hdu simple au complexe.. de Descartes à Planck ...   

Interrelation

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Présentation:  Si les sciences modernes déterminent d'une manière prépondérante notre vision du monde.... celles-ci ont évolué de manière vertigineuse au cours du dernier siècle. .... Du simple nous sommes passés au complexe... de la séparabilité à la non-séparabilité ... de la linéarité cause-effet à la non linèarité ...   de la lumière onde à la lumière à la fois onde et corpuscule....Voila que le réel dépasse la raison humaine et que ce que nous considerions comme une " clarté transparente" devient un "hasard canalisé" ..ou un  "réel voilé"... ou un "chaos organisé"...suivant les scientifiques. La science découvre les limites de notre esprit. De Descartes à Planck, la science est à présent mise au défi par les mystères du cosmos ...Il semble qu'elle découvre même que l'Esprit qui irrigue tout..... Science et religion peuvent se rejoindre ...

Extraits:   Du simple au complexe...au paradigme de simplification (celui qui gouverne la démarche de la science classique) s'oppose la problématique de la complexité, qui reconnaît que toute approche par isolement systématique des unités ne permet pas de rencontrer le réel.

Au-delà du mécanisme Examinés à la lumière de la physique contemporaine, ni l'un (Le principe d'évidence) ni l'autre (Le principe de divisibilité par la pensée) des deux principes sur lesquels se fonde le mécaniscisme ne peuvent être tenus pour corrects.

Corrélats:science, religion, corésiliance,  ensembles-homocoques, Weltanschauung, antinomies, un et multiple, Nous, interdépendance, l'Esprit, Dieu, multidimension, matérialisme et spiritualité,

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Du simple au complexe...

Auteur: Jacqueline Russ

Source: La marche des idées contemporaines page 219

 

La complexité est devenue, aujourd'hui, un axe essentiel de la méthode [rs...scientifique]. Jusqu'à la fin du xixe siècle, la physique obéissait - de manière très cartésienne - au principe de simplicité : à la recherche d'unités élémentaires simples et identifiables.

« Le troisième [précepte était], écrit Descartes, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu'à la connaissance des plus composés. » 23

La méthode se fondait ainsi sur la recherche d'éléments simples et la physique, jusqu'au xxe siècle, s'est soumise à cette démarche, l'atome, la molécule désignant, originellement, autant de réalités simples. Qui plus est, les savants étaient convaincus qu'ils parviendraient, en physique, à tout fonder sur quelques principes simples, qui permettraient d'appréhender la totalité des phénomènes. Possibilité de découper le réel en objets élémentaires, capacité de saisir le fonctionnement du tout : ce sont ces deux caractères majeurs qui vont être fortement érodés par la physique (et la biologie) moderne. Ainsi va être projetée sur le devant de la scène la notion de complexité.

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Comme l'écrit Edgar Morin, l'élément simple s'est désintégré. « L'obsession de l'élémentaire, de la brique universelle première [...] a conduit à la découverte de l'atome, de la particule et de la cellule. Mais à chaque élément ultime espéré, la physique a trouvé non pas l'élémentaire, mais le composite. » 24

La méthode récuse donc la simplification : au paradigme de simplification (celui qui gouverne la démarche de la science classique) s'oppose la problématique de la complexité, qui reconnaît que toute approche par isolement systématique des unités ne permet pas de rencontrer le réel. C'est dans le sous-sol microphysique qu'au début du xxe siècle, la complexité commence à se manifester : les particules atomiques cessent d'apparaître comme des objets élémentaires simples et deviennent complexes. De ce point de vue, la mécanique quantique nous donne, dès le départ, une leçon de complexité : alors que la physique classique distingue nettement deux sortes d'objets, les particules et les ondes, la mécanique quantique abolit cette distinction et lie, de manière indissociable, les aspects ondulatoires et corpusculaires d'un objet quantique. Avec l'évolution de la théorie quantique, devient clef de voûte la « fonction d'onde » inaccessible à l'expérience, et qui représente néanmoins l'univers de l'infiniment petit (et par extension, la totalité de l'univers). Une des caractéristiques essentielles de cette fonction est la non-séparabilité : on ne peut espérer atteindre les différents composants du réel qu'en brisant cette fonction d'onde, et par conséquent en restant éloigné du réel ultime. Sous un certain angle, la complexité exprime seulement notre incapacité à atteindre le réel, comme ensemble d'objets et de phénomènes définissables et mesurables avec une précision aussi grande que l'on veut (au moins par la pensée). Ainsi, la recherche de la simplicité est une voie sans issue.'

23. Discours de la méthode, 2' partie, Vrin, p. 70.

24. Science avec conscience, Fayard, p. 298.

04/03

 

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AU-DELÀ DU MÉCANICISME
 

Auteur: Bernard D'ESPAGNAT,

Source: Penser la Science, Dunod, 1990,

pp. 126-127, 129-132.

 

 « Il faut d'abord bien se remémorer celles [les bases] sur lesquelles la physique classique s'est constituée.

Je les vois au nombre de deux, que j'appellerai principe d'évidence des notions premières et principe de divisibilité par la pensée.

 

Le principe d'évidence (ou de quasi-évidence) des notions premières

Il s'agit d'une idée que l'on trouve déjà, au moins au titre de méthode implicite, chez Galilée et quelques autres mais dont on pourrait soutenir que Descartes fut le premier à véritablement la populariser (sans, peut-être, l'avoir voulu), en particulier par sa référence fameuse au bon sens partagé par tous. L'idée est que la science peut (et doit donc) être édifiée sur le seul socle d'un ensemble d'idées claires et distinctes, autrement dit sur des notions simples dont l'évidence s'impose à chaque esprit et dont par le fait même la validité se trouve garantie sans autre forme de procès. [...]

Le principe de divisibilité par la pensée

Ce n'est pas sans raison que le Discours de la méthode passe aux yeux de beaucoup pour  avoir été comme la charte fondatrice- de l'ensemble des sciences exactes

On ne s'étonnera donc pas de constater que ce principe-là remonte lui aussi à Descartes. A vrai dire, c'est surtout à propos de questions mathématiques que celui-ci nous dit s'être imposé la règle de "diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre". Mais il est clair que lui, et plus encore ses successeurs, ont appliqué l'idée d'une manière très générale et en particulier à l'étude des choses matérielles et des lois régissant leur comportement. Or l'apparition de la thèse selon laquelle on peut - et même on doit - diviser, au moins par la pensée, toutes les choses en leurs parties représente une étape très importante dans l'élaboration de la méthode des sciences classiques. C'est une thèse anti-globalisante, anti-holiste, rompant par conséquent avec la tradition dont il était question plus haut. Et la rupture fut radicale lorsque la postérité de Descartes en vint à estimer qu'en poussant assez loin une telle analyse en parties on. pouvait finalement épuiser, au moins en droit, l'ensemble de toutes les connaissances possibles concernant la nature des choses. [...]

Examinés à la lumière de la physique contemporaine, ni l'un ni l'autre des deux principes sur lesquels se fonde le mécaniscisme ne peuvent être tenus pour corrects.

 

Réfutation du principe d'évidence des notions premières

Le principe d'évidence des notions premières est celui dont l'échec est le plus patent. La chose se constate assez aisément si l'on se réfère, par exemple, à cette grande découverte du xxe siècle que fut la relativité restreinte. Issue d'une réflexion approfondie sur les équations de la mécanique et de l'électromagnétisme, cette théorie nous apprend, en particulier, que la notion de temps universel n'est pas valable, et que le temps se change en partie en espace, quand on change de référentiel. Or, si la notion de temps newtonien universel pouvait être conçue comme une "idée claire et distincte", obtenue par une abstraction intuitivement assez simple à partir de celle de durée que notre expérience fournit, la notion de temps relatif, d'un temps non pas du tout psychologique mais qui s'échange en partie avec de l'espace, selon des lois quantitatives faisant intervenir la vitesse de l'observateur, cette notion-là ne peut, elle, manifestement - pas plus que celle d'espace-temps qui l'accompagne - être dérivée d'aucune intuition de notre "bon sens". Et sur ce point, la physique des hautes énergies ne fait que surenchérir. [...]

 

Réfutation du principe de divisibilité par la pensée

Quant au principe de divisibilité par la pensée, il faut savoir qu'il n'est guère en meilleure posture. Les premières, mais déjà très sérieuses, indications de sa fausseté datent de l'avènement de la mécanique quantique vers le milieu des années 1920. Cette mécanique remplace, comme on le sait, la mécanique classique laquelle, si on l'applique aux atomes et aux molécules, fournit des prédictions d'observation en désaccord total avec les données expérimentales. La mécanique

quantique fournit, elle, des prédictions justes, et cela non seulement en ce qui concerne les atomes et les molécules mais également dans des domaines aussi variés que l'optique moderne (laser), la physique nucléaire, la physique des solides, l'astrophysique, et ainsi de suite. Or elle se fonde sur des principes tout différents. En particulier, les fonctions d'onde qu'elle utilise sont choses très différentes des ondes de la physique classique. Sans entrer ici dans aucun détail de technique, je noterai seulement qu'en physique classique un système d'ondes, si compliqué soit-il - il résultera, par exemple, de complexes interférences entre ondes de provenance très différentes - peut toujours être décrit dans l'espace ordinaire à trois dimensions 26. La chose se fait tout simplement par la donnée à chaque instant des composantes du vecteur "amplitude totale" relatif à chacun des points. Déjà, en mécanique quantique élémentaire, ceci ne se retrouve pas. Lorsque l'on convient d'y représenter les particules par le moyen de fonctions d'onde il faut, pour décrire un système de plusieurs telles particules, user d'une fonction d'onde définie dans un certain espace abstrait, dont le nombre de dimensions est le triple du nombre des particules de ce système.

Pour certaines configurations particulières, cette fonction peut, il est vrai, être décomposée de manière à faire apparaître des fonctions d'onde attribuables aux particules individuelles (et donc descriptibles chacune dans l'espace concret, familier, à trois dimensions). Mais le cas n'est pas général et ce qui se produit souvent c'est que même si avant d'entrer en interaction mutuelle des particules peuvent être décrites de cette manière, elles ne peuvent plus l'être après. Après, seule existe la fonction d'onde du système composé total. On dit que celle-ci est non séparable: c'est "la non-séparabilité mathématique de la fonction d'onde".

Dans ce cas-là, comment, après interaction, aller appliquer le principe de divisibilité par la pensée? Comment, autrement dit, aller réduire la connaissance du système à celle, supposée exhaustive, des particules qui le composent? Il est bien évident que si nous considérons la notion de fonction d'onde d'un système comme l'élément ultime de la description des choses, une telle application est impossible. Le principe est pris en défaut. »

04/03

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Corrélats:

Oeuvrons à la corésiliance..   ..

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