Le revenu des agriculteurs français reposait à hauteur
de 77 % sur les subventions publiques en 2006 et provenait pour plus de
la moitié (55 %) d'aides totalement déconnectées de la production, selon
les chiffres publiés jeudi 12 juillet par Agreste, revue du
service statistiques du ministère de l'agriculture, dans une étude
intitulée
"Les
aides agricoles s'émancipent de la production". Les versements aux
exploitations agricoles ont augmenté de 2,6 % (0,3 % hors inflation) par
rapport à 2005, pour atteindre au total plus de 9,6 milliards d'euros en
2006.
"Le soutien public demeure comme par le passé
concentré dans les grandes cultures ainsi que dans l'élevage bovin et
ovin. A l'inverse, viticulteurs, arboriculteurs, fruitiers, maraîchers
et éleveurs de volailles et de porcs en reçoivent peu",
note Agreste. La situation n'est ainsi pas la même selon les
régions. Dans celles spécialisées en élevage laitier, comme la Normandie
et la Bretagne, les subventions non liées à la production dépassent 90 %
du revenu agricole. Elles représentent entre 50 et 60 % dans les zones
d'élevage comme le Limousin et la Bretagne. A l'inverse, la
Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Champagne-Ardennes ou l'Alsace en
bénéficient moins "en raison du poids des cultures viticoles,
fruitières ou maraîchères", précise la publication.
55 % DES AIDES SANS LIEN AVEC LA PRODUCTION
La part des aides qui ne sont pas liées à la
production progresse : elles représentaient 55 % du revenu des
agriculteurs en 2006 contre 22 % pour les aides directes liées à la
production (contre près de 49 % en 2000). Ce changement s'explique
notamment par la mise en application en France de la réforme de la
politique agricole commune (PAC) de 2003, qui institue un système de
"découplage" : les aides directes (auparavant liée à une obligation
de production) ont été remplacées par un droit à paiement unique octroyé
à chaque exploitation sur la base d'une moyenne de ses productions.
L'agriculteur a le droit de percevoir une aide s'il déclare un hectare
de terre agricole (sauf bois, vignes, vergers et légumes de plein champ)
et respecte les règles en matière d'environnement et de santé publique.
Dans une précédente étude publiée mi-juin et intitulée
"La
Géographie des aides aux grandes cultures", Agreste révélait
que la PAC contribuait à pérenniser la disparité agricole en France, en
bénéficiant davantage aux grosses exploitations très compétitives. Elle
constatait, en examinant uniquement les aides aux céréales (5 milliards
d'euros) versées en 2005, que 7 % des exploitations les mieux loties
reçoivent 29 % des aides, et 24 % de petits producteurs, 2 %.