Et alors ? ...de l'art d'éduquer...

 .... le co-développement inter-personnel  ...

...la  maïeutique

;;Dossiers :  de l'homme en coques

                              

Présentation :...recueil de textes  .. dans l'esprit d'Entre-Vues ... Parole Ouverte ... de la relation éducative parents-enfants

Extraits :  

Le sillage de Madeleine Daniélou..  ...L'action engagée, un appel à l'éducation selon l'Esprit

« L’art d’éduquer selon Edith Stein », par Eric de Rus   .... la formation se fait de l'intérieur vers l'extérieur.

 

en z relations ....  l'homologos ... 

Café théologique  .....

Pratiquer le débat-philo à l'école

http://ensemble2generations.free.fr/index.htm

 

 

Enseigner aujourd'hui ! Le sillage de Madeleine Daniélou..

 

Actes du Colloque

L'engagement éducatif, un agir chrétien ou Y a-t-il une pratique chrétienne de l'engagment éducatif ?  
Mgr Claude Dagens  .....

de l'engagement éducatif dans la société et dans l'Eglise, avec deux notes dominantes :

- Cet engagement est mis en oeuvre de l'intérieur de la foi chrétienne, et de la foi

vécue comme un principe de compréhension et de discernement.

- Cet engagement donne la priorité non pas aux formes institutionnelles, mais

aux personnes, aux personnes des jeunes et à celles des éducateurs et des éducatrices.

 

a vécu le combat de la foi comme un engagement prioritairement éducatif.

Parce qu'elle-même avait perçu très jeune que le christianisme n'est pas un système qui

s'imposerait de l'extérieur, mais qu'il est d'abord un appel non seulement à vivre

autrement, mais à comprendre autrement le monde et soi-même.

 

l'Eglise avait mieux à faire : elle devait s'engager dans le domaine de

l'enseignement, en faisant appel aux ressources de la foi, et de la foi vécue comme une

capacité de comprendre toutes choses dans une autre lumière, celle du Christ, le Fils, envoyé

par le Père « non pas pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui »

(Jean 3, 17).

Actualité d'une inspiration  Marguerite Léna
Enseigner, éduquer:l'obligation de l'avenir  Isabelle Bochet
L'action engagée, un appel à l'éducation selon l'Esprit  Sylvie de Pontual

 

 

La musique : un langage qui ouvre à l’expérience de Dieu
Entretien avec le bénédictin Jordi-Agustí Piqué Collado

ROME, vendredi 13 octobre 2006 (ZENIT.org) – La musique est bien plus qu’un simple ornement pour la liturgie. C’est la conclusion de la thèse de doctorat que vient de défendre l’Espagnol Jordi-Agustí Piqué Collado, o.s.b., moine de l’abbaye de Montserrat.

J.A. Piqué a obtenu un doctorat de théologie à l’Université grégorienne de Rome en 2005. Il a publié divers articles de recherche théologique et des compositions musicales.

Dans cet entretien accordé à Zenit il explique comment le langage de la musique peut ouvrir les hommes et les femmes de notre temps à l’expérience de Dieu.

Zenit : La théologie et la musique ont-elles toujours dialogué ou ces deux disciplines se sont-elles unies à un moment concret de l’histoire ?

J.A. Piqué : La musique a toujours été présente dans la célébration du culte chrétien. Le chant, comme l’un des éléments fondamentaux, comme base de toute prière liturgique, confère bien plus qu’un simple ornement ou un caractère solennel à la célébration, comme le souligna Pie X dans son Motu Proprio « Parmi les sollicitudes » (1903) sur la musique sacrée.

Voici une explication possible de ce dialogue : si la théologie prétend dire une parole, une chose compréhensible sur le Mystère ineffable de Dieu et la musique aide à comprendre, à célébrer, à participer à ce Mystère, spécialement lorsqu’elle s’unit à la Parole, il ne me semble pas exagéré d’affirmer que l’on peut noter un dialogue profond, visant à la compréhension de l’expérience du Mystère de Dieu.

Toutes les époques de la pensée sont liées à un type concret de musique. Je crois qu’aussi bien la théologie que la musique peuvent être des langages de la Transcendance.

Zenit : Vous faites allusion au « drame de l’incommunicabilité de l’expérience de Dieu ». Pourquoi cette difficulté de « dire Dieu » est-elle un drame ?

J.A. Piqué Car je crois, comme le signalent certains phénoménologues, que le problème de notre époque est essentiellement un problème de langage.

Je crois sincèrement que la question sur l’existence de Dieu est aujourd’hui dépassée, c’est-à-dire qu’elle n’est pas le centre de la réflexion de nombreux hommes et femmes qui au fond continuent de chercher Dieu, mais qui cherchent à en faire l’expérience. Ils n’ont pas besoin d’une formule ou d’une définition.

Le langage de la théologie aujourd’hui, ne favorise pas cette recherche. Il est dramatique de voir que de nombreuses personnes abandonnent leur relation à Dieu et la pratique religieuse car elles ne trouvent pas de langage pour transmettre leur expérience ; de même pour les langages pour comprendre ou vivre la foi, les langages avec lesquels ont leur parle de Dieu ne sont pas, au moins pour elles, adaptés. Je crois qu’à notre époque, en tant que chrétiens, et moi en tant que théologien, j’ai l’obligation de « dire Dieu », de transmettre mon expérience, de permettre aux autres de s’identifier à cette expérience, d’y participer, de la rendre compréhensive.

C’est le drame de Moïse dans l’opéra de Schönberg, que j’analyse dans ma thèse : il fait une expérience de Dieu avec qui il parle, mais il ne trouve pas le mot juste, beau, émouvant, pour transmettre à son peuple la grandeur de cette expérience. Son peuple préfère adorer un dieu de métal, le veau d’or, car au moins il peut le voir et le percevoir.

Je crois que c’est là que réside le drame de notre temps. C’est le paradigme de la conversion de saint Augustin, l’un des théologiens que j’analyse, qui, à travers le chant de l’Eglise, réunie, ressent une émotion qui lui fait verser des larmes ; des larmes qui, dit-il, lui faisaient du bien.

Zenit : Vous proposez une « parole de Dieu qui émeut ». Cette parole est-elle la musique ?

J.A. Piqué La musique est un langage qui peut conduire à percevoir, à comprendre un peu du Mystère de Dieu et en ce sens elle est aussi, théologie.

L’Eglise l’a toujours adoptée comme élément fondamental de sa liturgie. Mais aujourd’hui, je crois que même en dehors de la liturgie, elle peut être une clé d’ouverture à la transcendance.

On pourrait citer les exemples de Taizé, ou le phénomène du chant grégorien : ce sont deux expériences esthétiques qui ouvrent à une expérience de la transcendance.

Cependant, comme je l’explique dans ma thèse, l’expérience qui passe par la perception sensible n’est pas toujours univoque : la musique déformée d’une discothèque peut conduire à l’aliénation ; la musique d’une publicité peut conduire à une consommation impulsive.

Je crois cependant qu’une expérience esthétique peut ouvrir des chemins dans la compréhension de la transcendance et du Mystère de Dieu.

L’expérience esthétique peut, aujourd’hui peut-être, alors que les discours et les mots ont perdu leur valeur, être la clé pour ouvrir l’expérience de Dieu aux hommes et femmes de notre époque.

Cette expérience devra bien sûr être suivie d’une catéchèse et d’une formation, mais ce serait au moins le moyen de surmonter l’indifférence qui semble endormir le monde occidental.

Zenit : Vous citez à plusieurs reprises le théologien Joseph Ratzinger. Quelle est sa contribution au domaine de la musique et de la liturgie ?

J.A. Piqué Dans ma thèse j’analyse des théologiens qui, à différentes époques, ont traité la musique comme une question théologique. Saint Augustin, Hans Urs von Balthasar, Pierangelo Sequeri, sont les principaux. Mais dans les écrits du théologien Ratzinger, un bon musicien, comme nous le savons, apparaît un thème clé à mon sens : le fondement biblique de la raison théologique de la musique dans la liturgie.

Le pape a su baser cette compréhension sur une lecture des psaumes, le livre biblique de la musique par excellence, et par une lecture de saint Thomas. A partir de là, il explique comment le chant et la musique, dans la liturgie, sont des éléments qui conduisent à une compréhension de Dieu.

Dans mon travail j’ai élargi cette vision avec l’analyse de quelques musiciens compositeurs qui dans leurs œuvres ont affronté quelques questions théologiques : Tomás Luis de Victoria, Arnold Schönberg et Olivier Messiaen.
ZF06101314

 

 RS:  pour l'auteur ...le compositeur ...le peintre ...oui   ...mais cette relation est-elle transmissible ?... et ne situe-t-elle pas D. à l' extérieur ...dans une création humaine .... D. est-il Silence ?

aussi Ratzinger joue-t-il du piano ... pour lui-même ... Une forme de prière .. d'adoration ..

 

texte hébergé en oct 06                     

 

 
 

« L’art d’éduquer selon Edith Stein », par Eric de Rus

http://www.zenit.org/article-18626?l=french

 

Rencontre avec l’auteur

ROME, Jeudi 21 août 2008 (ZENIT.org) - « L'éducation pour Edith Stein est cet art suprême dont l'Esprit Saint est le maître et dont l'homme est l'humble collaborateur », explique Eric de Rus, professeur agrégé de philosophie, qui vient de publier un second volume intitulé « L'art d'éduquer selon Edith Stein. Anthropologie, éducation, vie spirituelle » (Cerf, Ed. du Carmel, Ad-Solem). Il avait publié au Cerf un volume intitulé : « Intériorité de la personne et éducation chez Edith Stein » (2006). Pour les lecteurs de Zenit, il explique l'enjeu de cette recherche, au moment où Benoît XVI a indiqué l'éducation comme une priorité dans son diocèse, à Rome.

 

Zenit - Eric de Rus, comment vous est venu cet intérêt pour un aspect de la vie et de l'œuvre d'Edith Stein jusqu'ici peu mis en lumière : Edith Stein en tant qu'éducatrice ?

Eric de Rus - Comme la plupart des lecteurs français d'Edith Stein - et même sans doute plus largement - je connaissais surtout cet auteur à travers ses textes spirituels. A un degré moindre, certaines de ses œuvres philosophiques avaient retenu mon attention. Ma formation en philosophie et mon engagement professionnel en tant qu'enseignant m'ont rendu particulièrement sensible à un aspect beaucoup moins connu de la vie d'Edith Stein avant son entrée au Carmel : à savoir sa préoccupation pour les questions éducatives. En faisant mieux connaissance avec sa vie et son œuvre,j'ai progressivement réalisé qu'il y avait là une dimension capitale de son message. N'oublions pas que dès sa formation universitaire à Breslau (1911-1913) Edith Stein s'intéresse aux « grandes questions de l'éducation » sans les séparer de « la pratique de l'enseignement ». Intérêt qui persiste les années suivantes durant ses études à l'université de Göttigen. Après sa conversion, et avant d'entrer au Carmel de Cologne, elle aura un double engagement d'enseignante et de conférencière. Enfin, une fois au Carmel, Edith Stein met en lumière la pédagogie de la sainte réformatrice, Thérèse d'Avila. Ses textes spirituels eux-mêmes témoignent de cet intérêt pour l'éducation dont elle approfondit la signification pour en dévoiler la dimension proprement mystique. Il est donc clair qu'Edith Stein a quelque chose à nous dire en la matière !

Zenit - Récemment vous avez consacré un second ouvrage à cette question : « L'art d'éduquer selon Edith Stein. Anthropologie, éducation, vie spirituelle ». A presque trois années d'intervalle, qu'apporte cette seconde publication ?

Eric de Rus - Comme je le précise dans l'introduction de cet ouvrage, qui ouvre une nouvelle collection consacrée à Edith Stein, je m'étais surtout appliqué dans le premier ouvrage à mettre en évidence l'unité de la démarche existentielle, philosophique et spirituelle de cet auteur, en montrant qu'il existait chez elle une relation vitale entre l'anthropologie, l'éducation et la vie spirituelle. Sur cette base, il m'est apparu nécessaire d'entrer beaucoup plus précisément dans la signification de ce rapport. Pour cela j'ai choisi, dans ce second ouvrage, d'explorer les textes (conférences en particulier, ainsi que la correspondance) de la période de la vie d'Edith Stein consacrée à la réflexion et à la pratique éducatives (1923-1933). Mon souci, comme le fait si justement remarquer Marguerite Léna dans la préface de l'ouvrage, fut de « restituer à ces textes divers leur cohérence intime et leur enracinement dans la pensée philosophique et l'expérience mystique de leur auteur ». Ainsi « la réflexion sur l'éducation » apparaît chez Edith Stein comme « le point focal où viennent s'unifier son anthropologie, sa fréquentation de la tradition spirituelle et mystique, de saint Augustin à Thérèse d'Avila et Jean de la Croix, et son expérience personnelle des voies de Dieu. »

Zenit - Pourriez-vous préciser l'importance du lien entre « intériorité » et « éducation » ?

Eric de Rus - Ce lien est en effet crucial. Ce qui m'a saisi, dans la fréquentation priante d'Edith Stein, c'est que la respiration de sa pensée et de sa vie - car chez cette dernière les deux sont entièrement unifiées - réside dans un double mouvement : celui d'une intériorisation et d'une élévation. C'est sur cette intuition que j'ai construit mon second ouvrage. Pour répondre de manière à la fois concise et claire à votre question, je dirai ceci : à partir du moment où l'on conçoit l'éducation comme une « formation de l'être humain tout entier avec toutes ses forces et ses capacités en vue de ce qu'il doit être », alors cela suppose une certaine idée de l'homme. Comme l'écrit Edith Stein, « tout travail éducatif qui s'efforce de former des hommes s'accompagne d'une conception précise de l'homme, de sa place dans le monde et de sa mission dans la vie, ainsi que des possibilités pratiques offertes pour le former ». En d'autres termes la tâche éducative se fonde sur une anthropologie. Il m'a donc fallu mettre en lumière les éléments fondamentaux de la vision steinienne de la personne humaine. Edith Stein envisage l'homme comme une unité de corps, d'âme et d'esprit et montre que l'homme possède une intériorité inviolable qui est le fondement de sa dignité, l'espace sacré de la rencontre avec Dieu et, inséparablement, le lieu de la conscience depuis lequel peuvent s'élever de libres décisions et un authentique dialogue avec le monde. Former un homme, c'est avoir l'audace de servir cette intériorité. Edith Stein donne une formulation très lumineuse de ce lien entre intériorité et éducation lorsqu'elle écrit : +

Zenit - Benoît XVI a demandé à son diocèse de Rome de se pencher ce domaine urgent de l'éducation, dans une lettre où il insiste sur cette tâche de tout chrétien... vous y voyez aussi une urgence pour notre temps ?

Eric de Rus - Oui, j'en suis très intimement convaincu. Edith Stein s'était elle-même mise à l'écoute de l'Eglise dans sa mission éducatrice. Ainsi, elle se réfère, par exemple, dans l'une de ses conférences sur la « Formation de la jeunesse à la lumière de la foi catholique » (1933) à la lettre encyclique de Pie XI du 31 décembre 1929 sur l'éducation chrétienne de la jeunesse (Divini illius magistri). L'insistance de Benoît XVI sur l'éducation, tout comme le récent document de la Congrégation pour l'éducation catholique intitulé « Eduquer ensemble dans l'école catholique. Mission partagée par les personnes consacrées et les laïcs » (sept. 2007) n'est pas un hasard. Le défi actuel est bien un défi anthropologique : qui est l'homme, qu'est-ce que vivre authentiquement dans le sens de son être ? Or cela nous situe précisément au cœur de la mission éducative qui est au service du meilleur de la personne. Car éduquer c'est accompagner le déploiement intégral d'une humanité dans le respect de sa vocation naturelle et surnaturelle. Ce n'est qu'à ce prix que la soif de sens, qui caractérise la personne humaine, se trouve honorée.

Zenit - Quel est, selon Edith Stein, le témoignage que l'éducateur est appelé à donner et en quoi ce témoignage peut rejoindre toute personne ?

Eric de Rus - Le témoignage que l'éducateur est appelé à offrir est essentiellement celui d'un service de la dignité et de la beauté de toute personne humaine. Comme le disait Jean-Paul II, il s'agit d'un authentique service de l'humanité que de « découvrir et faire découvrir la dignité inviolable de toute personne humaine ». Cela « constitue une tâche essentielle et même, en un certain sens, la tâche centrale et unifiante du service que l'Eglise, et en elle les fidèles laïcs, est appelée à rendre à la famille des hommes » (Les fidèles laïcs, § 37). L'éducation pour Edith Stein est cet art suprême dont l'Esprit Saint est le maître et dont l'homme est l'humble collaborateur. A partir de cela, la tâche spécifique qui incombe à l'éducateur est double : tout d'abord assurer à ce service de solides assises anthropologiques, puis réfléchir à la manière de réaliser concrètement ce geste anthropologique intégral qu'est l'acte éducatif.

A la question de savoir en quoi ce témoignage rejoint toute personne, je dirai que nul ne peut, s'il veut vivre humainement et avec toute la plénitude possible, éviter de s'interroger sur ce qu'Edith Stein appelle « donner forme à sa vie ». J'ajouterai enfin que l'art d'éduquer selon Edith Stein ouvre au chrétien des perspectives intérieures immenses, en le ramenant au cœur de sa grâce baptismale. Edith Stein nous rappelle en effet que l'homme ne devient pleinement humain que s'il court le risque de la seule grande aventure : celle de la sainteté qui est l'œuvre de l'Esprit Saint. Et l'on ne devient pas saint pour soi, mais pour l'humanité. Car celui qui se livre à l'action éducatrice de l'Esprit et qui se laisse configurer au Christ participe mystérieusement à son œuvre de salut en consacrant le monde à Dieu.

Propos recueillis par Anita S. Bourdin

 

 

 

 

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