Message pour la Journée mondiale des Communications
sociales 2006
ROME, Mardi 24 janvier 2006 (ZENIT.org)
– « Les media: réseaux de communication, de communion et de coopération
», c’est le titre du Message de Benoît XVI pour la Journée mondiale des
Communications sociales 2006. Nous publions ci-dessous le texte intégral
de ce Message.
Chers Frères et Sœurs,
1. Suite au quarantième anniversaire de la clôture du concile œcuménique
Vatican II, je suis heureux de rappeler son Décret sur les Moyens de
communication sociale «Inter mirifica» qui a souligné en particulier le
pouvoir des media d’influencer la totalité de la société humaine. Le
besoin d’équilibrer ce pouvoir pour l’avantage de tout le genre humain
m'a incité, dans mon premier message pour la Journée mondiale des
communications, de réfléchir brièvement sur l'idée des media comme
réseau facilitant la communication, la communion et la coopération.
Saint Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, décrit de manière vivante
notre vocation humaine de "devenir participants de la nature divine"
(Dei Verbum, 2): à travers le Christ nous avons accès en un Esprit au
Père; ainsi nous ne sommes plus étrangers et lointains mais citoyens
avec les saints et membres de la famille de Dieu, devenant un temple
saint, une demeure pour Dieu (cf. Ep. 2, 18-22). Ce portrait sublime
d'une vie de communion engage tous les aspects de nos vies comme
chrétiens. L'appel à être fidèles à la l’auto-communication de Dieu dans
le Christ est un appel pour reconnaître sa force dynamique en nous, qui
cherche à s’étendre ensuite aux autres, de sorte que son amour peut
vraiment devenir la mesure actuelle du monde (cf. Homélie pour la
Journée mondiale de la Jeunesse, Cologne, 21 août 2005).
2. Les progrès technologiques dans les media ont en un certain sens
conquis le temps et l’espace, rendant possible la communication
instantanée et directe entre les gens, même quand ils sont séparés par
de vastes distances. Ce développement présente un énorme potentiel au
service du bien commun et "constitue un patrimoine à sauvegarder et à
promouvoir" (Un rapide développement, 10). Cependant, comme nous le
savons tous, notre monde est loin d’être parfait. Quotidiennement notre
expérience nous rappelle que la relation directe de la communication
n’édifie pas nécessairement la coopération et la communion dans la
société.
Informer les consciences des individus et aider à former leur pensée
n'est jamais une tâche neutre. La communication authentique demande un
courage inspiré à des principes et une ferme résolution. Cela exige la
détermination de ceux qui travaillent dans les media pour ne pas se
laisser écraser sous le poids de tant d'information ni même d’être
satisfaits de vérités partielles ou provisoires. Au lieu de cela il est
nécessaire de chercher et de transmettre ce qui est le fondement et le
sens ultime de l'être humain, de l’existence personnelle et sociale (cf.
Fides et Ratio, 5). De cette manière les media peuvent contribuer de
façon constructive à la propagation de tout qui est bon et vrai.
3. L'appel aux media d'aujourd'hui d’être responsables – d’être les
protagonistes de vérité et promoteurs de la paix qui s'ensuit - implique
plusieurs défis. Alors que la variété des instruments de communication
sociale facilite l'échange de l'information, des idées, et la
compréhension mutuelle entre les communautés, ils sont aussi touchés par
l’ambiguïté. Dans la perspective de fournir une "grande table ronde"
pour le dialogue, certaines tendances dans les media font naître un
genre de monoculture qui réduit le génie créatif, restreint la subtilité
d’une pensée complexe et sous-estime la spécificité des pratiques
culturelles et de la particularité des croyances religieuses. Ce sont
des distorsions qui se produisent quand l'industrie médiatique devient
un organe d’auto-promotion ou uniquement inspirée au profit, au point de
perdre le sens de la responsabilité au bien commun.
Il faut donc toujours encourager à rendre compte avec exactitude des
événements, d’expliquer de manière complète les questions d'intérêt
public, et d’illustrer honnêtement tous les différents points de vue. La
nécessité de soutenir et de mettre en valeur le mariage et la vie de la
famille est d'importance particulière, précisément parce qu'ils
concernent les fondements de chaque culture et société (cf. Apostolicam
actuositatem, 11). En coopération avec les parents, les communications
sociales et les industries des loisirs peuvent aider à réaliser cette
vocation difficile mais sublimement gratifiante d’élever des enfants, en
présentant des modèles édifiants de vie humaine et d’amour (cf. Inter
mirifica, 11). Comme il est décourageant et destructeur pour nous tous
quand le contraire se produit! Nos cœurs ne se désolent-ils pas, plus
spécialement, quand nos jeunes sont soumis à d’avilissantes ou fausses
expressions d'amour qui ridiculisent la dignité donnée par Dieu à chaque
personne humaine et sape les intérêts de la famille?
4. Pour encourager une présence constructive et une perception positive
des media dans la société, je souhaite réitérer l'importance de trois
étapes, identifiées par mon vénérable prédécesseur le Pape Jean Paul II,
nécessaires pour leur service du bien commun: la formation, la
participation, et le dialogue (cf. Un rapide développement, 11).
La formation à l’usage responsable et critique des media aide les
personnes à les utiliser intelligemment et de manière appropriée.
L'impact profond de nouveaux vocabulaires et des images sur l'esprit,
que les media électroniques en particulier introduisent si facilement
dans la société, ne saurait être surestimé. Précisément parce que les
media contemporains façonnent la culture populaire, ils doivent
surmonter toute tentation de manipuler, surtout les jeunes, et par
contre poursuivre le désir de former et de servir. Dans cette voie ils
protègeront plutôt qu'éroderont la structure d'une société civile digne
de la personne humaine.
La participation aux mass media résulte de leur nature comme bien
destiné à tous. Comme service public, la communication sociale exige un
esprit de coopération et une co-responsabilité empreinte d’une prise en
considération vigoureuse de l'usage des ressources publiques et de la
performance de rôles de la confiance publique (cf. Éthique en
communication, 20), y compris le recours à des critères régulateurs et à
d’autres mesures ou structures conçues pour atteindre cet objectif.
Finalement, la promotion du dialogue par les échanges d’enseignement,
par l’expression de la solidarité et l'instauration de la paix présente
une grande chance pour les mass media, qu’il faut reconnaître et
exercer. De cette manière ils deviennent des ressources influentes et a
appréciées pour construire la civilisation d'amour à laquelle tous les
peuples aspirent.
Je suis confiant que les efforts sérieux en vue de promouvoir ces trois
étapes aideront les media à se développer sainement comme un réseau de
communication, de communion et de coopération, aidant les hommes, les
femmes et les enfants, à devenir plus conscients de la dignité de la
personne humaine, plus responsables, et plus ouverts aux autres surtout
aux plus nécessiteux et aux membres les plus faibles de la société (cf.
Redemptor hominis, 15; Ethique en communication, 4).
En conclusion, je reviens aux encourageantes paroles de Saint Paul:
Le Christ est notre paix. En lui nous sommes un (cf. Ep 2, 14).
Démantelons ensemble les murs de division et d'hostilité et construisons
la communion d'amour d'après les dessins du Créateur révélé à travers
son Fils!
Du Vatican, le 24 janvier 2006. En la Fête de Saint François de Sales.
BENEDICTUS PP. XVI