"Nicolas Sarkozy déclare qu'il
est "favorable au vote" des étrangers aux élections
municipales. (...) En octobre dernier, il avait dit dans Le
Monde : "Je considère qu'il ne serait pas anormal qu'un étranger
en situation régulière, qui travaille, paie se impôts et réside depuis
au moins dix ans en France, puisse voter aux élections municipales."
Il trouvait que ce ne serait pas anormal. Désormais, il dit carrément
que c'est un "droit". (...)
Voici le propos exact de
Sarkozy: "Celui qui paie des impôts a le droit de donner son avis
sur la façon dont la ville où il paie ses impôts est gérée." On
constate que ce qui fonde le droit de vote aux municipales est
le fait de payer des impôts. Cela s'appelle le
suffrage censitaire, alors que la Constitution de la
République dont Sarkozy est ministre d'Etat pose en principe, et
garantit, le suffrage universel. Et ce qu'expose
Sarkozy, c'est même précisément l'argument utilisé (autrefois) par les
partisans du suffrage censitaire : les assemblées élues ayant pour
fonction première de déterminer le niveau de l'impôt et son
utilisation, il est logique que seuls ceux qui paient des impôts
soient aussi les électeurs.
Alors que l'on ne parle que de
lutte contre les discriminations, voici que
Sarkozy en invente une, et de taille. L'étranger qui paie ses
impôts a donc le droit d'élire le conseil municipal, comme le Français
qui paie ses impôts. Mais il se trouve que le Français à faibles
revenus, qui est exonéré des impôts locaux, a aussi le doit de vote.
Qu'en est-il de l'étranger exonéré ? N'a-t-il pas le
droit de vote, ou doit-on faire jouer la discrimination positive pour
le lui concéder néanmoins ?
Tout cela est absurde. Ce
n'est pas le fait de payer l'impôt qui donne le droit de vote, mais le
fait d'être citoyen. Citoyen français. Ce qui exclut les
étrangers et coupe court aux considérations tordues."