l’incertitude pour celle qui se profile à l’horizon. Les grandes
conquêtes auxquelles on assiste invitent à vérifier quel chemin positif
l’humanité a parcouru dans le progrès et dans l’acquisition de conditions
de vie plus humaines. La croissance de responsabilité vis-à-vis de pays
encore en voie de développement est évidemment un signe de grande
importance qui montre une sensibilité grandissante pour le bien commun.
Mais en même temps, il n’est pas possible de passer sous silence les
graves dangers vers lesquels certaines tendances culturelles voudraient
orienter les législations, et par voie de conséquence les comportements
des futures générations.
On constate aujourd’hui un certain relativisme culturel qui se manifeste
de manière évidente en érigeant en théorie et en défendant le pluralisme
éthique, qui est la preuve de la décadence et de la dissolution de la
raison et des principes de la loi morale naturelle. Dans la ligne de cette
tendance, il n’est malheureusement pas rare de rencontrer, dans des
déclarations publiques, des assertions qui soutiennent qu’un tel
pluralisme éthique est la condition de la démocratie[12]. Il en résulte
que, d’une part, les citoyens revendiquent la plus complète autonomie pour
leurs choix moraux, tandis que, de l’autre, les législateurs pensent qu’il
faut respecter cette liberté de choix, en formulant des lois qui font fi
des principes de l’éthique naturelle pour se montrer indulgent uniquement
envers certaines orientations culturelles ou morales transitoires[13],
comme si toutes les conceptions possibles de la vie avaient une égale
valeur. En même temps, en s’appuyant de façon trompeuse sur la valeur de
la tolérance, on demande à une bonne partie des citoyens – et notamment
aux catholiques – de renoncer à participer à la vie sociale et politique
de leur pays selon la conception de la personne et du bien commun qu’ils
pensent humainement vraie et juste, qui serait à mettre en œuvre par les
moyens licites que le système juridique démocratique met de façon égale à
la disposition de tous les membres de la communauté politique. L’histoire
du XXe siècle suffit à montrer que les citoyens qui ont raison sont ceux
qui jugent totalement fausse la thèse relativiste selon laquelle il
n’existe pas une norme morale enracinée dans la nature même de l’homme, au
jugement de laquelle doit se soumettre toute conception de l’homme, du
bien commun et de l’État.
3. Cette conception relativiste du
pluralisme n’a rien à voir avec la légitime liberté qu’ont les citoyens
catholiques de choisir, parmi les opinions politiques compatibles avec la
foi et la loi morale naturelle, celle qui, selon leur propre critère,
correspond le mieux aux exigences du bien commun. La liberté politique
n’est pas fondée, et ne peut pas l’être, sur l’idée relativiste selon
laquelle toutes les conceptions du bien de l’homme ont la même vérité et
la même valeur, mais sur le fait que les activités politiques visent, pour
chaque cas, à la réalisation extrêmement concrète du vrai bien humain et
social, dans un contexte historique, géographique, économique,
technologique et culturel bien déterminé. La réalisation concrète et la
diversité des circonstances engendrent généralement une pluralité
d’orientations et de solutions, qui doivent toutefois être moralement
acceptables. Il n’appartient pas à l’Église de formuler des solutions
concrètes – et encore moins des solutions uniques – pour des questions
temporelles que Dieu a laissées au jugement libre et responsable de
chacun, bien qu’elle ait le droit et le devoir de prononcer des jugements
moraux sur des jugements temporels, lorsque la foi et la loi morale le
requièrent[14]. Si les chrétiens sont tenus «de reconnaître la légitime
multiplicité et diversité des options temporelles»[15], ils sont également
appelés à s’opposer à une conception du pluralisme marquée par le
relativisme moral, qui est nuisible pour la vie démocratique elle-même,
celle-ci ayant besoin de fondements vrais et solides, c’est-à-dire de
principes éthiques qui, en raison de leur nature et de leur rôle de
fondement de la vie sociale, ne sont pas «négociables».
En ce qui concerne le militantisme politique concret, il faut noter que le
caractère contingent de certains choix en matière sociale, le fait que
diverses stratégies sont souvent possibles pour réaliser ou garantir une
même valeur substantielle de fond, la possibilité d’interpréter de manière
différente certains principes fondamentaux de la théorie politique, ainsi
que la complexité technique d’une bonne partie des problèmes politiques,
tout cela explique le fait qu’il y ait en général une pluralité de partis
à l’intérieur desquels les catholiques puissent choisir de militer, pour
exercer – surtout à travers la représentation parlementaire – leurs droits
et leurs devoirs dans la construction de la vie civile de leur pays [16].
Ce constat évident ne peut cependant se confondre avec un pluralisme
indéterminé dans le choix des principes moraux et des valeurs
fondamentales auxquels on se réfère. La légitime pluralité des options
temporelles garde intacte la source d’où provient l’engagement des
catholiques dans la politique, et cette dernière se réfère directement à
la doctrine morale et sociale chrétienne. C’est à cet enseignement que les
laïcs catholiques doivent toujours se conformer pour avoir la certitude
que leur participation à la vie politique est empreinte d’une
responsabilité cohérente à l’égard des réalités temporelles.
L’Église a conscience que si, d’une part, le chemin de la démocratie
exprime au mieux la participation directe des citoyens aux choix
politiques, d’autre part, il n’est possible que dans la mesure où il est
fondé sur une juste conception de la personne[17]. Sur ce principe,
l’engagement des catholiques ne peut tolérer aucun compromis, car,
autrement, le témoignage de la foi chrétienne dans le monde, ainsi que
l’unité et la cohérence interne des fidèles eux-mêmes, feraient défaut. La
structure démocratique sur laquelle entend se construire un État moderne
aurait une certaine fragilité si elle ne prenait pas comme fondement le
caractère central de la personne. C’est d’ailleurs le respect de la
personne qui rend possible la participation démocratique. Comme l’enseigne
le Concile Vatican II, «la sauvegarde des droits de la personne est en
effet la condition indispensable pour que les citoyens, individuellement
ou en groupe, puissent participer activement à la vie et à la gestion de
la Nation»[18].
4. À partir de là, s’étend le réseau
complexe des problématiques actuelles, qui n’ont pas eu à affronter les
questions des siècles passés. Les conquêtes scientifiques ont en effet
permis d’atteindre des objectifs qui ébranlent les consciences et qui
obligent à trouver des solutions susceptibles de respecter les principes
éthiques d’une manière cohérente et solide. On assiste au contraire à des
tentatives de législation qui visent à briser le caractère intangible de
la vie humaine, sans tenir compte des conséquences qui en découlent pour
l’existence et l’avenir des peuples dans le domaine de la formation de la
culture et des comportements sociaux. Dans une telle situation, les
catholiques ont le droit et le devoir d’intervenir pour rappeler le sens
le plus profond de la vie et des responsabilités qui incombent à tous en
cette matière. Dans la droite ligne de l’enseignement constant de
l’Église, Jean-Paul II a maintes fois répété que ceux qui sont engagés
directement dans les instances législatives ont «une obligation précise de
s’opposer» à toute loi qui s’avère un attentat contre la vie humaine. Pour
eux, comme pour tout catholique, il est impossible de participer à des
campagnes d’opinion en faveur de telles lois, et il n’est permis à
personne de les soutenir par son vote [19]. Comme l’a enseigné Jean-Paul II
dans l'encyclique Evangelium vitae à propos du cas où il ne serait pas
possible d’éviter ou d’abroger totalement une loi permettant l’avortement
déjà en vigueur ou mise au vote, cela n’empêche pas qu'«un parlementaire,
dont l’opposition personnelle absolue à l’avortement serait manifeste et
connue de tous, pourrait licitement apporter son soutien à des
propositions destinées à limiter les préjudices d’une telle loi et à en
diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la
moralité publique».[20].
Dans ce contexte, il faut ajouter que la
conscience chrétienne bien formée ne permet à personne d’encourager par
son vote la mise en œuvre d’un programme politique ou d’une loi dans
lesquels le contenu fondamental de la foi et de la morale serait évincé
par la présentation de propositions différentes de ce contenu ou opposées
à lui. Parce que la foi est un tout indivisible, il n’est pas logique
d’isoler un de ses éléments au détriment de la totalité de la doctrine
catholique.
L’engagement politique en faveur d’un
aspect isolé de la doctrine sociale de l’Église ne suffit pas à répondre
totalement à la responsabilité pour le bien commun. Les catholiques ne
peuvent pas non plus songer à déléguer à d’autres l’engagement qu’ils ont
reçu de l’Évangile de Jésus Christ, pour que la vérité sur l’homme et sur
le monde puisse être annoncée et atteinte.
Quand l’action politique est confrontée
à des principes moraux qui n’admettent ni dérogation, ni exception, ni
aucun compromis, l’engagement des catholiques devient plus évident et se
fait lourd de responsabilités. Face à ces exigences éthiques fondamentales
auxquelles on ne peut renoncer, les chrétiens doivent en effet savoir
qu’est en jeu l’essence de l’ordre moral, qui concerne le bien intégral de
la personne. Tel est le cas des lois civiles en matière d’avortement et
d’euthanasie (à ne pas confondre avec le renoncement à l’acharnement
thérapeutique qui, même du point de vue moral, est légitime), qui doivent
protéger le droit primordial à la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin
naturelle. De la même manière, il faut rappeler le devoir de respecter et
de protéger les droits de l’embryon humain. De même, il faut préserver la
protection et la promotion de la famille, fondée sur le mariage monogame
entre personnes de sexe différent, et protégée dans son unité et sa
stabilité, face aux lois modernes sur le divorce: aucune autre forme de
vie commune ne peut en aucune manière lui être juridiquement assimilable,
ni ne peut recevoir, en tant que telle, une reconnaissance légale. De
même, la garantie de liberté d’éducation des enfants est un droit
inaliénable des parents, reconnu entre autre par les Déclarations
internationales des droits humains. Dans cette même ligne, il faut penser
à la protection sociale des mineurs et à la libération des victimes des
formes modernes d’esclavage (que l’on pense par exemple à la drogue et à
l’exploitation de la prostitution). On ne peut exclure de cette liste le
droit à la liberté religieuse et le développement dans le sens d’une
économie qui soit au service de la personne et du bien commun, dans le
respect de la justice sociale, du principe de solidarité humaine et de la
subsidiarité, qui veut que «les droits de toutes les personnes, de toutes
les familles et de tous les groupes, et que l’exercice de ces droits,
soient reconnus»[21]. Enfin, comment ne pas voir dans ces exemples le
grand thème de la paix. Une vision irénique et idéologique tend parfois à
donner un sens profane à la valeur de la paix, tandis que, dans d’autres
cas, on se limite à un jugement éthique sommaire, oubliant la complexité
des raisons en question. La paix est toujours «œuvre de la justice et
effet de la charité»[22]; elle exige le refus radical et absolu de la
violence et du terrorisme, et elle requiert un engagement constant et
vigilant de la part de ceux qui ont une responsabilité politique.
III Principes de la doctrine catholique sur la
laïcité et le pluralisme
5. Face à ces questions, s’il est permis
d’admettre une pluralité de méthodologies qui reflètent des sensibilités
et des cultures différentes, aucun fidèle chrétien ne peut cependant en
appeler au principe du pluralisme et de l’autonomie des laïcs en politique
pour favoriser des solutions qui compromettent ou qui atténuent la
sauvegarde des exigences éthiques fondamentales pour le bien commun de la
société. En soi, il ne s’agit pas de «valeurs confessionnelles», car de
telles exigences éthiques sont enracinées dans l’être humain et
appartiennent à la loi morale naturelle. Elles n’exigent pas de ceux qui
les défendent la profession de la foi chrétienne, même si la doctrine de
l’Église les confirme et les protège toujours et partout comme un service
désintéressé de la vérité sur l’homme et sur le bien commun de la société
civile. D’autre part, on ne peut nier que la politique doit aussi se
référer à des principes qui possèdent une valeur absolue précisément parce
qu’ils sont au service de la dignité de la personne et du vrai progrès
humain.
6. Le rappel qui est souvent fait en ce qui concerne la «laïcité» et qui
devrait guider l’engagement des catholiques exige une clarification, et
pas seulement d’ordre terminologique. La promotion en conscience du bien
commun de la société politique n’a rien à voir avec le «confessionnalisme»
ou l’intolérance religieuse. Pour la doctrine morale catholique, la
laïcité, comprise comme autonomie de la sphère civile et politique par
rapport à la sphère religieuse et ecclésiastique – mais pas par rapport à
la sphère morale –, est une valeur acquise et reconnue par l’Église, et
elle appartient au patrimoine de civilisation déjà atteint[23]. Jean-Paul II a maintes fois mis en garde contre les périls qu’entraîne toute
confusion entre la sphère religieuse et la sphère politique. «On arrive à
des situations très délicates lorsqu’une norme spécifiquement religieuse
devient, ou tend à devenir, loi de l’État, sans que l’on tienne compte
comme on le devrait de la distinction entre les compétences de la religion
et celles de la société politique. Identifier loi religieuse et loi civile
peut effectivement étouffer la liberté religieuse et aller jusqu’à limiter
ou nier d’autres droits inaliénables de l’homme»[24]. Tous les fidèles
sont bien conscients que les actes spécifiquement religieux (profession de
la foi, accomplissement des actes de culte ou des Sacrements, doctrines
théologiques, communication réciproque entre les autorités religieuses et
les fidèles, etc.) restent hors de la compétence de l’État, qui ne doit
pas s’en mêler, et qui ne peut en aucune manière y obliger ou les
empêcher, sauf en cas de nécessité fondée sur l’ordre public. La
reconnaissance des droits civils et politiques, ainsi que la mise à
disposition des services publics, ne peuvent être conditionnés par des
convictions ou des prestations de nature religieuse de la part des
citoyens.
Il en va tout autrement du droit et du devoir des citoyens catholiques,
comme de tous les autres citoyens, de rechercher sincèrement la vérité, de
promouvoir et de défendre par des moyens licites les vérités morales
concernant la vie sociale, la justice, la liberté, le respect de la vie et
des autres droits de la personne. Le fait que certaines de ces vérités
soient aussi enseignées par l’Église ne réduit en rien la légitimité
civile ni la «laïcité» de l’engagement de ceux qui se reconnaissent en
elles, indépendamment du rôle que la recherche rationnelle et la certitude
procédant de la foi ont joué dans leur reconnaissance par chaque citoyen.
En effet, la «laïcité» désigne en premier lieu l’attitude de qui respecte
les vérités procédant de la connaissance naturelle sur l’homme qui vit en
société, même si ces vérités sont enseignées aussi par une religion
particulière, car la vérité est une. Ce serait une erreur de confondre la
juste autonomie que les catholiques doivent avoir en politique, avec la
revendication d’un principe qui fait fi de l’enseignement moral et social
de l’Église.
Par son intervention dans ce domaine, le Magistère de l’Église n’entend
pas exercer un pouvoir politique ni supprimer la liberté d’opinion des
catholiques sur des questions contingentes. Il veut au contraire –
conformément à sa mission – éduquer et éclairer la conscience des fidèles,
surtout de ceux qui se consacrent à la vie politique, afin que leur action
reste toujours au service de la promotion intégrale de la personne et du
bien commun. L’enseignement social de l’Église n’est pas une ingérence
dans le gouvernement des pays. Il établit assurément un devoir moral de
cohérence pour les fidèles laïcs, intérieur à leur conscience, qui est
unique et une. «Dans leur existence, il ne peut y avoir deux vies
parallèles, d’un côté la vie qu’on nomme ‘spirituelle’ avec ses valeurs et
ses exigences; et de l’autre, la vie dite ‘séculière’, c’est-à-dire la vie
de famille, de travail, de rapports sociaux, d’engagement politique,
d’activités culturelles. Le sarment greffé sur la vigne qui est le Christ
donne ses fruits en tout secteur de l’activité et de l’existence. Tous les
secteurs de la vie laïque, en effet, rentrent dans le dessein de Dieu, qui
les veut comme le ‘lieu historique’ de la révélation et de la réalisation
de la charité de Jésus Christ à la gloire du Père et au service des
frères. Toute activité, toute situation, tout engagement concret – comme,
par exemple, la compétence et la solidarité dans le travail, l’amour et le
dévouement dans la famille et dans l’éducation des enfants, le service
social et politique, la présentation de la vérité dans le monde de la
culture – tout cela est occasion providentielle pour un exercice continuel
de la foi, de l’espérance et de la charité’»[25].
Vivre et agir en politique conformément
à sa conscience ne revient pas à se plier à des positions étrangères à
l’engagement politique ou à une forme de confessionnalisme; mais c’est
l’expression par laquelle les chrétiens apportent une contribution
cohérente pour que, à travers la politique, s’instaure un ordre social
plus juste et conforme à la dignité de la personne humaine.
Dans les sociétés démocratiques, toutes
les propositions sont soumises à discussion et évaluées librement. Les
personnes qui, au nom du respect de la conscience individuelle, voudraient
voir dans le devoir moral qu’ont les chrétiens d’être en harmonie avec
leur conscience un élément pour les disqualifier politiquement, leur
refusant le droit d’agir en politique conformément à leurs convictions sur
le bien commun, tomberaient dans une forme de laïcisme intolérant. Dans
une telle perspective en effet, on entend refuser à la foi chrétienne non
seulement toute importance politique et culturelle, mais jusqu’à la
possibilité même d’une éthique naturelle. S’il en était ainsi, la voie
serait ouverte à une anarchie morale qui ne pourrait jamais être
identifiée à une forme quelconque de pluralisme légitime. La domination du
plus fort sur le faible serait la conséquence évidente d’une telle
position. D’autre part, la marginalisation du christianisme ne pourrait
servir à l’avenir envisagé d’une société, ni à la concorde entre les
peuples. De plus, elle minerait les fondements culturels et spirituels de
la civilisation[26].
IV Considérations sur des aspects particuliers
7. Dans des circonstances récentes, il
est arrivé que, même au sein de certaines associations ou organisations
d’inspiration catholique, sont apparues des orientations en faveur de
forces et de mouvements politiques qui, sur des questions éthiques
fondamentales, ont exprimé des positions contraires à l’enseignement moral
et social de l’Église. De tels choix et de telles connivences, parce
qu’ils sont en contradiction avec des principes fondamentaux de la
conscience chrétienne, ne sont pas compatibles avec l’appartenance à des
associations ou à des organisations qui se définissent comme catholiques.
De manière analogue, il faut noter que, dans certains pays, certaines
revues et certains périodiques catholiques ont donné à leurs lecteurs, à
l’occasion de choix politiques, une orientation ambiguë et incohérente,
interprétant de manière équivoque le sens de l’autonomie des catholiques
en politique, sans prendre en considération les principes auxquels on
devrait se référer.
La foi en Jésus Christ, qui s’est présenté lui-même comme «la voie, la
vérité et la vie» (Jn 14, 6), demande aux chrétiens un effort pour
participer, avec un plus grand engagement, à l’édification d’une culture
qui, inspirée de l’Évangile, propose à nouveau le patrimoine de valeurs et
de contenu de la Tradition catholique. La nécessité de présenter en
termes culturels modernes le fruit de l’héritage spirituel, intellectuel
et moral du catholicisme apparaît aujourd’hui marquée par une urgence
qu’on ne peut différer, notamment pour éviter le risque d’une dispersion
culturelle des catholiques. En outre, la densité culturelle acquise et
la maturité d’expérience dans l’engagement politique que les catholiques
ont su développer, dans divers pays, surtout dans les décennies qui ont
suivi la seconde guerre mondiale, ne peuvent susciter en eux aucun
complexe d’infériorité en regard d’autres propositions dont l’histoire
récente a montré la faiblesse ou l’échec radical. Il ne suffit pas de
penser, et ce serait réducteur, que l’engagement social des catholiques
puisse se limiter à une simple transformation des structures, car, si à la
base il n’y a pas une culture capable de recevoir, de justifier et
d’envisager les exigences qui découlent de la foi et de la morale, les
transformations reposeront toujours sur des fondements fragiles.
La foi n’a jamais prétendu enfermer les
éléments socio-politiques dans un cadre rigide, ayant conscience que la
dimension historique dans laquelle vit l’homme impose de tenir compte de
situations imparfaites et souvent en rapide mutation. À cet égard, il faut
rejeter les positions politiques et les comportements qui s’inspirent
d’une vision utopique qui, transformant la tradition de la foi biblique en
une espèce de prophétisme sans Dieu, manipule le message religieux, en
dirigeant la conscience vers un espoir purement terrestre, qui annule ou
réduit la tension chrétienne vers la vie éternelle.
En même temps, l’Église enseigne qu’il n’existe pas d’authentique liberté
sans vérité. «La vérité et la liberté, en effet, vont de pair ou bien
elles périssent misérablement ensemble», a écrit Jean-Paul II[27]. Dans
une société où la vérité n’est pas recherchée et où on ne cherche pas à
l’atteindre, toute forme d’exercice authentique de la liberté est aussi
affaiblie, ouvrant la voie à une attitude libertaire et à un
individualisme qui nuisent à la protection du bien de la personne et de la
société entière.
8. A ce propos, il est bon de rappeler une vérité qui n’est pas toujours
perçue aujourd’hui ou qui n’est pas formulée de manière exacte dans
l’opinion publique courante: le droit à la liberté de conscience, et
spécialement à la liberté religieuse, proclamé par la Déclaration Dignitatis humanæ du Concile Vatican II, se fonde sur la dignité
ontologique de la personne humaine, et en aucun cas sur une égalité qui
n’existe pas entre les religions et entre les systèmes culturels
humains[28]. Dans cette ligne, le Pape Paul VI a affirmé que «le Concile
ne fonde en aucune manière ce droit sur le fait que toutes les religions
et toutes les doctrines, même erronées, qui touchent à ce domaine,
auraient une valeur plus ou moins égale. Ce droit, il le fonde sur la
dignité de la personne humaine, qui exige de ne pas être soumise à des
contraintes extérieures tendant à opprimer sa conscience dans la recherche
de la vraie religion et dans l’adhésion à celle-ci»[29]. L’affirmation de
la liberté de conscience et de la liberté religieuse ne contredit donc en
rien la condamnation de l’indifférentisme et du relativisme religieux par
la doctrine catholique[30], bien plus, elle est en parfaite syntonie avec
elle.
V. Conclusion
9. Les orientations données dans cette
Note veulent éclairer un des aspects les plus importants de l’unité de la
vie chrétienne: la cohérence entre la foi et la vie, entre l’Évangile et
la culture, rappelée par le Concile Vatican II. Le Concile exhorte les
fidèles à «s’acquitter avec fidélité de leurs tâches terrestres, et cela
en se laissant conduire par l’esprit de l’Évangile. Ils s’éloignent de la
vérité ceux qui, sachant que nous n’avons pas ici-bas de cité permanente,
mais que nous cherchons à atteindre la cité future, croient, pour cela,
pouvoir négliger leurs devoirs terrestres en perdant de vue que la foi
même crée une obligation plus grande de les accomplir, en fonction de la
vocation propre à chacun». Puissent les fidèles être désireux de pouvoir
«mener toutes leurs activités terrestres en unissant dans une vivante
synthèse tous les efforts humains, familiaux, professionnels,
scientifiques ou techniques, et les valeurs religieuses, sous la haute
ordonnance desquelles tout est coordonné à la gloire de Dieu»[31].
Le Souverain Pontife Jean-Paul II, durant l’audience du 21 novembre 2002,
a approuvé cette Note, qui avait été décidée par la Session ordinaire de
la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et il en a ordonné la
publication.
Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 24
novembre 2002, Solennité du Christ Roi de l’Univers.
JOSEPH CARD. RATZINGER
Préfet
TARCISIO BERTONE, S.D.B.
Archevêque émérite de Vercelli
Secrétaire
--------------------------------------------------------------------------------
[1] Lettre à Diognète, 5, 5. Cf. aussi
Catéchisme de l’Église catholique, n. 2240.
[2] Jean-Paul II, Motu proprio pour la
proclamation de S. Thomas More Patron des responsables de gouvernement et
des hommes politiques (31 octobre 2000), n. 1: AAS 93 (2001), p. 76; La
Documentation catholique 97 (2000), p. 1001.
[3] Ibid., n. 4: AAS, l.c., pp. 78.79;
La Documentation catholique, l.c., pp. 1002.1003.
[4] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. past.
Gaudium et spes, n. 31; Catéchisme de l’Église catholique, n. 1915.
[5] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. past.
Gaudium et spes, n. 75.
[6] Jean-Paul II, Exhort. apost.
post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 42: AAS 81
(1989), p 472; La Documentation catholique 86 (1989), p. 177 . La présente
note doctrinale se rapporte évidemment à l’engagement politique des
fidèles laïcs. Les Pasteurs ont le droit et le devoir de proposer les
principes moraux également dans l’ordre social; «mais l’engagement actif
dans les partis politiques est réservé aux laïcs» (Jean-Paul II, Exhort.
apost. post-synodale Christifideles laici, n. 60: AAS, l.c., p. 511; La
Documentation catholique 86 [1989], p. 189). Cf. aussi Congrégation pour
le Clergé, Directoire pour le ministère et la vie des prêtres (31 mars
1994), n. 33; La Documention catholique 91 (1994), p. 367.
[7] Conc. œcum. Vat. II, Const. past.
Gaudium et spes, n. 76.
[8] Ibid. n. 36.
[9] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décr.
Apostolicam actuositatem, n. 7; Const. dogm. Lumen gentium, n. 36; Const.
past. Gaudium et spes, nn. 31 et 43.
[10] Jean-Paul II, Exhort. apost.
post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 42: AAS 81
(1989), p 472; La Documentation catholique 1986 (1989), p. 177.
[11] Dans les deux derniers siècles, le
Magistère pontifical a abordé bien souvent les principales questions
concernant l’ordre social et politique. Cf. Léon XIII, encycl. Diuturnum
illud (29 juin 1881): ASS 14 (1881/82), pp. 4ss; encycl. Immortale Dei
(1er novembre 1885): ASS 18 (1885/86), pp. 162ss; encycl. Libertas
præstantissimum (20 juin 1888): ASS 20, (1887/88), pp. 593ss; encycl.
Rerum novarum (15 mai 1891): ASS 23 (1890/91), pp. 643 ss.; La
Documentation catholique 25 (1931), col. 1449-1467; Benoît XV, encycl.
Pacem Dei munus pulcherrimum (23 mai 1920): AAS 12 (1920), pp. 209ss.; La
Documentation catholique 3 (1920/1), col. 209-218; Pie XI, encycl.
Quadragesimo anno (15 mai 1931) AAS 23 (1931), pp. 190 ss; La
Documentation catholique 25 (1931/1), col. 1403-1450; encycl. Mit
brennender Sorge (14 mars 1937): AAS 29 (1937) 145-167; La Documentation
catholique 37 (1937/1), col. 901-936; encycl. Divini redemptoris (19 mars
1937): AAS 29 (1937), pp. 78 ss.; La Documentation catholique 37 (1937/1),
col. 937-984; Pie XII, encycl. Summi Pontificatus (20 octobre 1939): AAS
31 (1939), pp. 423ss.; La Documentation catholique 40 (1939), col.
1251-1275; Radio-messages de Noël 1941-1944; Jean XXIII, encycl. Mater et
Magistra (15 mai 1961): AAS 53 (1961), pp. 401-464; La Documentation
catholique 58 (1961), col. 945-990; encycl. Pacem in terris (11 avril
1963): AAS 55 (1963), pp. 257-304; La Documentation catholique 60 (1963),
col. 513-546; Paul VI, encycl. Populorum progressio (26 mars 1967): AAS 59
(1967), pp. 257-299; La documentation catholique 64 (1967), col. 673-704;
Lett. apost. Octogesima adveniens (14 mai 1971): AAS 63 (1971), pp.
401-441; La Documentation catholique 68 (1971), pp. 502-513.
[12] Cf. Jean-Paul II, Encycl.
Centesimus annus (1er mai 1991), n. 46: AAS 83 (1991), pp. 850-851; La
Documentation catholique 99 (1991), pp. 541-542; encycl. Veritatis
splendor (6 août 1993), n. 101: AAS 85 (1993), pp. 1112-1113; La
Documentation catholique 90 (1993), p. 935; Discours au Parlement italien,
n. 5: L’Osservatore Romano, 14 novembre 2002; La Documentation catholique
99 (2002), pp. 1004-1005.
[13] Cf. Jean-Paul II, Encycl.
Evangelium vitæ (25 mars 1995), n. 22: AAS 87 (1995), p. 425-426; La
Documentation catholique 92 (1995), p. 361.
14] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const.
past. Gaudium et spes, n. 76.
[15] Ibid., n. 75.
[16] Cf. Ibid., nn.43 et 75.
[17] Cf. ibid., n. 25.
[18] Ibid., n. 73.
[19] Cf. Jean-Paul II, Encycl.
Evangelium vitæ (25 mars 1995), n. 73: AAS 87 (1995), pp. 486-487; La
Documentation catholique 92 (1995), pp. 388-389.
[20] Ibid.
[21] Conc. œcum. Vat. II, Const. past.
Gaudium et spes, n. 75.
[22] Catéchisme de l’Église catholique,
n. 2304.
[23] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const.
past. Gaudium et spes, n. 76.
[24] Jean-Paul II, Message pour la
célébration de la Journée mondiale de la Paix 1991: «Si tu veux la paix,
respecte la conscience de tout homme», IV (8 décembre 1990): AAS 83
(1991), pp. 414-415; La Documentation catholique 88 (1991), pp. 55.
[25] Jean-Paul II, Exhort. apost.
post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 59: AAS 81
(1989), p. 509; La Documentation catholique 86 (1989), p. 189. Le passage
cité est tiré du Concile œcuménique Vatican II (Décr. Apostolicam
actuositatem, n. 4).
[26] Cf. Jean-Paul II, Discours au Corps
diplomatique accrédité près le Saint Siège (10 janvier 2002) : AAS 94
(2002), pp. 327-332; La Documentation catholique 99 (2002), pp. 104-106.
[27] Jean-Paul II, Encycl. Fides et
ratio (14 septembre 1998), n. 90: AAS 91 (1999), p. 75; La Documentation
catholique 95 (1998), p. 934.
[28] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Décl.
Dignitatis humanæ, n. 1: «Le Concile déclare que Dieu a lui-même fait
connaître au genre humain la voie par laquelle en le servant, les hommes
peuvent obtenir le salut et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie
religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et
apostolique». Cela n’empêche pas l’Église de considérer avec un vrai
respect les différentes traditions religieuses, et même de reconnaître
qu’il y a en elles des «éléments de vérité et de bonté». Cf. Conc. œcum.
Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 16; Décr. Ad gentes, n. 11; Décl.
Nosta ætate, n. 2; Jean-Paul II, encycl. Redemptoris missio (7 décembre
1990), n. 55: AAS 83 (1991), pp. 302-304; La Documentation catholique 88
(1991), p. 173; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Décl. Dominus
Iesus (6 août 2000), nn. 2; 8; 21: AAS 92 (2000), pp. 743-744; 748-749;
762-763; La Documentation catholique 97 (2000), pp. 812-813; 814-815; 820.
[29] Cf. Paul VI, Discours au Sacré
Collège et à la Prélature romaine (20 décembre 1976): Insegnamenti di
Paolo VI, 14 (1976), pp. 1088-1089; La Documentation catholique 74 (1977),
pp. 54-55.
[30] Cf. Pie IX, Encycl. Quanta cura (8
décembre 1864): ASS 3 (1867), p. 162; Léon XIII, encycl. Immortale Dei
(1er novembre 1885): ASS 18 (1885), pp. 170-171; Pie XI, encycl.. Quas
primas (11 décembre 1925): AAS 17 (1925), pp. 604-605; Catéchisme de
l’Église catholique, n. 2108; Congrégation pour la Doctrine de la Foi,
Décl. Dominus Iesus (6 août 2000), n. 22: AAS 92 (2000), pp. 763-764; La
Documentation catholique 97 (2000), p. 820.
[31] Conc. œcum. Vat. II, Const. past.
Gaudium et spes, n. 43; cf. aussi Jean-Paul II, exhort. apost.
post-synodale Christifideles laici (30 décembre 1988), n. 59: AAS 81
(1989), pp. 509-510; La Documentation catholique 86 (1989), p. 189.
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La Note
Ratzinger est-elle “incongrue” ?
Auteur: Patrice de
Plunkett | 7 mars 2003
Source :libertepolitique.com
On peut regretter que la Note
Ratzinger n’ait pas été présentée aux fidèles dans tous les diocèses
français. Ce document devrait jouer un rôle décisif : mais il n’a pas
eu, chez nous, la réception qu’il méritait. Par la presse, un certain
nombre de catholiques (ceux de la bourgeoisie informée) ont pu savoir
que Rome appelait à une résistance politique... Comment ont-ils réagi ?
Faute d’explications et de débats au sein des paroisses, ces catholiques
ont été laissés à leur réflexe individuel. Dans de nombreux cas, ce fut
un réflexe d’esquive. L’appel “politique” de Rome a laissé froids ces
paroissiens sérieux. Ils l’ont trouvé incongru.
Etait-ce rébellion de leur part ? Non
: simplement, livrés à eux-mêmes, ils ont obéi aux normes de leur époque
et de leur milieu. La sociologie du catholicisme français est de plus en
plus marquée par sa composante bourgeoise. Or les élites contemporaines
(croyantes ou non) ont pris l’habitude, depuis dix ans, de dédaigner le
politique : à leurs yeux, il est simplement le portier de l’économique.
Demande-t-on à un portier d’avoir des convictions ? On ne lui demande
que d’ouvrir la porte. Donc le politique n’est pas le lieu des vrais
enjeux, et l’on ne doit pas essayer de l’améliorer : on doit le réduire
de plus en plus. C’est ce que pense la jeune bourgeoisie “bobo” (libérale-libertaire).
C’est aussi ce que pensent, sans trop se l’avouer, beaucoup de membres
d’une bourgeoisie plus traditionnelle. Ceux-ci peuvent rester attachés à
ce qu’ils nomment les “valeurs”, mais dans leur esprit ces “valeurs”
sont du domaine privé : elles font partie d’un art de vivre et de
rituels familiaux. La religion aussi. Il serait donc indécent
d’introduire celle-ci sur la scène publique - et impensable de l’opposer
aux autorités.
Le problème est que la Note Ratzinger appelle les catholiques à oser
s’opposer.
Elle leur demande de rompre avec le consensus relativiste, qui permet le
pire et de résister à la société de consommation (cette “société de
broyage et de concassage de l’homme naturel”>, écrivait Pierre Boutang
dans Le Purgatoire).
Il s’agit de protéger l’humanité au
nom du Christ. Ce qui revient à admettre que la foi catholique est une
force universelle (donc tout autre chose qu’une “valeur” de caste) et
qu’elle a son mot à dire en politique. Quant au politique, il doit
servir le bien commun - qui ne consiste pas forcément à servir le
marché, comme Jean-Paul il ne cesse de le dire depuis Centesimus annus.
Dans la mesure où elle implique ces
notions, la Note Ratzinger nous appelle à un renversement copernicien.
Elle nous demande de rompre avec des années de minicroyance et de pensée
unique... Exigence évangélique, donc à la portée de tout chrétien - s’il
est de bonne volonté, et si sa communauté (sa paroisse ?) l’aide à
comprendre qu’une page se tourne. Quelque chose est “incongru” dans
cette affaire, mais ce n’est pas l’appel de Rome c’est l’attitude de
croyants qui persisteraient, en 2003, à suivre l’idéologie ultralibérale
en vogue dans les années 1990.
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texte hébergé
en 06/04 |
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Des lobbies culturels, économiques et politiques, opposés au christianisme
CITE DU VATICAN, Mercredi 20 octobre
2004 (ZENIT.org) – Des lobbies culturels, économiques et politiques,
opposés à tout ce qui est chrétien ont été dénoncés par le cardinal
Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et
paix.
Le cardinal Martino est intervenu dans
ce sens, lundi, lors de la présentation du livre de Mgr André Dupuy sur
la diplomatie de Jean-Paul II en 25 ans de pontificat : “Jean-Paul II et
les enjeux de la diplomatie pontificale” (cf. ZF041018).
L’affirmation de la pleine vérité sur
l’homme et sur ses droits fondamentaux, basés non pas sur un
subjectivisme individualiste mais sur l’objectivité transcendante de la
dignité de la personne est, affirmait le cardinal Martino, le présupposé
de faire fonctionner au mieux des systèmes sociaux, économiques et
politiques, en évitant de dangereuses ambiguïtés, dans la revendication
des droits de l’homme.
Le volume publié par la Fondation
"Chemin de paix" (Path to Peace Foundation) permet, disait le cardinal
Martino, "une approche directe sans le filtre d’herméneutiques indues, à
l’enseignement de Jean-Paul II sur le thème unitaire de la défense de la
dignité humaine et de ses droits fondamentaux."
A ce propos, le cardinal Martino a
déploré que "les voix du saint-Père et de l’Eglise catholique soient peu
écoutées, surtout dans les milieux continentaux des pays riches et bien
portants, quand on le les fait pas tout simplement disparaître, en les
submergeant dans la fracas et le tapage orchestrés par de puissants
lobbies culturels, économiques et politiques mus surtout part un préjugé
opposé à tout ce qui est chrétien".
Le cardinal Martino a cité
explicitement "la confusion des rôles dans l’identité des "genres", les
attaques contre le mariage entre un homme et une femme, les coups contre
la vie humaine objet des expériences les plus risquées".
Ces lobbies sont, disait-il, "de
nouvelles saintes inquisitions pleines d’argent et d’arrogance", et sur
leur banc des accusés ont trouve surtout l’Eglise catholique et les
chrétiens, "contre lesquels toute méthode est licite si elle sert à
faire taire leur voix, par l’intimidation, le mépris public, la
discrimination culturelle et la marginalisation".
"Mais l’Eglise, a souligné le
cardinal, avec la force qui vient du Seigneur, et de son expérience
bimillénaire, continuera à annoncer l’Evangile du salut, en prêchant la
pleine vérité de l’homme contre tous les relativismes et les
obscurantismes des "Lumières" post-modernes".
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