....la fin du Règne de la Quantité ...?

panorama  :  Elans des    civilisations  civilisations

Date : 10.05.10   

René Guénon

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Gu%C3%A9non

 

 

Le Règne de la Quantité

et le Signe des Temps

 

EXTRAITS

 

p 10

« Satan est le singe de Dieu ». Cette remarque peut aider grandement à comprendre quelques-unes des plus sombres énigmes du monde moderne, énigmes que lui-même nie d'ailleurs parce qu'il ne sait pas les apercevoir, bien qu'il les porte en lui, et parce que cette négation est une condition indispensable du maintien de la mentalité spéciale par laquelle il existe : si nos contemporains, dans leur ensemble, pouvaient voir ce qui les dirige et vers quoi ils tendent réellement, le monde moderne cesserait aussitôt d'exister comme tel, car le « redressement » auquel nous avons souvent fait allusion ne pourrait manquer de s'opérer par là même ; mais, comme ce « redressement » suppose d'autre part l'arrivée au point d'arrêt où la « descente» est entièrement accomplie et où « la roue cesse de tourner », du moins pour l'instant qui marque le passage d'un cycle à un autre, il faut en conclure que, jusqu'à ce que ce point d'arrêt soit atteint effectivement, ces choses ne pourront pas être comprises par la généralité, mais seulement par le petit nombre de ceux qui seront destinés à préparer, dans une mesure ou dans une autre, les germes du cycle futur. Il est à peine besoin de dire que, dans tout ce que nous exposons, c'est à ces derniers que nous avons toujours entendu nous adresser exclusivement, sans nous préoccuper de l'inévitable incompréhension des autres ; il est vrai que ces autres sont et doivent être, pour un certain temps encore, l'immense majorité, mais, précisément, ce n'est que dans le « règne de la quantité » que l'opinion de la majorité peut prétendre à être prise en considération.

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CHAPITRE XL. - La fin d'un monde ...

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P 271

...Nous sommes ainsi ramenés à la considération du double aspect « bénéfique » et « maléfique » sous lequel se présente la marche même du monde, en tant que manifestation cyclique, et qui est vraiment la « clef » de toute explication traditionnelle des conditions dans lesquelles se développe cette manifestation, surtout quand on l'envisage, comme nous l'avons fait ici, dans la période qui mène directement à sa fin. D'un côté, si l'on prend simplement cette manifestation en elle-même, sans la rapporter à un ensemble plus vaste, sa marche tout entière, du commencement à la fin, est évidemment une « descente » ou une « dégradation » progressive, et c'est là ce qu'on peut appeler son sens « maléfique » ; mais, d'un autre côté, cette même manifestation, replacée dans l'ensemble dont elle fait partie, produit des résultats qui ont une valeur réellement « positive » dans l'existence universelle, et il faut que son développement se poursuive jusqu'au bout, y compris celui des possibilités inférieures de l' « âge sombre », pour que l' « intégration » de ces résultats soit possible et devienne le principe immédiat d'un autre cycle de manifestation, et c'est là ce qui constitue son sens « bénéfique ». Il en est encore ainsi quand on considère la fin même du cycle : au point de vue particulier de ce qui doit alors être détruit, parce que sa manifestation est achevée et comme épuisée, cette fin est naturellement « catastrophique », au sens étymologique où ce mot évoque l'idée d'une « chute » soudaine et irrémédiable; mais, d'autre part , au point de vue où la manifestation, en disparaissant comme telle, se trouve ramenée à son principe dans tout ce qu'elle a d'existence positive, cette même fin apparaît au contraire comme le « redressement » par lequel, ainsi que nous l'avons dit, toutes choses sont non moins soudainement rétablies dans leur « état primordial ». Ceci peut d'ailleurs s'appliquer analogiquement à tous les degrés, qu'il s'agisse d'un être ou d'un monde : c'est toujours, en somme, le point de vue partiel qui est «maléfique et le point de vue total, ou relativement tel par rapport au premier, qui est « bénéfique », parce que tous les désordres possibles ne sont tels qu'en tant qu'on les envisage en eux-mêmes et « séparativement », et que ces désordres partiels s'effacent entièrement devant l'ordre total dans lequel ils rentrent finalement, et dont, dépouillés de leur aspect « négatif », ils sont des éléments constitutifs au même titre que toute autre chose ; en définitive, il n'y a de « maléfique » que la limitation qui conditionne nécessairement toute existence contingente, et cette limitation n'a elle-même en réalité qu'une existence purement négative. Nous avons parlé tout d'abord comme s les deux points de vue « bénéfique » et « maléfique » étaient en quelque sorte symétriques ; mais il est facile de comprendre qu'il n'en est rien, et que le second n'exprime que quelque chose d'instable et de transitoire, tandis que ce que représente 1e "premier"  a seul un caractère permanent et définitif, de sort que l'aspect « bénéfique » ne peut pas ne pas l'emporter finalement, alors que l'aspect « maléfique » s'évanouit entièrement parce que, au fond, il n'était qu'une illusion inhérente à la « séparativité ». Seulement, à vrai dire, on ne peut plus alors parler proprement de « bénéfique », non plus que de « maléfique », en tant que ces deux termes sont essentiellement corrélatif et marquent une opposition qui n'existe plus, car, comme tout opposition, elle appartient exclusivement à un certain domaine relatif et limité ; dès qu'elle est dépassée, il y a simplement ce qui est, et qui ne peut pas ne pas être, ni être autre que ce qu'il est ; et c'est ainsi que, si l'on veut aller jusqu'à la réalité de l'ordre le plus profond, on peut dire en toute rigueur que 1a « fin d'un monde » n'est jamais et ne peut jamais être autre chose que la fin d'une illusion.

 

 

TABLE DES MATIÈRES

 

AVANT-PROPOS

CHAPITRE I. - Qualité et quantité 17

CHAPITRE II. - Materia signata quantitate 22

CHAPITRE III. - Mesure et manifestation 28

 CHAPITRE IV. - Quantité spatiale et espace qualifié. . . 36

CHAPITRE V. - Les déterminations qualitatives du temps. 42

CHAPITRE VI. - Le principe d'individuation 49

CHAPITRE VII. - L'uniformité contre l'unité 53

CHAPITRE VIII. - Métiers anciens et industrie moderne. . 59

CHAPITRE IX. - Le double sens de l'anonymat 66

CHAPITRE X. - L'illusion des statistiques 72

 

CHAPITRE XI. - Unité et « simplicité 78

CHAPITRE XII. - La haine du secret 85

CHAPITRE XIII. - Les postulats du rationalisme g1

CHAPITRE XIV. - Mécanisme et matérialisme 97

CHAPITRE XV. - L'illusion de la « vie ordinaire ... . . . . 102

CHAPITRE XVI. - La dégénérescence de la monnaie. . . . 108

CHAPITRE XVII. - Solidification du monde 113

CHAPITRE XVIII. - Mythologie scientifique et vulgarisation. 1I9

CHAPITRE XIX. - Les limites de l'histoire et de la géographie 127

CHAPITRE XX. - De la sphère au cube 135

 

CHAPITRE XXI. - Caïn et Abel 142

CHAPITRE XXII. - Signification de la métallurgie 150

CHAPITRE XXIII. - Le temps changé en espace 157

CHAPITRE XXIV. - Vers la dissolution 162

CHAPITRE XXV. - Les fissures de la Grande Muraille. . . 16g

CHAPITRE XXVI. - Chamanisme et sorcellerie 174

CHAPITRE XXVII. - Résidus psychiques 181

CHAPITRE XXVIII. - Les étapes de l'action anti traditionnelle. t8

CHAPITRE XXIX. Déviation et subversion 192

CHAPITRE XXX. - Le renversement des symboles. . . . 197

CHAPITRE XXXI. - Tradition et traditionalisme 2c3

CHAPITRE XXXII. - Le néo-spiritualisme 210

CHAPITRE XXXIII. - L'intuitionnisme contemporain. . . . 215

CHAPITRE XXXIV. - Les méfaits de la psychanalyse. . . . 222

CHAPITRE XXXV. - La confusion du psychique et du spirituel 230

CHAPITRE XXXVI. - La pseudo-initiation 236

CHAPITRE XXVVII. - La duperie des <~ prophéties ~,. . . . 247

CIAPITRE XXXVIII. - De l'anti-tradition à la contre-tradition. 255

CHAPITRE XXXIX. - La grande parodie ou la spiritualité à rebours 261

CHAPITRE XL. - La fin d'un monde 268

 

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... en France ..en Europe ...

...L'amour s'est en effet "refroidi »  ... la charité fait face à l'empire aujourd'hui planétaire de la violence....

Cette montée vers l'apocalypse est la réalisation supérieure de l'humanité. Or plus cette fin devient probable, et moins on en parle.

Il faut donc réveiller les consciences endormies.

Vouloir rassurer, c'est toujours contribuer au pire.

René Girard.

  

 

  "L'esprit constitue un champ de relations tourné vers la totalité de ce qui existe "  Joseph Pieper

Loin que ce soit être qui illustre la relation , c'est la relation qui illumine l'être.     Gaston Bachelard

Les composantes de la société ne sont pas les êtres humains, mais les relations qui existent entre eux.   Toynbee

 

 

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