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Le Discernement des esprits    

Esprit

 

Présentation :  Il s'agit d'un entretien avec l'auteur ...un Chartreux ..qui vient de publier le troisième volet d'une série.." Le Discernement des esprits".  Cet ouvrage mêlant habilement spiritualité et psychologie est un guide précieux pour comprendre d'où viennent et où nous mènent nos pensées et nos désirs.  ..il nous apprend à nous mettre à l'écoute de notre voix intérieure et de notre conscience....

Extraits :  « Regardons en nous-mêmes, honnêtement par quel esprit nous laissons-nous habituellement guider dans nos actions, nos choix, nos jugements, nos désirs ? Par l'Esprit du Christ ? Ou par notre vanité, notre égoïsme, notre orgueil, notre susceptibilité, des désirs puérils... »  .... il s'agit d'apprendre à se laisser conduire par l'Esprit.

Auteur : Un Chartreux, moine ...Celui-ci ayant choisi de vivre retiré, le livre est publié sans nom d'auteur.

Source : Présent du 30.08.03 qui rend compte du livre " Le Discernement des esprits" Presses de la Renaissance.

RésonancesCe texte me paraît intéressant à lire sous l'éclairage de René Girard.

Corrélats :mimétisme, orgueil, envies, René Girard, ... ensembles-homocoques, parole ouverte ....

La pensée de René Girard Introductions

Parole Ouverte

 

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- Que signifie ce titre Le Discernement des esprits ?

- Nous sommes exposés à de nombreuses influences, à la merci d'impressions multiples, sur le plan corporel et psychologique, bien sûr, mais aussi au niveau de notre âme, de notre intelligence, de notre volonté. Cela était d'une telle évidence pour les chrétiens que la question du discernement des esprits n'a cessé d'occuper une place de premier plan dans la littérature spirituelle dès le IIe siècle de notre ère. Nos anciens dans la foi cherchaient à savoir si les pensées qui les traversaient venaient d'un bon ou d'un mauvais esprit, de Dieu ou du Mauvais. Pour eux il était indispensable, avant toute action, de savoir si ce par quoi notre intelligence et notre volonté étaient attirées était bon ou non, salutaire ou néfaste. A défaut, après que la volonté s'était engagée un peu trop rapidement, on voulait savoir quels avaient été les vrais mobiles de l'action posée afin de rectifier le tir si nécessaire. Ne pas faire cela, c'était courir le risque de glisser vers un suicide spirituel ou moral, en d'autres termes, de perdre son âme.

Puis ce fut la « mort de Dieu ». Toute littérature concernant ce sujet a disparu peu à peu au XXe siècle sous les coups de boutoir de la psychologie freudienne. Heureusement, on assiste de nos jours à un « retour » de Dieu, mais c'est un retour anarchique. Il a été laissé si longtemps au purgatoire des consciences que son Nom sert même à justifier des abus. Aussi, avons-nous voulu revenir sur le concept traditionnel de discernement des esprits en raison des nécessités de notre temps. Le désir de Dieu c'est de voir l'homme vivant. Il est donc urgent de savoir discerner ce qui est de Dieu de ce qui ne l'est pas, et d'agir en conséquence si l'on veut que l'homme vive :

1 Dans le cadre du pluralisme, et du relativisme ambiants, nos contemporains ne savent, plus distinguer le bien du mal, ils oublient que l'un et l'autre ne changent pas avec le temps et qu'ils sont les mêmes pour tous. Dans le même temps, ils s'étonnent de la violence des jeunes, des dérives, déshumanisantes du monde moderne. Il faut donc apprendre à éduquer et à affiner sa conscience. Le discernement des esprits y contribue.

2 Ils se sentent conditionnés, prisonniers de leur moi, de leur histoire, de leurs habitudes, ils refusent de s'engager à vie. Il faut donc permettre à la volonté de se frayer un chemin à travers tous ces déterminismes afin d'accéder à la possibilité de poser un vrai acte libre et entier, qui engage toute la personne. Le discernement des esprits sert à cela.

3 Trop souvent, nous sommes les , témoins muets que la fin justifie les moyens, surtout dans le monde de l'entreprise et sur la scène internationale. Le discernement des esprits permet d'agir en amont de ses actes, avant de poser des actes dont on ne maîtrise plus les conséquences.

Discerner les vrais motifs de ses actions et avoir le courage et l'humilité, lorsqu'on se rend compte qu'ils sont mauvais, de revenir sur ses décisions, voilà, à mon sens, ce qu'on attend des politiques.

On a le droit, certes, de se tromper, il peut être difficile de choisir entre le bien et le meilleur, la question du moindre mal peut se poser à la conscience, mais une société qui ne cherche pas, dans son ensemble, à fuir le mal et à pratiquer le bien, va vers sa ruine.

4 Nos contemporains pensent . que la foi et la vie spirituelle sont des rabat-joie. Or, un des critères du discernement des esprits c'est que ce qui vient du démon engendre la tristesse et le trouble, ce qui vient de Dieu produit la joie et la paix. Redécouvrir cette joie de croire pour les chrétiens revient à montrer, à un monde qui désespère, la lumière au bout du tunnel.

En fait, et pour faire court, plus que de savoir ce qui est bien et ce qui est mal, il s'agit, par le discernement des esprits - et c'est là le sujet du livre - de distinguer le mal lorsqu'il se cache sous l'influence du bien, il s'agit de faire en sorte de ne pas se laisser aveugler par ses passions, il s'agit d'apprendre à se laisser conduire par l'Esprit.

- Qu'est-ce que la vie spirituelle ?

-Ouille ! Bonne question ! mais difficile d'y répondre. Je dirais, pour aller dans le sens de ma dernière phrase, que la vie spirituelle est justement une vie où la personne se laisse conduire et habiter par l'Esprit de Dieu au point qu'elle ne fasse plus qu'un avec Lui et se laisse mener où Il veut comme Il veut.

- L'unité d'esprit avec Dieu est elle possible ?

Dans le sens d'une union de volonté, sans aucun doute. Mais sous d'autres aspects, j'ai peur de dire des bêtises. On entre là dans des considérations mystiques. Je laisse le soin à notre auteur chartreux de vous mener plus loin dans cette réflexion.

- Quelle est la passion contre laquelle il est le plus difficile de lutter et pourquoi ? Quel en est le remède ?

- A mon sens, tout dépend des tempéraments. De plus, plus on évolue dans la vie spirituelle, plus le combat change d'objet et devient plus subtil, mais dans une même ligne psychologique. Dans le cadre des péchés capitaux, prenons l'exemple de la gourmandise. Quelqu'un qui est porté vers la gourmandise peut, en évoluant dans la vie spirituelle, passer d'une gloutonnerie concernant la nourriture et le sexe, à une gourmandise spirituelle au point de ne désirer Dieu que pour ses consolations, et non pour Lui-même. Cet exemple est banal. Mais il est plus répandu qu' on ne croit chez des croyants plongés dans une société de consommation qui prône le tout tout de suite, qui crée le besoin, et qui désapprend la patience, la gestion du manque, de l'attente, de la frustration.

Une grande partie du livre est réservée à l'étude des péchés capitaux, de leurs formes, de leurs symptômes et des remèdes à appliquer. Je vous renvoie à ce qui est dit sur le sujet. Pour les remèdes, ce qui est sûr, c'est qu'il advient un moment où tous les moyens autres que la prière sont vains. Penser qu'on peut tout régler sans prier est un non-sens. « Cette sorte de démon ne peut être chassée que par la prière » (Mc 9, 29), dit Jésus. Vouloir se passer de la prière c'est comme vouloir' se passer de Dieu. Tous ceux qui se passent de Lui se créent des idoles pour Le remplacer, quand bien même ils nient cette évidence.

- L'épanouissement de la vie spirituelle doit-il amoindrir nos besoins humains ?

- L'homme n'est pas la mesure de l'homme. L'homme est plus que l'homme. Il se réalise en se dépassant. En ce sens, et en ce sens seulement on peut dire que l'épanouissement de la vie spirituelle entraîne un amoindrissement de nôs besoins humains. Mais il ne s'agit pas de nier ces besoins, ni sur le plan vital manger, boire, dormir - ni sur le plan affectif; mais d'en faire un juste et bon usage. Par exemple, il ne s'agit pas de nier l'amour charnel et sexuel, mais de faire en sorte qu'il soit l'expression d'un don et d'une écoute et non celle d'une jouissance gloutonne et infantile, ni celle d'un asservissement. C'est là un travail de longue haleine au bout duquel on sort grandi parce qu'on s'est respecté soi-même, qu'on a respecté l'autre, et qu'on a respecté, par l'autre, en l'autre, le Tout-Autre.

  Les propos, ceux de Thierry Paillaud, directeur de la collection en concertation avec le moine, sont recueillis par Catherine Robinson

 

 

 05/03

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sonances:               

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