Benoît XVI et le président Kaczynski organisent la résistance
chrétienne
Catholique pratiquant et ancien
dirigeant de « Solidarité », le nouveau président polonais Lech
Kaczynski (investi il y a tout juste un mois) avait réservé, jeudi, sa
première visite à l'étranger au Vatican, où le siège de Pierre n'est
plus occupé pourtant par celui qui restera dans l'Histoire le plus
illustre des Polonais Karol Wojtyla, rappelé à Dieu le 2 avril dernier.
A l'issue de l'audience que Benoît XVI
lui a accordé, le chef de l'Etat a confirmé que le successeur de
Jean-Paul II se rendrait en visite apostolique en Pologne du 25 au 28
mai. Il devrait se rendre successivement à Varsovie, au sanctuairte
marial de Czestochowa, au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau (où
mourut saint Maximilien Kolbe), à Wadowice (la ville natale de son
prédécesseur) et enfin à Cracovie, l'ancienne capitale royale dont Mgr
Wojtyla fut archevêque jusqu'à son élection le 16 octobre 1979, en la
fête de sainte Hedwige, patronne de la Pologne.
« Ce voyage en Pologne d'un pape
allemand, à peine plus d'un an après son élection (le 19 avril dernier),
est très important pour les relations entre nos deux pays », s'est plu
d'ailleurs à souligner le président polonais. Avant d'ajouter : «
Cela aura aussi beaucoup d'importance pour la construction d'une
nouvelle identité européenne » qui ne peut ignorer ses racines
chrétiennes.
A l'issue de son entretien avec le
Saint-Père, le président Kaczynski a d'ailleurs confié avoir longuement
parlé avec lui « des tendances un peu agressives envers l'Eglise qui se
manifestent en Europe » et publiquement confirmé que, sous son autorité
et durant tout son mandat « la Pologne chercherait à promouvoir par tous
les moyens les racines chrétiennes de l'Union européenne ».
En combattant, par exemple, «
certaines tendances contraires en Europe » comme « l'idée de sanctionner
ceux qui n'acceptent pas la culture homosexuelle ».
Comme on le voit, le nouveau président
polonais (qui ne met ni sa Foi ni ses convictions profondes dans sa
poche) se situe - sur le plan des principes guidant son action, des
valeurs à défendre et du courage politique -à l'extrême opposé d'un
Jacques Chirac qui se veut toujours dans l'air du temps et au service de
lobbies antinationaux_
Avec le soutien explicite de Benoît
XVI, le nouveau président polonais organise donc - le mot n'est pas trop
fort-la résistance chrétienne en Europe à l'inversion des valeurs qui
favorise, chaque jour de plus en plus la « culture de mort » dans les
différentes législations nationales que nos politiciens cherchent à
harmoniser par le bas.
D'où la nécessité d'avoir le courage
de tenir haut et fort, dans toutes les enceintes internationales, un
discours véritablement chrétien à l'opposé du discours dominant.
Juste avant de le recevoir, le
souverain pontife avait d'ailleurs rappelé devant une délégation
oecuménique européenne (reçue à l'occasion de la semaine de prière pour
l'unité des chrétiens) que « pour mener à bien un processus
d'unification fructueux, l'Europe élargie a besoin de redécouvrir ses
racines chrétiennes et de donner toute leur 'place aux valeurs éthiques
qui font partie de son patrimoine spirituel ».
Car, devait-il ajouter, « nous,
disciples du Christ, avons le devoir d'aider l'Europe à prendre
conscience de sa responsabilité particulière dans l'union des peuples ».
Que le nouveau Pape comme la Pologne
semper fidelis nous donnent à nouveau l'exemple pour réveiller l'Europe
chrétienne est assurément une des premières grâces que JeanPaul II, dont
le procès en béatification s'est ouvert tout récemment, nous envoie du
Ciel.
Comme le soulignait l'autre jour à
Gdansk l'ancien président Lech Walesa, en révélant avoir déposé comme
témoin dans ce procès « Jean-Paul II a été une sainte personne. Une
personne qui nous a été envoyée à une époque difficile. C'est lui qui a
insufflé l'esprit de la liberté aux Polonais et aux autres peuples. Sans
lui, le communisme ne se serait pas effrité, il n'y aurait pas eu
d'Europe réunifiée.
Il serait grand temps que tous les
Européens, de l'Ouest comme de l'Est, s'en souviennent et en tirent les
conséquences pour un combat politique digne de ce nom sur notre Vieux
Continent..
YVES BRUNAUD