Dans le magazine du Vatican,
Civilta Cattolica, on pouvait lire le 2 octobre dernier : « Il y a
un lien tragiquement conceptuel entre le 11 septembre 2001 à New York et
le 1er septembre 2004 à Beslan, en Ossétie du Nord. C'est le lien d'un
terrorisme d'origine islamique qui, en trois ans, a semé la mort aux
quatre coins de la planète. En réalité, ce terrorisme n'a pas changé
ses buts depuis son origine jusqu'à Ben Laden : la guerre contre les
juifs et les "Croisés" (les chrétiens, considérés comme des ennemis
invétérés de l'islam), la guerre contre le monde occidental et les
Etats-Unis. »
C'est un tournant si l'on veut bien se
souvenir que, lors de la prise d'otages à Beslan et du massacre qui
s'ensuivit, Avvenire et L'Osservatore Romano avaient rendu
compte de la tragédie sans jamais signaler que les terroristes étaient
des musulmans. Au point que Sandro Magister, journaliste chargé de
suivre le Vatican pendant 25 ans, avait essayé d'expliquer cette «
omission » dans L'Espresso : « Le silence sur l'originique
islamique de l'offensive terroriste est le prix à payer pour protéger
les chrétiens de plus sérieuses menaces et, en particulier, les
chrétiens qui vivent dans des pays musulmans. »
Cette « prise de conscience vaticane
», traduite désormais dans Civilta Cattolica, mais aussi dans
Avvenire, doit sans doute beaucoup à Mgr Cesare Mazzolari, évêque de
Rumbeck au Sud-Soudan. Sur place depuis 1981 - et dans un environnement
férocement musulman - Mgr Mazzolari a été témoin d'horreurs : massacres
des chrétiens, enfants réduits à l'esclavage et torturés à mort quand
ils refusent de se convertir à l'islam, génocide - toujours en cours -
des populations chrétiennes du sud du Soudan.
Interrogé récemment par Il Giornale
sur la question de savoir si le Dieu des chrétiens et l'Allah des
musulmans « c'est la même chose », Mgr Mazzolari a été catégorique
- En aucune façon ! Où serait le
concept de la Trinité ? Et le Christ n'est certainement pas le plus
grand des prophètes des musulmans.
Mettant en garde contre les
conséquences à terme d'une immigration musulmane massive en Europe, il
ajoutait : « Ce seraient les musulmans qui nous convertiraient, et pas
le contraire. Là où ils s'installent, ils finiront par devenir tôt ou
tard une force politique dominante. Les Italiens sont incités à les
accueillir chaleureusement. Mais ils se rendront compte bientôt que
les musulmans ont tiré avantage de leur bonne volonté. »
Il précise encore
- L'Eglise a vaincu le communisme,
mais elle commence seulement à comprendre que le prochain défi,
peut-être pire encore, c'est l'islamisme.
On pensera peut-être que cette «
clairvoyance » est le fait d'évêques en poste dans des pays musulmans et
finalement peu écoutés. Il n'en est rien. Pour preuve, la récente
déclaration du cardinal Angelo Sodano, secrétaire d'Etat du Vatican et
prélat influent, qui - mioctobre - déclarait à La Repubblica
- Le grand problème de l'avenir, ce
sera nos relations avec le monde islamique. C'est un défi qui ne
concerne d'ailleurs pas la seule Eglise.