Les laïcs qu’on ne veut pas entendre au synode
Comme je l’ai déjà signalé, il existe un Institut pontifical Jean-Paul
II pour les études sur le mariage et la famille, qui réunit des gens d’une
grande compétence, spirituelle, ecclésiale et universitaire, sur ces
thèmes, et qui est le seul organisme du saint-siège qui leur soit
spécifiquement dédié : or François n’a invité aucun membre de cet Institut
au synode sur la famille…
Du 2 au 4 octobre a eu lieu l’assemblée du Conseil des conférences
épiscopales d’Europe, sur le thème : « La famille et l’avenir de l’Europe
».
Y sont intervenus des évêques, dont plusieurs sont au synode, et aussi,
notamment, un couple de laïcs polonais, Ludmila et Stanislaw Grygiel, qui
enseignent à l'Institut pontifical créé par Jean-Paul II, et qui étaient
des amis de Jean-Paul II.
Sandro Magister publie une partie de la contribution de ces deux
personnes. C’est d’une grande qualité et d’une grande profondeur, dans la
ligne, naturellement, de l’immense enseignement de Jean-Paul II sur la
question, et très loin des aberrations qui font les choux gras du synode.
Voici de brefs extraits, mais tout est à lire :
De Ludmila Grygiel
Chesterton a dit que nous avons besoin non pas d’une Église qui soit
mise en mouvement par le monde mais d’une Église qui mette le monde en
mouvement. En paraphrasant ce propos, nous pouvons dire que les familles
d’aujourd’hui, aussi bien celles qui traversent des crises que celles qui
sont heureuses, n’ont pas besoin d’une pastorale qui soit adaptée au monde
mais d’une pastorale qui soit adaptée à l'enseignement de Celui qui sait
ce que désire le cœur de l’homme.
Le paradigme évangélique de cette pastorale, je le vois dans le
dialogue entre Jésus et la Samaritaine, dialogue dont émergent tous les
éléments qui caractérisent la situation difficile que connaissent
actuellement aussi bien les gens mariés que les prêtres qui sont engagés
dans cette pastorale.
Le Christ accepte de parler avec une femme qui vit dans le péché. Le
Christ n’est pas capable de détester, il est seulement capable d’aimer.
C’est pour cette raison qu’il ne condamne pas la Samaritaine, mais qu’il
réveille dans le cœur de celle-ci le désir originel qui a été estompé par
les événements de la vie désordonnée qu’elle mène. Il lui pardonne
seulement à partir du moment où elle reconnaît qu’elle n’a pas de mari.
Ainsi ce passage de l’Évangile nous rappelle que Dieu ne fait pas le
don de sa miséricorde à ceux qui ne la demandent pas et que, pour obtenir
miséricorde, il faut reconnaître que l’on a péché et désirer se convertir.
La miséricorde n’est jamais un don offert à quelqu’un qui n’en veut pas,
ce n’est pas un produit qui est soldé parce que personne n’en veut. La
pastorale demande une adhésion profonde et convaincue des pasteurs à la
vérité du sacrement. (…)
La pastorale de la famille (…) ne peut pas faire comme si les
difficultés n’existaient pas mais elle ne doit pas non plus s’y arrêter et
admettre sa défaite avec découragement. Elle ne peut pas s’adapter à la
casuistique des pharisiens modernes. Elle doit accueillir les Samaritaines
non pas pour dissimuler la vérité à propos de leur comportement mais afin
de les conduire à la conversion. (…)
J’ai l'impression que nous autres chrétiens parlons trop des mariages
qui ont échoué mais pas beaucoup des mariages où les époux sont fidèles,
que nous parlons trop de la crise de la famille mais pas beaucoup du fait
que la communauté constituée par le mariage et la famille assure à l’être
humain non seulement le bonheur terrestre mais également le bonheur
éternel et du fait qu’elle est le lieu où se réalise la vocation des laïcs
à la sainteté.
De Stanislaw Grygiel
(…) Ils parlent de la miséricorde de Dieu comme s’il s’agissait d’une
tolérance teintée de commisération. On perçoit, dans une théologie conçue
de cette manière, un certain mépris envers l’homme. D’après ces
théologiens, l'homme n’est pas encore suffisamment mature pour être
capable de regarder avec courage, à la lumière de la miséricorde divine,
la vérité du fait qu’il peut devenir amour, comme l’est "depuis l’origine"
cette même vérité (Mt 19, 8). Étant donné qu’ils ne connaissent pas "le
don de Dieu", ces théologiens adaptent la Parole divine aux désirs des
cœurs sclérosés. (…)
Les chrétiens qui, parce qu’ils ont peur qu’on leur reproche d’être des
ennemis de l'humanité, se plient à des compromis diplomatiques avec le
monde déforment le caractère sacramentel de l’Église. Le monde, qui
connaît bien les faiblesses de l’être humain, s’en est pris principalement
à l’"une seule chair" d’Adam et Ève. Il cherche à déformer en premier lieu
le sacrement de l'amour conjugal et, à partir de cette déformation, il va
chercher à déformer tous les autres sacrements. En effet ils constituent
l'unité des lieux de la rencontre de Dieu avec l'homme. […] Si les
chrétiens se laissent convaincre par le monde que le don de la liberté qui
leur est fait par Jésus rend leur vie difficile ou même insupportable, ils
se mettront à la suite du Grand Inquisiteur des "Frères Karamazov" et ils
banniront Jésus. Qu’arrivera-t-il alors à l’homme ? Qu’arrivera-t-il à
Dieu qui est devenu homme ?
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