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Sauver l'identité chrétienne .... par Mgr Biffi

Polémique:....quelques éminents  archevêques italiens rappellent la doctrine catholique sur deux problèmes de société particulièrement sensibles: l'immigration et la pilule du lendemain. Sont-ils les porte-voix de Jean-Paul II?

par Isabelle Larroque  Valeurs Actuelles du 22 décembre 2000.

 

A soixante-douze ans, Mgr Giacomo Biffi, archevêque de Bologne, la capitale de l'Emilie-Romagne, aime, comme il l'a dit dans une récente note pastorale, « appeler les choses par leur nom », même au risque de déplaire à « ces messieurs de l'opinion », ainsi qu'il qualifie la classe médiatico-politique ita­lienne, responsables de « ces catéchèses idéologiques qui nous sont infligées par la télévision ».

 

Selon les exégètes du Vatican, il expri­merait tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

A plusieurs reprises en septembre et en octobre, en chaire dans sa cathédrale Saint-Pierre et dans des notes pastorales, Mgr Biffi a donc crossé l'Etat italien et aussi certains hommes d'Eglise, présentés comme des irresponsables face à la vague d'immigration musulmane et à « la diffusion d'une culture non chrétienne ».

 Agissant en pasteur inquiet pour sa ville comme pour son pays, s'affranchissant des prudences habituelles des mon­signori, Mgr Biffi a prévenu ses ouailles et, au-delà, tous ses concitoyens, que « le droit à l'invasion n'existe pas », fustigeant « les généralités alarmistes de même que les banalisations tranquillisantes et les joyeuses explications pour minimiser ».

Première cible: le détournement des notions de solidarité laïque ou de charité chrétienne qui ne servent qu'à « fuir devant la complexité du problème et la rudesse de la réalité ». Mgr Biffi prend soin de rappeler que « face à l'homme en difficulté (quelles que soient sa race, sa culture, sa religion, la légalité de sa présence), les disciples de Jésus ont l'obligation de l'aimer... et de l'aider dans la mesure de leurs possibilités matérielles ». Mais,poursuit-il, « il est nécessaire que nous nous préoccupions sérieusement de sauver l'identité propre de la nation ».

 

...... en déplorant « l'absence d'une interprétation correcte et réaliste de ce qui est en train d'arriver ». La vraie logique "civique" serait « que l'arrivée massive d'étrangers dans notre pays soit disciplinée et guidée selon des projets concrets et réalistes d'insertion qui visent au vrai bien de tous, et des nouveaux arrivés et de notre population ». En clair, il s'agirait de préférer des immigrés catholiques ou au moins chrétiens, pour qui l'intégration serait beaucoup plus facile.

Autre suggestion particulièrement iconoclaste : que l'Etat italien n'autorise aux musulmans que ce qui est consenti aux autres religions dans les pays mu­sulmans. D'autant plus que, selon lui, la plupart des musulmans ne seraient venus en Europe non pas pour s'assimiler, mais avec le secret espoir de nous faire devenir comme eux...

 

G

 

 

"La Culture du rien"

 ..de la démission  de l'Etat et les compromissions de certains hommes d'Eglise..

Extrait de la lettre pastorale de Mgr Biffi

 

 

..Les généralités alarmistes ne servent à rien pas plus que les banalisations apaisantes et l'optimisme béat... Les défis qui déjà nous menacent sont l'afflux croissant de gens qui viennent chez nous de pays lointains et divers; la diffusion d'une culture non chrétienne au sein de populations chrétiennes. Nous devons reconnaître que le phénomène d'une immigration massive nous a tous un peu surpris. Cela a été une surprise pour l'Etat, qui donne encore l'impression d'être perdu et ne semble pas avoir encore repris sa capacité à gérer de façon rationnelle la situation(... ). Les communautés chrétiennes aussi ont été surprises, admirables dans de nombreux cas à s'employer pour alléger privations et peines, mais dépourvues jusqu'ici d'une vision non abstraite.

Les exaltations générales de solidarité et de la primauté de la charité évangélique - qui en soi et avant tout sont légitimes et même justes - montrent qu'elles sont des intentions plus bonnes qu'utiles, quand on les compare vraiment à la complexité du problème et à la rudesse de la réalité.

 

Respect des minorités et non de la majorité

 

Il est nécessaire que nous nous préoccupions sérieusement de sauver l'identité propre de la nation. L'Italie n'est pas une lande déserte ou à demi habitée, sans histoire, sans traditions vives et vitales, sans une unique physionomie culturelle et spirituelle, comme s'il n'y avait pas un patrimoine symbolique d'humanisme et de civilisation qui ne devait être perdu. Il est nécessaire que celui qui veut demeurer et s'installer chez nous ait les facilités et les moyens concrets pour connaître au mieux les traditions et l'identité de l'humanité particulière à laquelle il demande l'hospitalité.

 

Sous ce profil, le cas des musulmans sera traité avec une attention particulière. Ils ont une forme d'alimentation différente (...), un jour de fête différent, un droit de la famille incompatible avec le nôtre, une conception de la femme très éloignée de la nôtre (jusqu'à admettre et pratiquer la polygamie). Surtout, ils ont une vision extrêmement intégriste de la vie publique, si bien qu'une parfaite identification entre religion et politique fait partie de leur foi sans aucun doute ni renoncement, même s'ils attendent prudemment d'être devenus majoritaires Enfin, il serait bien que personne n'ignore ou n'oublie que le catholicisme - qui est plus la "religion officielle de l'Etat"- n'en demeure pas moins la "religion historique" de la nation italienne, la source première de l'inspiration déterminante de nos valeurs les plus authentiques. Il faut aussi dire que c'est une conception particulière de la démocratie que de faire coïncider le respect des minorités avec le non-respect de la majorité. C'est de fait ce qui arrive avec l'élimination de ce qui est acquis et traditionnel dans une communauté humaine.

Une "intolérance substantielle" se manifeste, par exemple, quand on supprime dans les écoles les signes et les usages catholiques, chers à l'immense majorité, à cause de la présence de quelques élèves d'une autre religion. Plus que l'immigration, c'est la diffusion d'une "culture non chrétienne" parmi les populations d'une foi chrétienne séculaire qui nous interpelle et demande une réponse.

Aujourd'hui est en marche une des plus graves et grandes agressions contre le christianisme dont l'histoire se souvient. Tout l'héritage de l'Evangile est progressivement renié par la législation , raillé par les "messieurs de l'opinion", chassée des consciences, en particulier chez les jeunes.

Europe chrétienne ou musulmane ? 

Face à une telle hostilité, aussi violente que sournoise, nous avons tort de nous étonner à partir du moment ou le Seigneur et ses apôtres nous l'ont annoncé à de nombreuses reprises : « Ne soyez pas étonné si le monde vous hait » (1 Jean 1. 26).

On peut au contraire s'étonner des hommes d'Eglise qui ne savent ou ne veulent pas en prendre acte : en réalité, la seule chose que l'on peut craindre de qui est bien décidé à oeuvrer dans la foi, est la vanité des "fils de la lumière", lesquels parfois ne se contentent pas de « se réjouir avec qui est heureux et de pleurer avec qui pleure » (Lettre aux Romains, 12.15), mais finissent aussi par se perdre avec qui se perd.

Je pense que l'Europe redeviendra chrétienne ou sera musulmane. Ce qui me semble sans avenir est la "culture du rien", de la liberté sans limite et sans contenus, du scepticisme vanté comme conquête intellectuelle, qui semble être l'attitude dominante parmi les peuples européens, tous plus ou moins riches matériellement et pauvres spirituellement.

Cette "culture du rien" promue par l'hédonisme et par l'insatiabilité libertaire ne sera pas capable de soutenir l'assaut de l'islam qui ne manquera pas : seule la redécou­verte de "l'événement chrétien" comme unique moyen pour l'homme de se sauver et donc seulement une résurrection décidée de l'ancienne âme de l'Europe - pourra offrir une issue différente à cette rencontre inévitable. »

 

25.12.03

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... en France ..en Europe ...

...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

  "L'esprit constitue un champ de relations tourné vers la totalité de ce qui existe "  Joseph Pieper

Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

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