....Vérité - Vérités ....Voici mes dernières pensées ...par Suze

Dossiers :   des visions du monde

Extraits : ... 

Alors, comment définir une vérité après cela ?

Il faut se résigner à ce que nos sensations, nos opinions, nos vérités soient dissemblables, et multiples.

"Toutes nos impressions et nos opinions sont vraies car l'être est entièrement dans ce qui paraît à chaque individu"... et ça c'est de Platon, 4ème siècle av. JC. ! Le mythe de la caverne et tout ce que cela entraîne de la vision du monde et des choses selon qu'on soit dans la caverne ou sorti de la caverne;

 Vérité :  certes c'est une adéquation entre la réalité et l'humain qui la pense  : le première définition de ce mot est de Saint Thomas d'Aquin, après Aristote bien sûr,, c'est "la conformité de la pensée et de la chose".

 

en relations .....   PO au 18

 

 
 

 Auteur:   Suze

Source:  un courriel du 5.03.10

 

......ce sont mes notes pour la réunion .... de Samedi 20 Mars sur "Vérité-Vérités". Ca m'a plu de me replonger un peu dans la philo. Je ne vais pas lire ça bien sûr mais je me suis fortifié, ravivé les neurones ; toutes les occasions sont bonnes ! Je préfère quand même Rabelais, un ami de longue date que j'ai plaisir à retrouver. Voilà, c'est tout, bises, Yaya.

Relativement à "Vérité-Vérités" voici mes dernières pensées.

 
La Vérité est un concept irritant. Comme tu le dis, elle est plurielle et ça n'est pas en juxtaposant des vérités multiples ni en totalisant cette pluralité sous un nouvel étendard qu'on va arriver à "La vérité !". C'est pourquoi c'est conflictuel  et qu'on ne va pas être d'accord.
Là je m'inspire d'André Green (philosophe anglais probablement des années 1970). "Il n'y plus de vérité unique, totale mais la vérité plurielle ne se fait pas encore entendre. [...] Dire vérité plurielle c'est reconnaître que la vérité rationnelle (celle de SaintThomas d'Aquin, en gros "je ne crois que ce que je vois") doit accepter les autres comme son ombre :
- la vérité de l'imaginaire
- la vérité de spéculation
- la vérité de l'action.
On ne peut plus choisir entre politique, philosophie, sciences, arts... il nous reste à chercher leur articulation, et ça à partir de ce que la vérité refuse : l'inconscient, parceque c'est lui qui en structure la fragmentation.".
Cet inconscient que je situe dans l'enfance, du temps où nous étions encore infondés, incultes, innocents oui c'est vrai des vices et des vertus car nous sommes les plus grands prématurés des mamifères (= incapables de survivre seuls avant des années !). A ce stade je ne suis pas d'accord avec J.J. Rousseau (qui a abandonné tous ses enfants ! en est resté un lui-même à cause de bien des "manques" d'ailleurs) qui imagine des petits être purs et sans perversité et préconise "de ne point ensigner ni la vertu ni la vérité mais garantir son coeur du vice et son esprit de l'erreur" = quelle utopie ! suite logique de "Lhonne naît bon par nature, c'est la société qui le corrompt".
Personnellement je relie notre sens de la vérité, à notre monde socio-culturel, affectif et  oui aussi "inconscient" parcequ'à mon avis l'enfance nous livre d'abord à nos sens, nos appétits et non à la raison, inexistante pendant de longues années ; de 0 à 7 ans (l'âge de raison, moult fois constaté au cours de mon existence !)
Qu'est-ce qu'on fait avec nos enfants, petits : "Dis-moi la vérité", "Ne me ments pas"... ou "C'est bien vrai c'mensonge-là !". Pourquoi dit-on ça ? Parceque nous sentons bien que ces enfants ne sont pas innocents, ni dupes du discours sur leur innocence ! mais voilà, l'enfant est considéré (et de plus en plus...) comme pur et innocent et celui qui dit le contraire est sacrilège ! Voire Freud qui qualifiait l'enfant de "pervers polymorphe" !
A  mon sens, on naît avec tous les vices et les vertus et ça n'est que par l'éducation l'exemple qu'on peut, qu'on arrive parfois, à leur donner un sens de la vertu, de la vérité et autres valeurs, le courage, la compassion, la générosité, la tolérance, l'abnégation... etc... Il n'y a jamais eu de "manuels" pour ces choses-là ("choses" dit-on quand il ne s'agit justement pas de "choses").
 
Comment parvenir à faire ce tri ?
 
Descartes propose  une image : devant un panier de pommes mélangées il faut tout examiner, trier, tout jeter et ne garder que les meilleures, de peur que les gâtées ne pourrissent l'ensemble. Par goût de l'ordre moral on préfère certaines vérités qui se laissent ranger dans des cadres, des dogmes, des tables de catégorie et tout y concourt : les religions, les philosophies, les régimes politiques.car nous cultivons ce "préjugé foncier" de croire que l'ordre, la clarté, la méthode tiennent à la vérité, au vrai des choses ; et qu'à contrario le désordre, le chaos, l'imprévu sont les traces d'un monde faux, fou, enfin mal connu et domaine de l'erreur. Ceci est un préjugé moral, une mentalité de "fonctionnaire modèle" (CF Nietzsche 1886) car l'homme sincère, digne de confiance n'est pas forcément un homme d'ordre, de principes, un être prévisible ; et même parfois il provoque beaucoup de dégâts ! Cette doxa est cependant récurrente (doxa = ensemble d'opinions, voire de préjugés qui ont cours à un moment donné dans une société).
 
Moi j'en ai une aussi : nous passons une grande part de notre temps à nous goinfrer, nous empiffrer de connaissances diverses : certaines restent en nous, deviennent nos préférées, nous sont utiles ou même nous deviennent indispensables : ce sont elles qui pourront servir à l'élaboration de notre personne vraie (la réelle et celle qui vit au-delà des apparences, n'est connue que de nous-mêmes. Le reste, les résidus seront oubliés, occultés ou voués aux Gémonies ! Dans ce tri qui ne dépend que de nous-mêmes il y a aussi des erreurs, des "pommes à moitié bonnes, ou pourries... mais cet être-là nous appartient en propre ! il doit rester méfiant envers lui-même, se garantir de tout orgeuil, savoir que cet être-là qui est en constante recherche, affinement de sa vérité, ne la détient provisoirement que pour son usage personnel. Il doit être irénique (= éviter les excès d'une attitude purement polémique)  et ne pas chercher à s'imposer pour s'affirmer.Par contre il doit lui être fidèle le plus possible, tendre à devenir "chêne" ; ne pas rester le "roseau" qui se courbe et oscille au moindre changement d'air !
 
Se pose la question : que penser des hérétiques et des hystériques ? dont l'entendement, les sens nous semblent déréglés ?
- les Inquisiteurs (1494)  disent qu'il "faut les faire taire" : ils sont tenaces, affirmatifs, négatifs, croyants impénitents contre l'ordre établi, la vérité.
- Michel Foucault (1976) (400 ans plus tard) : "il faut les faire parler" : leur aveu est un rituel qui se développe dans un rapport de pouvoir avec un interlocuteur qui écoute, juge, pardonne, punit, console et libère le répentant.". Voilà un irénisme de bon aloi, une attitude de compassion et de charité rassurante mais qui est le "gagnant" dans l'affaire ? le malade ou l'interlocuteur ? Que ressort-il de ce "choc entre deux mondes" ?
 
Autrement dit : "Est-que la folie ouvre sur une autre vérité ?"
 
- Descartes (1641) dit non ! selon sa logique "ceux qui s'imaginent être des rois ou des arbres sont fous" = irrecevables
- Kant (1766) nuance : folie et entendement ont des frontières indistinctes mais, quand-même "il est nécessaire, sinon de brûler les visonnaires, du moins de les purger" (tout un programme  !)
- Freud (1901) : "Le paranoïaque voit quelque chose qui échappe à l'homme normal" (genre TOC = interprétation par des détails) et, pour lui le problème c'est qu'il projette ces interprétatiobns dans les autres alors que ce "réel" ne concerne que lui.
- Lacan (1946) : fou lui-même dit que "la folie est le risque de la liberté" et que "ne devient pas fou qui veut" c'est donc qu'il y a bien un raisonnement, une recherche de vértié au sein même de la folie.
 
Moi j'aime cette phrase de Kafka : "Notre art c'est d'être aveuglé par la vérité. Seule est vraie la lumière sur la face grotesque qui recule, rien d'autre.".
Ca c'est la définition du manichéisme. Mani ou Manès (216/274 ap. JC) : le bon est la lumière (2/3) et le mal est les ténèbres (1/3). Ce tiers est en lutte incessante pour gagner du terrain sur les deux autres. L'humanité est née du dieu mauvais, obscur, et ne peut être affanchie que par la connaissance de la vraie science, le recherche de vérités enfouies, cachées momentanément alors en Sciences des particules c'est mille fois vérifié !). C'est un peu l'esprit franc-maçonnique par rapport aux idéaux et dogmes religieux monothéïstes, obédiences de tout ordre. Nietzsche écrivait : "Il m'est odieux de suivre autant que de guider.". J'ai aussi lu (?) qu'il était plus dangereux de suivre une boussole déréglée que de l'avoir perdue". Pourquoi faire le "coucou", aller loger dans le nid des autres quand on a les capacités de s'en construire un soi-même !
Seuls la passion et le génie peuvent dérégler nos sens, nous faire "perdre la raison" or, ce sont deux sphères hautement dangereuses.
 
Alors bien sûr qu'il existe des vérités nettes et sans ambiguïté :
- Quand César est né
- Combien de pieds a un stade
- le carré de l'hypothénuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés
- "omnia mors aequat" = la mort égalise tout
- le temps fuit et la mort est inéluctable (toute l'histoire des "vanités" entourées de montres, de bougies qui s'éteignent, de verres renversés, le livres ouverts sans être finis de lire etc...)
 
Mais la vérité pilosophique ne se ramène pas à une proposition exacte et c'est là tout le problème !
- elle est logique le plus souvent : conformité de la pensée à la chose
- elle est aussi ontologique : conformité de la chose à la pensée.
On utilise souvent la première parce que la vérité est une propriété des énoncés ou jugements exprimés mais la seconde est aussi en usage pour exprimer que la chose considérée dépasse l'appellation, il y a  surplus de vérité (voire perfection divine) : une "vraie joie", un "vrai bijou", "un vrai cheval", un parler "vrai" etc...Enfin, la vérité comporte toujours, à la fois, une référence à la pensée et à la chose. Elle ne peut se résoudre à la seule réalité, ce que l'on fait souvent en prenant le "réel" pour le "vrai" ; c'est le "Je ne crois que ce que je vois" de Saint Thomas d'Aquin.
 
Pourquoi cette volonté absolue de vérité ? ou de vérité absolue ?
- volonté de ne pas se laisser tomper, mais par qui ? Pourquoi une telle méfiance ?
- volonté de ne pas se tromper soi-même, mais au nom de quoi ? Pourquoi un tel manque de confiance ?
 
Pourquoi décider que la méfiance absolue présente plus d'avantages que l'absolue confiance ?
Pourquoi recourir à "une pensée" quand toutes sont à notre portée ?
Einstein disait : "Quand on est confronté entre deux théories, il faut en chercher une troisième.". C'est dire que nos capacités sont infinies non ?
Quant à nos choix, ils ne sont pas innés, ils sont acquis et deviennent intrinsèques, inhérents, constitutifs de nous-mêmmes  ; et nous  en devenons responsables.
C'est ainsi que parfois, en revenant sur un passé pavé d'erreurs, on découvre de nouvelles vérités, inconnue avant, et aussi un véritable repentir intellectuel. (=moi). Cette expérience améliore notre compréhension des autres, réduit nos a priori. C'est bien.
C'est pourquoi j'ai tant aimé Marcel Proust, de la "Recherche du temps perdu" jusqu'au "Temps retrouvé" car il ne fait que ça ! Détecter ses erreurs, débusquer ses manques, traquer ses folies et essayer de se trouver lui-même. Il découvre, le dit, l'écrit que chaque être humain est un vase clos sur lui-même, ne peut se faire une idée du monde, des autres, des événements, des situations, des arts, des musiques qu'à travers le filtre de sa propre sensibilité.
Une fois sa période de mondanités terminée, il  ne retourne dans le monde que pour quelques véirifications, sinon c'est dans sa chambre capitonnée de liège, avec ses fumigations et peu de lumière qu'il écrit sans relâche ou dicte à Célèste s'il est trop fatigué.
Notre "illustre et prolifique Victor Hugo" écrit : "Les vrais livres doivent être les enfants non du grand jour et des causeries mais de l'obscurité et du silence.".
Alors, comment définir une vérité après cela ?
Il faut se résigner à ce que nos sensations, nos opinions, nos vérités soient dissemblables, et multiples. Il faut se garder de juger.
"Toutes nos impressions et nos opinions sont vraies car l'être est entièrement dans ce qui paraît à chaque individu"... et ça c'est de Platon, 4ème siècle av. JC. ! Le mythe de la caverne et tout ce que cela entraîne de la vision du monde et des choses selon qu'on soit dans la caverne ou sorti de la caverne, ou retourné dans la caverne. Ce récit "paraît" ennuyeux alors qu'en "vérité" il est fameux.
 
Vérité :  certes c'est une adéquation entre la réalité et l'humain qui la pense  : le première défintion de ce mot est de Saint Thomas d'Aquin, après Aristote bien sûr, c'est "la conformité de la pensée et de la chose". C'est donc la vérité logique, c'est une branche de l'arbre seulement !
D'ailleurs, ce mot d'exception on en use et en abuse dans moult locutions :
- dire à quelqu'un ses quatre vérités (pourquoi 4 ?)
- en vérité
- minute ou quart d'heure de vérité
- sérum de vérité
- vérité de la Palice = La palissade
- vérité des prix (le prix par rapport au coût réel)
- "La vérité, toute la vérité, rien que la vérite, levez la main droite et dites "je le jure". (célèbrissime phrase des tribunaux)
Toutes ces expressions attestent du désir de recherche de vérité (= "le temps perdu" de Proust) alors qu'on sait d'expérience que la vie est une suite de contingences, de hasards, de circonstances dénuées de toute nécessité ; tout bouge, fluctue, on a constamment le cul entre deux chaises, on ne peut s'installer nulle part, on déboulonne nos idoles etc.. etc... et c'est dans ce magma, pour être poli, qu'on doit se frayer un chemin ! Les animaux n'ont pas ces problèmes. Les gens témoins de Jéhova ou les créationnistes ou les fanatiques probablement pas non plus. Stop ! pas de jugements !
 
Y-a-t-il des critères pour la définir ? (puisqu'une définition semble impossible)
 
- Descartes  (1650) : c'est "l'évidence" mais cette certitude subjective n'est pas une garantie suffisante de "vérité".
- Kant (1750) : il ne peut y avoir de critère général de vérité car ce critère varie selon la nature de la chose considérée.
- école phénoménologique allemande (XXème) : la conformité entre la pense et la chose (la vérité donc) présuppose une pensée qui ne soit pas fermée sur elle-même.
- Heidegger (1935) dégage la notion de "dévoilement" comme si la vérité était cachée, invsible mais douée d'une existence primordiale antérieure à son établissement, sa révélation.
 
Cela rejoint l'image mythique évoquée par les arts plastiques. (sculpture, dessin, peinture, musique peut-être aussi...)
Car, avec eux, la "Vérité" a un visage :
C'est une jeune femme nue, sortant d'un puits, debout ou assise sur la margelle. Sur le tête ou sur la poitrine elle porte un soleil ou une étoile d'or et, à la main, un miroir ou un flambeau.
Cette allégorie contient des thèmes majeurs relatifs à la vérité :
- la vérité est cachée
- la vérité éblouit quand elle paraît, et peut être nouvelle source d'aveuglement, le passage de l'obscurité au plein soleil.
- la vérité propose une image (le miroir) avec tout ce que cela peut induire de "mirages", de possibles erreurs !
 
Pour finir cette phrase de Martin Scorsese ("Sutter Island", film sur la mince frontière entre la folie et la raison - comme dans l'autre film, mangifique "Un homme d'exception") : "La vérité est aussi fugace et fragile qu'une flamme soufflée par le vent dans l'obscurité d'une grotte." (Salut Platon !).
 

 

 

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 Auteur:   Suze

Source:  un courriel du 5.03.10

 . 

Relativement à "Vérité-Vérités" voici mes dernières pensées.

par Suze

 La Vérité est un concept irritant. Comme tu le dis, elle est plurielle et ça n'est pas en juxtaposant ou en totalisant des vérités diverses qu'on va arriver à "La vérité !". C'est pourquoi c'est conflictuel  et qu'on ne va pas être d'accord.

Là je m'inspire d'André Green (philosophe anglais probablement des années 1970). "Il n'y plus de vérité unique, totale mais la vérité plurielle ne se fait pas encore entendre. [...] Dire vérité plurielle c'est reconnaître que la vérité rationnelle (celle de SaintThomas d'Aquin, en gros "je ne crois que ce que je vois") doit accepter comme son ombre :

- la vérité de l'imaginaire

- la vérité de spéculation

- la vérité de l'action.

On ne peut plus choisir entre politique, philosophie, sciences, arts... il nous reste à chercher leur articulation, et ça à partir de ce que la vérité refuse : l'inconscient, parceque c'est lui qui en structure la fragmentation.

Cet inconscient que je situe dans l'enfance, du temps où nous étions encore infondés, incultures, innocents oui c'est vrai des vices et des vertus car nous sommes les plus grands prématurés des mamifères (= incapables de survivre seuls avant des années !). A ce stade je ne suis pas d'accord avec J.J. Rousseau (qui a abandonné tous ses enfants ! mais qui en est resté un lui-même à cause de bien des "manques" d'ailleurs) qui imagine des petits être purs et sans perversité et préconise "de ne point ensigner ni la vertu ni la vérité mais garantir son coeur du vice et son esprit de l'erreur" = quelle belle utopie !

Personnellement lie notre sens de la vérité, à notre monde socio-culturel, affectif et  oui aussi "inconscient" parcequ'à mon avis l'enfance nous livre d'abord à nos sens, nos appétits et non à la raison, inexistante pendant de longues années ; de 0 à 7 ans (l'âge de raison, moult fois constaté au cours de mon existence !)

 Qu'est-ce qu'on fait avec nos enfants, petits : "Dis-moi la vérité", "Ne me ments pas"... Pourquoi dit-on ça ? Parceque nous sentons bien que ces enfants ne sont pas innocents, ni dupes du discours sur leur innocence ! mais voilà, l'enfant est considéré (et de plus en plus...) comme pur et innocent et celui qui dit le contraire est sacrilège !

A  mon sens, on naît avec tous les vices et les vertus et ça n'est que par l'éducation l'exemple qu'on peut, qu'on arrive parfois, à leur donner un sens de la vertu, de la vérité et autres valeurs, le courage, la compassion, la générosité, la tolérance, l'abnégation... etc... Il n'y a jamais eu de "manuels" pour ces choses-là ("choses" dit-on quand il ne s'agit justement pas de "choses").

 

Comment parvenir à faire ce tri ?

 Descartes propose  une image : devant un panier de pommes mélangées il faut tout examiner, trier, tout jeter et ne garder que les meilleures, de peur que les gâtées ne pourrissent l'ensemble. Par goût de l'ordre moral on préfère certaines vérités qui se laissent ranger dans des cadres, des dogmes, des tables de catégorie et tout y concourt : les religions, les philosophies, les régimes politiques.car nous cultivons ce "préjugé foncier" de croire que l'ordre, la clarté, la méthode tiennent à la vérité, au vrai des choses ; et qu'à contrario le désordre, le chaos, l'imprévu sont les traces d'un monde faux, fou, enfin mal connu et domaine de l'erreur. Ceci est un préjugé moral, une mentalité de "fonctionnaire modèle" (CF Nietzsche 1886) car l'hommme sicnère, digne de confiance est un homme d'ordre, de principes, un être prévisible ; qui provoque parfois beaucoup de dégâts !

 

Alors que faire, que penser des hérétiques et des hystériques ?

- les Inquisiteurs (1494)  disent qu'il "faut les faire taire" : ils sont tenaces, affirmatifs, négatifs, croyants impénitents contre l'ordre établi, la vérité.

- Michel Foucault (1976) (400 ans plus tard) : "il faut les faire parler" : leur aveu est un rituel qui se développe dans un rapport de pouvoir avec un interlocuteur qui écoute, jugre, pardonne, punit, console et libère le répentant;

 

Au delà il y a encore cette question : "Est-que la folie ouvre sur une autre vérité ?"

 - Descartes (1641) dit non ! selon sa logique "ceux qui s'imaginent être des rois ou des arbres sont fous" = irrecevables

- Kant (1766) nuance : folie et entendement ont des frontières indistinctes mais, quand-même "il est nécessaire, sinon de brûler les visonnaires, du moins de les purger" (tout un programme  !)

- Freud (1901) : "Le paranoïaque voit quelquechose qui échappe à l'homme normal" (genre TOC = interprétation par des détails) et, pour lui le problème c'est qu'il projette ces interprétatiobns dans les autres alors que ce "réel" ne concerne que lui.

- Lacan (1946) : fou lui-même dit que "la folie est le risque de la liberté" et que "ne devient pas fou qui veut" c'est donc qu'il y a bien un raisonnement, une recherche de vértié au sein même de la folie.

 

Moi j'aime cette phrase de Kafka : "Notre art c'est d"'être aveuglé par la vérité. Seule est vraie la lumière sur la face grotesque qui recule, rien d'autre.".

Ca c'est la définition du manichéisme. Mani ou Manès (216/274 ap. JC) : le bon est la lumière (2/3) et le mal est les ténèbres (1/3). Ce tiers est en lutte incessante pour gagner du terrain sur les deux autres. L'humanité est née du dieu mauvais et ne peut être affanchie que par la connaissance de la vraie science ; c'est un peu l'esprit franc-maçonnique par rapport aux idéaux et dogmes religieux monothéïstes.

 

Alors bien sûr qu'il existe des vérités nettes et sans ambiguïté :

- Quand César est né

- Combien de pieds a un stade

- le carré de l'hypothénuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés

- "omnia mors aequat" = la mort égalise tout

- le temps fuit et la mort est inéluctable (toute l'histoire des "vanités" entourées de montres, de bougies qui s'éteignent, de verres renversés, le livres ouverts sans être finis de lire etc...)

Mais la vérité pilosophique ne se ramène pas à une proposition exacte et c'est là tout le problème !

Là, vrai et faux se côtoient sans se mélanger, comme l'huile et l'eau !

Alors pourquoi cette volonté absolue de vérité ? ou de vérité absolue ?

- volonté de ne pas se laisser tomper, mais par qui ? Pourquoi une telle méfiance ?

- volonté de ne pas se tromper soi-même, mais au nom de quoi ? Pourquoi un tel manque de confiance ?

 

Pourquoi décider que la méfiance absolue présente plus d'avantages que l'absolue confiance ?

Pourquoi recourir à "une pensée" quand toutes sont à notre portée ? Nos choix ne sont pas innés, ils sont acquis et deviennent intrinsèques.

Mieux vaut ne pas avoir de boussole que de suivre une boussole dérèglée. C'est mon avis.

 C'est ainsi que parfois, en revenant sur un passé pavé d'erreurs, on découvre une vérité, inconnue avant, et aussi un véritable repentir intellectuel. (=moi)

C'est pourquoi j'ai tant aimé Marcel Proust, de la "Recherche du temps perdu" jusqu'au "Temps retrouvé" car il ne fait que ça ! Détecter ses erreurs, débusquer ses manques, traquer ses folies et essayer de se trouver lui-même. Il découvre, le dit, l'écrit que chaque être humain est un vase clos sur lui-même, ne peut se faire une idée du monde, des autres, des événements, des situations, des arts, des musiques qu'à travers le filtre de sa propre sensibilité.

 Alors, comment définir une vérité après cela ?

Il faut se résigner à ce que nos sensations, nos opinions, nos vérités soient dissemblables, et multiples.

"Toutes nos impressions et nos opinions sont vraies car l'être est entièrement dans ce qui paraît à chaque individu"... et ça c'est de Platon, 4ème siècle av. JC. ! Le mythe de la caverne et tout ce que cela entraîne de la vision du monde et des choses selon qu'on soit dans la caverne ou sorti de la caverne;

 Vérité :  certes c'est une adéquation entre la réalité et l'humain qui la pense  : le première défintion de ce mot est de Saint Thomas d'Aquin, après Aristote bien sûr,, c'est "la conformité de la pensée et de la chose".

Mais ce mot d'exception on en use et en abuse dans moult locutions :

- dire à quelqu'un ses quatre vérités (pourquoi 4 ?)

- en vérité

- minute ou quart d'heure de vérité

- sérum de vérité

- vérité de la Palice = La palissade

- vérité des prix (le rpix par rapport au coût réel)

- "La vérité, toute la vérité, rien que la vérite, levez la main droite et dites "je le jure". (célèbrissime phra

 Les critères pour la définir :

 - Descartes : c'est "l'évidence" mais cette certitude subjective n'est pas une garantie suffisante de "vérité".

- Kant : il ne peut y avoir de critère général de vérité car ce critère varie selon la nature de la chose considérée.

- école phénoménologique allemande : la conformité entre la pense et la chose (la vérité donc) présuppose une pensée qui ne soit pas fermée sur elle-même.

- Heidegger dégage la notion de "dévoilement" comme si la vérité était cachée, invsible mais douée d'une existence primordiale antérieure à son établissement, sa révélation.

 Cela rejoint l'image mythique évoquée par les arts plastiques. (sculpture, dessin, peinture, musque peut-être aussi...)

Car la "Vérité" a un visage :

C'est une jeune femme nue, sortant d'un puits, debout ou assise sur la margelle. Sur le tête ou sur la poitrine elle porte un soleil ou une étoile d'or et, à la main, un miroiir ou un flambeau.

Cette allégorie contient des thèmes majeurs relatifs à la vérité :

- la vérité est cachée

- la vérité éblouit quand elle paraît

- la vérité propose une image (le miroir) avec tout ce que cela induit d'erreurs possibles !

 

 

 

 

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