« Je crains que l’école que nous
avons aujourd’hui, après tant de politiques prétendument
émancipatrices, ne soit presque plus une école de la liberté. Elle
produit des générations d’étudiants bien gentils et très ignorants,
aussi incapables d’écrire un livre que de fonder une entreprise ou de
faire une révolution. »
Ce constat d’un « constant vide
prétentieux des programmes et leur déstructuration systématique »,
Brighelli le dresse donc, après d’autres, en appelant « de toute
urgence à en finir avec l’instinct de survie sectaire des pédagogues
». Ceux-là méprisent l’orthographe, la culture classique, les tables
de multiplications, au profit de l’éducation citoyenne, la tyrannie du
ludique, les lycées « lieux de vie ». Le naufrage démocratique,
observable dans l’affaire Clearstream, commence par cette indifférence
devant la perte du savoir. N’est-il pas là, le scandale ?
« Da Vinci Code »
Le totalitarisme est proche quand
le discours unique remplace le raisonnement. Umberto Eco (Cinq
questions de morale, Grasset, 1997) : « Tous les textes scolaires
nazis ou fascistes se fondaient sur un lexique pauvre et une syntaxe
élémentaire,afin de limiter les instruments de raisonnement complexe
et critique. » L’Education nationale en est là, avec ses dictées de
cinq lignes au brevet, sa grammaire rudimentaire, ses cours de morale
altermondialiste.
C’est parce que les ignorances
sont manipulables que les extravagances du Da Vinci Code, ce livre
à succès qui remet en cause les fondements de la religion chrétienne,
peuvent être dangereuses. Nombreux sont ceux qui sont prêts à gober
que Jésus s’est marié avec Marie-Madeleine, que leur descendance s’est
établie en France et que l’Opus Dei est une secte protégeant ces
secrets ! Consolation : il se dit que le film, présenté mercredi à
Cannes, serait mauvais.
irioufol@lefigaro.fr