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Le manuscrit de Jack Lang victime de son ralliement à
Ségolène Royal
Source: Le
Monde
Date :
19.11.06
Le livre devait s'appeler en toute modestie Tout ce
que vous avez toujours voulu savoir sur
moi
et être signé Jack Lang. C'est l'éditeur,
Bernard Pasquito, qui avait trouvé le titre et réalisé l'entretien
avec l'ancien ministre de la culture, matière principale de l'ouvrage.
Jack Lang y exposait toutes les bonnes raisons pour lesquelles il
pouvait être candidat à la primaire socialiste, ses réussites de
ministre, sa popularité, son expérience. Il y fustigeait aussi
Ségolène Royal, déjà favorite de la course présidentielle, et son
compagnon, François Hollande, premier secrétaire du PS. Jack Lang
jugeait la candidate peu compétente, et laissait supposer notamment
que le couple avait "manipulé le parti à
son profit."
Sur sa recommandation, l'éditeur
était allé à l'Institut des mémoires de l'édition contemporaine (IMEC),
près de Caen, pour retrouver des lettres de Mme Royal, au
temps où elle était ministre de la famille. Celle-ci, s'agaçait M.
Lang, n'avait-elle pas mené une guerre contre la pédophilie en
soutenant qu'" un enfant ne ment pas", quelques mois avant la
catastrophe judiciaire d'Outreau ?
A la mi-juin, soixante-douze
premiers feuillets furent relus et annotés. A la fin juin, le
contrat était signé. Comme il le fait toujours, Jack Lang ne
réclamait aucune avance mais exigeait 50 % des droits d'auteur sur
les ventes à venir.
Las ! A la fin de l'été, l'ancien
ministre a commencé à douter de l'opportunité du livre en même temps
que de sa candidature à la primaire socialiste. Il a donc demandé à
reporter la publication de l'ouvrage, initialement prévue le 20
août. "Le manuscrit était beaucoup trop vulgaire et contenait des
propos que je n'aurais jamais dit ainsi, affirme aujourd'hui M.
Lang. D'ailleurs, M. Pasquito ne m'avait pas enregistré."
L'éditeur réfute cette version et assure qu'il avait déjà composé
les épreuves du livre de 210 pages, retenu les droits de la photo de
couverture, composé cette même couverture et engagé une attachée de
presse pour trois mois. "Entre les voyages que j'ai fait pour M.
Lang et l'ensemble des frais de fabrication, soutient M.
Pasquito, j'ai dépensé 34 000 euros, ce qui
est énorme pour une petite maison comme la mienne."
Entre-temps, Jack Lang a renoncé à
être candidat et a rallié celle qu'il critiquait, Ségolène Royal.
Autant dire que le livre n'a plus de raison d'être. L'éditeur ne
s'avoue pas vaincu pour autant. Il vient d'attaquer en justice M.
Lang pour rupture de contrat et rétention abusive de droits
d'auteur. Il demande notamment le remboursement de ses frais. Ce
dont Jack Lang ne veut pas entendre parler. "J'ai parfaitement le
droit de refuser la publication d'un livre d'entretien,
s'insurge-t-il, on ne peut pas m'obliger à
l'assumer alors que je le réfute et ne m'y reconnaît pas !"
L'éditeur, peu au fait de la vie
politique, a compris seulement aujourd'hui pourquoi le livre, acerbe
pour Ségolène Royal, était devenu politiquement impubliable. Et
regrette : "Et dire que Lang m'avait demandé de faire un livre "punchy"
!"

Au lendemain du vote des
militants socialistes qui ont désigné Mme Royal à une large
majorité pour les représenter à l'élection présidentielle de 2007
...
Article paru dans l'édition du Le Monde du 19.11.06.
Je ne tire de ce résultat
aucune gloire personnelle mais je mesure l'immense responsabilité de ne
pas décevoir toutes celles et ceux qui espèrent. L'élection
présidentielle va à l'essentiel : la possibilité pour chacun de choisir
son destin et de le maîtriser dans les turbulences du monde
d'aujourd'hui.
Oui, la France peut reprendre la main.
Oui elle peut croire suffisamment en elle, renouer avec
le meilleur de
son histoire, se projeter à nouveau dans l'avenir pour construire un
destin commun. (...) Le monde a changé, la France a bougé, alors la
politique doit changer. Je veux non seulement incarner ce changement
profond mais le construire avec tous.
La politique doit partir de la réalité de la vie des gens, être
attentive aux leçons que le peuple donne, comprendre que le citoyen est
le mieux placé pour faire le diagnostic de sa vie et pour dire au nom de
quelles valeurs la gauche doit agir. La France doit donner à chacun les
moyens de prendre effectivement son existence en mains. Voilà pourquoi
les libertés individuelles appellent des
solidarités et des garanties collectives à construire.
N'ayons pas peur des idées neuves, puisons-les dans la vie
quotidienne du peuple français, dans ses souffrances, dans ses
difficultés mais aussi dans ses talents et dans ses formidables
réussites. (...)
Nous allons gravir la montagne jusqu'à la victoire.
Aujourd'hui c'est un beau jour pour partir au combat car nous
sommes portés par un mouvement populaire généreux et heureux qui sent
que nous sommes soutenus par une cause qui est plus grande que nous. Je
lance aujourd'hui un appel à tous les Français, hommes et femmes de
notre pays. Rassemblez-vous, mobilisez-vous, demandez-vous ce que vous
pouvez faire pour notre pays, imaginons ensemble une France qui aura le
courage d'affronter les mutations sans renoncer à son idéal de liberté,
d'égalité et de fraternité. Pour un ordre juste,
contre tous les désordres injustes qui frappent les plus faibles, pour
des énergies positives qui se rassemblent et
des libertés nouvelles à inventer. (...)
Article paru dans l'édition du 19.11.06.
page ouverte en nov 06
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