Lorsque Francis Percy
Blake m'a demandé de devenir l' « expert » des Indigènes de la
République, j'avais accepté cette mission avec beaucoup d'énergie.
Un dossier est
d'ailleurs consacré à ce mouvement avec notamment notre grand-jeu
concours qui a permis de décrypter leurs manipulations rhétoriques et
de dévoiler les cerveaux de cette affaire :
http://www.france-echos.com/zone.php ?cle=178
Le scandale des
Indigènes de la République qui sont invités à l'assemblée Nationale !
Le 1er Octobre est
prévue une table ronde intitulée "LA FRACTURE COLONIALE - La
société française au prisme de l'héritage colonial" : s'agirait-il
des Indigènes de la République qui aurait colonisé l'Assemblée
Nationale avant généraliser cette colonisation à toute la France ?
Littele Nabot avait
réalisé un excellent travail de recherche dont il nous a communiqué
les résultats dans un article publié le 16 septembre (1)
Vous pourrez voir le
détail de cette réunion à l'adresse suivante sur le site islamiste
oumma.com :
http://www.oumma.com/agenda_detail.php3 ?NumEvenement=2410
Ce qui a le plus choqué
Little Nabot à juste titre, c'est que le fait que cette réunion se
tienne dans la salle Victor Hugo de l'immeuble Chaban-Delmas, salle
gérée par le secrétariat de l'Assemblée Nationale : je dévoile
ci-dessous, les dessous cette affaire à deux sous ou plus précisément
de gros sous !
Dans la liste des 22
contributeurs de cette table ronde, cinq personnes sont effectivement
des signataires de l'appel des indigènes.
- Thomas Deltombe,
doctorant étudiant que j'ai déjà eu l'occasion de lapider dans
un article publié le 9 juillet 2005 en anticipant sur son livre qui
vient d'être publié ou il cherche à démontrer la "diabolisation"
médiatique de l'islam s'inscrit dans la continuité de la colonisation.
(2)
- François Gèze,
éditeur qui vient de publier un article sur oumma.com ou il se plaint
d'avoir été censuré par le salon du livre d'Alger, ce qui est cocasse
quand on sait que cet éditeur indigéné s'investit justement pour
prolonger la guerre d'Algérie en France. (3)
- Nacira
Guénif-Souilamas, sociologue et dont nous avons publié un portrait
dans le cadre de notre grand-jeu concours. (4)
- Olivier Le Cour
Grandmaison, historien, auteur d'une tribune libre dans le journal
Le Monde intitulé "Le négationnisme colonial"et critiquant la loi du
23 février 2005 sur laquelle je reviendrai de manière détaillée. (5)
- Mathieu Rigouste,
sociologue à l'Institut Maghreb Europe.
Peut-on véritablement
affirmer qu'avec un pourcentage indigéné de 22%, les Indigènes
s'invitent à l'Assemblée Nationale.
Certes ce pourcentage
est significatif mais la réalité est en fait encore plus
significative.
Ainsi d'autres
contributeurs de cette table ronde organisée à l'Assemblée Nationale
n'ont pas voulu s'engager en signant l'Appel des Indigènes mais ils le
sont dans la réalité : ils sont impliqués dans cette mascarade.
Commençons par les
auteurs de l'ouvrage La fracture coloniale. La société française au
prisme de l'héritage colonial (La Découverte, 312 p., 20 €) qui
sont à l'origine de la table ronde organisée à l'Assemblée Nationale
dont l'intitulé est le même que celui du livre en question.
Dans un article publié
dans Le Monde le 23 septembre, le journaliste écrit : « Tout en
prenant ses distances avec l'appel des "indigènes", cette synthèse
collective, publiée sous la direction de Pascal Blanchard, Nicolas
Bancel et Sandrine Lemaire, voudrait explorer "la persistance des
représentations coloniales portant sur les populations de l'ex-Empire
après quarante années d'occultation du passé colonial" ».
Alors s'agit-il
d'historiens indigénés puisqu'ils affirment avoir pris leurs distances
avec les Indigènes ?
La réponse nous est
donnée dans une interview accordée par ces 3 historiens sur le site
islamiste oumma.com qui relaie le Mouvement des Indigènes. (6)
Le titre de l'article
publié le jeudi 29 septembre 2005 par oumma.com constitue en soi tout
un programme : « La question coloniale longtemps occultée, peut
éclairer des pans de notre présent » Entretien avec Pascal
BLANCHARD, Sandrine LEMAIRE et Nicolas BANCEL
A la question posée par
la rédaction d'oumma.com « Vous affirmez que la colonisation est
consubstantielle à la République ? », ces trois historiens
répondent : « Non, et ce serait commettre une grave erreur
d'appréciation que d'affirmer cela. »
Puis à la question
« Quel regard portez-vous sur l'appel "Nous sommes les Indigènes de la
République" ? », ils répondent : « Nous nous sommes déjà
exprimés à ce sujet, notamment dans le journal Le Monde.(..) Nous
n'avons pas signé l'appel car il nous semble contenir certaines
"outrances" - comme, par exemple, de tracer un parallèle trop
systématique entre situation coloniale et actuelle »
Enfin, à la question :
« Comment dépassez ce que vous appelez les tabous de l'imaginaire
colonial ? », ils répondent : « (...) Mais, plus qu'à des
tabous, nous avons à faire à une "culture coloniale". C'est cette
culture qu'il faut, étape après étape, déconstruire. C'est plus
complexe que simplement sortir du tabou, car il faut agir sur une
société qui ne pense même pas son emprise à la culture coloniale. »
Il conviendrait que ces
trois historiens qui se foutent de notre gueule nous expliquent ce que
signifie l'action « sur une société qui ne pense même pas son emprise
à la culture coloniale. ».
Nous le savons puisque
la traduction opérationnelle réside justement dans l'action des
Indigènes de la République : et leur action porte ses fruits
puisqu'ils sont invités à l'assemblée Nationale !
Bon ça nous fait donc 8
indigènes sur 22 contributeurs de cette table ronde soit un
pourcentage de 36 %.
L'article du Monde
publié le 23 septembre 2005 nous apprend à propos de l'ouvrage
collectif sous la direction de ces 3 historiens indigénés que : « A
travers une série de textes brefs et d'intérêt inégal, les auteurs
prétendent analyser la généalogie de cette "fracture" à leurs yeux
encore impensée, dont les manifestations actuelles feraient de la
population issue de l'immigration "une communauté d'expérience qui
reste référée à une condition d'infra-humanité née du colonialisme",
selon les mots du sociologue Ahmed Boubekeur. »
La j'ai une érection
républicaine tellement la phrase de Ahmed Boubeker est belle !
Avec Ahmed Boubeker,
nous obtenons donc un nombre de 9 intellectuels indigénés sur 22
contributeurs soit un taux d'indigénat de 41 %.
Continuons à examiner
la liste des contributeurs à la table ronde organisée à l'assemblée
nationale ; On y retrouve outre les 5 de l'Appel des Indigènes :
Olivier Barlet, Rony Brauman, Anna Bozzo, Sarah Froning Deleporte,
Marcel Dorigny, Marc Ferro, Arnauld Le Brusq, Philippe Liotard,
Achille Mbembe, Patrick Simon, Benjamin Stora, Didier Lapeyronnie, et
Michel Wieviorka.
On peut prendre
connaissance du sommaire de l'ouvrage collectif, qui sert de base à la
table ronde organisée à l'assemblée nationale, sur le site
Algéria-Watch, site d'informations sur la situation des droits
humains en Algérie (7).
Au passage, on peut
s'étonner qu'un site soit consacré à l'observation des droits humains
en Algérie puisque la situation en la matière a dû s'améliorer depuis
l'indépendance de l'Algérie et le départ des salauds de français.
Voici un aperçu des
contributions de ces personnes à cet ouvrage, ce qui confirme le
caractère indigéné de leurs travaux :
Sport, mémoire
coloniale et enjeux identitaires, par
Philippe Liotard
Des réminiscences coloniales dans le champ du sport ? 207
Ressentiment et identification au champion 209
Le nous et l'autre sportifs 211
« Racisme anti-blanc » ou rejet du fait colonial ? 212
La République face à
la diversité : comment décoloniser les imaginaires ?,
par Patrick Simon
Les dissidents de la norme majoritaire 216
Le modèle français d'intégration et la vision pluraliste 217
Le rapport aux origines : ambivalence et discrédit 220
Le retour permanent
de l'Afrique « au cœur des ténèbres », par
Olivier Barlet
Un espace de contre-regard… 196
Désarmer la mauvaise conscience et la persistance du discours racial
197
Un travail collectif de déconstruction des préjugés 2
Islam et
République : une longue histoire de méfiance,
par Anna Bozzo 49
La difficulté d'être à la fois musulman et citoyen français 50
Un héritage colonial : la surveillance sécuritaire 52
La fausse application de la loi de 1905 à l'islam algérien 54
REPUBLIQUE,
« INTEGRATION » ET POSTCOLONIALISME
La République et l'impensé de la « race »,
par Achille Mbembe 112
Décoloniser sans s'auto-décoloniser 113
Au-delà de la fin de la tutelle 115
Le miroir de la « francophonie » 119
Le difficile passage au cosmopolitisme 122
La banlieue comme
théâtre colonial, ou la fracture coloniale dans les quartiers,
par Didier Lapeyronnie 185
Une image imposée qui devient une identité revendiquée 186
Des mots pour le dire… 190
Une « déréalisation » en phase terminale… 193
La République, la
colonisation. Et après…, par Michel
Wieviorka
Une association paradoxale 88
La France postcoloniale 90
La crise du modèle républicain d'intégration 91
Extension du domaine des débats 93
Un autre contributeur,
Benjamin Stora est historien de la colonisation française à
l'Institut national des langues et civilisations orientales. Il
codirige l'Institut Maghreb-Europe à l'université Paris-VIII
Saint-Denis .ou un de ses collègues, Mathieu Rigouste,
sociologue, est signataire de l'Appel des Indigènes de la République.
Quelques mots aussi sur
Didier Lapeyronnie et Michel Wieviorka. Ils sont tous
deux sociologues à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales tout
comme Nacira Guénif-Souilamas.
Michel Wieviorka est
directeur du CADIS (Centre d'analyse et d'interventions
sociologiques).
Et compte dans son
équipe de chercheurs Didier Lapeyronnie et Nacira Guénif-Souilamas.
J'ignore à quoi sert le
CADIS. Un homme politique dont j'ai oublié le nom disait : « des
chercheurs qui cherchent sans trouver , on en trouve mais des
chercheurs qui trouvent, on en cherche ! »
Toujours est-il que ces
chercheurs réalisent des études dans touts la France grassement
rémunérées comme par exemple sur la ville de Roubaix ou ils vont
régulièrement faire du tourisme sociologique, anthropologique et
ethnologique (plus d'un million d'euros ces dernières années).
Alors si toutes ces
informations ne sont pas suffisantes pour prouver que ce sont bien les
Indigènes de la République qui se sont invités à l'Assemblée
Nationale, faisons confiance à Laurent Lévy qui nous le
confirme à travers un article qu'il a publié sur le site oumma.com.
(8)
On connaît bien
Laurent Levy, le père d'Alma et Lila dont les mésaventures
ont été instrumentalisées et organisées par MRAP pour se
rapprocher avec les islamistes.
Cet avocat du
Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les peuples,
qui se prétend pourtant athée, s'est fait au côté de Mouloud Aounit,
secrétaire général du MRAP, le défenseur acharné non seulement
de ses filles soigneusement emburquées lors de l'épisode du
lycée Henri Wallon d'Aubervilliers, mais également du bâchage des
femmes musulmanes en général.
Dans un article publié
le mardi 27 septembre 2005 et intitulé « Les Indigènes s'invitent à
la « rentrée littéraire », Laurent Lévy s'en prend au
journaliste du Monde qui a écrit dans son article cité ci-dessous
« la rhétorique postcoloniale ne relève encore que de la simple
pétition de principe à visée militante ».
Furieux, Laurent Lévy
rétorque : « (..) Ainsi, l'appel des Indigènes est-il évoqué dès le
début de l'article sur La Fracture coloniale, avant même que le livre
ne soit annoncé ; et quand il l'est, c'est pour souligner
immédiatement que cet ouvrage « prend ses distances » avec lui. Le
propos, notons le, est partiellement inexact, et la table des matières
de l'ouvrage fait apparaître plusieurs signataires de cet appel - dont
l'éditeur lui-même, François Gèze, qui le soutient avec constance.
(..) »
Ce qui est cocasse,
c'est que Laurent Lévy en rajoute une louche sur les historiens
indigénés Pascal Blanchard et Nicolas Bancel et les grille ! :
« Mais peu nous importe ici ; ce qui est notable, c'est la place
structurante que l'appel des Indigènes occupe désormais dans ce champ
de réflexion, qu'il n'a pourtant pas à proprement parler initié :
Pascal Blanchard et Nicolas Bancel eux-mêmes avaient publié il y a
plusieurs années avec Françoise Vergès un ouvrage intitulé La
République Coloniale (Albin-Michel) dont on peut dire qu'il constitue
l'une des sources intellectuelles de cet appel. »
Laurent Lévy insiste :
« Il y a ainsi les livres recensés par Jean Birnbaum. Le premier
(La Fracture coloniale), qui compte parmi ses auteurs plus de vingt
pour cent de signataires de l'appel des Indigènes, « traite de la
société française comme société postcoloniale », précise son
éditeur ». (..) Qu'il soit permis de mentionner plus particulièrement
les contributions de Olivier Lecour-Grandmaison, sur la loi
révisionniste du 23 février 2005, celui de François Gèze sur la place
de l'héritage colonial dans la politique étrangère de la France, et en
particulier sur la Françafrique, celui de Mathieu Rigouste et Thomas
Deltombe - que l'on retrouvera à propos de son propre livre - sur la
construction médiatique de l'« Arabe », et les connexions existant
entre le discours sécuritaire et l'imaginaire colonial, ou encore
celui de Nacira Guénif-Souilamas qui, portant expressément sur « La
réduction à son corps de l'indigène de la République », permet
d'apporter à tout le moins une nuance à l'affirmation que l'ouvrage
publié par La Découverte prendrait des « distances » avec un appel
dont cette auteure, qui théorise ici certaines des réflexions
auxquelles il invite, est l'une des premières signataires. »
Et Laurent Lévy
ajoute : « On ne saurait mieux exprimer comment le fameux appel
fédère désormais toute une ligne théorique, et lui donne son
rayonnement. »
Les Indigènes de la
République exigent l'abrogation de la loi du 23 février 2005 !
Le 23 février dernier,
le Parlement avait adopté une loi de « reconnaissance en faveur des
Français rapatriés », dont l'article 4 stipule que les
« programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de
la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ».
Aussitôt, un collectif
d'historiens avait dénoncé une tentative d'imposer une « histoire
officielle ».
Un autre collectif, Le
Collectif Devoirs de Mémoires dont sont notamment membres Olivier
Besancenot, Stéphane Pocrain, et JOEY STARR, a également dénoncé
cette loi.
Le MRAP
(Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples),
s'indigne de cette « glorification du colonialisme, qui équivaut à
une reconnaissance de la torture". "En ne retenant que le rôle positif
de la colonisation, affirme la pétition des historiens, la loi impose
un mensonge officiel sur des massacres allant parfois jusqu'au
génocide, sur l'esclavage, sur le racisme hérité de ce passé. »
Le samedi 7 mai 2005,
la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) a organisé un colloque sur
le massacre de Sétif.
La LDH ne s'est pas
contentée pas du seul rappel du passé mais ont interrogé l'impact de
l'occultation du passé sur le présent. Parmi les thèmes abordés lors
du colloque de la LDH : « Les liens entre l'impensé colonial et les
problèmes de la société française d'aujourd'hui. »
Dimanche 8 mai, les
promoteurs de l'appel « Nous sommes les indigènes de la République »
ont commémoré l'événement en marchant à Paris de la place de la
République à Château-Rouge. « Nous souhaitons faire de cette date
le symbole du joug colonial tel qu'il s'est exercé au nom de la
république », expliquent-ils.
Les Indigènes
accusent : « La France reste un Etat colonial », en amalgamant
et même en islamalgamant n'importe quoi : l'indigénisation des
populations des quartiers relégués aux marges de la société, le retour
des mécanismes coloniaux de la gestion de l'islam avec la création du
Conseil français du culte musulman sous l'égide du ministère de
l'Intérieur, les « relents coloniaux » de la loi antifoulard qualifiée
de loi d'exception, le règne du « mépris du suffrage universel » en
Nouvelle-Calédonie, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion,
Polynésie, la politique de domination menée par la France dans ses
anciennes colonies telles la Côte-d'Ivoire où l'armée se conduit
« comme en pays conquis »...
Cet été, des sénateurs
socialistes et communistes ont déposé une proposition de loi demandant
l'abrogation de cet article 4.
Cet article empoisonne
aujourd'hui les relations diplomatiques entre la France et l'Algérie
et complique la signature du traité d'amitié prévu entre les deux
pays.
En juillet dernier,
Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères, qui fut
pourtant l'un des initiateurs de la loi du 23 février, recommandait la
mise en place d'une commission mixte d'historiens français et
algériens pour aplanir les divergences historiques.
Dans l'Express du 22
août 2005, un petit article intitulé « Menaces sur un Traité » nous
éclaire sur la genèse de la table ronde organisée à l'assemblée
Nationale avec les Indigènes de la République : « Des doutes
existent sur la signature, par Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika,
du traité d'amitié entre la France et l'Algérie, prévue d'içi la fin
de l'année. « Il ne parait pas envisageable, aujourd'hui de le
signer », confie un proche de Dominique de Villepin. Les relations
entre les deux pays ont été tendues ces dernières semaines : le
président algérien a parlé de « négationnisme » et de
« révisionnisme », à propos de la loi, votée à Paris le 23 février,
sur « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en
Afrique du Nord ».Un texte, écrit à l'initiative de députés UMP, que
Matignon qualifie d' »erreur colossale » : « Ce n'est pas au Parlement
de légiférer sur la mémoire, c'est au peuple et aux historiens de
l'entretenir »
La takia de Chirac !
Jacques Chirac avait
décerné à la ville d'Alger, le 15 août 2004, « à titre exceptionnel »
la légion d'honneur », qui aurait été mieux décernée aux harkis et aux
résistants qui ont été au service de la France.
Jacques Chirac souffle
le chaud et le froid. Quand il est allé en Algérie, il a serré la main
à d'anciens combattants du FLN ; en France, il insiste pour que les
nostalgiques du colonialisme aient un lieu de mémoire. Ainsi la
diplomatie a ses raisons que la morale ignore.
En effet, si le quai
d'Orsay est empressé de signer le traité d'amitié avant la fin 2005,
c'est pour assurer une fourniture régulière de pétrole et de gaz dans
les années à venir.
Bouteflika et le
refrain de la colonisation
Plus de dix-huit
millions d'Algériens étaient appelés à voter jeudi dernier sur une
Charte présidentielle pour la « réconciliation nationale », censée
mettre fin à la crise et aux violences politiques qui ont fait 150 000
morts depuis 1992 et tourner la page du terrorisme. Le taux de
participation a été de 79,49%, selon le ministre algérien de
l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Les résultats complets du scrutin
devraient être annoncés, à Alger, dans la matinée.
Dans le cadre de ce
référendum, le Président de la république algérienne Abdelaziz
Bouteflika a donc fait campagne contre la France qu'il a qualifiée de
coloniale, de révisionniste et de négationniste.
Jaques Attali écrit
dans l'Express paru jeudi dernier :
« Abdelaziz Bouteflika a comparé la colonisation française en Algérie
à l'Allemagne hitlérienne. « Qui ne se souvient des fours de la honte
installés par l'occupant dans la région de Guelma (...) ? Ces fours
étaient identiques aux fours crématoires des nazis. » Il a réclamé de
la France « une reconnaissance de tous les actes commis durant la
période de colonisation, y compris la guerre de libération »,
remettant par ailleurs violemment en question la loi française du 23
février 2005. » » (9)
Ainsi pour Bouteflika,
il faut tourner la page malgré les 150 000 morts mais plus de 40 ans
après l'indépendance, il ressasse son refrain de la colonisation :
Bouteflika n'a pas hésité à déclarer que l'Algérie avait le niveau de
développement civilisationnel de la France avant que celle-ci ne la
détruise.
Tout comme les
dictateurs arables instrumentalisent la question palestinienne et
l'antisionisme qui camoufle en fait leur judéophobie, Bouteflika
instrumentalise la colonisation pour justifier 40 ans de régression et
de meurtres.
La loi du 23 février
2005 sur la « reconnaissance de la nation et la contribution nationale
en faveur des Français rapatriés » : De quoi s'agit-il ?
Cette loi prévoit que
« les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle
positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du
Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de
l'armée française issus de ces territoires la place éminente à
laquelle ils ont droit ».
Dans cette affaire,
deux débats ont été confondus.
Le premier débat porte
sur le fait que ce n'est pas le rôle des politiques à définir le
contenu des cours d'histoire.
Un collectif
d'historiens « Colonisation, non à l'enseignement d'une histoire
officielle » avait dénoncé une tentative d'imposer une « histoire
officielle » car c'est leur discipline qu'on insulte. Ils sont plus
d'un millier à avoir signé.
Le deuxième débat porte
l'aspect historique de la colonisation.
Si la rédaction de
cette loi avait mentionné le terme « également » au lieu de « en
particulier », cette loi n'aurait pas été perçue comme une volonté de
nier les aspects négatifs de la colonisation.
Or comme l'écrit Jaques
Attali, dans son éditorial sur l'Express en date du 29 septembre
2005 : « En Asie et en Afrique, beaucoup de nations seraient
dans une situation pire que celle qu'elles connaissent aujourd'hui.
S'il faut condamner le régime nazi dans son essence, il faut condamner
la colonisation dans ses excès et la décolonisation dans ses ratés. Ce
n'est pas du tout la même chose. » (10)
Quant au niveau
civilisationnel de l'Algérie avant la colonisation, Montmirail
a rétabli la vérité dans un article publié sur France-Echos. (11)
Dans un autre article
paru dans l'Express (12) et consacré aux Indigènes notamment au
lillois Saïd Bouamama, un des principaux initiateurs de l'Appel des
Indigènes de la République, nous apprenons que : « Le cinéaste
Rachid Bouchareb, lui, a décidé de montrer au grand public un autre
point sensible de l'histoire coloniale française. Au printemps
prochain, son film Indigènes mettra à l'affiche Jamel Debbouze, Samy
Naceri, Roschdy Zem et Samir Bouajila dans le rôle de quatre
tirailleurs, durant la campagne d'Italie, en 1943, la libération de la
Provence et la remontée vers l'Alsace, en 1944. Quatre parmi les 400
000 soldats coloniaux qui servirent dans les rangs français durant la
Seconde Guerre mondiale. »
Gageons que nous
n'avons pas fini d'entendre parler des Indigènes !
Pourquoi la France
ne devrait pas signer le traité dit d'"amitié" avec l'Algérie...
LSA Oulahbib a
magistralement exposé les raisons de ne pas signer ce traité
d'amitié : je ne développerai pas ce point et renvoie les lecteurs à
cet article remarquable. (13)
Tout au plus, je
citerai Emmanuel Brenner.
On ne présente plus
l'auteur des Territoires Perdus de la République (nouvelle
édition, 2004), puis de "France, prends garde de perdre ton âme".
On ne présente plus
Emmanuel Brenner mais on écoute avec intérêt ce qu'il a dit dans une
interview accordée à Primo-Europe : « Les
enfants d'immigrés maghrébins qui constituent les plus gros
contingents de l'immigration, arrivent ici dans un état psychique
conflictuel. Je veux dire par là que c'est la première immigration non
pas à venir s'installer dans le pays autrefois ennemi, ce qui est
banal, mais à venir en France avec un état d'esprit hostile au pays
d'accueil. Nombre de parents maghrébins mettent en garde leurs
enfants : "Si tu deviens français, tu ne franchis plus le seuil de ma
maison."
Cette hostilité
première pour le pays d'adoption est un phénomène rare dans l'histoire
de l'immigration. Comme l'immigration maghrébine se compare souvent à
l'immigration juive, tel un modèle quasi obsessionnel (ce qui nous
renvoie au schéma colonial et au choc que fut le décret Crémieux en
1870), si l'on compare l'arrivée des Juifs en France à la fin du XIX
siècle (celle des ashkénases) et celle des Sépharades (tant ladinos
que d'Afrique du nord), il s'agissait d' une immigration amoureuse de
la France. Beaucoup se sont engagés en 1914 parce qu'ils se sentaient
autant français que juifs ( "Tout homme a deux patries…", etc.).
Rien de tel dans une
large partie de l'immigration maghrébine à l'endroit de la France.
Bien au contraire même : la Marseillaise est huée au stade de France
le 6 octobre 2001, et les élites politiques françaises présentes ce
jour là dans les tribunes du match France-Algérie, n'ont pas bronché
devant cette insulte, ni même quand elles mêmes se sont fait
personnellement injurier. Juste avant que la France ne gagne le match,
une partie des jeunes spectateurs avait envahi la pelouse afin
d'éviter cette victoire sur l'Algérie. »
(14)

(1)
http://www.france-echos.com/actualite.php ?cle=6816
(2)
http://www.france-echos.com/actualite.php ?cle=6192
(3)
http://oumma.com/article.php3 ?id_article=1699
(4)
http://www.france-echos.com/actualite.php ?cle=5113
(5)
http://www.ldh-toulon.net/article.php3 ?id_article=491
(6)
http://oumma.com/article.php3 ?id_article=1698
(7)
http://www.algeria-watch.org/fr/article/div/livres/fracture_coloniale.htm
(8)
http://oumma.com/article.php3 ?id_article=1696
(9)
http://www.lexpress.fr/idees/tribunes/dossier/attali/dossier.asp
(10)
http://www.lexpress.fr/idees/tribunes/dossier/attali/dossier.asp
(12)
http://www.lexpress.fr/info/societe/dossier/esclavage/dossier.asp ?ida=435015
(13)
http://www.france-echos.com/actualite.php ?cle=7014
(14)
http://www.primo-europe.org/interview.php ?numdoc=In-487221298