Entretien avec Mgr Antonio Mennini
ROME, jeudi 18 novembre 2004
(ZENIT.org) - Le 8 octobre dernier s’est conclu à Moscou le Concile
des évêques de l’Eglise orthodoxe russe, au cours duquel ont été abordés
des thèmes comme l’insertion de la religion en tant que matière d’étude
à l’école et la relation avec le catholicisme.
Le périodique "NG Religii" (20 octobre 2004) a interviewé le
représentant du Saint-Siège auprès de la fédération russe, Mgr Antonio
Mennini, sur les conclusions du Concile et sur les relations entre le
Saint-Siège et l’Eglise orthodoxe russe.
Dans la traduction publiée sur la page web de la Fondation "Russia
Cristiana", à propos des relations entre l’Eglise orthodoxe russe et le
Vatican, le représentant du Saint-Siège a relevé que "de nombreux
observateurs ont remarqué une plus grande ‘chaleur’ dans l’attitude à
l’égard de l’Eglise catholique dans les textes des grandes interventions
prononcées lors du Concile".
"Selon moi - dit-il - il ne fait aucun doute que la hiérarchie de
l’Eglise russe, aussi bien le Très Saint Patriarche que les membres du
Saint Synode, étaient attristés tout autant que Sa Sainteté le Pape et
les fidèles de l’Eglise catholique, face à la détérioration des
relations entre nos Eglises, que l’on a malheureusement constatée au
cours de la dernière décennie".
"En outre - poursuit-il - aussi bien lors du Concile que précédemment,
l’on a affirmé à plusieurs reprises la nécessité de poursuivre le
travail pour améliorer les relations entre les deux Eglises, développer
le dialogue et amplifier la collaboration. Le Concile a ratifié de
manière autorisée les tendances déjà définies relatives à la
compréhension réciproque et j’espère que cela portera ses fruits".
A la question si la lutte contre le terrorisme pourrait rapprocher
les deux Eglises. Mgr Mennini a répondu que "la position de l’Eglise
catholique relative au caractère inadmissible de toute forme de violence
et de discrimination, mais surtout du terrorisme, est bien connue".
"Dans tous les cas de crimes commis, sans exception - a-t-il-expliqué -,
le Saint-Père a exprimé une position très proche de celle affirmée sur
ce sujet lors du Concile. Il me semble que ceci est une possibilité
supplémentaire de travailler en vue d’une collaboration, dont la force
sera évidemment proportionnelle à la croissance de la confiance
réciproque".
A propos du changement des relations entre l’Eglise catholique et
l’Eglise orthodoxe après la restitution à la Russie de l’icône de la
Mère de Dieu de Kazan, le représentant du Saint-Siège à Moscou a
affirmé : "Il ne s’agit pas ici uniquement d’une œuvre de justice, selon
l’interprétation de certains observateurs, mais d’un acte de profonde et
sincère affection".
"L’affection de nombreux catholiques, qui dans les années 60 ont
recueillis, à travers un grand sacrifice, une somme énorme pour racheter
cette icône, afin qu’elle ne tombe pas dans les mains de quelques
collectionneurs, mais puisse retourner, selon la volonté de Dieu, dans
le lieu ou elle se trouvait avant son exil, lors des années sombres,
avec des millions de russes, obligés de vivre pendant des années en
terre étrangère", a poursuivit Mgr Mennini.
"C’est également un signe d’affection du pape, qui aimait beaucoup cette
icône, qui l’a conservé pendant des années dans sa Chapelle privée et a
prié chaque jour devant elle. L’on sait aussi, que Sa Sainteté tenait
d’une manière particulière à ce que l’icône soit restituée au cours de
son pontificat".
Revenant à l’état des relations entre
le Saint-Siège et l’Eglise orthodoxe russe, Mgr Mennini a ensuite fait
référence à l’institution d’une Commission mixte de travail, à laquelle
participent aussi bien des représentants des Eglises orthodoxes et
catholiques, qu’un observateur du Siège apostolique, "résultat tangible
du travail commun en vue de l’amélioration des relations entre les
deux Eglises".
Il a toutefois tenu à préciser que "la commission a commencé à
travailler tout récemment" et que "pour l’instant il est trop tôt pour
en évaluer les résultats" même " si le chemin parcouru dans cette
direction nous permet de regarder l’avenir avec espérance".
"Afin de surmonter les différences de mentalités qui nous conduisent
souvent à des malentendus et des incompréhensions, il faut effectuer un
travail patient de clarification réciproque" a ajouté Mgr Mennini,
regrettant qu’"aux difficultés objectives existantes, s’ajoutent
malheureusement les interprétations données par les mass media
qui ne font pas toujours preuve d’un grand professionnalisme dans
l’analyse des questions liées aux relations interconfessionnelles, et de
cette manière ne contribuent pas à l’établissement d’une confiance et
d’une sympathie réciproque".
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