Du bon usage des islamistes .....

Dossiers : Mondialisme

 

Présentation :...  illustration parfaite de la stratégie mondialiste : la complicités objectives des tranches "top"   ... occidentale matérialiste   ...au service du capitalisme mondialiste ...  l'islam est-il solvable dans démocratie ...à l'image de chrétienté ?

Extraits :   tisser des liens avec des acteurs politiques majeurs de la mouvance islamiste qui seront, à court ou à moyen terme, amenés à exercer une influence importante sur le cours des affaires publiques.  ...en s’engageant dans le jeu parlementaire, leurs dirigeants se sont pris peu à peu au jeu politique..... La démocratie chrétienne a évolué de cette façon. L’exemple des partis catholiques montre qu’il n’est pas nécessaire de partager les valeurs démocratiques pour devenir démocrate. Et le fait d’appartenir à un parti religieux, que celui-ci soit chrétien ou islamiste, n’est pas un obstacle définitif en la matière.

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en z relations ....   l'homentranche .... L’islam des riches arabes...

Olivier Besancenot : « La discrimination des musulmans est une donnée incontestable »

 

Changement de stratégie de l’Occident, et évolution de certains fondamentalistes. Du bon usage des islamistes

Article de Samir Amghar, cercheur à l’IISMM (Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman), publié dans Libération, mardi 19 septembre 2006. A lire avec attention.

Alors que les Etats-Unis sont presque unanimement condamnés par l’opinion publique arabe pour leur politique menée au Moyen-Orient (guerre en Irak, soutien à Israël sur la question palestinienne et libanaise…) l’administration américaine a opté depuis les attentats du 11 septembre 2001 pour une politique d’ouverture à l’égard des représentants de la mouvance islamiste légaliste dans le monde arabe ; une politique de plus en plus imitée par les pays de l’UE. Comment, en l’espace d’une décennie, est-on passé d’une situation où islamistes et Occidentaux se considéraient comme des ennemis, à un schéma dans lequel on voit se dessiner les contours d’une collaboration et d’un dialogue de plus en plus développés ? Cette nouvelle donne de politique internationale est le résultat, d’une part, d’un changement de stratégie de la part des chancelleries occidentales dans la gestion du phénomène islamiste et, d’autre part, de l’évolution des positions des islamistes eux-mêmes à l’égard de l’Occident.

A l’origine de ce débat, un constat fait par les Américains : la démocratisation des pays arabes amènera la victoire inéluctable des islamistes. «Mieux vaut, dès lors, préparer le terrain en discutant avec les modérés parmi eux plutôt que de voir cette région basculer dans le terrorisme», explique un diplomate américain. Le but est d’encourager la «démocratisation des régimes» concernés, car l’ «arab despotism», qui a favorisé le ressentiment des populations, et de lutter contre le terrorisme islamiste. Cela implique, selon les tenants de cette stratégie, de tisser des liens avec des acteurs politiques majeurs de la mouvance islamiste qui seront, à court ou à moyen terme, amenés à exercer une influence importante sur le cours des affaires publiques. Ainsi une délégation du Parti pour la justice et le développement (PJD), parti islamiste marocain, s’est-elle rendue en Espagne et en France en mai 2006, pour rencontrer plusieurs responsables politiques ibériques et français, dont François Bayrou et Jean-Pierre Chevènement. Alors que Aboujedra Soltani, responsable du parti islamiste algérien, le Mouvement pour la société et pour la paix (MSP), est régulièrement reçu par l’Union européenne, le Département d’Etat, le National Security Council (NSC) et des représentants du Congrès américain multiplient les réunions avec des islamistes, surtout maghrébins.

Mais, ce changement de relations entre les pays occidentaux et les islamistes est aussi le résultat de l’évolution du positionnement des islamistes envers l’Occident. Alors qu’auparavant les islamistes voyaient dans l’Occident un ennemi à abattre et critiquaient son impérialisme, ils mènent de plus en plus un travail de relations extérieures à l’adresse de l’Europe et des Etats-Unis ; le but est d’apparaître comme un acteur fréquentable, voire incontournable, et de normaliser des relations avec les gouvernements occidentaux. Mais ce changement d’attitude à l’égard de l’Occident est également le produit de la réappropriation par les islamistes de certaines valeurs occidentales (démocratie, laïcité, droits des femmes…) alors qu’ils les considéraient auparavant comme inassimilables aux sociétés musulmanes. En effet, les islamistes des années 70-80 jugeaient la démocratie libérale contraire aux valeurs religieuses, à l’instar des partis catholiques au XIXe siècle. Ils rejetaient la liberté d’expression et de conscience, le pluralisme religieux…

Tout change à partir des années 90 : en s’engageant dans le jeu parlementaire, leurs dirigeants se sont pris peu à peu au jeu politique. Afin de conquérir des suffrages au-delà de leur base originelle et de conclure d’indispensables alliances avec des formations non-islamistes, ils ont accepté des compromis,ont modéré leurs discours et changé peu à peu de valeurs, à la façon des partis chrétiens. D’un discours révolutionnaire, ils sont passés à des revendications contestataires avant de se muer en pilier conservateur de la société et de l’Etat. Ils se présentent désormais comme les défenseurs des constantes nationales du pays. Les partis islamistes algériens MSP (Mouvement de la société de la paix) et El-Islah participent à la coalition gouvernementale du président Abdelaziz Bouteflika. L’AKP (Parti pour la justice et le développement), issu d’une scission avec le Milli Görüs au pouvoir depuis 2002, n’a pas islamisé la société et dans ses relations avec l’Union européenne, il a érigé le processus d’entrée de la Turquie dans l’Union en projet de civilisation. L’AKP a ainsi fait voter de multiples réformes destinées à mettre le pays en accord avec les critères européens en matière de liberté de la presse de lutte contre la torture ou encore les droits culturels accordés aux Kurdes. La démocratie chrétienne a évolué de cette façon. L’exemple des partis catholiques montre qu’il n’est pas nécessaire de partager les valeurs démocratiques pour devenir démocrate. Et le fait d’appartenir à un parti religieux, que celui-ci soit chrétien ou islamiste, n’est pas un obstacle définitif en la matière.

La mise en place progressive d’une véritable opposition dans les pays musulmans en y incluant les partis islamistes légalistes sera sans doute un facteur de démocratisation mais à une condition : de ne pas considérer les islamistes comme la seule alternative politique, représentant l’opinion majoritaire des sociétés arabes. Mais en faisant participer les partis laïcs qui incarnent eux aussi une partie de l’opinion. Enfin, malgré les réformes idéologiques internes des islamistes qui partagent de plus en plus les valeurs en matière de droits de l’homme et de libertés publiques, il demeure des zones grises dans leurs discours et leurs pratiques sur ces thématiques. Espérons que le partenariat engagé depuis quelques années amènera les islamistes à lever ces ambiguïtés.

A dirigé: Islamismes d’Occident : Etats des lieux et perspectives

 

 

 

texte hébergé en oct 06                     

 

 
 
 

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