Allez ! je vous envois .......le souffle de l'Esprit ...

Evangile  René Girard

Présentation: 

cet évangile, me parle sur plusieurs plans :

- d'une part il met en évidence le fait que la Parole est portée par chacun d'entre nous .... qu'elle ne doit ni être instrumentalisée et ni être source de pouvoir

- d'autre part il met directement en relation avec la démarche de René Girard ...Les Écritures source d'étude de l'homme .... A ce propos je pense qu'il est intéressant de relire les dernières pages de son livre « Les choses cachées... ».

Extraits: 

 Evangile : Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair. Vous, je vous ai donné pouvoir d'écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l'Ennemi ; et rien ne pourra vous faire du mal ..... ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »......

.« Les choses cachées... ».

Toute question de « santé psychologique » me paraît subordonnée à celle, plus vaste, du sens partout perdu ou menacé, mais qui n'attend pour renaître que le souffle de l'Esprit....Je prophétisai comme il m'en avait donné l'ordre, et l'esprit vint en eux, et ils reprirent` vie et se mirent debout sur leurs pieds : grande, immense armée (Ez 37,1-10).

en Relations : Parole Ouverte, l'église historique , René Girard, L'Esprit ... le sens ...

 

 

 

ALLEZ ! je vous envois ....

Auteur: Evangile

Source: Luc

 

Lc 10, 1-12.17-20

Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller.
Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. N'emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route. Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : 'Paix à cette maison.' S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l'on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu'on vous offrira. Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : 'Le règne de Dieu est tout proche de vous.' Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, sortez sur les places et dites : 'Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le : le règne de Dieu est tout proche.' Je vous le déclare : au jour du Jugement, Sodome sera traitée moins sévèrement que cette ville. »
Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux. Ils racontaient : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom. »
Jésus leur dit : «
Je voyais Satan tomber du ciel comme l'éclair. Vous, je vous ai donné pouvoir d'écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l'Ennemi ; et rien ne pourra vous faire du mal. Cependant, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »

 


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texte hébergé en  07/04

 

Homélie par le Père Joseph-Marie Verlinde

Si nous lisions l’évangile de ce jour comme le compte-rendu d’une mission d’évangélisation parmi d’autres menées par les compagnons de Jésus, nous aurions de quoi nous décourager ! Comment se fait-il que nos efforts à nous soient si peu féconds alors que les disciples vont de succès en succès ?
En fait une lecture plus approfondie permet de voir que Saint Luc regroupe autour de ce récit, un ensemble de directives qui concernent le travail missionnaire de l’Eglise de tous les temps. Le troisième Evangile est le seul à mentionner cet envoi en mission non plus des Apôtres, mais d’un groupe de disciples. Leur nombre - soixante-douze - est hautement symbolique : il correspond au nombre de peuples connus à l’époque. Le message est clair : ce ne sont pas les seuls Apôtres et leurs successeurs - évêques, prêtres et diacres - qui sont chargés d’annoncer l’Evangile ; mais tout baptisé, de par son statut de disciple, est co-responsable de l’évangélisation de la terre entière.
Au moment de l’envoi, Notre-Seigneur leur fait un dernier « breefing », dans lequel il récapitule les conditions de la mission. Mais il est clair que ses propos, aux échos eschatologiques très marqués, débordent largement le contexte d’une action probablement limitée à quelques villages situés sur la route menant de la Galilée à Jérusalem où se rend le Seigneur. D’ailleurs, pourquoi donc Jésus devrait-il encore se rendre personnellement « dans toutes ces villes et localités » où ses disciples l’ont précédé, dès lors que leur travail d’évangélisation a pleinement porté son fruit ? A moins que la venue dont il parle soit son retour dans la gloire ; ce que confirme le titre « Seigneur », qui apparaît dans le verset introductif, et surtout sur les lèvres des disciples racontant leurs démêlés victorieux avec « les esprits mauvais ».
Cette seconde partie de notre péricope ne peut d’ailleurs être que post-pascale : seul le Ressuscité peut proclamer : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair ». Seul le vainqueur du matin de Pâques peut « donner pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi » dont il a victorieusement triomphé sur la croix. Et la Sainte allégresse qui saisit les disciples revenant « tout joyeux » de leur mission, s’accorde très bien avec l’ambiance des premières campagnes d’évangélisation au lendemain de la Pentecôte, dont on trouve le récit dans le livre des Actes des Apôtres.
Au-delà du compte-rendu d’une mission particulière confiée par Jésus à la communauté prépascale, c’est donc bien l’envoi de l’Eglise de tous les temps dont il est question dans l’Evangile de ce jour.

Premier constat : nous serons toujours trop peu nombreux pour assurer la mission ! Certes, Notre-Seigneur nous ordonne de « prier le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » ; c’est même la première démarche à faire. Voilà déjà une participation au travail d’évangélisation à laquelle nul d’entre nous ne peut se soustraire, sous aucun prétexte. Ceci dit, les rangs clairsemés des missionnaires de l’Evangile ne devraient pas nous inquiéter outre mesure : Jésus nous avertit que telle sera toujours la condition de l’Eglise militante. Devant cette situation, la tentation qui nous guette est d’adopter les mœurs du monde, d’utiliser ses stratégies et ses moyens pour « réussir », et « faire du nombre ». Or les préceptes du Seigneur ne vont pas du tout dans ce sens : il défend aux disciples de se munir des précautions élémentaires pour la route : « ni argent, ni sac, ni sandales ». Ce n’est donc pas sur leur prévoyance ou leurs sécurités humaines qu’ils ont à s’appuyer ; mais comme des agneaux qui mettent tout leur espoir dans la protection de leur Berger, ils sont invités à s’avancer au milieu des loups, démunis de toute ruse, de toute moyen de défense, de tout calcul humain, dans la certitude que la Parole qui a touché leur cœur et les a convertis, peut provoquer le même retournement dans la vie de tout homme, aussi féroce fût-il.
Le disciple n’est même pas autorisé à astiquer ses relations pour jouer d’influences : « “Ne vous attardez pas en salutations” ; ne perdez pas votre temps en vaines flatteries ; ne comptez pas sur les puissants. Vous n’êtes pas des courtisans du Prince de ce monde, mais des ambassadeurs du Roi des rois. Vous n’avez d’ailleurs rien d’autre à annoncer que la proximité de son règne et l’urgence de se convertir afin de pouvoir l’accueillir lorsqu’il viendra. L’Esprit Saint vous précède : ceux qui ont ouvert leur cœur à son action et se sont laissés toucher par la grâce, ceux qui désirent la paix et la cherchent sincèrement, ceux-là entendront votre message, et ma paix reposera sur eux comme elle est descendue sur vous au matin de Pâques lorsque je suis venu à votre rencontre ».
Guérison et délivrance sont les signes qui accompagnent la proclamation du message de consolation que le Seigneur confie à ses disciples, confirmant ainsi l’irruption de « la création nouvelle » (2ème lect.) au cœur du monde ancien. Le « règne de Dieu » n’est pas à redouter comme le temps de la vengeance du Tout-puissant contre son peuple rebelle : « De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai », dit le Seigneur. La seule chose que le Père nous demande, c’est de reconnaître et d’accueillir la seigneurie de son Fils, afin qu’il puisse nous libérer de l’esclavage auquel le Satan a pu nous soumettre en raison de notre péché. Vers tous ceux qui mettent dans « la croix de notre Seigneur Jésus Christ leur seul orgueil », et « qui suivent la règle de vie » (2nd lect.) de l’Evangile, Die u « dirige la paix comme un fleuve et la miséricorde comme un torrent qui déborde » (1ère lect.).
Oui, « le règne de Dieu est tout proche » : laissons-nous envahir par sa présence. Certes le passage de l’ancien monde à la nouveauté du Royaume est resserré, la porte est étroite ; une douloureuse « circoncision du cœur » est indispensable pour nous arracher à nos attachements désordonnés et découvrir en Jésus notre unique trésor. Cependant, ce que l’on retient d’un enfantement, ce n’est pas la douleur du travail, mais la vie triomphante, « la création nouvelle » que le Seigneur réalise pour nous. Sur ce chemin qui nous ramène à la maison du Père, gardons courage, et « réjouissons-nous parce que nos noms sont d’ores et déjà inscrits dans les cieux ».


Père Joseph-Marie Verlinde

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Prophétise à l'esprit ...

René Girard : « des choses cachées depuis la fondation du monde »

Pages 610

 

…..l'Écriture judéo-chrétienne. Jamais je n'ai pensé que ces textes étaient là pour être contemplés passivement, comme des beautés naturelles, les arbres d'un paysage, par exemple, ou les montagnes dans le lointain. J'ai toujours espéré que le sens ne faisait qu'un avec la vie. La pensée actuelle nous entraîne vers la vallée des morts dont elle catalogue un à un les ossements. Nous sommes tous dans cette vallée mais il ne tient qu'à nous de ressusciter le sens en rapprochant les uns des autres tous les textes sans exception plutôt que certains d'entre eux seulement. Toute question de « santé psychologique » me paraît subordonnée à celle, plus vaste, du sens partout perdu ou menacé, mais qui n'attend pour renaître que le souffle de l'Esprit. Il ne s'en faut que de ce souffle désormais, pour susciter de proche en proche l'expérience d'Ezéchiel dans la vallée des morts :

La main de Yahvé fut sur moi, et il m'emmena par l'esprit de Yahvé et il me déposa au milieu de la vallée, une vallée pleine d'ossements. Il me la fit parcourir parmi eux en tous sens. Or les ossements étaient très nombreux sur le sol de la vallée et ils étaient complètement desséchés. Il me dit : « Fils d'homme, ces ossements vivront-ils? » Je dis : « Seigneur Yahvé, tu le sais. » Il me dit : « Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras : Ossements desséchés, écoutez la parole de Yahvé... » Je prophétisai comme j'en avais reçu l'ordre. Or il se fit un bruit au moment où je prophétisais ; il y eut un frémissement et les os se rapprochè­rent l'un de l'autre. Je regardai : ils étaient recouverts de nerfs, la chair poussait et la peau se tendait par-dessus, mais il n'y avait pas d'esprit en eux. Et il me dit : « Prophétise à l'esprit, prophétise, fils d'homme. Tu diras à l'esprit : Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Viens des quatre vents, esprit, souffle sur ces morts, et qu'ils vivent. » Je prophétisai comme il m'en avait donné l'ordre, et l'esprit vint en eux, et ils reprirent` vie et se mirent debout sur leurs pieds : grande, immense armée (Ez 37,1-10).

 

René Girard : « des choses cachées depuis la fondation du monde »

Pages 610

 

 

 

 

 

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