JE
…..
Sur
le premier Alcibiade de Platon, II , 281
« Le fait que ceux qui répondent disent ce qu'ils
disent en le tirant d'eux-mêmes (le répondre de soi, voilà l'âme,
cette fonction de surgissement) est une forte preuve en faveur de
ce dogme que les âmes mettent aux jours les raisons à partir de leur
propre fond, qu'elles n'avaient besoin que d'un éveilleur, et qu'elles
ne sont pas des tablettes non écrites qui reçoivent leur empreintes de
l'extérieur : non les âmes sont inscrites de toute éternité et celui
qui inscrit est en elles ; mais elles ne peuvent pas toutes connaître
ce qui est inscrit en elles-mêmes ni même découvrir qu'elles sont
inscrites, (elles savent pas les âmes qu'elles sont une
lettre) pour la raison que leur oeil est devenu chassieux par
suite de l'oubli dû au monde de la génération et des passions
tumultueuses nées de cet oubli. »
citation reprise par Benny Lévy, Le meurtre du
pasteur,
critique de vision politique du monde, Grasset, p35
« Toute notre perfection dépend de la fidélité qu’on a
eue à coopérer aux mouvements du Saint Esprit et à suivre sa conduite
; et l’on peut dire que l’abrégé de la vie spirituelle consiste à
remarquer les voies et les mouvements de l’Esprit de Dieu en notre
âme, et à fortifier notre volonté dans la résolution de le suivre »
Louis Lallemand, 1587-1636.
NOUS …..
«
Toutes les choses crées refusent pour moi d’être des fins. » [...] Les
choses crées ont pour essence d’être des intermédiaires. Elles sont
des intermédiaires les unes vers les autres, et cela n’a pas de fin.
Elles sont des intermédiaires vers Dieu. Les éprouver comme telles.
[...] Seul celui qui aime Dieu peut regarder les moyens seulement
comme des moyens. [...] La puissance (et l’argent, ce passe-partout de
la puissance) est le moyen pur. Par là-même, c'est la fin suprême pour
tous ceux qui n'ont pas compris.... Ne priver aucun être humain de ses
metaxu, c'est-à-dire de ces biens relatifs et mélangés (foyer, patrie,
tradition, culture, etc....) qui réchauffent et nourrissent l'âme et
sans lesquels, en dehors de la sainteté, une vie humaine n’est pas
possible. [...] Pour respecter par exemple les patries étrangères, il
faut faire de sa propre patrie, donc pas une idole, mais un échelon
vers Dieu . »
Simone Weil, " La pesanteur et la grâce »,
préface de Gustave Thibon
AJENOUS ….
« les hommes ne s'en tirent pas tous seuls. Chaque fois
qu'ils croient pouvoir se débrouiller sans l'autre au-dessus, c'est la
catastrophe. Adam et Eve, Caïn et Abel, Joseph et ses frères » (Régis
Debray). C'était le procès des idéologues des Lumières : pour eux
homme est autosuffisant, son horizon c'est lui même, il est
définitivement passé de l'enfance à l'âge d'homme, c'est-à-dire de
l'hétéronomie (il recevait sa loi d'un autre) à l'autonomie (il se
forge à lui-même sa loi, décide à sa guise du bien et du mal).
Daniéle Masson, Article Présent
du 14.02.04 « Eclipse ou retour du sacré »
…..l'Écriture
judéo-chrétienne. Jamais je n'ai pensé que ces textes étaient là pour
être contemplés passivement, comme des beautés naturelles, les arbres
d'un paysage, par exemple, ou les montagnes dans le lointain. J'ai
toujours espéré que le sens ne faisait qu'un avec la vie. La pensée
actuelle nous entraîne vers la vallée des morts dont elle catalogue un
à un les ossements. Nous sommes tous dans cette vallée mais il ne
tient qu'à nous de ressusciter le sens en rapprochant les uns des
autres tous les textes sans exception plutôt que certains d'entre eux
seulement. Toute question de « santé psychologique » me paraît
subordonnée à celle, plus vaste, du sens partout perdu ou menacé, mais
qui n'attend pour renaître que le souffle de l'Esprit. Il ne s'en faut
que de ce souffle désormais, pour susciter de proche en proche l'expérience d'Ezéchiel dans la vallée des morts :
"La main de Yahvé fut sur moi, et il m'emmena par
l'esprit de Yahvé et il me déposa au milieu de la vallée, une vallée
pleine d'ossements. Il me la fit parcourir parmi eux en tous sens. Or
les ossements étaient très nombreux sur le sol de la vallée et ils
étaient complètement desséchés. Il me dit : « Fils d'homme, ces
ossements vivront-ils? » Je dis : « Seigneur Yahvé, tu le sais. » Il
me dit : « Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras : Ossements
desséchés, écoutez la parole de Yahvé... » Je prophétisai comme j'en
avais reçu l'ordre. Or il se fit un bruit au moment où je prophétisais
; il y eut un frémissement et les os se rapprochèrent l'un de
l'autre. Je regardai : ils étaient recouverts de nerfs, la chair
poussait et la peau se tendait par-dessus, mais il n'y avait pas
d'esprit en eux. Et il me dit : « Prophétise à l'esprit, prophétise,
fils d'homme. Tu diras à l'esprit : Ainsi parle le Seigneur Yahvé.
Viens des quatre vents, esprit, souffle sur ces morts, et qu'ils
vivent. » Je prophétisai comme il m'en avait donné l'ordre, et
l'esprit vint en eux, et ils reprirent` vie et se mirent debout sur
leurs pieds : grande, immense armée (Ez 37,1-10). "
René Girard : « des choses
cachées depuis la fondation du monde »
Pages 610
Prophétiser, c’est parler de Dieu non par preuve du
dehors, mais par sentiment intérieur et immédiat.
Pascal, Pensées XXV., 160
édit.Havet
DANS LE TEMPS….
«Après des
mois de ténèbres intérieures j'ai eu soudain et pour toujours la
certitude que n'importe quel être humain, même si ses facultés
naturelles sont presque nulles, pénètre dans ce royaume de la vérité
réservé au génie, si seulement il désire la vérité et
fait perpétuellement un effort d'attention pour l'atteindre. »
Simone Weil
Là où s'exprime une volonté
s'ouvre un chemin
Jean-François Deniau