"Pétrole contre nourriture" .... responsable mais pas coupable

Dossier :

Extraits :   "Les problèmes au sein du programme "Pétrole contre nourriture" ont commencé dès le début"  ... un programme au sein duquel près de 100 milliards de dollars ont transité en sept ans.

en z relations ....  ensemble-HOMENTRANCHE .... le veau d'or ... mondialisme .... augmentation de la richesse et des écarts ...flux financiers .... gouvernance mondiale  .... Etat  ....

 

 

"Pétrole contre nourriture" : Kofi Annan jugé responsable mais pas coupable

LE MONDE | 08.09.05 |

 

Kofi Annan fait acte de contrition. Désireux de tourner la page à moins d'une semaine du plus grand sommet de l'histoire de l'ONU, le secrétaire général accepte sans protester les conclusions d'une enquête sur les errements du programme onusien "Pétrole contre nourriture". L'ancien patron de la réserve fédérale américaine Paul Volcker, qui a présenté, mercredi 7 septembre, son monumental rapport au Conseil de sécurité, juge Kofi Annan responsable "d'erreurs de gestion substantielles" . Il ne serait toutefois pas coupable d'entorses à l'éthique ni de corruption.

"Ce rapport me critique personnellement, et j'accepte sa critique" , a déclaré le secrétaire général de l'ONU, imperméable toutefois aux appels à la démission. Le rapport de 900 pages montre que ses fautes sont partagées avec un Conseil de sécurité divisé, une organisation trop bureaucratique, certains responsables corrompus et un régime irakien manipulateur.

"Les problèmes au sein du programme "Pétrole contre nourriture" ont commencé dès le début" , affirme le rapport. L'opération devait permettre au régime irakien de vendre du brut en échange de biens de consommation, pour atténuer les effets de l'embargo sur les civils irakiens. Mais selon Paul Volcker, en laissant trop de latitude à Saddam Hussein, le Conseil de sécurité a fait "un pacte avec le diable" .

Les enquêteurs estiment qu'en sept ans Saddam Hussein a détourné près de 1,8 milliard de dollars sous le nez de l'ONU. Il percevait des dessous-de-table sur les ventes de pétrole et de biens de première nécessité. Le gros des revenus du dirigeant irakien était toutefois tiré de la contrebande de pétrole avec les pays voisins, qui se faisait, au su et au vu de la communauté internationale, parfois avec "l'approbation du gouvernement des Etats-Unis" . Saddam Hussein aurait ainsi collecté 11 milliards de dollars.

De son côté, l'ONU n'était pas équipée pour gérer un programme au sein duquel près de 100 milliards de dollars ont transité en sept ans. "Ni le Conseil de sécurité ni les dirigeants du secrétariat n'avaient un contrôle global" , affirme l'enquête.

En l'absence d'un système d'audit efficace, le navire serait parti à la dérive. Kofi Annan et son adjointe Louise Fréchette se seraient montrés "réticents à admettre leur responsabilité individuelle" . Leurs rapports au Conseil de sécurité omettaient de mentionner les pratiques illégales qui se développaient. Leurs efforts pour mettre un terme aux violations des sanctions ont été "minimes" . Et aucun des deux n'a supervisé les activités de Benon Sevan, le patron du programme humanitaire accusé de corruption.

Le secrétaire général de l'ONU est toutefois lavé des accusations les plus graves. Rien n'indique qu'il ait tenté de favoriser la Cotecna, une entreprise suisse qui employait son fils Kojo Annan. Et rien ne prouve qu'il ait su que la Cotecna tentait d'obtenir un contrat onusien, qu'elle a finalement remporté. Les enquêteurs ont néanmoins estimé que Kofi Annan avait été négligent en n'ordonnant pas une enquête sérieuse en 1999, lorsque l'affaire a éclaté.

SYSTÈME DE CONTRÔLE

"Je regrette profondément cela" , a admis Kofi Annan. Selon l'investigation, Kojo Annan a pour sa part "tenté d'intervenir dans la passation de marché" . Il aurait aussi utilisé le nom de son père pour acheter à prix réduit une Mercedes à 39 000 dollars. Accusations contestées par son avocat. Le rapport affirme par ailleurs que les autorités irakiennes ont tenté de s'acheter pour 1 million de dollars les faveurs de Boutros Boutros-Ghali, le prédécesseur de Kofi Annan, contre lequel aucune preuve n'existe à ce jour.

Seul point positif pour l'ONU : le programme humanitaire a "sans aucun doute permis de sauver de nombreuses vies" en Irak, admet le rapport selon lequel il est urgent de réformer l'organisation, en déchargeant Kofi Annan de tâches administratives trop pesantes. Un système de contrôle indépendant devrait aussi être mis en place, avec une transparence financière accrue.

Ce rapport fait "jaillir une lumière crue sur les recoins les moins reluisants de notre organisation" , a reconnu Kofi Annan, et il veut s'en servir comme argument pour imposer la rénovation d'une institution vieillissante lors d'un sommet sans précédent qui, les 14, 15 et 16 septembre, devrait rassembler à New York plus de 170 chefs d'Etat et de gouvernement. La commission Volcker doit rendre en octobre un dernier rapport, cette fois sur les entreprises soupçonnées d'avoir violé les sanctions. Des personnalités françaises pourraient être mises en cause.

Philippe Bolopion

 

 

texte hébergé en  09/05

 

 

haut de page