L'amour toujours .....

Dossier : l'Inter

Extraits :  

selon une étude BVA publiée ce mois, 79% de nos compatriotes entre 18 et 35 ans jugent que le mariage «n'est pas dépassé», et 83% en font un engagement «pour la vie» dont la première motivation est... l'amour.

Victor Hugo ....Aimons toujours ! aimons encore ! ...

résonances :   que de mal,  pour vouloir maintenir l'amour à sa seule dimension matérielle... heureusement la nature ... l'amour ...parle encore ...vive la jeunesse ... ne vous laissez pas corrompre ... et ne blasphémez pas l'amour !!

en io-relation ....  l'homme un... L'amour attribut... l'HOMENTRANCHE... la réification ...  la fausse grandeur.... et par opposition ...le divun ... homocoques .. les metaxu ... la vraie grandeur ....

 

 

 

L'amour toujours....

Auteur: le Figaro le 23 janvier 2005

Source: http://www.lefigaro.fr/magazine/20050121.MAG0019.html

Date :  

 

Le premier amour peut-il devenir un dernier amour ?, s'interroge Gérard Depardieu dans le dernier film d'André Téchiné. Sous un titre révélateur - Les temps qui changent - le film symbolise magnifiquement la résurgence du sentiment amoureux par une génération qui croyait avoir appris à le soumettre ou même à l'éradiquer au profit du désir roi. Dans cette période charnière de quatre décennies qu'évoque en filigrane le réalisateur, il y a eu la révolution des années 60, le nomadisme charnel, suivi des années Houellebecq-Breillat-Millet. C'est-à-dire une disqualification croissante par les milieux intellectuels du lien amoureux soupçonné de brider la conquête de nouveaux champs d'expérimentation sexuelle.

Or, par un curieux retour des choses, jamais le sentiment amoureux n'a paru avoir autant le vent en poupe. Au cinéma, après Jean-Pierre Jeunet ou François Ozon, Claude Berri explore l'amour quinqua (L'un reste, l'autre part ), Ziad Doueiri celui des adolescents beurs (Lila dit ça) tandis qu'Eugène Green prend des accents lamartiniens dans son très romantique Pont des Arts. Le filon éditorial, qui nourrit la presse féminine, ne cesse lui aussi de grossir. «L'éditeur vit d'amours tarifés», souligne avec amusement l'un des grands éditeurs de la place. C'est par centaines de milliers d'exemplaires que se vendent, en vrac, les romans de gare type Harlequin, les ouvrages sentimentalo-savants, ou les drames passionnels de la jet-set. Sans oublier les cogitations solos à la Bridget Jones destinées à nos quatorze millions de célibataires en quête du grand amour...

Tout cela fait-il une tendance de fond ? Oui si l'on en croit une mosaïque de sondages qui placent la réussite sentimentale au premier rang des aspirations de nos concitoyens. Certaines enquêtes apportent même une touche ironiquement décalée dans notre période de simplification du divorce : selon une étude BVA publiée ce mois, 79% de nos compatriotes entre 18 et 35 ans jugent que le mariage «n'est pas dépassé», et 83% en font un engagement «pour la vie» dont la première motivation est... l'amour. Toujours.

Ce qui a priori devrait faire ricaner les plus jeunes, élevés dans un bain médiatique où l'on s'amuse de la création récente au Québec d'une très sérieuse PornAcademy destinée à de jeunes postulants «harders» pour films X. Or c'est précisément l'inverse. Une étude menée en décembre dernier par l'Inserm confirme que les jeunes adultes ont pour principale aspiration la «création d'un couple monogame lié par une forte relation amoureuse». Traduction : sans l'âme soeur, la vie sera ratée ! Ce discours étonnant des plus jeunes rencontre celui des 40-60 ans, revenus du nomadisme sexuel des dernières décennies, et celui, moins connu, des seniors, dont l'espérance de vie accrue se combine avec une vie amoureuse prolongée. Tout cela aboutit à un résultat véritablement étonnant : jamais la quête d'un amour, non plus opposé mais réconcilié avec le désir - ce qui est la grande nouveauté -, n'a paru aussi puissante dans les aspirations de nos concitoyens, toutes classes d'âges confondues.

«L'amour sentimental marque indubitablement un retour en force», confirme l'historien Jean Claude Bologne, auteur d'une remarquée Histoire du célibat et des célibataires (Fayard) qui complète son Histoire du sentiment amoureux parue chez Flammarion. Ce qui - paradoxe - aurait tendance à rendre les relations entre amants toujours plus instables. «Autrefois, poursuit Jean Claude Bologne, l'amour passion avec la maîtresse, l'amour sexuel avec la prostituée et l'amour conjugal avec l'épouse, étaient dissociés. Aujourd'hui le couple marié - pacs ou concubinage non officiel - doit assumer les trois fonctions. Résultat : dès que le sentiment s'affadit, le duo se trouve condamné faute de savoir transformer un amour passionné en un lien conjugal, plus apaisé.»

Si les couples se désagrègent, ce n'est donc pas que l'amour est en crise. Mais que l'on en attend beaucoup trop. Et le phénomène social est d'autant moins maîtrisé qu'il est récent. Pendant longtemps, l'Eglise a en effet tenu la passion amoureuse pour suspecte : trop fragile. Au XIIe siècle, après d'âpres débats, on l'a finalement acceptée, du bout des lèvres, comme «la moins honnête des raisons de se marier» (sic). Ce n'est qu'à l'époque romantique, sur le thème de la passion inatteignable (je t'aime, c'est impossible, je me suicide) qu'elle se trouve réhabilitée. Avec un renfort inattendu du politique : «Après la débâcle de 1870, certains milieux revanchards français voulaient plus de sentiments dans le mariage, espérant que les enfants, nés de passions torrides, seraient plus tard de meilleurs combattants», raconte Jean Claude Bologne. L'amour devant préparer la guerre, il fut même question de l'inscrire dans les devoirs du code conjugal !

A chaque période, l'amour social a donc ses raisons que le coeur ignore. «Le renouveau sentimental actuel est indissociable du retour du religieux», analyse ainsi Nathalie Brion, présidente de Tendances Institut, spécialiste des socio-tendances des Français. Dans des sociétés où Dieu est mort, seul le sentimentalisme amoureux donnerait à chacun un semblant d'immortalité. «En s'opposant à notre individualisme exacerbé, poursuit Nathalie Brion, l'amour se transforme en idéologie. Et il peut prendre des formes très diverses, du couple monogame au besoin irrésistible d'être aimé socialement, ou de se dépenser dans une ONG. C'est en ce sens qu'il faut aussi analyser le formidable élan de solidarité créé par le tsunami.»

L'amour, nouvelle valeur refuge d'une société déboussolée par la solitude et la perte du sacré ? Tout cela ne rend en tout cas pas la rencontre de l'âme soeur plus aisée. A l'heure du speed-dating et de l'amour internet, des SMS passionnés et des grandes foires de la Saint-Valentin, jamais la recherche du grand amour et la construction d'une vie à deux n'ont paru aussi simples dans leur objet et complexes dans leur réalisation. «La révolution sexuelle a pulvérisé les tabous, ironise Anne-Sophie, une jolie trentenaire divorcée. Mais le paysage sentimental est aujourd'hui un champ de ruines. Pour associer amour et désir, passion et longévité, il faut tout réinventer.»

Dans cette grande période de «désordre amoureux» - le mot de Bruckner garde toute son actualité - cette recréation du couple s'inspire tantôt d'un «cocooning» sentimental et fusionnel - d'où le retour à la fidélité, nouvelle valeur en vogue -, tantôt du libertinage des célibataires - d'où l'autre mode, concomitante et contradictoire de l'échangisme -, tantôt enfin d'expérimentations singulières. Dans A trois (Editions JC Lattès, 2004) par exemple, un homme et deux femmes, tous trois sous le même toit, racontent la saga de leur famille triangulaire, toujours unie depuis vingt ans. Pas graveleux pour un sou, le livre amène surtout à une conclusion : l'amour, aujourd'hui, est un laboratoire.

Par Marc Durin-Valois

 

 

texte hébergé en  01/05

 

 
 

Aimons toujours ! aimons encore !

les Contemplations

  Quelques jours avant sa mort, Hugo recommande à son petit-fils Georges : « l'amour... cherche l'amour, donne la joie et prends en, en aimant temps que tu pourras. »

 

 Aimons toujours ! aimons encore !

Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.

L'amour, c'est le cri de l'aurore,

L'amour, c'est l'hymne de la nuit.

 

Ce que le flot dit aux rivages,

Ce que le vent dit aux vieux mont

Ce que l'astre dit aux nuages,

C'est le mot ineffable : Aimons.

 

L'amour fait songer, livre et croire.

Il a, pour réchauffer le coeur,

Un rayon de plus que la gloire,

Et ce rayon, c'est le bonheur!

 

Aime ! Qu'on les lot où les blâme,

Toujours le grand coeur aimerons.

Joint cette jeunesse de l'âme

A la jeunesse de ton front !

 

Aime ! afin de charmer tes heures!

Afin convois entiers beaux yeux

Des voluptés intérieures

Le sourire mystérieux !

 

Aimons-nous toujours davantage !

Unisson nous mieux chaque jour.

Les arbres croissent en feuillage;

Que notre âme croisse en amour!

 

mai 1843

100 poèmes de Victor Hugo, France Loisirs, page 141

 

 

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