Le pardon et la famille ....

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Extraits :   le propre du pardon (est) d’essayer de restaurer une relation qui a pu être abîmée, blessée, brisée par une offense ou plusieurs offenses,...... Dans ... un couple ... la relation est vitale, puisque c’est une relation de tous les jours, et que si la relation n’est pas rétablie il n’y a plus de couple du tout, le pardon vise effectivement toujours à rétablir une relation.
Dans les faits, dans la réalité, la communion est un service constant à la personne de l’autre, dans l’amour, ce qui comprend évidemment des hauts et des bas.

Le fait d’être totalement transparents l’un à l’autre est cependant une utopie. Pourquoi ? Parce que même si une communion est la plus parfaite possible imaginable, chacun a une conscience personnelle, chacun a une conscience de soi, chacun a des intentions profondes qu’il ne peut pas de façon constante et continuelle toujours expliciter à l’autre.

(une preuve) ....une communion qui, au moment même où elle s’exprime de la façon la plus intense par l’union de l’homme et de la femme, est susceptible d’avoir comme conséquence la venue à l’existence d’une autre personne avec son mystère propre, sa liberté propre..... Cela veut dire que les enfants, en eux-mêmes, lorsqu’ils viennent, sont les éléments qui renforce la communion de leurs parents. Ils en sont un fruit et d’autre part la communion qui existe entre les parents va devenir une communion active au service de la croissance de ce nouvel être. En ce sens, les enfants participent à l’accroissement de la communion entre les parents. Ils l’enrichissent et évidemment leur rôle est central pour que cette communion soit maintenue.

Le pardon qui est donné en vérité consolide l’enfant dans le sens de la communion responsable. Il n’est pas une sorte de licence totale sur tous ses actes mais au contraire un amour totalement responsable et responsabilisant.

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Entretien avec Mgr Jean Laffitte

Source:  Zenit.org

Date : 24.05.06   

 

Le pardon dans la vie de couple
Si l’on refuse de pardonner, l’espérance ne peut plus se déployer

ROME, Mercredi 24 mai 2006  « Ce qui est véritablement un obstacle au plan spirituel, c’est refuser de pardonner, décider de ne pas pardonner, parce que dans ce cas l’espérance ne peut plus se déployer », affirme Mgr Jean Laffitte dans cet entretien accordé à Zenit.

Mgr Laffitte, prêtre de la Communauté de l’Emmanuel, est actuellement vice-président de l’Académie pontificale pour la Vie. Il est l’auteur de « Le pardon transfiguré » (Desclée/Editions de l’Emmanuel, 1995) et co-auteur avec Mgr Livio Melina de « Amour conjugal et vocation à la sainteté » (Ed. de l’Emmanuel, 2001).

Zenit : Pensez-vous que le pardon puisse restaurer en profondeur une relation brisée ?

Mgr J. Laffitte : C’est précisément le propre du pardon d’essayer de restaurer une relation qui a pu être abîmée, blessée, brisée par une offense ou plusieurs offenses, souvent d’ailleurs lorsqu’il s’agit de couples, par des offenses réciproques.

Il existe deux réalités différentes du pardon. Le pardon est un acte, un choix. Le fait de pardonner représente le désir de déclarer celui qui nous a fait du mal comme « quitte » de sa dette, pour prendre une image juridique, et de ne pas lui en tenir rigueur. Dans la situation d’un couple où la relation est vitale, puisque c’est une relation de tous les jours, et que si la relation n’est pas rétablie il n’y a plus de couple du tout, le pardon vise effectivement toujours à rétablir une relation.

De manière générale, le propre du pardon est d’essayer de rétablir une relation brisée mais le pardon – toujours dans cette première acception d’un acte qui vise à pardonner – n’a pas toujours cette capacité, parce que le rétablissement d’une relation n’est pas le pardon lui-même. Il est une conséquence du pardon. En effet, quelqu’un peut tout à fait pardonner sincèrement et du fond du cœur le mal qui lui a été fait, sans pour autant que soit possible le rétablissement d’une relation, parce qu’une relation suppose également un ensemble d’éléments qui la rendent possible. Une relation est constituée de divers éléments et obéit à plusieurs nécessités. Parfois le rétablissement d’une relation est impossible tout simplement parce que peut avoir été introduit un déséquilibre tel que la reprise de la relation n’est plus possible. S’il y a eu par exemple dans un couple l’offense grave d’un adultère, que cet adultère a conduit l’une des deux parties à s’éloigner et à contracter de nouveaux engagements auprès d’une tierce personne avec des implications concrètes, le rétablissement de la relation originelle n’est parfois pas possible. Est-ce pour autant que le pardon ne doit pas être donné ? Le pardon dans ce sens-là, dans le sens d’une action qui consiste à pardonner, peut être donné mais peut, dans certaines circonstances, être privé de son expression.

Cela nous conduit à cette deuxième acception du pardon qui est une situation de pardon où les fruits du pardon ont été portés, et que l’on appelle réconciliation. Le pardon est un acte qui peut viser à rétablir une relation. Il arrive que des circonstances empêchent que cette relation soit pleinement rétablie. A ce moment-là, une situation de réconciliation peut ne pas être rétablie dans sa plénitude. Cela ne veut pas dire que le pardon n’a pas été donné dans le sens d’une action et d’un choix personnel.

Je crois qu’il faut distinguer ces deux dimensions. C’est-à-dire que le pardon comme choix personnel est un acte de volonté qui se pose à une personne dans un cas précis. Il peut porter et normalement il porte des fruits de réconciliation mais il arrive qu’un pardon soit authentique sans qu’il puisse porter les fruits de réconciliation qu’il serait normalement appelé à porter.

Zenit : Que peut-on dire à une personne qui n’arrive pas à pardonner ?

Mgr J. Laffitte : Très concrètement, je crois que c’est l’expérience commune de beaucoup de personnes de se trouver dans des situations où elles désireraient pardonner mais n’y arrivent pas. Intérieurement, elles se sentent incapables de pardonner et la seule idée du pardon peut parfois même faire rejaillir en elles les griefs et les motifs de souffrance subis.

Evidemment, la dernière chose à faire, c’est un discours moralisateur. Par contre je crois qu’il faut pouvoir montrer à une personne que ce qui n’est pas possible aujourd’hui peut le devenir demain et qu’un pardon exige du temps. C’est un acte qui va se réaliser dans le temps et qui doit pour être plénier et porter tous ses fruits, pouvoir englober toute une histoire, une histoire commune s’il s’agit d’un couple. Un pardon pour toute une série de griefs qui ont pu s’accumuler, ne peut donc pas, nécessairement – ou en tout cas très rarement – se donner en quelques secondes ou en quelques minutes. Le pardon doit pouvoir embrasser la totalité de ce qui a été vécu et il exige parfois du temps.

Le pardon en effet engage aussi la faculté de la mémoire. C’est très souvent parce que leur mémoire et en particulier leur mémoire affective est encombrée par le souvenir d’un grief et d’une souffrance, que certaines personnes affirment ne pas pouvoir pardonner. Il y a donc un travail à faire sur cette mémoire, un travail qui ne peut se faire que dans le temps.

A mon avis, la seule réponse possible à ce type de situations, c’est transmettre une espérance, qui est réelle et fondée, à savoir que quelque chose qui n’est absolument pas possible aujourd’hui peut le devenir dans le futur, selon évidemment certaines conditions, et dans les différents cas particuliers qu’il faut traiter avec beaucoup de prudence quand on s’adresse à des couples blessés. Il faut redonner l’espérance, prendre en compte l’histoire, le passé commun, et ne jamais moraliser ; il ne faut jamais culpabiliser une personne qui n’arrive pas à pardonner.

Ce qui compte c’est que soit présente, très simplement, sa bonne volonté de pardonner un jour, dès que cela sera possible. Ce qui est répréhensible au plan spirituel, ce qui est véritablement un obstacle au plan spirituel, c’est refuser de pardonner, décider de ne pas pardonner, parce que dans ce cas l’espérance ne peut plus se déployer, il ne peut plus y avoir d’avenir, il ne peut plus y avoir de paix. On se ferme dans une situation d’inimitié.

Mais refuser de pardonner ne signifie pas être dans l’impossibilité de pardonner. Ce sont deux choses différentes. On peut vouloir pardonner un jour et constater qu’on est incapable de le faire. Dans ce cas, avec toute la prudence nécessaire, c’est l’accompagnement et l’espérance qui peuvent changer un peu la lumière dans laquelle sera vue toute la perspective d’un pardon éventuel futur.

Zenit : Dans une vie de couple, faut-il tout dire dans l’espoir que tout soit pardonné, et afin de vivre une communion plus parfaite ?

Mgr J. Laffitte : Dans un couple qui décide de vivre une communion il y a bien sûr un objectif de perfection et d’approfondissement de cette communion. Cette communion va grandir tout au long de la vie commune et va comprendre en effet toute une série de petits pardons, pour les petites choses de la vie quotidienne. Cela est normal.

Il faut toutefois se garder d’une vision idéaliste de la communion humaine. La communion dans sa dimension humaine est également appesantie. Elle connaît des obstacles qui sont dus à la finitude humaine, aux limites de la personne, aux limites des psychologies, à la fatigue, au manque d’espérance, à la situation peut-être difficile dans laquelle se trouve l’une des deux parties pendant un certain temps. Il faut éviter d’avoir une vision fausse de la communion comme quelque chose qui serait une transparence parfaite de l’un à l’autre. La communion ne signifie pas être totalement transparent l’un à l’autre. Ceci est une définition abstraite de la communion.

Dans les faits, dans la réalité, la communion est un service constant à la personne de l’autre, dans l’amour, ce qui comprend évidemment des hauts et des bas. C’est une volonté profonde commune de surmonter les bas que l’on peut rencontrer par la pratique de la prière, par la pratique de la réconciliation sacramentelle sur le plan chrétien, par la pratique, très simplement, au plan humain, de petites réconciliations qui font la vie commune des gens en société, des gens qui se respectent et qui s’aiment.

Le fait d’être totalement transparents l’un à l’autre est cependant une utopie. Pourquoi ? Parce que même si une communion est la plus parfaite possible imaginable, chacun a une conscience personnelle, chacun a une conscience de soi, chacun a des intentions profondes qu’il ne peut pas de façon constante et continuelle toujours expliciter à l’autre. L’autre peut les deviner mais cela se révèle petit à petit, pas nécessairement seulement par les paroles mais aussi par les petits actes de la vie quotidienne. La transparence parfaite est une illusion comme est une illusion la science parfaite.

Je pense qu’au contraire la vraie communion, la communion profonde, implique de plus en plus le respect de ce qui dans l’autre est unique et en particulier de cette relation particulière qu’il peut avoir avec Dieu, qui peut être d’ailleurs une relation qui comprend la prière commune mais qui est malgré tout un chemin qui se fait dans cette condition de l’homo viator, de l’homme en chemin, une condition faillible, finie, limitée, avec notre humanité. Une communion authentique progresse toujours car elle est toujours animée par le désir de la charité et du bien de l’autre, de l’amour véritable de l’autre.

En revanche, l’idée de tout connaître de l’autre est une utopie. C’est un peu le mythe de Faust. Dans l’humanité, cela n’existe pas. La parfaite transparence n’existe pas en humanité.

Zenit : Les enfants ont-ils un rôle à jouer dans une situation de séparation ou de divorce ?

Mgr J. Laffitte : Les enfants montrent bien que la relation entre deux personnes n’est pas une transparence totale parce qu’une communion dans un couple, entre un homme et une femme, est une communion qui peut, qui est normalement destinée à être féconde.

En réalité c’est une communion qui, au moment même où elle s’exprime de la façon la plus intense par l’union de l’homme et de la femme, est susceptible d’avoir comme conséquence la venue à l’existence d’une autre personne avec son mystère propre, sa liberté propre. Au moment même où les époux atteignent une union et une expression de la communion extraordinairement intense, ils sont rendus capables de favoriser la venue à l’existence d’un autre être humain. Ceci est un élément très important. Cela veut dire que les enfants, en eux-mêmes, lorsqu’ils viennent, sont les éléments qui renforce la communion de leurs parents. Ils en sont un fruit et d’autre part la communion qui existe entre les parents va devenir une communion active au service de la croissance de ce nouvel être. En ce sens, les enfants participent à l’accroissement de la communion entre les parents. Ils l’enrichissent et évidemment leur rôle est central pour que cette communion soit maintenue.

Dans les faits, les enfants favorisent la communion entre les parents. Dans une famille où il peut y avoir momentanément des difficultés dans le couple, les enfants sont souvent concrètement les éléments qui favorisent, qui reconduisent à des choses simples de l’amour entre les personnes et de solidarité entre les générations. Ils reconduisent la communion à une expression peut-être plus simple et c’est en ce sens qu’ils peuvent favoriser la communion des parents.

A l’inverse je pense que les enfants sont éduqués eux-mêmes dans la communion entre eux par la multitude de petits gestes qui favorisent la communion, à commencer par les petits gestes de pardon. L’enfant a besoin de vivre du pardon et en particulier du pardon de ses parents parce que l’enfant se trompe et fait parfois des choses manifestement contraire à ce que sa conscience en éveil lui indiquerait de faire. Le pardon qui est donné en vérité consolide l’enfant dans le sens de la communion responsable. Il n’est pas une sorte de licence totale sur tous ses actes mais au contraire un amour totalement responsable et responsabilisant.

Les enfants entre eux, peuvent être encouragés à des petits actes de pardon. Cela favorise la communion familiale. La communion est une chose qui se diffuse et qui porte ses fruits, qui va au-delà. Une famille unie n’est jamais fermée sur elle-même, elle est accueillante. La communion familiale s’étend au-delà de la famille. De la même façon, au sein d’une même famille et selon différentes générations, la communion, favorisée par des petits gestes de pardon et de réconciliation, est une communion qui grandit. Dans une perspective chrétienne cette communion est consolidée, favorisée par la vie commune, par la grâce partagée, la prière et la vie sacramentelle.

Zenit : Dans votre réponse à la première question vous avez évoqué les situations irréversibles…

Mgr J. Laffitte : Il y a des situations qui ont été provoquées par des offenses, des griefs, des souffrances causées, des trahisons, des infidélités, etc. qui peuvent conduire à des situations qui apparaissent en effet humainement irréversibles. Ces situations ne préjugent pas de ce que l’époux qui a été humilié et trahi puisse pardonner. Mais s’il le fait, ce pardon sera peut-être privé de la faculté de s’exprimer, tout simplement parce que l’autre n’est pas dans la situation de l’entendre ni même de comprendre.

Un pardon peut être privé de s’exprimer, il peut être privé de porter ses fruits de réconciliation pour une raison apparemment et humainement irréversible, mais je pense profondément que la possibilité que ressent une personne à pardonner n’est pas une situation irréversible car une personne est toujours appelée à pardonner.

Je crois qu’il faut rejoindre cette exigence avec la source du pardon qui s’opère sur la croix du Christ. Lorsque le Christ est sur la croix il prononce un pardon contre ses persécuteurs qui dans les faits est un pardon presque privé humainement de se manifester puisqu’il le fait devant des soldats qui le bafouent, devant un larron qui l’insulte, devant des Romains qui s’apprêtent à constater qu’il est sur le point de mourir. On a là un pardon apparemment privé de ses fruits immédiats de réconciliation, mais en réalité il n’y a jamais eu de pardon plus authentique, plus pur, plus profond, et plus fécond. On a l’exemple typique d’un pardon pleinement donné, en toute liberté, alors qu’apparemment au plan humain, l’offense subie par le Christ est humainement irréversible. Y a-t-il une situation plus irréversible que celle d’être immobilisé par des clous sur le bois d’une croix, cela jusqu’à asphyxie totale ? Humainement, il est impossible de prononcer un pardon, et pourtant Jésus a dit : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Nous avons là une réponse très éclairante sur cette question.

 

texte hébergé en mai 06                     

 

 
 
 

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