remplir un vide ...consommer..

Elans des JE

Présentation:

"Ils ont besoin de sentir le plein, tellement il y a du vide"                       Eugène Guillevic

... dans la vision de Hannah Arendt ce vide est béant du fait que l'homme moderne se trouve privé  de ses dimensions « oeuvre » et « action » ... le voilà réduit à sa dimension «travail» ...travailler pour consommer .

Dans la vision de homocoques, avec Les Lumières ...avec la mort de Dieu ..... l'homme moderne occidental matérialiste a été ou s'est laissé privé de ses NOUS... et de ses AJENOUS ... de ses dimensions relationnelles et spirituelles....  individualiste et solitaire il est à présent réduit à  état de producteur consommateur... il est réduit à son JE ... et essaye de le faire vivre .... en consommant toujours plus ... ce qui peut le rendre boulimique . ....produits, services, jeux,  sexe, argent, images, fringues, médicaments  ...pouvoir ....

Voici un article à propos des obèse ... qui vient illustrer cette vision de l'homme .... "Un infini en creux" .... sans infini ...sans invisible ....

Extraits: 

Les boulimiques sont incomplets. Ils ressentent un vide douloureux en eux, un creux, ravivé par toute séparation, toute absence. C'est pour tenter de combler ce manque à être qu'ils se remplissent de tout ce qui leur tombe sous la main.... cette incomplétude n'est rien d'autre que ce qu'on appelle communément la condition humaine. Les sociétés occidentales se caractérisent essentiellement par le type de solution proposé afin de pallier cette souffrance : la consommation de masse.

en Relation ....

mort de Dieu, l'HOMENTRANCHE, réification, aliénation, société industrielle, capitalisme, quantité versus qualité, centres commerciaux =nouveaux temples...

L'homme, domaine d'activités .... de l'HOMENTRANCHE à son aliénation aux temps modernes vu par Hannah Arendt

Le vivant industriel .....les poulet industriels ne savent plus marcher.... parce qu'ils sont entassés dans un espace réduit. ... la sélection génétique pourrait mettre au point des poulets insensibles à la souffrance ...... enquête

 

 

 

 

Se remplir ou se nourrir ....

Auteur: Dr Gérard Apfeldorfer

Source: Le Figaro 4 juillet 2004

.... accuser McDonald's et ses concurrents de nos maux est un peu facile. C'est parce que l'Occident est devenu boulimique que ceux qui vendent des nécessaires à boulimies rencontrent autant de succès. La réussite du fast-food est le symptôme du malaise occidental et désigner les marchands de hamburgers comme boucs émissaires dispense d'avoir à s'interroger sur notre maladie boulimique.

La boulimie, qu'est-ce donc ? Les boulimiques sont incomplets. Ils ressentent un vide douloureux en eux, un creux, ravivé par toute séparation, toute absence. C'est pour tenter de combler ce manque à être qu'ils se remplissent de tout ce qui leur tombe sous la main.' Remplir sa panse est aisé : notre société a libéré l'accès à la nourriture. En d'autres temps de moindre richesse alimentaire, succomber à la décoration était chose moins facile et les individus en manque de complétude devaient recourir à d'autres artifices.

La plénitude des boulimiques ne dure guère car dès lors que l'estomac est plein, les intestins digèrent. Les conséquences en sont terribles : le manque à être de l'individu se trouve ainsi révélé, devenant visible sous forme de rotondités. L'installation de l'adiposité est comprise comme la manifestation visible d'une faille, de la faiblesse du caractère, de la pauvreté de la personne. Comment s'y résoudre ? Après avoir décoré, la personne boulimique annule impérativement l'acte de décoration. Cela se fait par d'autres actes du même registre : se faire vomir, mais aussi décorer des laxatifs, se lancer dans des exercices physiques frénétiques, et même jeûner, c'est-à-dire se remplir de vide, tout cela annule la boulimie tout en conférant aussi, dans le même temps, un fugace sentiment d'existence.

Mais après tout, cette incomplétude n'est rien d'autre que ce qu'on appelle communément la condition humaine. Les sociétés occidentales se caractérisent essentiellement par le type de solution proposé afin de pallier cette souffrance : la consommation de masse. C'est en cela que nous sommes tous, peu ou prou, des boulimiques. Le consumérisme apparaît comme un remède simple, immédiat, à la portée du plus grand nombre, pour faire face au vide existentiel. On comprend son succès mondial.

Il existe une différence fondamentale entre le fait de se remplir et celui de se nourrir. Prenons comme exemple un spectacle cinématographique : la boulimie de films consiste à se remplir d'images et de sons, à s'immerger dans ce spectacle, ne faire qu'un avec lui, ce qui procure une jouissance immédiate... et fugace. Le film terminé, ne reste que le pâle souvenir d'une jouissance, une déception, un vide, un néant qu'il convient de combattre par l'absorption d'un nouveau film.

Mais un film peut aussi se digérer et devenir une nourriture pour l'esprit. La digestion se fait par un travail d'analyse, de dépeçage, de réduction du film en ses constituants. Par exemple, on déconstruit mentalement le scénario, que l'on compare à d'autres histoires qui nous sont connues et dont nous sommes capables de nous souvenir.

Notre vision des choses s'en trouve enrichie, modifiée. Ce film nous aura nourris parce que nous aurons fait l'effort de le digérer. Et si ceux qui digèrent ont besoin de nourritures mentales, émotionnelles, tout autant que matérielles, ils veillent aussi à ne pas trop consommer, car ils ont besoin de temps pour en faire leur profit, savourer ce qu'ils ont.

Ce que je viens de dire à propos des films peut se dire à propos de livres, de musique, de spectacles télévisuels, etc.. La personne boulimique est condamnée à privilégier le quantitatif sur le qualitatif, à engloutir sans être jamais rassasiée, puisque ce qu'elle avale n'est pas digéré. Ce qu'elle vit ne la change pas, ne l'enrichit pas. Elle ne peut donc que reproduire même schéma, encore et toujours, dans un cycle infernal  sous l'effet de la frustration à tendance à s'accélérer.

 

texte hébergé en  07/04

 

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