Les responsables du désastre ...d'Ivan Rioufol

Dossier :

Extraits :   Aujourd'hui, le peuple excédé n'est pas loin de tenir ses représentants et médiateurs pour collectivement responsables d'un risque de libanisation du pays.  ...renoncement des élites à protéger sereinement l'identité française et l'unité de la nation.

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Les responsables du désastre ...

 Le bloc-notes d'Ivan Rioufol

[18 novembre 2005]

Qui a mis la France dans cet «état d'urgence» ? Ceux qui ont laissé croire aux seuls bienfaits de la multiethnicité, du mélange des cultures, de la «citoyenneté du monde». Ceux qui ont, dans le même temps, ringardisé le patriotisme, relativisé la légitimité des lois, victimisé les minorités. Ceux qui ont dissimulé les réalités, bidonné les chiffres, nié les évidences. Ceux qui ont lynché les contradicteurs. Comment suivre encore ces faiseurs de désastre ?

Ces professionnels du parler faux n'envisagent pas l'autocritique. Ils s'essayent même à d'autres acrobaties: les violences urbaines traduiraient une demande d'intégration, les incendies d'écoles un besoin d'instruction. Les manifestations de haine seraient des «messages protestataires». Tout juste si les tirs à balles réelles contre les forces de l'ordre ne devraient pas être compris comme des gestes d'amour.

L'illusionnisme est contagieux. L'autre jour, le président de la République s'est indigné du jet de deux engins incendiaires contre la mosquée de Carpentras, en oubliant de comparables faits contre des églises. Mardi, l'incendie de l'église Saint-Jean-d'Ars à Romans (dénoncé par Chirac) n'a pas réveillé les belles âmes. Tels sont les effets de décennies de discours déboussolants.

Ces aveuglements masquent la gravité des émeutes, qui ne posent pas seulement un problème social, comme le tambourine la pensée unique. Ce sont aussi des cités majoritairement musulmanes qui sont entrées en rébellion contre l'État, parfois contre la France. Et ce prévisible réveil identitaire pose la question de la survie du modèle jacobin d'intégration, face à un autre mode de vie et de pensée attaché à sa différence.

Aujourd'hui, le peuple excédé n'est pas loin de tenir ses représentants et médiateurs pour collectivement responsables d'un risque de libanisation du pays. Déjà le nombriliste PS s'effondre dans les sondages. Et l'image du Chirac angélique est atteinte. Promoteur du «métissage» de la société, il a admis, lundi, la profondeur du malaise né d'une «crise de sens, de repères, d'identité».

Il revient à la Majorité de se désolidariser clairement de l'idéologie de la table rase qui inspire nombre d'immigrationnistes. Sinon, il est à craindre que Jean-Marie Le Pen n'empoche en 2007, mais pour les pires excès, les bénéfices du renoncement des élites à protéger sereinement l'identité française et l'unité de la nation.

Le coût de l'immigration

Il faut évidemment «assumer la diversité de la société française», comme le demande Jacques Chirac. Et tout faire pour corriger les discriminations raciales qui empêchent des jeunes d'accéder normalement aux fonctions qu'ils méritent. Mais les trop nombreux chômeurs des cités font-ils toujours l'effort d'adaptation que la France est en droit d'attendre d'eux ? Hier, un colloque de la Fondation Singer-Polignac sur «Un essai d'évaluation des coûts et des effets économiques de l'immigration», a révélé des vérités qui corrigent le procès en «abandon» des cités

S'appuyant notamment sur les travaux des professeurs d'économie Jacques Bichot et Gérard Lafay, Yves-Marie Laulan, président de l'Institut de géopolitique des populations, estime le coût de l'immigration et de son intégration (éducation, formation professionnelle, logement, santé, lutte contre la délinquance, maintien de la sécurité, etc.) à 36 milliards d'euros par an. Soit 80% du déficit public, 13,5% des dépenses publiques, 3,5 fois le «trou» de la Sécu, 2 fois de budget de la recherche et de l'enseignement supérieur, 87% du budget de la défense...

Laulan : «Il ressort que chaque immigré qui franchit la frontière (250 000 par an) coûte 100 000 euros par an à la collectivité nationale, soit vingt fois plus que les Corses. (...) Nous rejoignons ainsi les calculs de Maurice Allais, prix Nobel d'économie, qui estimait voici plusieurs années à quatre fois son salaire annuel le coût d'installation d'un immigré. A ceci près que M. Allais estimait qu'il s'agissait d'un coût effectué une fois pour toutes alors qu'ici il s'agit d'un coût annuel.»

Comme l'explique le professeur Lafay, ce prix à payer est celui «des erreurs commises par tous les gouvernements successifs depuis trente ans». Erreurs ayant consisté à laisser s'installer une immigration familiale, sans qualification professionnelle et sans désir de s'intégrer à la culture d'accueil. Cet important investissement national financera peut-être demain la croissance et les retraites. Dans l'immédiat, ces efforts méritent mieux que les manifestations de francophobie et les exercices de culpabilisation.

Répondre aux questions

Une réflexion sur ces événements – qui n'auront surpris que les esprits moutonniers – conduit à mettre en cause la pensée clonée, qui refuse d'appeler un chat un chat. L'inventaire des mensonges reste à dresser. Retenons déjà celui qui voulut faire croire en l'harmonie de la France «Black, Blanc, Beur», qui émut les gogos lors de la Coupe du monde de juillet 1998, puis lors des manifestations contre la guerre en Irak en mars 2003. Il est temps d'ouvrir les yeux sur les maltraitants de la France, pressés d'en finir – au nom d'un universalisme mal compris – avec une nation héritière de Louis XI, de Molière et des poilus de Douaumont. Des questions sensibles sont maintenant posées : faut-il poursuivre l'immigration, le regroupement familial, le droit du sol ? Comment faire respecter la nation, son histoire, ses valeurs ? Urgent d'en débattre.

A propos du bloc-notes

Régulièrement, des lecteurs me suggèrent de rassembler les blocs-notes en un livre. Voilà qui est fait avec la sortie, cette semaine, des Chroniques d'une résistance (Éditions du Rocher), reprenant les années 2003 et 2004.

irioufol@lefigaro.fr

France ou République ?

le 19/11/2005 23:42:54, Borderline_hbo a écrit :

Je vais essayer de d’expliquer pourquoi, selon moi, le mot République tend à remplacer le mot France dans la bouche des tenants de la société multiculturelle.

Les allemands, au XIXème et au début du XXème siècle, avaient tendance à dire qu’ils étaient le pays de la culture et la France celui de la civilisation.

Pour les allemands, la source de vitalité d’un peuple et sa cohésion se trouvaient dans sa tradition, ses rites, ses mythes, ses habitudes, ses personnages et lieux historiques. Il ne s’agissait pas de savoir si ces habitudes obéissaient à de bonnes ou de mauvaises idées, ou si les victoires remportées sur un envahisseur étaient remportées pour de bonnes ou de mauvaises causes. Les habitudes et les mythes soudaient le peuple. Les victoires et les lieux de ces victoires symbolisaient la défense de ce peuple et de son territoire ; cela sufffisait à les rendre estimables, mémorables et à les célébrer. Cet ensemble de mythes, de rites et de mémoire, liés à un territoire, formaient l’épine dorsale de la nation et s'appelaient la culture. La culture, chose primordiale, était donc enracinée.

A la culture, les allemands opposaient la civilisation post-révolutionnaire française définie par ses idées, et s’en méfiaient à juste titre car si des racines ne se discutent pas, les idées sont changeantes et ne peuvent pas servir de base innamovible à l’unité d’une nation.

Bien sûr, la France n’était pas uniquement le pays de la civilisation, mais les allemands avaient compris qu’une culture était enracinée et y voyaient la seule garantie innamovible de l’unité vraie d’un peuple.

Aujourd’hui, la France est devenue une société multiculturelle. On verra que dans ce cas on se heurte à un dilemme insoluble et on verra en quoi ce dilemme explique qu’on abandonne aujord’hui le mot « France » au profit du mot « république ».

Pour mémoire, on n’a pas toujours parlé en France de société multiculturelle. On a parlé au début de société mutiraciale, ce qui n’est pas du tout la même chose.

La société multiraciale est la société du métissage, donc d’un mélange harmonieux dont le résultat est censé être meilleur que les partie dont il est issu. La société française républicaine, imbue de ses prétentions universalistes, n’avait alors jamais imaginé qu’un immigré puisse ne pas se débarasser de l’aliénation de sa culture d’origine pour devenir un vrai français, c’est à dire un homo-universalis. La problématique culturelle n’était qu’un élément mineur de la reflexion sur l’immigration. On admettait à la rigueur qu’un immigré ne puisse pas se libérer du poids de sa culture, mais on n’imaginait pas que cela ne soit pas le cas pour ses enfants.

La France vivait alors vis-à-vis des autres cultures dans un complexe de supériorité « culturelle », bien que ce mot soit impropre et qu’il faille le remplacer « civilisationnelle ». En gros, notre civilisation était censée venir à bout de toutes les cultures. Le mot France ne posait pas encore de problème.

Aujourd’hui, la France tombée de haut constate que ses immigrés restent attachés à leur culture. La société du métissage universaliste est devenue multiculturelle ; le melting-pot est devenu salad-bowl.

Le dogme nouveau de la nation multiculturaliste prône donc le respect de toutes les cultures sur une même territoire et sous une même loi d'une part, et demande pour des raisons élémentaires de cohésion nationale l’attachement au pays accueillant d’autre part.

Mais quelle société, et surout quelle culture, peut bien se former sur un territoire avec des gens dont les histoires contiennent des luttes et des antagonismes qui font que certains lieux et évènements de mémoire sur ce territoire ont des significations opposées ? Défaite pour les uns, victoire pour les autres. Grandeur pour les uns, humiliation pour les autres. Bien pour les uns, mal pour les autres.

Par exemple, dans la bouche d’un français de souche, Verdun est le lieu de défense de la patrie. Dans la bouche d’un algérien qui reste de culture algérienne ou d’un sénégalais qui reste de culture sénégalaise, Verdun ne représente pas le lieu ou son territoire aura été défendu, mais le lieu où des algériens et des sénégalais auront été envoyés à l’abattoir pour défendre le pays qui les avait ccolonisés.

Dans la bouche d’un français, Poitiers est le lieu ou un envahisseur arabo-musulman aura été repoussé. C’est le théatre d’une victoire. Dans la bouche d’un arabe de culture musulmane attaché à son territoire d’origine, Poitiers est le lieu d’un défaite.

Dans la bouche d’un français, Bordeaux c’est le vin, la convivialité et la vie ; dans la bouche d’un barbu, c’est le mal. Pareil pour Toulouse et son cassoulet, l’Alsace et sa choucroute, et je ne vous parle pas de la Champagne, de la Bourgogne, etc…

Un certain nombre de portions et de lieux du territoire ayant valeur de mythes ou chargés de symboles et de rites positifs pour la culture indigène, se trouvent être connoté négativement pour la culture allogène.

Idem pour les personnages historiques posant problème comme Charles Martel et bientôt Saint Louis ou Lyautey.

Idem pour les évènements comme Noel dont la célébration millémaire pose des problèmes de compatibilité avec certaines cultures.

Comment résoudre le dilemme de faire cohabiter des cultures différentes et de renforcer leur cohésion sur un territoire dont certains lieux et mythes sont clairement des éléments de déchirement, voire d’affrontement parmi les cultures qui le composent?

La seule solution est de faire disparaître de la mémoire tous les lieux symboliques et les personnage posant problème, donc faire disparaître une partie du pays réel. Il faut faire disparaître peu à peu la France et la remplacer par une abstraction : la république.

Dans le bouche des multiculturalistes français, il est devenu clair que la république abstraite est devenu le seul espace dans lequel le multiculturalisme à la Française puisse exister, puisque le pays réel historique est porteur de conflit.

Les conséquences en sont simples : si le vrai multiculturalisme devient réalité en France, le peuple accueillant verra un certain nombre de ses racines et de ses références culturelles disparaître tandis que l’allogène, toujours en contact avec une culture d’origine intacte, gardera les siennes.

Ce phénomène d’acculturation unilatérale s’appelle la COLONISATION, et il s'appliquera dans ce cas à la France.

Le fait que la classe dirigeante actuelle, pourtant officiellement opposée au multiculturalisme, emploie de plus en plus le terme de "république" au lieu de celui de "France" tient autant du lapsus révélateur que du constat d'échec inavoué. Ils ont intériorisé, sinon accepté le multiculturalisme, donc la colonisation de la France.

 

 

 

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