Le XXIe siècle risque d'être franchement impitoyable pour
tous les plombiers de l'événementiel, et du non-événement, tous ceux
qui, par exemple, ont fait croire aux Français que Kerry avait la
moindre chance d'être élu par une majorité d'Américains !
Les chiffres parlent d'eux mêmes : le plus grand nombre de voix jamais
attribué à un candidat dans toute l'histoire des États-Unis. Plus de 3,5
millions de bulletins d'écart. Aucun gain notable des Démocrates, voire
l'inverse, dans les populations « sensibles » ‑ soi-disant - à leur
discours : perte de terrain chez les femmes mariées comme chez les mères
célibataires, chez les latinos, chez les ouvriers, les juifs, les
catholiques, les jeunes, bref dans toute la base traditionnelle du
Parti. Avoir gagné les baby-boomers des centre-villes, les homos
indifférencialistes, les néo-bourgeois pacifistes d'Hollywood et les
universitaires marxistes n'aura pas suffi à pallier ce déficit
historique.
Le réveil fut brutal, il allait se révéler plus
traumatique encore. En l'espace de deux ou trois jours, le monde allait
envoyer une série de messages très clairs aux hommes qui l'habitent et
qui, prétendument, le pensent.
Premier message, le 3 novembre : l'Amérique est la citadelle
assiégée de la liberté, elle se tient droite alors que, dans le même
temps, l'Europe, et tout particulièrement ce qui un jour mérita le nom
de « France », s'est déjà couchée, s'abandonnant sans partage à la
domination de ses nouveaux maîtres.
Second message, simultanément ou presque : Yasser
Arafat, responsable de la déréliction totale de l'Autorité
Palestinienne, entre dans le coma en même temps que dans un hôpital
parisien.
Troisième message, dans la foulée : Un écrivain et cinéaste
hollandais, arrière petit-neveu du peintre le plus connu de la planète,
est abattu en pleine rue par une crapule islamiste.
Dans tous les cas on peut statuer sur la mort clinique de l'Europe, on
peut lire l'acte de décès en toutes lettres, entre le 2 et le 5
novembre, le RÉÈL aura réussi un come-back imprévisible, de ceux qui ne
risquent pas d'être prévus, en tout cas, par les zombies lobotomisés de
la nomenklatura médiatique franchouille.
Car décidemment le hasard est une idole qui n'aura pas tenu bien
longtemps sur son socle de sable dialectique : L'assassinat de Théo Van
Gogh par un microcéphale islamiste signe l'arrêt de mort de la
civilisation « européenne », et en cela il paraphe aussi la seconde mort
de son ancêtre, la seconde mort de Van Gogh. Pourquoi ? Oh, non pas à
cause du fait que par cet assassinat, l'abruti nommé Mohamed B. l'aura
tuée, cette Europe que le peintre à l'oreille tranchée avait su porter à
l'état d'incandescence artistique, mais plutôt parce que ce meurtre
révèle brutalement en un acte unique comment tout le continent va périr,
je devrais dire : a déjà péri.
Car cette mort qui, visiblement, ne suscite aucune réaction particulière
de Fred Vargas ou des autres courageux écrivains-rebelles de notre
République, cette mort qui ne semble pas digne de mobiliser les «
résistances » et le « désir de justice » des belles âmes humanitaires,
cette mort, par l'absence, justement, de riposte effective ou ne
serait-ce que de quelques mots outragés en provenance de notre Émirat
des Zarzélettres, généralement plus volubile lorsque les « droits de
l'homme sont menacés par la politique américaine ou israélienne », cette
mort ‑disais-je, indique le corps mort de ce qui fut un jour nommé
Europe. La seconde mort de Van Gogh désigne le cadavre, non pas de son
descendant, mais de nous tous, en tant qu'Européens, ou plutôt en tant
que Non-Européens.
Car si comme Günther Anders le disait il y a quarante ans, nous sommes
tous des « fils d'Eichmann », osons dire que nous sommes tous aussi des
arrière petits neveux de Vincent Van Gogh.
Je n'ai pas été mis au courant sur Internet ou ailleurs que des
manifestations de soutien à la liberté d'expression des écrivains
européens soient en cours d'organisation, afin de répondre au crime des
nazillons talibans. J'attends toujours la vague d'indignation qu'un tel
acte se devrait de susciter chez mes confrères, et je ne parle pas des
hommes, ou femmes, dits « politiques ».
Où sont les pétitions ? Mais où est donc passé le MRAP ? Que fait Nick
Mamère ? Qu'en pense Harold Pinter ?
Je n'ose imaginer ce qui se serait produit si un artiste quelconque,
mais venant du monde arabe, avait été poignardé à mort par un skinhead
néonazi batave. Sans doute une nouvelle loi, interdisant le port de Doc
Marten's dans les lieux publics, serait-elle en préparation à
l'Assemblée nationale ?
C'est étrange, non ? Même Salman Rushdie ou Taslima Nasreen parvenaient
à faire naître un poil de commisération dans le c½ur desséché du bobo
made-in-Chirakistan, ou de son confrère écoloboche.
Y aurait-il quelque chose dans les origines de la victime, ou bien alors
de son bourreau, qui interdirait que l'on puisse parler de « fascisme »
pour cet acte aussi lâche qu'odieux ?
Hé bien, disons que la réponse est contenue dans la question, n'est-ce-pas
?
Je le dis très calmement : La France me dégoûte. Elle me révulse. Me
fait littéralement vomir. Cette vieille catin édentée fait toujours mine
de sourire alors que sa ménopause historique l'a rejetée au bas de
l'échelle des nations prostituées. Son tapin, maintenant, elle le
pratique direct avec les Ayatollahs de Téhéran, se rendant complice des
crimes chaque jour accomplis par ce régime obscurantiste.
Les génocidaires communistes étant passés de mode, les péripatéticiennes
du trottoir républicain ouvrent désormais leurs orifices au nihilisme
terminal, celui qui venu du désert fera du monde un désert, celui dont
Nietzsche parlait, et « qui sans cesse croît ».
Au lieu d'entreprendre avec l'Amérique et le Nouvel Occident russe la
nécessaire guerre de libération des peuples musulmans de l'idéologie qui
les maintient dans l'esclavage, l'Union Zéropéenne a décidé d'effacer de
sa propre Constitution germinale toute référence à ses fondations
historiques chrétiennes, afin de faire entrer dans le « machin » ainsi
créé, et au plus vite siouplaît, la Turquie dans un premier temps, puis
probablement les pays du Maghreb, voire qui sait, l'Iran, le Liban, la
Syrie...
L'Europe se sera donc coupée aussi bien de son Occident ‑
le Nouveau Monde ‑ que de son Orient (je veux dire Byzance, soit la
Russie et le monde slave ), elle se sera intégrée de facto dans une «
sphère de coopération euro-arabe » qui, bien sûr, n'est que le prélude à
son islamisation générale.
Un spectre hante l'Europe, en effet, depuis longtemps. Ce spectre, il
est déjà en train de se réveiller, avec des habits neufs, et exotiques.
Ce spectre qu'est la future guerre civile européenne, et dont le noyau
décisif, fissile, est bien entendu la France, ce spectre, il marche
désormais en toute impunité dans les rues de Londres ou de Madrid,
d'Amsterdam ou de Paris, et non seulement l'Europe n'a rien fait, ne
fait rien, ne fera rien pour conjurer cette destinée fatale, mais pire
encore, elle aura tout fait, absolument TOUT CE QUI ÉTAIT EN SON
POUVOIR, afin que cela survienne, afin que son propre anéantissement
s'accomplisse, que tout ce qui fut elle, tout ce qui est né de son génie
singulier, soit un jour détruit, comme les statues bouddhistes
d'Afghanistan par les criminels de guerre talibans.
L'extermination du génie européen a commencé. Quoique de plus naturel
que de débuter l'opération par ses écrivains, dans le silence contrit
des peuples d'esclaves ?
Le fait que le premier artiste européen à être assassiné par la racaille
islamiste soit dénommé THÉO VAN GOGH ne devrait laisser place à aucun
doute concernant la nature de la guerre en cours. C'est la plus belle
épitaphe que la civilisation chrétienne des origines pouvait laisser
pour les visiteurs du cimetière de l'histoire, dans les siècles futurs.
Du suicide du peintre génial dédaigné de son vivant par les Bourgeois
éclairés, jusqu'au meurtre de l'écrivain-cinéaste auquel ne répond que
le silence du néo-Bourgeois de plus en plus éclairé, c'est tout le XXe
siècle européen qui est ici résumé comme dans une tragique « saga »
familiale, et il se résume en un mot : PÉTOCHE.
Car, sérieusement, peut-on imaginer des écrivains et des cinéastes
français « en colère » qui défileraient devant l'Ambassade du Maroc, ou
le domicile de Tariq Ramadan ? Qui appelleraient à la « résistance »
contre le révisionnisme islamique ? Contre les décapiteurs encagoulés et
les spécialistes du tir dans le dos d'écoliers ?
Allons, allons... restons raisonnables, ce Théo Van Gogh, comme les
Américains le 11 septembre 2001, il ne l'aurait pas un peu mérité, lui
aussi ?
Il faudra veiller à demander à Thierry Meyssan ce qu'il
en pense, nul doute qu'en fait aucun islamiste ne s'est abattu sur le
vélo de l'écrivain, nos spécialistes nationaux de la balistique ne vont
pas tarder à en recueillir les « preuves irréfutables ».
En attendant, et pour des raisons franchement incompréhensibles, cette
thèse ne semble guère attirer l'attention du gouvernement néerlandais
qui vient officiellement de « déclarer la guerre à l'islamisme »,
rejoignant ainsi la Sainte Alliance des Nations Occidentales, et
propageant la fracture transatlantique en plein c½ur de l'Europe, à
quelques encablures de Bruxelles, et du nouvel État collabo Français.
Voilà. C'est fait. La guerre civile européenne vient tout juste de
commencer.
On me dit que Chirac prévoit de passer ses prochaines vacances chez son
ami le roi du Maroc.
Maurice G. Dantec
Montréal, Amérique du Nord, le 8 novembre 2004