La loi sur les musées ment, la loi sur les musées vend .....

Dossier :

Présentation :...en cette période des Journées du patrimoine .... le Musée National des Arts et Traditions Populaires (ATP) doit fermer définitivement ses portes . ( construit il y a un peu plus de trente ans et renfermant plusieurs milliers de pièces uniques) ....... Plus près, la municipalité du Vésinet maintient .. en dépit de l'hostilité de la population ..son projet de faire construire un "bunker culturel "  en remplacement d'un batiment (marché couvert et patinoire) qui a brûlé il y a qq temps.  C'était l'occasion de redonner à cette place centrale toute l' esthétique urbaine de sa création .. ce qui n'empêche pas de  publier, à l'occasion des journées du patrimoine un beau programme avec cette " accroche" ...

24 ièmes journées européennes du patrimoine

Thème " J'aime mon patrimoine"

Extraits :   Cette fermeture des ATP annoncée fin juin est une sorte d’aboutissement d’une année scolaire de mesures particulièrement brutales contre le patrimoine. ....Mouvement qui ira de l’Etat aux collectivités, puis des collectivités aux entreprises.....C’est un immense bradage !

On dit que l’avenir a un long passé. Il a aussi une immense mémoire. Et tous ces combats qui sont menés s’inscrivent dans la résistance contre ces destructions, contre ce mercantilisme et pour reconstruire ces musées ....

en z relations ....mercantilisme, mondialisme, tranche d'en haut, ensemble-HOMENTRANCHE, destruction des identités, de la mémoire ... des peuples, des nations, ....du passé faisons table rase .... déracinement ...

 

 

Source:  http://www.polemia.com/    puis     http://www.patrimoine-resistance.org/

 

Paris, le 8 juillet 2005

Vous le lirez dans la pétition ci-jointe, le Musée National des Arts et Traditions Populaires (ATP) doit fermer ses portes début septembre. Et comme toujours, quand il s’agit de ces mauvais coups contre la science, la connaissance, le patrimoine culturel, tout se fait dans l’ombre : on l’apprend au détour d’un article de journal, et c’est un décret ministériel du 22 juin, à la veille des vacances, qui le confirme.

Le Musée des ATP était lui aussi un de ces lieux privilégiés où les enseignants se retrouvaient avec les élèves, les étudiants pour y apprendre la connaissance de leur passé.

Un Comité de défense du Musée des ATP s’est constitué pour en appeler à l’opinion publique et demande au ministre d’abandonner sa décision. Notre comité Patrimoine & Résistance s’en fait le relais et vous appelle à contresigner cette pétition.

Cette fermeture s’inscrit dans la suite des destructions précédentes, celle du Musée de l’Homme, avec la fermeture de ses galeries ethnographiques et la dispersion de ses collections du monde entier, celle du Musée National des Arts d’Afrique et d’Océanie auquel on substitue un « musée de l’immigration » qui sera – nouveau concept – un musée sans objets ! Ce qui permettra toutes les élucubrations intéressées…

Elle s’inscrit aussi dans des mesures similaires menées dans l’Europe entière, voire plus largement, avec par exemple la fermeture du Musée des ATP de Madrid, musée ethnographique des peuples d’Espagne, remplacé par un « musée de la mode » !

Cette fermeture des ATP annoncée fin juin est une sorte d’aboutissement d’une année scolaire de mesures particulièrement brutales contre le patrimoine.

Ainsi, et cela donne le ton, à l’automne, au Muséum National d’Histoire Naturelle, une délégation d’« emplois-jeunes », dont les contrats arrivent à échéance, demande que leur travail soit pérennisé par la création de postes statutaires. La question est d’importance : il s’agit du classement de la préservation, de la conservation des 75 millions d’objets et de spécimens de toutes sortes qui constituent les collections du Muséum dans tous les domaines des sciences de la nature. Et ce sont eux, 43 « emplois-jeunes » qui ont la charge de ce travail.

Que leur répond la Direction ? Qu’elle n’a plus d’argent pour les collections, et que s’il le faut, elles seront cédées à des organismes qui en ont les moyens. Et aux jeunes elle dira : « Il n’y aura pas de postes. Nous vous proposons de vous mettre à votre compte et de constituer votre entreprise, on vous sous-traitera la conservation des collections. »

Voilà à quoi mène le désengagement de l’Etat, cette politique d’abandon au partenariat et à la sous-traitance !

Mais voilà aussi à quelles Directions on a confié la gestion de ces institutions prestigieuses de la République, consacrées jusqu’ici à la connaissance. Directions qui n’ont plus rien à voir avec la science. Et qui pensent faire illusion en se faisant installer dans le fauteuil et derrière le bureau de Buffon et pouvoir expliquer à un journaliste du Parisien au sujet de l’avenir du Zoo de Vincennes fermé en partie pour cause de délabrement : « Nous préférons nous orienter vers une dimension plus ethnologique en parlant des tribus qui vivent aux côtés des animaux sauvages. » (Sic !) ,

Le journal Le Monde finira enfin ce 6 mars 2005 par s’émouvoir de ce cours des choses. Sous le titre Les musées nationaux sur les traces de l’entreprise, il écrit que « le profil des grands musées s’est radicalement modifié […]. L’Etat les incite à une gestion qui se rapproche de celles des entreprises. Au risque d’un déficit culturel. »

On y apprend que « Le Louvre a signé avec l’Etat un contrat d’objectifs et de moyens qui engage le musée […] à optimiser ses ressources financières, […] à mener une politique de développement de mécénat, […] à diversifier ses sources de recettes […]. Et dès 2006, ce type de contrat s’étendra à tous les musées […] et prendra le nom de contrat de performance. »

On apprend encore que dans ce cadre « la location de l’espace de la pyramide du Louvre à Eurosatory, Salon européen de marchands d’armes [a rapporté] 148 000 euros TTC… »

Fin 2004 encore, cette annonce de l’AFP : le Ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres a pris la décision de transférer 178 monuments historiques appartenant à l’Etat aux collectivités territoriales, le ministre précisant « la règle d’une affectation locale, la propriété de l’Etat étant considérée comme l’exception ».

C’est un immense bradage !

Le Figaro du 18 novembre explique sous la plume de Armelle Héliot : « Le monumental transfert, aux vertus certaines auquel nous allons assister dans les mois qui viennent va voir éclore deux phénomènes : des rivalités avivées entre les régions et les départements, les villes et une extension du domaine de l’intervention privée soutenue par un dispositif législatif très favorable. Mouvement qui ira de l’Etat aux collectivités, puis des collectivités aux entreprises. Car il est impossible faire autrement. » On ne saurait mieux dire.

Le château de Chantilly, son musée et ses parcs sont remis par dévolution à la gestion de l’Aga Khan.

Le château de Chambord lui-même devient un Etablissement Public Industriel et Commercial. On va faire des animations… et de l’argent. Le mot de « Chambordland » est lâché.

Il y aurait encore mille choses à dire, mille articles à citer, tant est grande l’indignation devant ces destructions. Nous y consacrerons un nouveau bulletin à la rentrée.

Les ATP sont promis à la fermeture et cette année encore nous avons été saisis des protestations contre le bradage de l’Imprimerie Nationale, la fermeture prochaine de la Bibliothèque de la Sorbonne. La bibliothèque du Musée de l’Homme, quant à elle, a fermé ce 12 juin 2005.

Dans ce Musée de l’Homme, toutes les collections avaient été déménagées, sauf celles concernant l’Europe. Il y a deux mois, parce qu’elles gênaient dans ce Musée désert, a été décidé leur transfert aux ATP. Et les ATP ferment !

Ne nous y trompons pas, ce sont tous les secteurs de la connaissance qui sont touchés et, en premier lieu, de l’Ecole, de manière peut-être plus insidieuse encore.

Dans cette situation, nous révèle la presse, Paris a maintenant le triste privilège d’avoir perdu toutes ses positions internationales concernant le Livre, la Peinture, la Musique, mais d’être devenu le centre mondial du trafic et du pillage des objets d’« arts premiers », selon l’expression raciste consacrée.

Ce sont les vertus des menaces contre l’inaliénabilité des collections incluses dans la loi sur les musées !

Honte à ces gouvernants qui ne respectent rien et qui ne veulent pas entendre les dizaines de milliers de pétitionnaires, qui ne veulent pas comprendre l’indignation qui monte dans tout le pays.

On dit que l’avenir a un long passé. Il a aussi une immense mémoire. Et tous ces combats qui sont menés s’inscrivent dans la résistance contre ces destructions, contre ce mercantilisme et pour reconstruire ces musées comme centre de la connaissance et comme institutions de la République.

Nous signalons à tous le livre publié chez L’Harmattan : La Guerre à la Culture – La logique marchande et les attaques contre l’intelligence, qui traite de toutes ces questions. Livre de Bernard Sergent, chercheur au CNRS et membre de notre comité Patrimoine & Résistance.

La loi sur les musées ment, la loi sur les musées vend… Daniel de Coppet, ethnologue, directeur d'étude à l'EHESS, a consacré une part essentielle des dernières semaines de sa vie à cette analyse. Engagé dans la défense des musées nationaux et de leurs collections, il ne s'était jamais résolu à ce qu'il considérait comme une destruction des musées pour des intérêts mercantiles, qu·il s·agisse du Musée de l'Homme, du Musée National des Arts d'Afrique et d'Océanie ou du Musée National des Arts et Traditions Populaires. Il s'était fermement opposé au projet du quai Branly et plus encore à ses fondements prétendument scientifiques.

Daniel de Coppet se battait pour la sauvegarde des acquis de civilisation. C'est la raison pour laquelle il avait décidé de constituer avec nous le Comité Patrimoine & Résistance. Lors des Assises de défense du patrimoine du 17 novem­bre 2001, il déclarait qu'on assistait aujourd·hui au « pillage accéléré, non seulement de la République Française, [mais à celui] de toute la planète, de toute la richesse des civilisations et des sociétés humaines. C'est contre ça que nous devons nous dresser. Il ne faudrait pas qu'en France on importe des pratiques qui sont préjudiciables à l'intérêt de l'humanité tout entière. »

 

 

texte hébergé en  09/05

 

 

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