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LA MARSEILLAISE ... charnelle   ..ou universaliste ? 

Ensembles humains - France

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Présentation:  Le rapprochement de ces deux textes à propos de La Marseillaise, illustre bien à mon avis, deux visions de la France ...l'une charnelle ...l'autre universalistes ...la France multiculturelle et universaliste au centre de monde ...comme phare de la révolution ..de "liberté égalité fraternité"  ....

Extraits La Marseillaise .......un attachement charnel. ..ce que je voudrais évoquer, à l'intention de nos puînés, c'est un autre souvenir personnel qui m' attache quasi charnellement à La Marseillaise.

La Marseillaise ..... Hymne international de liberté  Cette action a pour but de « permettre à tous les élèves et enseignants de s'approprier La Marseillaise » et de souligner « la double nature de ce chant, à la fois national français et hymne international de la liberté».

Reflets:  nation, universalisme, mondialisme, France, éducation nationale, s'approprier...

 

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LA MARSEILLAISE .......un attachement charnel

Auteur: Pierre-Louis Malien ,

Membre de l'Institut

Source: Présent janvier 2003

Dans le Stade de France, qui tend à devenir ce qu'était le forum pour les Romains, notre hymne national a été sifflé: deux fois. Quand le Premier ministre, Jospin, présidait la réunion, il se sentit sans doute gêné d'être là, mais se borna à prendre l'air de penser à autre chose... A juste titre, on l'a beaucoup critique. Aussi quand le président de la République, Chirac, se trouva dans la même situation, eut-il l'idée de sortir, sinon du stade, du moins de la tribune. Tout ceci a, dit-on, été lavé par une troisième réunion où une assistance soigneusement organisée acclama l'hymne. Fort bien. A ce propos on nous explique que, après tout La Marseillaise est un chant de gauche, que les gens de gauche ne devraient pas huer. Ce faisant, on n'est pas gêné de mettre ainsi avec les socialistes les Maghrébins anti-français ....., il est vrai qu'à une époque relativement récente (fin du XIXe), La Marseillaise était encore de gauche. C'est le mouvement national. Barrés, Maurras, qui en ont fait le chant de la droite, l'hymne de ces Français qui exaltaient la patrie, célébraient ses héros, à commencer par Jeanne d'Arc. Au début des années trente, nous la chantions dans les rues, face à des chanteurs de l' Internationale qui brandissaient le poing.

Mais ce que je voudrais évoquer, à l'intention de nos puînés, c'est un autre souvenir personnel qui m' attache quasi charnellement à La Marseillaise.

Je fus de ces nombreux soldats français qui connurent, de 1940 à 1945, la captivité en Allemagne. Les officiers, d'activé ou de réserve, étaient par la convention de Genève dispensés du travail forcé. N'ayant pas à nous rendre dans une usine ou dans des champs, nous avons, en revanche, vécu la captivité absolue, c'est-à-dire une vie socialiste : un Etat-Providence, mais très pingre, nous fournissait le logement (fort mauvais) et la nourriture (misérable et insuffisante) en n'exigeant de nous que notre seule présence. Vous reconnaissez là la vie en URSS ou à Cuba où on empêche non pas d'entrer, comme dans les pays agréables, mais de sortir, comme dans les prisons. Dans ce cadre austère et strictement limité par des enceintes de barbelés cernés de mitrailleuses, liberté absolue : toute la journée, on pouvait au choix dormir, jouer aux cartes, étudier le grec ou la chimie-organique, bavarder, se plonger dans l'intégrale de Proust, créer et animer un théâtre, organiser une vie culturelle, enseigner le droit ou la philosophie comme le faisait mon camarade Jean Guitton... Pour ma part, j'ai présidé, chaque jour. pendant cinq ans, une conférence. Ce ne fut pas rien de trouver quotidiennement un orateur et un public dans une société de 6 000 Français fermée, absolument, sans aucun renouvellement. Mais ce fut passionnant et riche d'une expérience qui m'a ensuite beaucoup servi.

Au bout de ces cinq années d'immobilité en Silésie, comme on commençait à entendre, à l'est, le canon de l'armée rouge, les Allemands qui évacuaient leurs forces vers l'ouest nous ont fait émigrer aussi, ce que nous avons accepté sans difficulté, ne souhaitant pas être libérés des socialistes nationaux d'Hitler par les socialistes internationaux de Staline.

Ainsi après cette très longue stagnation claustrée, avons-nous, encadrés avec vigilance par des soldats en armes, traversé à pied, en plein hiver, toute l'Allemagne centrale, emportant nos misérables trésors, tels des morceaux de sucre, mis précautionneusement de côté en prévision de jours pires, et, pour ma part, des centaines de pages de notes. Pour organiser cette migration, les 6 000 « pensionnaires » de l'Oflag IV D, avaient été divisés en une quinzaine de convois afin de pouvoir chaque soir trouver un lieu où passer la nuit ; on eut ainsi tantôt le confort relatif d'une grange avec ses bottes de paille, tantôt le sol dur d'une église, voire le sable humide et glacial d'un immense manège. Cette marche d'une dizaine de jours aboutit, pour mon groupe, au sud-ouest de Leipzig, dans le château de Benndorf, vaste demeure vide où on nous entassa sur un peu de paille.

Le printemps approcha et bientôt nous entendîmes le son délicieux du canon sonnant à l'ouest. C'était l'armée Patton qui approchait ; les Allemands le savaient encore mieux que nous et en tirèrent la conséquence logique : il faut se replier vers l'est. Ordre nous fut donne : demain matin, départ ; rassemblement à telle heure en tenue de marche avec tous les bagages. Cette fois, aucun socialiste n'assombrissant la perspective de notre libération, nous décidâmes de refuser de partir. A grands cris dans tout le château on nous fit, à l'heure où nous aurions dû être en bas prêts à la marche, sortir de nos paillasses. Nous nous trouvâmes, en savates et en pyjamas, devant notre escorte, sac au dos et arme sur l'épaule, avec ses officiers, aussi en tenue de départ. Face à face dont j'ai oublié la durée ; mais je me souviens très bien de son extraordinaire tension morale ou psychologique. Cela me rappelait les rencontres, dans les rues françaises du Front populaire, avec ces autres socialistes qui brandissaient le poing. Comme vers 1934, ce jour du printemps 1945, devant le château de Benkendorf, je me mis à chanter La Marseillaise, avec mon copopotier depuis cinq ans (dans la société captive, la « popote » était l'ersatz de la famille), l'archéologue Pierre Demargne qui devait plus tard entrer à l'Académie des inscriptions et belles lettres. Les autres firent chorus.

Alors j'assistai à un événement que je connaissais par la littérature mais que je ne pensais jamais voir dans la réalité. En entendant ce chant, dans le monde entier connu comme celui de la France victorieuse, les soldats allemands retournèrent leur fusil. Ils mettaient crosse en l'air ! Je tendis la main et pris l'arme rendue. La guerre était terminée. Au moins pour nous.

Quelques jours après, nous arrivions à Paris. On mesure mieux le service que nous a rendu cette Marseillaise libératrice quand on sait quelles furent les longues et pénibles aventures de ceux de nos camarades qui ne refusèrent pas de marcher vers l'est et, au-delà de l'Oder, rencontrèrent, comme « libérateurs » des socialistes nationaux, les socialistes internationaux. La comparaison entre la Wehrmacht agonisante et l'armée rouge des « intrinsèquement pervers » fut laborieuse mais le récit qu'en ont fait certains est d'un grand enseignement ( 1 ).

On comprend que, quel qu'ait pu être le passé de La Marseillaise, je lui conserve dans mon cœur une place spéciale.
 

(1) A ce sujet, lire l'excellent témoignage de mon regrette camarade Jacques de la Vaissière : Silésie, morne plaine. Editions France-Empire.

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Résonances .....rs.

Pour moi la Marseillaise reste lié aux notes d' "..aux armes citoyens..." que sans doute, Roger Studer, mon copain de lycée (1), avait choisi  comme air pour nous reconnaître. Habitant au 4e étage et pour ne pas déranger ses parents en sonnant, je me vois encore sifflant l'air dans la rue au bas de sa chambre pour le prévenir de ma présence....et lui se pointant à la fenêtre pour s'enquérir de l'objet de l'appel.  Il en était sans doute de même quand il venait me chercher.

(1) l'actuel lycée Kléber -Strasbourg -qui s'appelait alors la Bismarkschule ...années 40-45

15.01.03

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La Marseillaise ..... Hymne international de liberté

Source: Le Figaro 07.02.02

Le ministre de l'Education Nationale (Jacques Lang) a présenté hier matin un livret détaillant l'histoire de La Marseillaise et certaines interprétations célèbres de l'hymne. Accompagné d'un CD regroupant quatorze versions du Chant, en arabe, en portugais, ....... l'ouvrage tiré à 72 000 exemplaires sera distribué dans toutes les écoles, collèges et lycées de France. Cette action a pour but de « permettre à tous les élèves et enseignants de s'approprier " La Marseillaise " et de souligner « la double nature de ce chant, à la fois national français et hymne international de la liberté».

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Résonances .....rs.

N'oublions pas que le sens premier d'"approprier" est : « rendre propre à un usage, une destination. Exemple :Approprier son style au sujet. » (Le Robert)

Ce chant n'a pas le même sens, chanté contre un envahisseur ...que chanté par l'envahisseur...

Enfin, s'approprier : nous dit le Robert , c'est « faire sien ; s'attribuer la propriété (de quelque chose), spécialement de manière illicite. Exemple s'approprier le bien d'autrui. »

Après s'être "approprié" le stade de France ....l'appropriation se poursuit 

Mais "s'approprier " les choses à l'abandon est-ce tellement condamnable?

03.03.02

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Reflets:

 

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