Un Monument pharaonique dédié au
mysticisme et à la mégalomanie, la grande mosquée d'Alger dont le
chantier sera lancé dans quelques mois, suscite déjà curiosité et
interrogations. Érigée sur le front de mer, dans la baie d'Alger, elle
sera la troisième mosquée du monde après celles de La Mecque et de
Médine, en Arabie saoudite...
La maquette présentée par
l'architecte algérien Mohamed Sahraoui est un ensemble futuriste qui
risque de froisser les conservateurs habitués aux rondeurs des dômes
et des voûtes, mais le gigantisme de l'édifice en séduit beaucoup.
Autour d'un minaret de 300 m de
hauteur, divisé en 10 étages et équipé d'un ascenseur ultrarapide,
cinq branches de béton et de verre symbolisent les cinq piliers de
l'islam. La salle de prière de 40 000 places pourra accueillir, grâce
à son esplanade, jusqu'à 120 000 pratiquants. Outre un Institut
supérieur d'études coraniques, le complexe qui s'étendra sur 10
hectares disposera de plusieurs structures d'accompagnement :
bibliothèques, salles de séminaires, boutiques d'artisanat
traditionnel, musée, hôtel, restaurants, hammam et parc de loisirs...
Le chantier nécessitera 2 800
emplois et deux ans de travaux. Coût de l'opération : 1 milliard
d'euros, pris en charge par l'État avec un appoint des souscriptions
de «bienfaiteurs». Une dizaine d'entreprises, américaines, européennes
et asiatiques sont en compétition. Selon des indiscrétions, le
français Bouygues, qui a réalisé la mosquée Hassan II de Casablanca,
semble avoir une longueur d'avance.
Prévue début 2009,
l'inauguration de l'édifice coïncide curieusement avec la fin du
second quinquennat d'Abdelaziz Bouteflika. «Juste avant d'entamer sa
campagne pour un troisième mandat», selon les mauvaises langues.
D'autres prétendent : «Il a déjà un pied dans la tombe. Tout ce qu'il
fait, c'est pour gagner une place au paradis...»
Arezki Aït-Larbi (à Alger)