L’Europe en 2008
Le billet d’Yves Daoudal
Le sommet européen d’hier s’est
penché une fois de plus sur le problème consécutif au non français et
néerlandais au projet de Constitution européenne. Les 25 ont même pris
une décision. La décision de prendre une décision. Sur quoi, on ne
sait pas, mais ils ont fixé une date. Et même deux dates.
Premièrement, la présidence
allemande de l’Union européenne fera un rapport “explorant les
évolutions futures possibles” en juin 2007. Pourquoi cette date? Parce
que tous sont tombés d’accord sur le fait qu’on ne pouvait rien
entreprendre avant la présidentielle française et les législatives
néerlandaises. La présidentielle française pourrait avoir une
importance capitale. Dont acte.
Deuxièmement, les dirigeants
européens devront, à partir de ce rapport, prendre des décisions sur
“la façon de poursuivre le processus de réforme” institutionnelle de
l’Union, “étant entendu que les démarches nécessaires pour y arriver
seront faites au second semestre 2008 au plus tard”, à savoir pendant
la présidence française de l’Union.
On remarque que les mots utilisés
sont aussi vagues que possible, car il n’y a aucun accord entre les 25
sur ce qu’il faudrait faire. Ceux qui s’expriment le plus bruyamment
sont les partisans acharnés de la Constitution européenne, qui
refusent d’admettre qu’elle soit morte et enterrée. Ils ont du reste
obtenu que le texte comporte un appel à poursuivre la ratification
de ce texte pourtant caduc, à destination des sept Etats qui ont
suspendu le processus. Et le Premier ministre luxembourgeois
Jean-Claude Juncker a osé dire qu’après la ratification par la
Finlande “nous serons 16 sur 25 à avoir ratifié le traité, soit une
majorité de la population européenne”, et que “les Néerlandais et les
Français doivent en faire le constat”. Or la majorité n’a rien à faire
dans ce domaine institutionnel, où les textes doivent être ratifiés à
l’unanimité. En outre, on a vu la majorité de la population française
et néerlandaise se prononcer contre le texte, mais la majorité de la
population des autres pays ne s’est pas prononcée en sa faveur,
puisque ce sont les parlements qui l’ont ratifié, sans demander l’avis
du peuple.
Il s’agit donc de ressusciter d’une
façon ou d’une autre la Constitution européenne, soit simplement en
changeant son nom (là, c’est vraiment prendre les Français et les
Néerlandais pour des imbéciles), soit en ne gardant que la partie
proprement constitutionnelle (le pire), soit en changeant tout, etc.
Mais le flou maximal de la formulation retenue par le sommet, qui
laisse ouvertes toutes les portes, montre bien le désarroi des
dirigeants. Car le temps ne joue pas en faveur des européistes, comme
le montre l’arrivée au pouvoir en Pologne d’un gouvernement pour le
moins eurosceptique, et qui compte même désormais des ministres qui
sont les chefs de partis ouvertement nationalistes.
Dans un communiqué, Jean-Marie Le
Pen souligne “l’importance cruciale qu’aura dans ce contexte
l’élection présidentielle de 2007″. En effet, en 2008, le président de
la République française, qui sera président de l’Union européenne et
en charge de piloter la réforme institutionnelle, “aura la possibilité
de mettre fin à l’interminable tragi-comédie de la Constitution et de
conduire une réforme respectueuse de la souveraineté des nations et
des peuples”. C’est donc “une raison essentielle de porter à la
présidence de la République le seul candidat qui ait toujours porté
les idées nationales”.
Source: http://www.national-hebdo.com