Clearstream ....

Dossiers : Mondialisme  Europe

Extraits :   ...vrai problème qui est l'existence d'une finance parallèle, sans frontières, que personne ne peut contrôler, et ne veut plus essayer de contrôler, véhiculée par des outils comme Clearstream qui agissent selon leurs propres lois, et qui, même montrés du doigt, ont encore de beaux jours devant eux.

 la conclusion d’Arnaud Montebourg: “Sarkozy n’est pas une victime, il est l’auteur de la mise en scène d’une manipulation contre lui. Il est en quelque sorte l’organisateur en chef de sa victimisation, en instrumentalisant les institutions et la justice.”

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www.clearstream.com ...International clearing and settlement organisation, offering comprehensive services for domestic and cross-border equities, bonds and investment funds.

 
 

La vraie affaire Clearstream

Source:  http://forum.subversiv.com/170644.html

Date : 23.04.06   

http://www.liberation.fr/page.php?Article=375512

QUOTIDIEN : mardi 18 avril 2006

Par Pascal Lorent

journaliste, réalisateur.

 

Depuis 1999, je ne dors plus de la même manière qu'avant. Depuis cette période, j'ai suivi, caméra au poing, ce qui est devenu l'affaire Clearstream. Quand je parle de l'affaire Clearstream, je ne parle pas de celle qui fait les titres de différents quotidiens depuis le printemps 2004 et plus particulièrement ces dernières semaines.

Pas plus tard que samedi-dimanche, je lis dans le Monde : «Affaire Clearstream : La traque du "corbeau"». Pour Hervé Gattegno, auteur de l'article, l'affaire Clearstream se résume à une querelle intestine entre Sarkozy et Villepin, sur fond de lutte de pouvoir au sein de l'industrie aéronautique et des services secrets français.

Ce que je voudrais raconter, c'est comment la vraie affaire Clearstream a commencé. Car il convient de remettre chaque chose à sa place. L'histoire commence dans un petit bureau, en périphérie de Luxembourg ville. J'accompagne Denis Robert à un mystérieux rendez-vous dans le cadre d'un documentaire. En face de nous, un Luxembourgeois quinquagénaire, Ernest Backes, qui a l'air d'en connaître un rayon sur les affaires financières qui secouent la planète. Le point commun de toutes ces affaires, nous raconte-t-il, est une chambre de compensation internationale, basée au Luxembourg. C'est la première fois que j'entends le nom de Cedel (ancien nom de Clearstream). Nous sommes en 1997.

Cedel, est d'après notre interlocuteur, une formidable machine à véhiculer, en toute confiance, les valeurs de toute la planète. Elle est à l'usage des professionnels du monde bancaire. En tout cas, c'est ce qui était prévu au départ. Ernest Backes, qui a vécu de l'intérieur la mise en place du système, avait alerté sa direction sur les possibilités de dérive de celui-ci. Il a été remercié. En effet, très vite, certains banquiers ont compris l'intérêt de passer par cette société qui, bien qu'elle archive ses transactions, reste très secrète pour le non-initié. Avant qu'on ne révèle quelques-uns de ses petits secrets, aucun juge n'y avait mis les pieds. Aucun journaliste non plus d'ailleurs, si ce n'est pour les petits fours et le champagne, lorsque l'enseigne Cedel est devenue Clearstream.

Lors d'une des nombreuses rencontres qui ont suivi cet entretien, Ernest Backes nous a montré une partie de ses documents, des listes de comptes. Tous les clients de Clearstream (en principe des banques), et même ceux qui avaient fait la demande de ne pas apparaître sur la liste officielle (et il y en a beaucoup). Nous avions devant nous, et ce pour la première fois, une projection assez précise de ce qu'est la finance parallèle.

Nous sommes en 1999. C'est là que nous sommes réellement passés à l'action. Nous avons multiplié les entretiens avec de nombreuses personnes, informaticiens, directeurs juridiques, salariés, ancien directeur général et actuel afin de vérifier le bien-fondé de ce que soutenait Ernest Backes. Nous avons tout enregistré, tout filmé. Plus d'un tiers des institutions financières affiliées au système, ainsi que des multinationales, ce qui est parfaitement anormal, se servent de Clearstream pour faire des transactions en toute discrétion. Et, plus grave, certaines de celles-ci sont effacées informatiquement. C'est-à-dire qu'aucune trace ne demeure entre deux banques qui viennent de «s'échanger» des titres pour des montants colossaux. Nous avons judiciairement apporté la preuve de cela sans jamais être inquiétés sur ce point. Jamais l'authenticité de ces documents et la véracité des témoignages n'ont été contestées. Nous avons fait ces recherches dans la plus grande discrétion, conscients des enjeux. L'unité, à Clearstream, est le million, parfois le milliard, et dans certaines occasions, on parle de trillions (mille milliards) de dollars ou d'euros.

Résultat, en mars 2001, sortie simultanée d'un livre, Révélations, signé Denis Robert et Ernest Backes, et de notre documentaire télé, les Dissimulateurs, diffusé par Canal +, malgré les pressions de Clearstream. On s'attendait à une explosion atomique, elle a été plutôt souterraine. Le directoire de Clearstream a été viré. La justice luxembourgeoise s'est sentie obligée d'ouvrir une instruction contre une institution phare de son petit pays.

Depuis, en 2005, peut être trouvant que le nom de Clearstream revenait un peu trop souvent dans la presse française, ( affaire Sarkozy-Villepin), la justice luxembourgeoise a décidé de refermer définitivement le couvercle sur l'affaire Révélations, comme on dit à Luxembourg. Elle a même blanchi son ex-PDG, Andrea Lussi, au chômage depuis. Comment ont-ils pu «blanchir» Clearstream sans disséquer les disques durs de la société ? Au Kirchberg, où se trouve le nouveau bâtiment de Clearstream, on a dû certainement accrocher les lampions pour fêter l'événement.

Les affaires continuent pourtant dans les ordinateurs de la société. Les derniers documents qui nous sont parvenus montrent que le nombre de comptes est passé de 16 000 en 2000 à 330 000 en 2001.

Et puis, il y a eu les procès, contre Denis Robert, l'éditeur Laurent Beccaria, Ernest Backes, bien sûr, à qui la classe politique luxembourgeoise reprochait d'avoir trahi son petit pays si tranquille. Canal + et sa courageuse émission 90 minutes y a eu droit aussi, ainsi que les différents organes de presse qui avaient relayé le message. Les procès, ça dure longtemps, ça fait perdre du temps, ça coûte de l'argent et surtout ça fait peur aux confrères qui voudraient s'intéresser de trop près à cette histoire.

Si on se penche sur l'argent du terrorisme, la faillite de l'Argentine, l'affaire Elf, pour rester chez nous, et d'autres scandales, on retombe toujours sur la présence des acteurs de ces affaires dans les listes secrètes de la société. L'affaire Clearstream est vraiment l'affaire des affaires.

On s'est dit peut-être naïvement que nous n'avions pas été assez clairs. Et on a remis ça. En 2002, sortait un nouveau livre signé Denis Robert et un deuxième documentaire, l'Affaire Clearstream racontée à un ouvrier de Daewoo, que j'ai réalisé avec Denis. On démontrait à travers un exemple simple que ces «cachotteries» financières concernent tout le monde. On y était plus précis, en multipliant les exemples. Cette fois pourtant, si le livre de Denis Robert est attaqué, notre film, plus violent et mieux argumenté que le premier, n'a jamais été poursuivi. Les journaux qui ont parlé de cette deuxième salve ont redoublé de prudence, multipliant les conditionnels.

Au printemps dernier, on en était là, quand les juges Van Ruymbeke et De Talencé ont reçu un premier envoi anonyme. Des noms, des numéros de comptes existant chez Clearstream. Des noms liés à la vente de Frégates par Thomson en 1991, qui a généré plus de cinq milliards de francs de commissions. Nous avions déjà largement évoqué cette question des rétrocommissions sans avoir été écoutés à l'époque. D'autres envois ont suivi, avec d'autres noms, des politiques, des hommes d'affaires, des flics et des nouveaux numéros de comptes qui pourtant correspondent à l'existence de vrais comptes. Le corbeau a l'air bien renseigné. L'affaire devient croustillante.

Si cette affaire était avérée, ce serait un exemple de plus que Clearstream sert aussi à distribuer des commissions lorsque les bénéficiaires veulent rester dans l'anonymat. Mais j'insiste, ce ne serait qu'un exemple de plus. Si cette affaire est complètement fausse, pourquoi cette société luxembourgeoise ne saisit-elle pas aussi la justice ? Assimiler une histoire de commissions, aussi importante soit-elle, avec l'affaire des affaires, est malhonnête et dangereux.

Cela nous éloigne du vrai problème qui est l'existence d'une finance parallèle, sans frontières, que personne ne peut contrôler, et ne veut plus essayer de contrôler, véhiculée par des outils comme Clearstream qui agissent selon leurs propres lois, et qui, même montrés du doigt, ont encore de beaux jours devant eux.

C'est ce qui me navre le plus quand je lis tous ces papiers sur l'histoire de ce corbeau, rebaptisée «affaire Clearstream». Le problème reste que cette banque des banques, basée au Grand Duché de Luxembourg, continue de fonctionner en toute liberté.

 

texte hébergé en  04/06

 

novopress le 15.05.06

La gesticulation de Sarkozy
Le billet d’Yves Daoudal

L’affaire Clearstream n’a jamais été claire, mais chaque jour qui passe la rend plus opaque, dans un torrent de révélations, de démentis et de contradictions, avec le renfort à tout va de la presse qui, comme d’habitude, joue un rôle contraire à celui qui devrait être le sien. Sur le plan politique, la “mascarade sordide”, comme dit Jean-Marie Le Pen, va atteindre un sommet de dérision avec, demain, le vote de la motion de censure socialiste, à laquelle s’associe François Bayrou qui croit voir là, le pauvre, un bon moyen de s’affirmer comme présidentiable…
Il y a dans cette affaire une victime auto-désignée qui se pose en procureur et en redresseur de torts. Une victime unique, croirait-on à l’entendre.
Mais de quoi Sarkozy est-il victime, puisque personne ne conteste que son nom a été cité à tort, il y a longtemps, dans une tentative de manipulation politico-industrielle?

Et en quoi serait-il l’unique victime, puisque d’autres noms de personnalités politiques ont été cités exactement de la même façon? Par exemple Dominique Strauss-Kahn, Alain Madelin, Jean-Pierre Chevènement, qui se sont eux aussi portés partie civile sans pour autant hurler à un complot qui n’existe plus, si tant est qu’il ait existé, en tout cas sous la forme qu’on le présente aujourd’hui.
Il n’est pas inintéressant d’entendre ce que dit Jean-Pierre Chevènement. Interrogé jeudi dernier sur France Info, il a d’abord insisté sur le fait qu’il fallait aller à l’origine de l’affaire, et que cette origine est selon lui une “rivalité au sein d’un groupe industriel” (EADS), sur laquelle s’est ensuite “greffée une manipulation politique”. Mais quelle manipulation? Chevènement est très circonspect: “Je ne veux pas me joindre au chœur de tous ceux qui aujourd’hui considèrent que Dominique de Villepin est au cœur de tout cela. Je ne le crois pas. J’ai tendance à penser que c’est plus compliqué.” Et l’ancien ministre de la Défense de dénoncer au passage “ce genre de mœurs qui résultent d’un étroit concubinage entre les juges, les policiers, les avocats, les journalistes”.
Parmi les vieilles recettes qui ont fait leurs preuves, il y a l’interrogation: à qui profite le crime? En l’occurrence, le “crime” dénoncé par Sarkozy profite à la “victime” Sarkozy, grâce au battage politico-médiatique orchestré par Sarkozy. C’est pourquoi on ne peut qu’être tenté de souscrire à la conclusion d’Arnaud Montebourg: “Sarkozy n’est pas une victime, il est l’auteur de la mise en scène d’une manipulation contre lui. Il est en quelque sorte l’organisateur en chef de sa victimisation, en instrumentalisant les institutions et la justice.”

 

 

 

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