La persécution antichrétienne ...rapport 2005

Dossiers :Religions  Elans des A(JENOUS)  le Pouvoir, la puissance

Présentation :...Thomas Grimaux, auteur du « Rapport 2005 des persécutions antichrétiennes dans le monde », publié par l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED, aed-france.org), témoigne cette semaine, pour les lecteurs de Zenit, dans un long entretien que nous publierons en plusieurs parties, de ces chrétiens fidèles au Christ dans la persécution.

Extraits :   La persécution antichrétienne dans le monde .... toute attaque portée volontairement contre l'âme et/ou le corps. Les terribles ‘progrès’ en manipulation psychologique apportés par le nazisme, par le marxisme et par les autres totalitarismes du XXème siècle montrent bien que le martyre n'est pas uniquement corporel.

on constate quatre grandes sources de persécution : l'islamisme ; le communisme ; les fanatismes hindou et bouddhique ; la culture de mort.

 

Outre les pays d'Europe (France, Belgique, Angleterre, Allemagne, Suisse…), le Canada et les Etats-Unis voient la culture de mort grandir et imprégner de plus en plus la population. Idem de certains pays de l'Est. On constate aussi un embrasement dû à l'islamisme.

 

Tout le monde sera satisfait... qu'un chrétien soit déclaré fou parce que chrétien...En raison des pressions occidentales, on s'achemine, non vers un procès "normal", mais vers la libération d'Abdul Rahman pour troubles mentaux. [...] Si Abdul Rahman est libéré comme fou, ce sera un ouf de soulagement dans toutes les chancelleries occidentales.

 

en z relations .... choc des visions religieuses et philosophiques  ... ligne de front, nos fronts ...

 

   

 

homocoques

 sandwitch

entre l'HOMENSTRATE et l'ENUN ... une complicité objective

ayant l'Europe pour " en-JEu "

 

....le système René Girard marche à plein....

 

 

 

 

 

La persécution antichrétienne dans le monde, par Thomas Grimaux


« Rapport 2005 des persécutions antichrétiennes dans le monde », Ed. de l’AED

ROME, Dimanche 5 mars 2006 (ZENIT.org) – Thomas Grimaux, auteur du « Rapport 2005 des persécutions antichrétiennes dans le monde », publié par l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED, aed-france.org), témoigne cette semaine, pour les lecteurs de Zenit, dans un long entretien que nous publierons en plusieurs parties, de ces chrétiens fidèles au Christ dans la persécution.

Zenit : Avant de nous dire qui sont ces témoins, pouvez-vous nous dire qui est Thomas Grimaux ?

Thomas Grimaux : Je suis le Directeur du site Internet emploi-pac.com qui est leader en matières d’emploi et d’entraide en milieu chrétien. Mais, avant d’avoir cette activité au service de l’Eglise, j’ai voyagé pendant une dizaine d’années, principalement dans des pays en guerre ou de persécution antichrétienne. A ce titre, j’ai écris plusieurs livres dont un sur l’Eglise au Soudan, publié par l’AED.

Zenit : Est-ce pour cela que vous avez écrit ce livre ?

T. Grimaux : Comme je collabore depuis plusieurs années avec cette association internationale d’une part et d’autre part que mon parcours est assez atypique, je suis très sensibilisé à la persécution antichrétienne. Or, j’ai constaté qu’il n’existait aucun bilan annuel faisant état des actes de persécutions antichrétiennes dans le monde et qu’un certain nombre de chrétiens ne savaient pas vraiment l’ampleur terrible de ces persécutions, même dans nos pays occidentaux. Il m’est apparu comme nécessaire d’en publier un.

Zenit : Quel est le but de ce livre ?

T. Grimaux : De nos jours, un paradoxe existe. D’un côté, la quasi-totalité de l'humanité admire Mère Teresa et reconnaît en elle une ‘force’ plus qu'humaine et, de l’autre, une petite partie des hommes va frapper un prêtre, empêcher la construction d'une église, calomnier une religieuse, bloquer l'avancement professionnel d'un laïc.
Ces disciples du Christ qui conforment leur vie à celle de leur Maître, j'en ai vu, j'en ai rencontré au cours de nombreux voyages. J'ai vécu une semaine, un mois avec ces autres signes de contradiction, véritables témoins de bonté surnaturelle, de charité fraternelle, d'espérance profonde, de foi certaine. De toutes ces rencontres, je garde une image très claire (mais tellement difficile à atteindre) de ce qu'est une personne qui vit réellement avec son Créateur et Ami. Alors, puisque Jean Paul II a demandé lors du grand Jubilé que l'on conserve la mémoire de ces nouveaux martyrs, il est nécessaire de rendre témoignage de ceux qui témoignent.

Zenit : N’avez-vous pas peur d’être doloriste ?

T. Grimaux : Cette information n'a pas pour but de se lamenter mais bien de donner des faits et de montrer concrètement que le temps des martyrs n'est pas clos, qu'aujourd'hui même où vous lisez ces lignes, la liberté d'annoncer le Sauveur est limitée ou interdite dans tel pays, qu'un prêtre est peut-être assassiné à l'autre bout de la planète, qu'un lâche crache sur une religieuse, que l'on promet du travail à un catholique s'il abjure la foi au vrai Dieu.

Or, il se trouve que cela correspond aussi à l'une des trois missions de l'Aide à l'Eglise en Détresse (AED) avec laquelle j'ai le plaisir de collaborer depuis de nombreuses années.

Son but est donc d'informer le plus objectivement possible et le plus simplement possible sur l'Eglise en Détresse afin de mieux faire connaître cette partie de la vie de l'Eglise.

Zenit : Mais informer est-il suffisant ?

T. Grimaux : Non, vous avez raison, mais il faut déjà commencer par là. Et, d’ailleurs, Marc Fromager, le Directeur national de l’AED France, le dit très bien dans sa préface : « Nous pensons qu’il est important de connaître ces faits, car c’est en assumant la réalité telle qu’elle est, que l’on peut espérer la rendre meilleure. »

Zenit : Un tel rapport a forcément des limites, quelles sont-elles ?

T. Grimaux : Vous avez raison, un livre de la sorte, unique en son genre, est forcément limité. D'abord, parce que nous ne pouvons ‘lister’ tous les actes de persécutions antichrétiennes commis dans le monde, faute de les connaître. Pour les actes inconnus, il faut être vraiment conscient qu'ils sont, et de loin, l'immense majorité des actes de persécution, la partie invisible de l'iceberg. En effet, si l'on prend l'Inde par exemple, il est évident que les sources locales ne vont pas envoyer un communiqué de presse dès qu'un chrétien connaît des tracasseries administratives. De la même manière, ici, en France, la presse ne va pas se faire l'écho de toutes les dégradations volontaires contre les églises, calvaires et cimetières. Or, lorsque l'on discute de ces problèmes avec tel curé de cathédrale française, il vous dit le plus simplement du monde qu'il ne signale même plus ces actes auprès de la police, tant ils sont nombreux et tant les policiers ne peuvent pas envoyer en permanence des fonctionnaires pour régler les problèmes. Ainsi, la majorité des cas n'est même pas connue.

Ensuite, parce que, si nous pouvions lister tous les actes antichrétiens, cela desservirait peut être notre propos qui invite à voir plus loin que l'acte lui-même, la force et le courage surnaturels des persécutés. Enfin, une liste complète ferait oublier des milliers d'autres actes, positifs cette fois, dont nous parlons un ici.

Il y a enfin des limites que nous nous imposons nous-mêmes en ne donnant pas tous les détails macabres d'un acte barbare ni toutes les circonstance salaces d'un viol car “c’est la cause, non la souffrance qui fait les martyrs” (“Martyres discernit causa, non poena”. Saint Augustin) et c’est donc elle qui est important. De la même manière, pour des raisons évidentes de sécurité, nous passons sous silence certains actes, soit parce que c'est la demande expresse d'une victime (un curé parisien par exemple interdit que l'on donne le nom de son église ‘taggée’ par des militants d'extrême gauche), soit parce que donner plus de détails permettrait aux persécuteurs de repérer la ‘source’ et donc de se venger de plus belle (par exemple, dans tel pays où les catholiques sont une poignée).

Zenit : Mais au fait, qu’appelle-t-on une persécution antichrétienne ou un acte antichrétien ?

T. Grimaux : Nous employons le terme de chrétien au sens habituel donc sans englober les témoins de Jehovah par exemple. Chrétien signifie catholique, puisque l'Eglise catholique bénéficie de la succession des Apôtres unie au Pape. Mais nous y joignons les orthodoxes et les protestants des grandes branches du protestantisme mondial. Nous excluons donc toutes les nouvelles communautés évangéliques ou pentecôtistes et toutes les ‘églises’ protestantes locales qui ne répondent pas au critère d'universalité voulu par Jésus-Christ. Nous les excluons parce qu'à la différence des Sœurs de Mère Teresa, leurs adeptes ‘convertissent’ trop souvent par des moyens peu évangéliques. De même, les rebelles de la LRA du nord Ouganda peuvent se prétendre chrétiens (LRA voulant dire Lord Resistance Army, Armée de Résistance du Seigneur), nous considérons pour autant que tuer des prêtres et kidnapper des enfants est loin de l'enseignement du Christ.
Or, les catholiques étant les plus nombreux au monde, on ne peut être surpris que la majorité des cas cités les concerne. Ceci étant dit, nous incluons dans les persécutés des orthodoxes et des protestants (même si, ici ou là, ce sont eux qui persécutent des catholiques) car lorsque l'on incarcère un protestant en Arabie Saoudite, on incarcère un disciple du Christ et les discussions théologiques de savoir qui est plus ou moins éloigné de Jésus importe peu à la police religieuse du pays.
En bref et en résumé, le terme chrétien employé dans ce livre inclut les catholiques, les orthodoxes et les membres des grandes branches du protestantisme historique.


Zenit : La persécution signifie-t-elle uniquement assassinats ou actes violents ?

T. Grimaux : Nous ne le pensons pas car l'homme étant la conjonction d'une âme et d'un corps, la persécution ne peut se résumer aux seules blessures contre le corps. Elle sera ici considérée comme toute attaque portée volontairement contre l'âme et/ou le corps. Les terribles ‘progrès’ en manipulation psychologique apportés par le nazisme, par le marxisme et par les autres totalitarismes du XXème siècle montrent bien que le martyre n'est pas uniquement corporel.

Nous disons volontairement car il est évident que, dans un accident de voiture, si je tue involontairement un homme, qui se trouve être un prêtre, je ne le fais pas exprès et l'acte n'est pas antichrétien. De la même manière, si je tue une vieille dame conduisant une voiture on ne pourra en conclure une ‘gérontophobie’ de ma part. Mais, si volontairement, je fonce pour écraser le piéton, il y a acte délibéré.

Attaque portée volontairement contre l'âme et/ou le corps d'un chrétien. Mais cela ne suffit pas. Il faut encore indiquer que c'est en connaissant la qualité de chrétien et contre cet état que l'agresseur agit. Dans une bagarre, je puis tuer en état de légitime défense, une personne chrétienne mais il n'y a pas d'acte antichrétien réel. En revanche, si je fonce pour écraser une religieuse en habit, je commet un acte antichrétien. Ainsi, la définition devient : attaque portée volontairement contre un chrétien en tant que tel et, par extension, attaque portée contre tout ce qui est ou représente l'Eglise.

Zenit : Ce sujet étant ‘sensible’, quels sont les écueils à éviter pour ne pas tomber dans une vision partisane ?

T. Grimaux : Il y en a deux, qui sont les excès opposés : la paranoïa et l’angélisme. De grâce, ne pensons pas que tout le monde en veut aux chrétiens, vous et moi, nous pouvons quand même aller à la messe librement. Ceci étant dit, s'il ne faut pas voir des actes antichrétiens partout, il ne faut pas non plus avoir peur de les dénoncer lorsqu’ils existent. Gardons-nous également de tout angélisme. En effet, arrêtons de prétendre que les ‘jeunes’ qui régulièrement provoquent un début d'incendie dans l’église de telle petite ville de Bourgogne, sont de « pauvres petits qui ne savent pas ce qu'ils font » ! Si, ils le savent et c'est parce qu'ils voient en la religion un ‘opium du peuple’ ou dans les hommes de Dieu des ‘pauvres types tous plus ou moins pédophiles’ qu'ils commettent ces actes. La preuve en est qu'ils ne s'attaquent pas à l'épicerie du coin, ni à la façade de la Mairie, ni à la synagogue. Or, pourquoi des ‘jeunes’ qui dégradent une synagogue ou une mosquée seraient considérés comme antisémites ou antimusulmans, et pas antichrétiens quand ils le font contre une église ?
Pour être plus clair, prenons un exemple type : l'assassinat de Mgr Courtney au Burundi. Volontairement, nous choisissons un exemple passé qui donne le temps de la réflexion, ce qui limite les risques de se tromper ou d'être trompé par de fausses informations.
La guerre reste larvée en cette fin 2003, même si des progrès ont eu lieu (rencontre au Kenya, accords de Arusha, Tanzanie, en 2000). Seule une force rebelle continue le combat contre le gouvernement provisoire, les FNL, Forces Nationales de Libération. Le Nonce apostolique, Mgr Courtney, est connu pour ne pas cacher la vérité et pour son opiniâtreté à faire s'asseoir autour de la même table tous les protagonistes des terribles mois de guerre. Le 28 décembre, revenant d'une visite dans la paroisse de Minago et rentrant sur Bujumbura la capitale, la voiture dans laquelle il se trouve est prise sous le feu d'armes. Il sera transporté à l'hôpital mais succombera, après être tombé dans le coma. Les trois personnes qui l'accompagnaient sont blessées (un prêtre, le chauffeur et une tierce personne). Jean-Paul II saluera l'œuvre accomplie par ce fidèle serviteur de l'Eglise.

Jusqu'ici, ce fait brut ne révèle pas s'il s'agit d'une triste affaire de banditisme comme il en existe chaque jour dans le monde, ou s'il s'agit d'un acte de persécution. Mais laissons la parole aux personnes qui sont sur le terrain. Le Président de la Conférence épiscopale du Burundi, Mgr Ntamwana, donne, sans entrer dans les détails, des renseignements précieux : « De la façon dont il a été exécuté, et je parle bien d'une vraie exécution, on voit que Mgr Courtney était recherché ». De plus, le Nonce était avec sa voiture habituelle, reconnaissable entre toutes. Aussi, à l'instar des autorités politiques du pays après enquête et avec témoignage des survivants, il dénonce les FNL comme auteur de l'assassinat. Cette conclusion s'impose d'elle-même pour l'évêque puisque son prédécesseur, Mgr Tscherrig, avait lui-même échappé à deux attentats. Une fois cette accusation portée, le porte parole des FNL - qui est un pasteur protestant, M. Habimana - s'en indigne et jure devant le pays et l'Eglise que son groupe n'y est pour rien. Et puis, il ajoute que le Président de la Conférence épiscopale a trente jours pour quitter le pays (menaces qui s'évanouiront devant le tollé provoqué par de tels propos).
Alors, simple fait divers ou acte de persécution ? Avec Jean-Paul II, nous considérons les indices suffisamment sérieux pour pencher vers la seconde version.

Pas de paranoïa donc mais pas d'angélisme non plus. Vérifier les informations et préférer taire un cas non avéré, telle est notre méthode. Cependant, nous reconnaissons à l'avance que nous pouvons nous tromper, et nous sommes prêts à présenter des excuses si une erreur s'est glissée dans le livre.

Zenit : Un tel travail nécessiterait d’aller dans tous les pays, ce qui est impossible. Pour les pays que vous n’avez pas visité, quelles sont vos sources ?

T. Grimaux : Il y a d'abord celles de l'AED, association internationale catholique présente dans la grande majorité des pays, soit donateurs, soit en détresse. Il y a ensuite des contacts personnels établis au cours de voyages ou non. Il y a enfin, les grandes sources d'information du monde catholique comme la vôtre ou comme le Service de Presse du Vatican, Fides, Misna, APIC, ACAT, Asia News, Justice et Paix, EDA, les services diocésains de communication ; différents médias allant de RFI à la BBC en passant par les journaux français, soit d’information générale soit chrétiens, ainsi que les journaux des congrégations religieuses et missionnaires (MEP, Spiritains, etc.).

Zenit : Dans ce livre de près de 200 pages, vous donnez un nombre très important de faits, dans environ 100 pays. Pourquoi cette approche factuelle ?

T. Grimaux : Oui mais pour être précis, les actes de persécution cités par pays sont précédés d’une grande et large introduction que je reprends en partie ici. Mais, à côté des données de populations et de pourcentages de religion - données objectives et nécessaires - nous évoquons rapidement la situation législative quant à la liberté religieuse (le droit de pratiquer en privé certes, mais encore la liberté ou non de construire des lieux de cultes, le statut juridique de l'Eglise, les lois d'exception, l'existence d'une religion d'Etat ou non, l'accès aux médias…). Cet ensemble permet de signifier si dans le pays la liberté religieuse est existante, limitée, très limitée ou inexistante.
Ensuite, nous faisons un rappel de faits des années précédentes, dont 2004. Cela permet de mettre en perspective les faits de 2005 et de tempérer le jugement porté sur un pays. En effet, si deux prêtres sont assassinés en 2005 et que lors des années précédentes rien de notable n'a été commis, on en conclue logiquement à une subite dégradation de la société, structurelle ou ponctuelle, ou juste à un abcès de fièvre malheureux.
En sens inverse, s'il n'y a aucun acte notoire, cela ne signifie pas que les années précédentes furent calmes mais cela peut être le signe d'une amélioration nette de la liberté religieuse dans le pays ou, malheureusement, cela peut traduire la fin des actes antichrétiens… faute de chrétiens, comme en Somalie par exemple.

Zenit : Pour chaque pays, vous présenter des flèches qui indiquent des tendances…

T. Grimaux : … Toujours dans ce but d'éviter les caricatures, nous mettons en effet des petites flèches à la fin de chaque pays : vers le bas (baisse), parallèle au sol (pas de changement) et vers le haut (augmentation). Une seule de ces flèches est en noir et c'est elle qui donne la tendance observée dans le pays. Le premier graphique concerne la liberté religieuse donc, qui est soit en baisse, soit identique à l'année précédente (qu'elle ait été existante, inexistante, limitée ou très limitée), soit en hausse. L'autre graphique donne la tendance pour le nombre et la gravité des actes de persécution.
Ainsi, pour avoir une vision la plus juste possible de l'état actuel de la persécution antichrétienne dans un pays, la fiche présente l'ensemble des faits certes, mais encore les tendances indiquées par les flèches, et des indications données au début incluant les rappels des années précédentes.
Cette méthode n'est peut-être pas parfaite mais elle semble la plus juste car elle permet un grand nombre de possibilités : de l'Arabie Saoudite avec peu d'actes en fin de compte mais une liberté religieuse inexistante et une situation qui ne change pas, à la France, pays de liberté sans aucun doute mais où les actes antichrétiens sont en pleine expansion ; de l'Albanie qui voit une heureuse baisse des actes de persécution mais où la liberté religieuse reste très limitée, contrairement aux Philippines où tous les indicateurs vont dans le bon sens, à la Turquie où les actes antichrétiens augmentent et où la liberté religieuse reste inscrite uniquement dans certains textes…


Zenit : Selon vous, quelles sont les types des persécutions ?

T. Grimaux : Il y a deux types de persécutions : celle qui est sanglante et celle qui est sournoise.

Pour la persécution sanglante, tout le monde comprend. Il s'agit d'un acte malveillant à l'encontre d'un chrétien connu en tant que tel ou à l'encontre de l'Eglise et de ses fidèles en tant que tels, et acte avec effusion de sang ou violence (assassinat, agression physique, viol, amputation). Les emprisonnements sont inclus dans cette catégorie ainsi que les attentats avec ou sans mort d'homme.

En revanche, la persécution sournoise est moins précise. Disons qu'elle comprend les actes malveillants sans effusion de sang ni violence et qui restent du domaine administratif, fiscal, judiciaire ou social. Ces actes sont les plus nombreux et sont présents sur les cinq continents car cette catégorie regroupe la discrimination à l'embauche (« renie ta foi chrétienne et tu auras ce travail » peut-on entendre à Khartoum), le rejet familial du nouveau baptisé au Pakistan, le retard dans l'obtention du visa pour la religieuse missionnaire, le courrier volé, le petit racket du poste frontière imposé au laïc engagé… Mais encore, dans nos pays par exemple, le détournement publicitaire qui offusque la foi, la couverture médiatique d'un procès d'un prêtre quand on constatera après qu'il était innocent (mais l'opinion publique se dira quand même qu'il n'y a pas de fumée sans feu…), les caricatures insultantes dans des journaux satiriques, la volonté d'enlever les crucifix des lieux publics, la volonté de reléguer l'Eglise au seul plan privé, etc. On comprend mieux ce qu'est la persécution sournoise, celle qui est composée, non de meurtres sanglants, mais de petits actes malveillants, de petites insultes, de petites tracasseries.

Cette persécution sournoise, insidieuse, de chantage affectif ou communautariste est bien illustrée par les propos de Mgr Sarr, archevêque de Dakar, Président de la Conférence épiscopale du Sénégal (voir à ce pays), pourtant connu pour sa diplomatie. Evoquant la situation d'un pays souvent qualifié de modèle de coexistence pacifique entre musulmans et chrétiens, il n'hésite pas à dire les difficultés rencontrées - en précisant qu'elles sont minoritaires. « Les difficultés que les catholiques rencontrent […] se résument à deux points : il y a le problème de l'emploi et celui du mariage. Il m'a été rapporté à Kaolack comme à Dakar que tel ou tel musulman responsable d'entreprise demande aux jeunes catholiques de se convertir avant qu'il ne leur fournisse du travail. […] Il arrive que des jeunes catholiques soient contraint d'apostasier pour pouvoir se marier à une fille musulmane. Il arrive aussi que des femmes catholiques, voulant se marier avec un musulman ou étant déjà mariées avec un musulman cèdent parce qu'elles subissent des pressions au quotidien. » Et quant à la difficulté qu'éprouvent les anciens musulmans qui se convertissent au catholicisme : « Le drame vient quand les convertis sont rejetés par leur famille. C'est très difficile pour eux, si difficile que, pour tenir, il faut avoir une forte personnalité. »

Zenit : Ce que vous rapportez est effectivement grave et si, même au Sénégal, pays de relative liberté religieuse, les catholiques sont confrontés à un tel chantage, nous n’imaginons pas ce qui peut se passer dans des pays moins tolérants tels l'Arabie Saoudite, le Pakistan, la Chine ou le Vietnam. D’ailleurs, plus précisément, qui sont les persécuteurs ?

T. Grimaux : Ici encore, il faut se garder de tout amalgame et de toute généralisation excessive. Cependant, on constate quatre grandes sources de persécution : l'islamisme ; le communisme ; les fanatismes hindou et bouddhique ; la culture de mort. Nous ne retenons pas comme grande source de persécution le système capitaliste car, même s'il semble commanditer des assassinats de religieux en Amérique Latine ou Centrale, il coexiste habituellement avec le christianisme sans grande difficulté. Seule une partie du capitalisme (le libéralisme sauvage) entraîne et promeut une culture de mort (voir plus bas).
Pour l'islamisme, il suffit de lire les appels aux meurtres de Ben Laden et autres fanatiques, d'écouter une prédication dans une mosquée intégriste en banlieue parisienne ou en Indonésie, ou encore d'allumer la télévision qui retransmet les attentats contre les ‘Croisés’, pour constater qu’il est devenu la source majeure des persécutions.
Ceci étant écrit, il va sans dire que nous ne confondons pas ‘islam’ et ‘islamisme’, ni ‘musulman’ et ‘islamiste’ et que, comme tout un chacun, nous entendons par ‘islamisme’ la doctrine fanatique poussée à l'extrême, qui fait commettre et qui revendique la persécution contre tout opposant à l'étendue de leur religion - à savoir les Juifs et les ‘Croisés’ principalement. De même, nous appelons ‘islamiste’ le partisan de l'islamisme et non le musulman, qu'il soit en France ou au Pakistan. Dans ce livre, nous ne pouvons, faute de place, entrer dans le débat de savoir si l'islamisme est l’héritier légitime de l'islam ou sa perversion.

Zenit : Le communisme est-il encore une source de persécution ?

T. Grimaux : Ecoutez, je crois qu’on ne peut le nier. Le marxisme reste donc une des sources concrètes et régulières de persécutions car si le Mur est tombé en Europe depuis 1989, il existe ou se renforce dans plusieurs pays, dont la Chine.

Zenit : A ce propos, que pensez-vous des négociations entre le Saint-Siège et Pékin ?

T. Grimaux : Certains dénoncent alors une ‘collaboration’ entre Rome et les autorités marxistes mais, au contraire, nous pensons que si le Saint-Siège voit bien les pièges d'une politique de ‘la main tendue’ et même s'il ne peut tout accepter, il a aussi le devoir de ne pas refuser une telle opportunité pour l’amélioration du sort des clandestins et le retour possible à l’unité… Le marxisme reste donc une des sources concrètes et régulières de persécutions car si le Mur est tombé en Europe depuis 1989, il existe ou se renforce dans plusieurs pays.
Dans les cas de l'hindouisme et du bouddhisme, nous n'englobons pas tout le monde hindou ni bouddhiste tant ils sont divisés et opposés entre eux : il y a des bouddhistes modérés et des bouddhistes fanatiques… Nous parlons donc des fanatiques hindous et bouddhistes. Mais les persécutions opérées par des groupes fanatiques bouddhistes (au Sri Lanka par exemple) et des groupes extrémistes hindouistes (en Inde par exemple) ont tout de même une argumentation commune (identique à certains marxistes) : le christianisme ne serait, en fait, qu'un cheval de Troie de l'impérialisme Blanc, occidental et américain dont le seul but serait de détruite la culture et la civilisation locales. Ainsi, la remise en cause réelle apportée par la foi chrétienne (égalité de nature entre tous les hommes, entre homme et femme, Jésus-Christ étant venu sauver chaque homme quelque soit sa race ou sa condition sociale…), bouleverse les ‘petits arrangements’ de dictateurs locaux et entrave leur fond de commerce ethnique. Cette suspicion à l'égard des chrétiens qui les fait passer comme membres de la cinquième colonne ennemie (c'est-à-dire occidentale) n'est pourtant plus réservée à ces seuls fanatiques, on la retrouve de plus en plus, un peu partout, et tend même à se développer dans les pays musulmans sous l'effet de la poussée islamiste comme chacun peut le constater sur place.

Zenit : Reste une source de persécution, celle que l'on nomme habituellement avec Jean-Paul II et Benoît XVI, la ‘culture de mort’.

T. Grimaux : C'est là une originalité : un quatrième pôle de persécution voit le jour, habituellement dans nos pays développés par les partisans de la culture de mort – ou de l’anticulture de mort comme vient de le préciser le Saint-Père. Cette anticulture, outre le satanisme, comprend aussi une volonté d’attaquer l’Eglise car elle respecte la nature humaine. Relayée par d’autres (groupuscules, médias partisans…), elle prend différends aspects. Aux Etats-Unis d'Amérique, l'on assiste depuis quelques mois ou années à une attaque en règle contre les signes religieux dans les bâtiments officiels (une bible est retirée dans un prétoire, certains refusent les propos chrétiens du Président Bush, refus de stèles reprenant les Dix Commandements, etc.). Au Canada, en Espagne, en Belgique et en France, l'Eglise est l'ultime rempart pour permettre aux personnes âgées dépendantes de ne pas être ‘euthanasiées’ ; le dernier avocat du mariage et tente de repousser le ‘mariage’ gay et l'adoption d'enfant par des partenaires homosexuels. Lors de ses prises de paroles, ses positions sont raillées et elle subit les quolibets et les faux arguments insultants. Cette culture de mort, opposée à la culture de vie défendue par l'Eglise, tend à favoriser tout ce qui n'a pas d'avenir au détriment par exemple de la famille. Elle utilise pour cela le relativisme dénoncé par Benoît XVI et se sert massivement des médias pour caricaturer et déformer volontairement la pensée chrétienne.


Zenit : Mais dans nos pays occidentaux, la persécution est-elle le seul fait de cette anticulture de mort ?

T. Grimaux : Non, vous avez raison. Les causes sont multiples. En voici une liste qui me semble complète :
- vandalisme ‘bête et méchant’, commun à toutes les époques depuis la plus haute antiquité semble-t-il, puisqu’on trouve des tags sur des pyramides égyptiennes. Ou de l'adolescent qui brise les vitraux en jouant au lance-pierre (et ça, enfants, nous l'avons tous un peu fait ou nous avons tous mis de l'encre dans le bénitier de la paroisse…).

- vandalisme et profanation sataniques (ici, il suffit de se reporter aux cas cités pour la France). A ce sujet notons juste que police, gendarmerie et justice semblent être de plus en plus inquiètes de la proportion prise par le satanisme, avec son lot de prostitution, drogue, suicide et meurtre.

- vandalisme des ‘paumés’ (drogue mais aussi actes de déséquilibrés : assassinat de Frère Roger, assassinat du Père belge De Leener, agression à Chalon sur Saône, etc.)

- vol organisé (mafias et autres groupes trafiquants d'art : vols dans les églises, chapelles, vols de croix d'autel, de calvaires anciens…)

- effet pervers de la liberté de conscience et religieuse : la prolifération de groupes islamistes, sataniques, bouddhistes fanatiques et autres activistes (comme d'ailleurs des groupes de pression ‘gay’ qui agressent le recteur de la cathédrale de Paris).

- effet pervers de la créativité artistique dont l'exemple type est la caricature ignoble du nouveau Pape Benoît XVI, présenté par les Guignols de l'Info comme un nouvel Hitler.

- effet pervers de la liberté de la presse qui ne cesse d’attaquer les catholiques (pas les orthodoxes ni les protestants, ni les juifs ni les musulmans) en dénaturant et caricaturant le message de l'Eglise (elle serait ainsi, pour certains, le principal propagateur du SIDA quant elle ne fait que promouvoir la fidélité et quand c’est elle qui soigne les personnes infectées dans de très nombreux lieux).

Zenit : Après cette présentation, quelles sont les zones géographiques de persécution ?

T. Grimaux : Nous pouvons dessiner grossièrement une carte géographique des persécutions antichrétiennes à travers le monde, continent par continent.

Afrique. De nombreux pays font malheureusement la Une des médias et les persécutions y sont légion. Elles peuvent être d'origine islamiste institutionnelle (Soudan, Somalie, nord Nigeria) ou islamiste ponctuelle (Egypte, Kenya). Elles peuvent être d'origine coutumière comme au Sénégal, ou d'origine guerrière ou ethnique (Rwanda, Ouganda, Congo). Enfin, elles sont la conséquence de la pauvreté ou du banditisme (Burundi par exemple).

Amérique. Les trois Amériques ont une situation différente : aux guérillas marxistes du sud ou de Cuba, le nord répond par une culture de mort qui se répand. L'origine islamiste n'est pas absente comme les attentats du 11 septembre l’ont rappelé. Mais il faut aussi noter le rôle des mafias et des cartels de drogue, ainsi que celui de l'ultra libéralisme qui extermine ceux qui défendent les indiens.

Asie. L'immense continent qui regroupe des pays aussi variés que la Turquie et la Chine, l'Inde et l'Arabie Saoudite, est sans doute le continent qui souffre le plus de persécutions antichrétiennes. Là encore, celles-ci sont d'origine islamiste institutionnelle (Arabie Saoudite, Afghanistan, Pakistan) ou d'origine islamiste ponctuelle (Philippines, Indonésie, Turquie). Ou bien d'origine communiste (Chine, Vietnam, Birmanie). Ou encore du fait de fanatiques bouddhistes et hindouistes (Inde, Sri Lanka). Et, toujours, les persécutions antichrétiennes peuvent avoir une origine liée à la guerre ou la guérilla et la pauvreté.

Europe. Le ‘Vieux continent’, dans sa volonté effrénée de nier ses racines chrétiennes, promeut une culture de mort, source de persécutions sournoises, quant elles ne deviennent pas directement sanglantes. Des bandes organisées volent les richesses artistiques chrétiennes et des groupes sataniques profanent les cimetières. Les assassinats de prêtres sont habituellement le fait de déséquilibrés ou de ‘paumés’. Enfin, les législations deviennent de plus en plus liberticides en limitant le droit qu’a l’Eglise de s’exprimer sur les valeurs morales et les faits de société.
Océanie. Enfin, une mention bonne. Ce continent, pourtant très étendu, ne connaît que très peu d'actes antichrétiens réels.

Zenit : Quelles sont les perspectives ?

T. Grimaux : Devant tant de faits et d'actes, on pourrait être tenté de croire que tout va mal et que tout ira en empirant. Certes, ici ou là, les choses vont continuer à se dégrader mais, en même temps, il ne faut pas oublier que de nombreux pays connaissent une situation bonne et que, dans d'autres, les persécutions diminuent et laissent entrevoir un réel espoir pour demain.

Zenit : Existe-t-il des pays où les choses vont bien ?

T. Grimaux : Oui, sur les cinq continents, il y a des pays où l'on ne dénombre pas ou très peu d'actes antichrétiens - ce qui montre bien que la persécution à tel endroit n'est pas une fatalité mais dépend toujours du cœur de l'homme. Il existe un trait commun à presque tous ces pays : ils sont majoritairement ou ultra majoritairement peuplés de catholiques ou de chrétiens.

Concrètement, c'est en Océanie où ces pays existent le plus, comme en Australie, même avec le début des récents heurts entre musulmans et chrétiens ou avec la pénétration de l'esprit séculariste dans toutes les couches de la population. Ou dans les pays tels le Kiribati (94% de chrétiens), les Iles Marshall (97%), la Micronésie (93%), la Nouvelle Zélande (85%), la Papouasie Nouvelle Guinée (95%), les Iles Salomon (95%), les Iles Samoa (96%), Tonga (92%)…

Zenit : Et en Afrique ?

T. Grimaux : Idem en Afrique, avec le Cap Vert (95% de chrétiens), le Gabon (91%), la Gambie (87%), le Lesotho (91%), le Swaziland (87%)… Mais aussi - et c'est un fait à noter - le Mali qui ne comprend que 2% de chrétiens.

En Asie, il y a le Timor Est (92% de chrétiens), mais aussi Taiwan (6%) et la Mongolie (1%). D'aucuns d'ailleurs citent ce dernier pays comme un exemple de coexistence pacifique entre différentes philosophies et religions (40% d'agnostiques, 30% d'animistes, 22% de bouddhistes, 5% de musulmans et quelques chrétiens). Nous croyons que c'est une vue de l'esprit car si les persécutions n'y existent pas, c'est sans doute à cause de la densité de la population : le pays est étendu sur 1,5 million de km2, soit trois fois plus que la France, pour seulement… 2,4 millions d'habitants, soit trente fois moins qu'en France. Autant dire qu'on ne dérange pas son voisin.
Mais, en Asie, il faut également souligner le cas des pays producteurs de pétrole que sont le Bahreïn (10% de chrétiens), les Emirats Arabes Unis (11%), le Koweït (13%) et Oman (5%). Aux Emirats Arabes Unis d'ailleurs, pour la première fois même, le gouvernement a autorisé, mi 2005, la construction d'une église orthodoxe sur son sol ! C'est dire que, malgré la présence proche de l'Arabie Saoudite, on peut trouver des pays où la coexistence se vit au quotidien. Ceci étant dit, la présence chrétienne de ces micros Etats est d'origine expatriée, de passage, à forte valeur ajoutée et répond à une demande explicite des gouvernements. Cette liberté religieuse existera-t-elle toujours après les forages ?

Pour le continent américain, pas de problème majeur à Barbade (97% de chrétiens), au Costa Rica (97%), à Domingue (95%), en Equateur (98%), au Panama (88%) ou au Pérou (97%), etc.

En Europe, ce sont surtout des ‘petits pays’ qui méritent un bon point : Andorre (93% de chrétiens), Islande (97%), Lettonie (67%), Liechtenstein (93%), Luxembourg (94%), San Marin (92%), Malte (98%) et Monaco (93%). Mais il y a encore des pays comme la Bulgarie (82%), l’Islande (87%), la Norvège (86%), l’Autriche (83%), le Danemark (95%), l’Estonie et la Lettonie (de culture chrétienne même si la majorité des habitants semble se dire athée), la Finlande (90%), le Luxembourg (87%), la Slovaquie (80%), la Slovénie (60% de catholiques) et la Suède (90%).


Zenit : Pouvez-vous ici nous parler des pays où la situation se dégrade ?

T. Grimaux : Outre les pays d'Europe (France, Belgique, Angleterre, Allemagne, Suisse…), le Canada et les Etats-Unis voient la culture de mort grandir et imprégner de plus en plus la population. Idem de certains pays de l'Est. On constate aussi un embrasement dû à l'islamisme. En Egypte (mais il est vrai que chaque décennie apporte son lot d'attentats islamistes - il suffit de se souvenir des années 90), au Bengladesh (environ 450 attentats d'origine islamiste), au Cameroun (conversions forcées), en Irak (avec un chiisme qui attend son heure et les anciens de Saddam Hussein qui optent pour le terrorisme pur et simple, également au détriment des chrétiens), au Nigeria (où presque tous les Etats du nord applique la charia), au Pakistan (attaques en règle d'églises), en Tanzanie (principalement à Zanzibar), au Tchad (conversions forcées), en Terre Sainte (où les problèmes sont aussi le fait d'extrémistes sionistes), en Turquie (où les déclarations se succèdent aux déclarations mais où les persécutions continuent ou s'aggravent).
Enfin, rappelons les cas de l'Inde (selon les Etats et les forces fanatiques hindoues en présence, les persécutions sont de plus en plus violentes ou quasi inexistantes), de la Jamaïque (avec cet acte ponctuel d'assassinat de deux missionnaires en octobre 2005), du Mexique (avec l’assassinat de deux prêtres), du Népal (avec sa rébellion marxiste), de la République Démocratique du Congo (avec son lot de vandalisme), de la Roumanie (où l'Eglise subit une augmentation d'actes malveillants), de la Russie (où à la période communiste, suit une haine contre les catholiques favorisée par une minorité importante de députés), du Sénégal (où l'attitude du Président Wade pose de plus en plus de questions), du Sri Lanka (avec les lois anti-conversions), du Turkménistan (où les restrictions apportées à l'Eglise catholique réserve le ministère des prêtres aux seuls expatriés), du Venezuela (où le Président Chavez se réfère à Che Guevara).

Zenit : Des pays où pointe l'espoir ?

T. Grimaux : Heureusement, certains pays de persécutions voient les exactions commises régresser significativement. Nous pensons d'abord et tout naturellement au Soudan (avec les accords de paix qui reconnaissent, pour la première fois, l'existence de la religion chrétienne), puis au Liban (où, paradoxalement, l'assassinat de chrétiens comme Hariri, ont permis aux Libanais de faire partir les syriens même si les attentats redoublent depuis, semble-t-il via Damas qui veut montrer qu'il est le seul à pouvoir imposer la paix au pays des Cèdres). Mais encore à la Chine (bien que l'analyse des tendances y soit particulièrement délicate), ou à Cuba (qui n'attend plus que la fin du règne de Castro).
Méritent une mention particulière, l'Albanie (ouverture d'une université catholique au nom de Mère Teresa), l'Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine (les destructions systématiques d'églises en 2004 ne se reproduisent plus), le Burundi (grâce au cessez-le-feu, inspiré par l'Eglise, qui réunit presque toutes les composantes armées du pays), la Côte d'Ivoire (où la force internationale a stoppé les combats même s'ils peuvent reprendre d'un jour à l'autre), l’Ethiopie (avec la première église catholique consacrée depuis 450 ans), l'Indonésie (où la situation, même encore très critique en certains endroits, est quand même meilleure qu'il y a quelques années), la Mongolie, le Mozambique, les Philippines (où la rébellion islamiste semble circonscrite à une zone toujours plus petite), la Pologne (avec son nouveau gouvernement qui entend permettre à l'Eglise de retrouver sa place, et clore ainsi le chapitre communiste de son histoire), l'Ukraine.

Zenit : Une conclusion ?

T. Grimaux : Une conclusion signifie un terme. Or, il n'y a pas de terme, de fin à ces persécutions.
D'une part, parce que l'Eglise a toujours été persécutée, à l'instar de son Chef, et qu'il est donc compréhensible - au plan de la théologie catholique - que les fidèles soient à leur tour emprisonnés, spoliés ou assassinés. Et tant que le monde sera monde, il y aura persécution antichrétienne, persécution contre le ‘sel de la terre’, contre les disciples du signe de contradiction. Mais nous savons, avec Tertullien et Jean-Paul II, que « le martyr est semence de chrétiens ». Dès lors, la persécution, si elle est affreuse, est une ‘felix culpa’. Malheur à celui qui la pratique mais il était nécessaire qu'elle fut, pourrions-nous écrire comme Notre Seigneur Jésus Christ l'a dit de la trahison de Judas.
Ainsi, une première conclusion serait qu'il y aura toujours des persécutions et que chaque année, malheureusement, nous devrons actualiser ce livre. Mais alors, pourquoi en parler ? Nous avons juste tenter, dans ces quelques pages, de répondre à la mission d'information de l'Aide à l'Eglise en Détresse. Non pour faire pleurer, non pour attiser à notre tour la haine, non pour déranger ceux qui refusent de parler de ces réalités ; mais bien pour inviter à la prière.
La prière d'action de grâce à Dieu, qui donne la force et le courage à des centaines de milliers ou millions de catholiques de proclamer la Foi en la Sainte Trinité salvatrice, reconnaissant avec saint Thomas d'Aquin que « Parmi tous les actes de vertu, le martyr est celui qui manifeste au plus haut degré la perfection de la charité. » (Somme Théologique II, IIae, 124).
Prière d’admiration de ces Témoins et, à travers eux, de Celui par et pour qui ils témoignent. Prière pour se mettre droit devant notre Créateur, et regarder, si nous, vous et moi, modestement à notre place, sommes des Saül ou des Saint Paul ?
Et prière pour ne pas oublier que Saint Paul fut d'abord un persécuteur. Prière donc pour ceux qui persécutent, même si cela est au-dessus des forces purement humaines. Surtout si cela est au-dessus des forces purement humaines. C'est-à-dire surtout si cela ne peut être fait que par un mouvement de la grâce. De la grâce qui est Dieu.
Mais encore, prière pour implorer ce même Dieu de conforter justement ces martyrs durant leurs épreuves.

Zenit : Un dernier mot ?

T. Grimaux : Informer pour prier. Prier pour agir.

texte hébergé en  03/06

 

 

Abdul Rahman : la France parle...

Yves Daoudal rapporte :

La France a tout de même fini par sortir de son mutisme, au sujet de l'Afghan chrétien risquant la peine de mort. Mais en adoptant le profil le plus bas possible: "Nous sommes préoccupés… nous suivons cette affaire de près…", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Quand on se prétend le pays des droits de l'homme, il vaut mieux ne rien dire que de se livrer à une déclaration aussi pitoyable.[...]

[E]n raison des pressions occidentales, on s'achemine, non vers un procès "normal", mais vers la libération d'Abdul Rahman pour troubles mentaux. [...] Si Abdul Rahman est libéré comme fou, ce sera un ouf de soulagement dans toutes les chancelleries occidentales. Tout le monde sera satisfait... qu'un chrétien soit déclaré fou parce que chrétien

http://www.lesalonbeige.blogs.com/  le 27.03.06

 

 

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