Accablant. Le rapport de l'Inspection
générale de l'Éducation nationale sur « Les signes et manifestations
d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires » dresse un
constat alarmant de la situation dans certains établissements, bien
au-delà des seuls quartiers ghettos. L'enquête montre une progression de
la ségrégation sociale ethnique et religieuse, que ce soit dans les
banlieues, mais aussi dans des bourgs de campagne. Les inspecteurs
décrivent « un basculement, rapide et récent, l'accomplissement en
quelques années de l'islamisation » de quartiers entiers. Des jeunes
hommes, souvent diplômés, professant une religion à la fois plus pieuse,
moins populaire et plus intellectuelle, seraient les principaux vecteurs
de cette islamisation.
La mixité, partout remise en question
dans les espaces publics, n'est obligatoire qu'à l'école et elle est
donc sujet de tensions. À l'intérieur des établissements scolaires, le
contrôle sur les filles s'accroît. Dans tel lycée, « elles enfilent
'leur manteau avant d'aller au tableau pour ne pas éveiller la
concupiscence ».
L'antisémitisme est devenu très
important. Au point que les enfants juifs (et ils sont les seuls
dans ce cas) ne peuvent plus de nos jours être scolarisés dans
n'importe que établissement ».

Dans les écoles primaires des conflits
se développent avec les parents. Des mères si présentent entièrement
voilée et ne sont plus identifiables « Une école a dû organiser un sas
sans fenêtre où la directrice peut deux fois par jour reconnaître les
mères avant de leur rendre leurs enfants. Certains petits refusent de
chanter, de danser, de dessiner un visage pour des raison religieuses.
Dans une école, il avaient institué l'usage exclusif de deux robinets
des toilettes l'un réservé aux musulmans l'autre aux « Français ».

dessins de Chard
Présent 13 juillet 04
Ailleurs, un responsable du culte musulman a demandé d'instituer des
vestiaires séparés dans les salles de sport car, selon lui, « un
circoncis ni peut se déshabiller à côté d'un impur ».
Dans les collèges, le nombre de filles
voilées est surtout lié i une « surenchère entre organisations, des
groupes minoritaires tentant souvent de s affirmer par l'affichage d'un
plus grand radicalisme ».
Le mois du ramadan est l'occasion d'un
prosélytisme intense au sein des établissements. Dans certains collèges
les élèves ne peuvent plus éviter de jeûner, sous la pression de leurs
camarades. Certain élèves non musulmans jeûnent, eux aussi, pour se
conformer aux normes. C'est parfois le début de la conversion.
Le personnel peut être, lui aussi, un
vecteur de prosélytisme, y compris des enseignants ! L'inspection
regrette le recrutement comme « emplois-jeunes » de « grands frères » au
zèle notoire. La pratique de l'entrisme semble d'ailleurs se développer
dans certaines fonctions qui « intéressent particulièrement les
prosélytes : assistant d'éducation, CPE, instituteur, professeur de
lycée professionnel ». Il n'est plus exceptionnel d'observer dans les
IUFM (institut de formation) des étudiantes voilées et des étudiants à
la barbe sans ambiguïté.
Le communautarisme discipline par
discipline est tout aussi affolant. En éducation physique et sportive, «
beaucoup d'élèves préfèrent un « zéro » ou une punition plutôt que de
pratiquer une activité ou de la pratiquer en tenue réglementaire »,
notent les inspecteurs. En lettres et philosophie, les contestations
interviennent sur les oeuvres ou certains auteurs. « Rousseau est
contraire à ma religion », affirme un élève, quand Cyrano de Bergerac
est jugé « licencieux » et Madame Bovary un texte trop favorable, « à la
liberté de la femme ».
L'histoire, la géographie et
l'éducation civique sont évidemment au coeur de l'offensive : «
L'histoire sainte est à tout propos opposée à l'histoire. Cette
contestation devient presque la norme et peut même se radicaliser et se
politiser », précise le rapport. Lors des cours sur la reproduction et
l'éducation sexuelle, « les témoignages abondent montrant que les élèves
sont la cible de discours convergents de prédicateurs, de ministres du
culte ou de « grands frères » affirmant que cet enseignement n'est que
mensonge ».
Enfin plusieurs enseignants témoignent
désormais de la grande difficulté qu'il y a aujourd'hui à organiser des
sorties scolaires, certaines familles « affichant une franche hostilité
pour les classes transplantées » dès lors que des filles sont
concernées.
Tout aussi grave, la difficulté des
enseignants à faire face à cette fièvre communautariste ainsi que la
méconnaissance de certains chefs d'établissement sur ce qui se passe
dans leurs propres collèges ou lycées. Si des professeurs ont le
sentiment « de livrer un combat contre l'obscurantisme », pour beaucoup
« c'est le désarroi et la confusion qui dominent ». Dès lors certains
préfèrent « transiger » voire, « s'instituent théologiens en intervenant
directement dans l'interprétation des prescriptions et des textes
religieux ou en sollicitant l'aide d'une autorité religieuse ».
L'Inspection générale rappelle que
l'école ne peut faire face seule à ces problèmes et appelle les
pouvoirs publics à développer, de toute urgence, la mixité sociale dans
les établissements. Et surtout à se montrer très ferme sur les valeurs
républicaines.